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8 octobre 2009
Le modèle suisse et ses jaloux
Ainsi donc, la Suisse fait à nouveau l'objet de critiques virulentes sur la scène internationale comme dans certaines corporations, notamment pour avoir arrêté Roman Polanski. En y ajoutant nos déboires dans l'affaire libyenne, pour laquelle pas grand monde ne nous a aidé, il est aisé d'en conclure que personne ne nous aime ; mais je trouve plus judicieux le commentaire de Sandra Jean hier dans Le Matin, qui conclut fort à propos :
"La Suisse ne fait pas tout juste et elle est franchement loin d'être parfaite. Mais, à un moment donné, les brillants analystes et autres donneurs de leçons de France et de Navarre devraient tout de même avoir l'honnêteté intellectuelle de reconnaître que derrière leurs invectives se cache un brin de jalousie. La Suisse est politiquement stable, économiquement solide et socialement équitable. Qui dit mieux?"
Il se trouve que j'ai lu le week-end dernier le livre de François Garçon intitulé "Le modèle suisse", qui rassemble de nombreux faits montrant effectivement la situation avantageuse de notre pays vis-à-vis notamment du grand voisin français. Il est clair que cet ouvrage est conçu comme un contre-pied et qu'il idéalise notre situation, mais ce "brin de jalousie" me paraît éminemment vraisemblable au vu de ce que l'auteur révèle et souligne sur les blocages politiques, économiques et sociaux en France comme en Europe.
Oui, la Suisse n'inspire pas beaucoup de sympathie en-dehors de nos frontières. Nous sommes sans doute trop sérieux, trop méticuleux, trop sûrs de nous, trop prospères, trop prudents ou même trop lents pour cela. Mais de la même manière que notre exemple suscite des réactions vives chez ceux qu'il met en cause, nous récoltons aussi les fruits de notre approche méthodique et consensuelle : quiconque recherche la stabilité et la pérennité songe automatiquement ou presque à la Suisse. Les personnes physiques et morales accourant sur notre sol sont un témoignage vibrant de leur propre appréciation de la situation.
En revanche, on peut légitimement faire des reproches à la Suisse si elle bénéficie des efforts des autres sans soi-même s'engager de manière comparable, ce qui est globalement le cas dans le domaine sécuritaire. La récente décision du Parlement sur le dossier "ATALANTE" va dans ce sens.
Publié par Ludovic Monnerat le 8 octobre 2009 à 13:27