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12 février 2010
Feu - Mouvement - Manœuvre - Choc - Incertitude dans l'Armée 61
La douzième communication - et la dernière de la première journée du symposium - a été présentée par Hervé de Weck, historien, ancien rédacteur en chef de la Revue militaire suisse. Elle est également un hommage au colonel EMG Daniel Reichel.
La stratégie, c'est un discours politique et une doctrine d'engagement des forces armées. La conception 66 met un terme à la discorde entre « statiques » et « mobiles ». On ne peut plus opposer des fronts stables et statiques à un adversaire aéromécanisé, utilisant des armes conventionnelles ou non conventionnelles ; toutefois, le terrain suisse favorise la défense. Du coup, l'Armée 61 est avant tout une armée d'infanterie : celle-ci regroupe 43% des effectifs, qui s'élèvent à quelque 780'000 hommes. La puissance de feu et la protection de l'infanterie sont renforcés, notamment grâce à des armes antichars et des armes d'appui, avec une fortification importante. Mais la mobilité reste faible, et le nombre de véhicules de transport comme leur absence de blindage contraignent l'infanterie à un engagement statique, sur les terrains-clefs et les passages obligés. Les autres armes appuient l'infanterie, mais ne lui sont pas subordonnées.
En 1961, l'état-major général favorise le développement des troupes blindées. Des régiments de chars sont formés autour de chars de combat Centurion, mais aussi avec du matériel provenant en partie de surplus alliés (Universal Carrier, camions Dodge). Il faudra attendre l'introduction de systèmes blindés modernes - chars de grenadiers M-113, obusiers blindés M-109, etc. - pour concrétiser l'ambition de l'armée suisse.
La doctrine de l'Armée 61 exclut la guerre de mouvement comme la défense linéaire : la guerre combinée est une solution typiquement suisse - l'infanterie s'agrippe à ses positions et ralentit l'adversaire, en créant les conditions pour une riposte mécanisée visant à détruire cet adversaire. La division d'infanterie sera peu apte à mener la défense combinée jusqu'au moment où elle recevra un bataillon de chars, afin d'appliquer cette doctrine dans son propre dispositif.
Pour les Suisses, la puissance de feu joue en faveur de l'envahisseur ; le renforcement du terrain vise à compenser cette infériorité, y compris pour les positions de combat de l'infanterie. Malgré cela, les capacités de défense de l'armée suisse étaient solides : des simulations menées dans les années 1980 ont montré que les troupes de combat de l'Armée 61 auraient été capables de détruire 4500 véhicules blindés adverses en un long combat d'usure, soit l'équivalent de 15 divisions de fusiliers motorisés détruites à 40%.
Publié par Ludovic Monnerat le 12 février 2010 à 17:54