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1 décembre 2007
L'arme et les munitions
En avril dernier, lorsque le Parlement débattait du maintien à domicile de l'arme de service et de la munition de poche, j'avais écrit - en toute logique - les lignes suivantes :
"D'un point de vue strictement sécuritaire, en revanche, l'absence des munitions militaires promet d'avoir un impact tout aussi limité, puisqu'il est très facile de se procurer en toute légalité des munitions du même calibre. J'aimerais bien avoir accès à des statistiques précises montrant combien d'actes violents commis avec des armes de service ont également impliqué les munitions de poche dans leur boîte close, et combien ont au contraire utilisé des munitions privées. De toute manière, il n'est pas rare que des citoyens-soldats - et notamment des cadres - conservent par devers eux un petit stock de cartouches "issues" d'une période de service, en parfaite violation des prescriptions sur l'emploi des munitions militaires. Et allez distinguer une GP 90 achetée dans le commerce d'une GP 90 reçue du chef mun..."
L'affaire du tueur de Höngg vient de confirmer la chose : ce jeune homme qui a tiré une unique balle de 5,6 mm sur une victime choisie au hasard, après avoir volé la GP 90 à l'armée, n'a pas eu recours à sa munition de poche pour commettre son crime. Du coup, l'apparence de solution trouvée au Parlement vole en éclats et le débat reprend de plus belle, motivé par un fait divers aussi spectaculaire qu'isolé, et qui, en fait, pose avant tout la question de l'aptitude à faire service avec un casier judiciaire étoffé. Mais puisque les adversaires de l'armée ne peuvent plus s'attaquer de front à celle-ci sans se couvrir de ridicule, les armes personnelles des soldats-miliciens offrent un angle d'attaque favorable dans ce que l'on nommerait une approche indirecte de l'objectif recherché.
Ce dont je peux témoigner à titre personnel, c'est que les munitions de poche sont actuellement retirées définitivement aux militaires en service, avec une célérité d'ailleurs surprenante, vu que les ordres en la matière ont été émis avant même que le mécanisme nécessaire à un tel retrait, avec un contrôle individuel performant, ne soit prêt. Maintenant, dans la même logique, comme après l'affaire de Marly l'an dernier pour le service de garde, on s'attend à ce que l'armée prenne des mesures draconiennes en réponse à une pression politique hors de la filière de commandement et impose un contrôle détaillé de toutes les munitions militaires. A quand le contrôle des détonations, appliqué aujourd'hui aux grenades à main, pour les petits calibres ? A quand de nouvelles restrictions appliquées à tous faute d'avoir le courage de filtrer les individus avant leur entrée dans l'armée ?
Publié par Ludovic Monnerat le 1 décembre 2007 à 18:50
Commentaires
Il aura fallu moins d'une décennie à la "diversité" (1) alliée au "progressisme" des "élites" locales (que de guillemets!) pour mettre à bas un des pans les plus remarquables de notre identité helvétique.
J'ai donné un nombre appréciable de jours de ma vie à mon pays sous les drapeaux, mais si je devais passer demain mon recrutement pour une armée où le citoyen-soldat serait définitivement désarmé (mesure qui, de fait, abolirait ce noble statut), hé bien, cette "armée", je l'enverrais paître sans le moindre regret. Et elle ne devrait en outre plus compter sur mon vote quand il s'agira de se payer de dispendieux joujoux aériens, afin de "produire de la sécurité" ou de balader des "do-gooders" au Kosovo. J'étais prêt à défendre une nation, mais l'état qui est en train de dissoudre mon pays peut crever la bouche ouverte.
(1) vous avez tous noté comme, dans notre "presse", l'allogène chilien stempélisé suisse s'est promptement transformé en "jeune au crâne rasé"!
Publié par fass57 le 1 décembre 2007 à 19:54
"Maintenant, dans la même logique..."
Vous verrez, poussée à son terme, cette "logique" obligera bientôt l'armée suisse à s'entraîner en faisant "pan-pan" avec des balais, pour satisfaire l'obsession protectrice de "big mother".
Publié par fass57 le 1 décembre 2007 à 19:56
"(...) l'armée suisse à s'entraîner en faisant "pan-pan" avec des balais (...)"
J'ai souvenir qu'à une époque c'était assez efficace, vous savez...
(Certes, nous avions six ou huit ans, et le mort se relevait à la fin )
"En descendant de sa bicyclette, Archambaud s'intéressa à un petit de huit à dix ans qui venait de s'affaisser sur un tas de pierre, comme blessé à mort, et qui gémissait : "Je suis foutu, les copains, achevez-moi." Les copains se consultèrent avec la mine soucieuse et l'un d'eux, prenant un morceau de bois passé dans sa ceinture, fit sauter la cervelle du petit"
Uranus, Marcel Aymé.
Publié par Blou le 1 décembre 2007 à 22:40
Je lisais ceci sur un forum:
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Gisela Kallenbach, a German member of the European Parliament from the Green group:
"Civil liberties can be sacrificed if we can prevent people from being killed."
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Ou la société vue comme un immense jardin d'enfants, alors que le concept même de citoyen-soldat était au contraire le plus bel aboutissement sociétal de l'individu libre, autonome, responsable et mature au service d'une communauté qui ressemblait encore à quelque chose.
Car c'est évident, "Big Mother" ne peut régner que sur des individus mineurs, sous la surveillance d'un état disposant du monopole de la violence légale. Une situation empêchant également toute possibilité ultérieure de réaction efficace. En gros, une dictature molle.
Publié par fass57 le 2 décembre 2007 à 0:26
Oui. C'est assez éloquent, en effet. C'est l'exacte symétrie du mot de Franklin.
Publié par pan le 2 décembre 2007 à 2:28