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13 février 2010

Le feu, le choc, la manœuvre et l'incertitude dans les opérations spéciales

Dans la mesure où cette communication a été préparée par le soussigné, seul un résumé préalable en est ici donné.

Les actions menées hier comme aujourd'hui par les forces spéciales sont caractérisées par une exploitation maximale de l'incertitude pour éviter toute réaction adverse avant d'atteindre l'objectif fixé. Cette approche non conventionnelle, qui existe depuis la nuit des temps, confère aux opérations spéciales une importance croissante dans les zones de crise actuelles, parce qu'elles promettent des effets ciblés et contrôlés, avec un degré de discrétion - et d'intégration au milieu - que les forces conventionnelles ne permettent pas.

La manœuvre est donc au cœur de telles opérations, et les unités qui les mènent sont spécialement recrutées, instruites et équipées pour manœuvrer au mieux et provoquer un choc décisif. Leur force repose sur la performance, la flexibilité et l'invisibilité d'un nombre minimal de combattants. Mais si le manteau d'incertitude qui les protège en vient à se déchirer, les forces spéciales se retrouvent dans une situation d'infériorité qui peut mener au désastre, en raison de leur puissance de feu limitée et de leur incapacité à encaisser des chocs adverses.

Cette nature de fleuret stratégique, porté à bout de bras sans bouclier, est éclairée par plusieurs études de cas.

La première, l'opération « CHARIOT », menée par les opérations combinées britanniques du 26 au 28 mars 1942, verra l'utilisation du choc pour détruire la seule installation capable d'effectuer des réparations sur le cuirassé allemand Tirpitz le long de la façade atlantique de l'Europe occupée, et ainsi empêcher une percée de ce dernier dans l'Atlantique Nord susceptible d'interrompre les lignes de communication avec la base industrielle américaine. Le raid des commandos britanniques, mené à 1 contre 10 et marqué par une inflation des objectifs faute de connaître avec certitude la faiblesse des installations portuaires, occasionnera des pertes très sévères pour les Alliés, même si leur objectif sera atteint.

La deuxième, l'opération « BARRAS », menée par les troupes britanniques du 5 au 10 septembre 2000, verra l'utilisation du choc et plus encore de l'incertitude adverse pour libérer 6 soldats britanniques retenus en otages à l'intérieur de la Sierre Leone par une bande rebelle fortement armée. Face à une situation susceptible d'aboutir rapidement à un massacre, les forces spéciales britanniques ont réussi à surprendre et à fixer ces combattants irréguliers - le temps de libérer les otages - puis à leur donner une leçon. De la sorte, c'est à la fois la crédibilité de la communauté internationale et le processus de stabilisation du pays ravagé par la guerre civile qui ont été restaurés.

Ces deux études de cas fournissent à leur tour un aperçu des capacités nécessaires aux opérations de demain.

Publié par Ludovic Monnerat le 13 février 2010 à 14:41