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26 août 2007
Une guerre de retard ou d'avance ?
Les résultats de l'enquête d'opinion annuelle menée par l'EPFZ, "Sécurité 2007", ont été rendus publics cette semaine. S'ils contiennent plusieurs paradoxes au sujet de l'armée, dont une propension à séparer l'outil militaire de ses prestations, ils ont été rapidement exploités par les médias pour revenir sur un thème actuel, la nécessité ou non de l'armée de milice. Mais il est intéressant de voir comment certains journalistes, à l'exemple d'Antoine Grosjean dans 24 Heures, abordent les problèmes de sécurité les plus graves :
Le monde politique suisse a-t-il une guerre de retard? Alors que l'opinion publique remet de plus en plus en cause les principes de l'armée de milice et de l'obligation de servir, le parlement élude pour l'instant ces questions. Les élus sont-ils vraiment en phase avec la population?
Selon l'étude annuelle «Sécurité 2007», publiée hier par l'EPFZ et l'Académie militaire, une majorité de Suisses seraient favorables à une armée de métier plutôt qu'à une armée de milice. Cette dernière ne convainc que 44% des 1200?personnes sondées, un taux en baisse de 7% par rapport à l'année dernière. De l'autre côté, 47% des sondés veulent une professionnalisation de l'armée (+1%). Cela fait deux ans que cette opinion est majoritaire.
Commençons déjà par une mesure de probité intellectuelle : comme écrire que l'opinion est depuis 2 ans majoritaire en faveur de l'armée de métier, alors que les chiffres de l'an dernier étaient de 51% pour la milice, n'a pas vraiment de sens ; disons plutôt que l'auteur a voulu dire que c'est la deuxième fois que l'enquête fournit une opinion davantage en faveur de la professionnalisation, sans pour autant que l'on puisse parler de majorité. Il serait d'ailleurs légitime de s'interroger sur les variations de ces chiffres en la matière, par exemple pour savoir si les jeunes hommes aujourd'hui astreints au service ont une influence sur ce processus, et donc si cette évolution pourrait être un barême de satisfaction interne.
Toutefois, le plus intéressant est cette question, savoir si la classe politique suisse n'a pas une "guerre" de retard sur la base d'une enquête d'opinion. Si on entend par guerre la lutte des idées faisant partie du débat démocratique, cela n'est bien entendu pas le cas, puisque certains partis jouent depuis des années la carte de la professionnalisation comme d'un atout électoral. Mais Antoine Grosjean veut probablement dire ici autre chose, puisque l'expression guerre de retard vise à mettre en cause un passéisme criant par rapport à l'évidence de l'armée de métier. Or il se trouve que la guerre n'a rien à voir avec ce raisonnement : ce n'est pas sur la base de l'appréhension des conflits futurs que la forme du service est évaluée, mais bien sur l'état actuel de l'opinion publique en février 2007. Ou comment répondre aux guerres de demains par les idées d'hier.
L'abus de lieux communs et la superficialité dont souffrent cet article sont révélateurs d'une démarche aujourd'hui majoritaire dans les médias et dans la classe politique, celle consistant à refuser de considérer l'incertitude de l'avenir pour fonder les décisions dans le domaine militaire. Il est bien entendu plus facile de réagir émotionnellement à l'obligation de servir et de plaindre les "pôvres" jeunes qui doivent suer sous l'uniforme que de poser la question d'une stratégie nationale en matière de sécurité, que d'analyser l'équilibre entre les missions, les moyens et les méthodes de l'armée pour défendre le pays et sa population. De ce fait, sans se prononcer sur le fait que la classe politique suisse a une guerre de retard ou d'avance, on peut sans grand risque affirmer que les médias sont bien partis pour les manquer toutes, quelles qu'elles soient.
Publié par Ludovic Monnerat le 26 août 2007 à 8:03
Commentaires
Notre société est tous les jours interpellée par les réactions de deux pouvoirs non-élus : le judiciaire et la presse. Nous ne ferons pas l'économie de leur remise en question. Si le 3ème ne cesse de mettre en cause la vie des femmes et des enfants en donnant arbitrairement des congés à des fous psychopathes, la presse quant à elle est envahie par de jeunes imbéciles dont le seul souci est de faire de l'agit-prop. J'ai détesté les maladresses de ajm dans ses plaintes contre la TSR, parce qu'il donnait des arguments à ses adversaires qui sont les nôtres aussi, par exemple en traitant l'islam de religion criminelle. Je l'ai aussi déjà mentionné plusieurs fois : les balourdises d'un Le Pen ont favorisé ses ennemis et ont nui à la cause qu'il aurait voulu défendre. Les stupides affiches de l'UDC ridiculisent ceux qui veulent éviter une invasion étrangère massive. Il faut lutter contre des gens comme Antoine Grosjean, qui abusent de leur monopole de l'information (désinformation...) sur la Suisse romande. Comment ? Attaquer les Lamunière en justice ?
