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18 octobre 2009
Afghanistan : l'imbroglio politico-militaire
L'administration américaine actuelle, on le sait, est divisée sur la conduite des opérations de combat et de stabilisation en Afghanistan. Lors de sa campagne électorale, le candidat Obama avait promis de renforcer les troupes déployées dans la région, à la faveur d'un retrait d'Irak ; l'évolution positive - et prudemment tue dans les médias - de l'opération "Iraqi Freedom" lui donne cette possibilité sans grave conséquence. Mais le président Obama doit à présent choisir entre ceux qui - tel son vice-président - préconisent un allègement des troupes en Afghanistan et le recours à une approche sur les frappes à distance, avec des forces spéciales et des plateformes aériennes, et ceux qui - tel son conseiller à la sécurité nationale et sa secrétaire d'État - plaidant pour une campagne de contre-insurrection dopée par des renforts nombreux.
L'un des dangers qui guettent Obama, comme du reste ses prédécesseurs avant lui, n'est autre que la confusion entre les différents niveaux de la guerre, et tout particulièrement pour un conflit qui demeure malgré tout de basse intensité. Sans aller jusqu'aux égarements de Lyndon Johnson et Robert McNamara, qui validaient et sélectionnaient chaque cible terrestre bombardée par l'aviation américaine au Vietnam, les dirigeants de l'administration Obama semblent passer davantage de temps à considérer la mécanique de la campagne d'Afghanistan et les forces impliquées que les facteurs stratégiques dont, finalement, le succès ou l'échec des formations déployées vont dépendre.
La priorité de Washington devrait ainsi consister à équilibrer les ressources engagées dans l'opération avec les enjeux, réels comme perçus, qui la sous-tendent. Paradoxalement (en apparence), les tentatives des Talibans de déstabiliser l'État pakistanais et de prendre le pouvoir sur des portions de son territoire aboutissent à une élévation des enjeux facilitant les choses pour la communauté internationale. Il va de soi que l'évolution de l'opinion publique aux Etats-Unis, et plus encore en Afghanistan, sont les facteurs déterminants sur le plan stratégique ; les opérations sur place ne sont pas assez coûteuses en dollars, ni même en hommes, pour affecter vraiment les capacités nationales en la matière. Mais la patience des dirigeants ?
Les généraux actuellement en charge de l'Afghanistan, McChrystal et Petraeus, semblent de toute évidence avoir tiré les bonnes leçons du Vietnam - pas celles de la génération Powell / Schwarzkopf - et ont fait leurs preuves en Irak. On peut donc présumer qu'ils ont analysé la situation actuelle de l'Afghanistan et établi une approche opérative valable. Mais si leurs maîtres politiques se mêlent de la mécanique militaire au lieu d'apprécier son impact et ses besoins, et donc d'assurer une vraie cohérence entre l'action des troupes et leur perception au sein des populations concernées ; s'ils se focalisent sur la mise en œuvre des directives stratégiques au lieu de les donner à propos ; s'ils confondent les fins avec les moyens, et le sens de la campagne avec ses effets ; alors on ne peut guère être optimiste sur cette opération.
Publié par Ludovic Monnerat le 18 octobre 2009 à 22:17