Publié par Roland le 26 août 2007 à 15:15
L'impossibilité pour les états occidentaux de financer leurs armées professionnelles les conduira à revenir à l'armée de conscription dans les 20 ans (j'invite tous ceux qui en doutent encore à suivre avec attention les futures réductions d'effectif de l'armée française).
Il se trouve en effet qu'en Europe seules les armées de conscription parviennent à maintenir à niveau leurs matériels.
Dans ces conditions l'armée suisse pourrait redevenir un modèle de modernité... dans 20ans.
Publié par Damien le 26 août 2007 à 19:30
Question à LM
Avez-vous envoyé une copie à l'intéressé (Antoine Grosjean)??
Publié par Alex le 27 août 2007 à 8:27
Réponse à Alex
Non, ce n'était pas l'idée de ce papier...
Publié par Ludovic Monnerat le 27 août 2007 à 13:29
Je l'avais bien compris. Mais étant donné que votre texte est directement lié à cet article, vous devriez également le lui transmettre.
On ne sais jamais, ça pourrait lui servir...
Publié par Alex le 27 août 2007 à 15:19
Alex a tout à fait raison. L'adresse est simple chez Edipresse: . D'abord, il me paraît assez normal qu'une personne critiquée soit informée de cette critique. De surcroît, se sachant lu par des lecteurs compétents et attentifs (et ce n'est pas toujours évident parmi les journalistes; contrairement à une illusion très répandue, ils n'écrivent pas pour le public mais avant tout pour leurs confrères à qui ils veulent montrer leur science), l'auteur en question fera dorénavant un peu plus attention à ce qu'il écrit. On peut rêver...
Publié par jeambi le 28 août 2007 à 0:36
Un passage de mon message a disparu dans l'expédition. Les adresses des collaborateurs d'Edipresse figurent parfois à la fin de leur article; elles obéissent à la règle du prénom-point-nom-arobase-edipresse-point-ch. Sans ça, il y a le courrier des lecteurs, la rubrique la plus lue dans les quotidiens après les nécrologies.
Publié par jeambi le 28 août 2007 à 0:46
Merci pour la suggestion, j'ai envoyé un courriel à l'instant même !
Publié par Ludovic Monnerat le 28 août 2007 à 7:10
a qu'en un sujet de réflexion sur l'échec de la professionnalisation des armées occidentalles ? lol je suis bien d'accord avec damien a ce sujet!
les italiens n'ont t'ils pas décider de ce passé de la conscriptions a partir de 2020 ?
Publié par baubeto le 28 août 2007 à 15:47
Que pensez vous de cette étude :
"Les Etats-Unis sont en tête du classement avec un arsenal de 290 millions d'armes, soit près d'une par personne. Viennent ensuite le Yémen, avec 61 armes pour 100 habitants, la Finlande (56), la Suisse (46) et l'Irak (39). La France se situe à un niveau comparable à beaucoup de pays européens, avec 32 armes pour 100 habitants."
"il n'y a pas de relation claire entre un plus grand nombre d'armes et un niveau de violence accru"
Publié par Frédéric le 29 août 2007 à 10:06
"il n'y a pas de relation claire entre un plus grand nombre d'armes et un niveau de violence accru"
Non, le niveau de violence est relatif à la composition ethnique de la population en question.
Le Maine a par exemple des lois très libérales en ce qui concerne le port d'armes, tout en ayant une criminalité violente très restreinte (sauf de la part des somaliens installés à Lewiston et alentours).
Publié par fass57 le 29 août 2007 à 13:32
Pas d'accord, en Colombie et en Somalie justement, on ne pas peut dire qu'il y est énormement d'immigrés mais ca tire dans tout les coins.
Publié par Frédéric le 29 août 2007 à 16:18
C'est vrai, il y a des ethnies ou des races maudites. Raison de plus pour empêcher que ses ressortissants ne sortent pas de chez eux...
Et si cela ne se peut, qu'ils soient accueillis par nos chers voisins français : eux semblent prédestinés à accueillir tous les tarés de la planète...
Publié par Roland le 29 août 2007 à 17:09
On part en HS (comme d'habitude), mais les armes sont aussi un probléme de pollution.
Sur le wiki, dans l'article "arme à feu" ou j'ais inscrit les infos de l'étude, on iniste pour mettre en téte de liste les "dizaine de milliers de tonnes de plomb qui sont ainsi dispersées dans l'environnement".
Ah, au temps des épées, des masses d'armes, des arcs et des balistes, l'humanité pouvait s'étripé écologiquement...:(
Publié par Frédéric le 29 août 2007 à 18:04