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17 juillet 2007
Quelques heures dans un croiseur
Parmi les visites faites lors de mon récent séjour à Londres, l'une des plus marquantes a sans conteste été celle du HMS Belfast. Le nom de ce navire contemporain m'est connu depuis le début de mon adolescence, vu que la bibliothèque de mes parents comptait un livre, « Le drame du Scharnhorst » que j'avais lu avec un vif intérêt, mais j'ignorais alors bien entendu que j'aurais l'occasion de le visiter 20 ans plus tard. A dire vrai, ce croiseur léger aujourd'hui ancré dans la Tamise n'impressionne guère par ses dimensions, plutôt communes (187 mètres de long), par son armement, comparable à l'artillerie terrestre (tubes de 155 mm et 105 mm), ou par sa construction générale. Mais il vaut la peine d'être visité par le témoignage qu'il offre des conditions de vie et de combat en mer lors de la Seconde guerre mondiale.
Les espaces exigus, les accès difficiles, le travail harassant (notamment près des chaudières), le confort inexistant (malgré la modernisation effectuée dans les années 50) montrent en effet que ces navires de guerre ne remplissaient leur mission qu'avec l'abnégation et la discipline de leur équipage. Certains aspects ne surprennent pas un militaire habitué aux systèmes d'armes terrestres : les tourelles principales et leurs magasins ressemblent par exemple beaucoup à l'artillerie de forteresse, comme l'indique par exemple l'image ci-dessous ; le centre d'opération n'est pas très différent d'un PC tactique fixe au niveau bataillonnaire, en-dehors de la quantité d'équipements d'écoute et de détection directement accessibles. Même si l'on imagine aisément l'énergie et la persévérance qu'il fallait investir dans l'entraînement pour faire du tout une machine de guerre flexible et efficace.
La passerelle du capitaine, dépourvue de vitres durant la Seconde guerre mondiale (histoire d'y voir à tout coup autant que faire se peut), était en revanche impressionnante : le commandement de ce bâtiment au-dessus des flots, à quelques mètres du centre d'opération comme du centre de transmission, représente un compromis saisissant entre la conduite de l'avant et le positionnement auprès plus près des renseignements fournis par la radio et le radar. Surtout en pensant que le château central, surmonté des équipements électroniques et situé à proximité immédiate du poste de direction des feux, était dans l'idéal le point pris pour cible par tout navire adverse à portée de tir. Là encore, pas besoin d'une grande faculté d'imagination pour se représenter la vulnérabilité de l'équipage lors d'une canonnade.
Après presque 4 heures d'une visite permettant de voir presque tous les éléments du HMS Belfast, il est difficile de ne pas être nostalgique, de ne pas regretter l'époque de ces élégants croiseurs, de ces grands cuirassés qui sillonnaient les mers, et que les porte-avions n'ont pas entièrement remplacés en tant que symboles. Bien sûr, les navires multi-missions de notre temps ont des capacités largement supérieures dans nombre de domaines, et notamment dans la détection, dans la protection comme dans la frappe à très longue distance, mais la majesté des navires d'antan - et leur aptitude à déclencher des feux massifs - reste marquante. Le souvenir d'une époque où les États étaient encore les maîtres de la guerre, à l'heure où celle-ci se déstructure et se privatise, ne peut laisser indifférent!
Publié par Ludovic Monnerat le 17 juillet 2007 à 22:43
Commentaires
En France, le Colbert part à la ferraille car l'entretion comme musée coute trop cher. :(
Publié par Frédéric le 18 juillet 2007 à 20:09
"En France, le Colbert part à la ferraille car l'entretion comme musée coute trop cher. :("
En revanche, pour construire une grande mosquée à Marseille, on trouve des fonds.
Le ferraillage du Colbert est proprement scandaleux, car ce navire était un des plus élégants de sa génération.
Publié par fass57 le 19 juillet 2007 à 10:42
Le Colbert ne vote pas.
Publié par Three piglets le 19 juillet 2007 à 18:00
Il y a une association qui s'est occupé du navire, mais leurs moyens sont limités.
Espérons que la Jeanne d'Arc n'aurat pas le méme sort en 2010.
Dire qu'au USA, chaque grand port à son porte-avions, cuirassé ou croiseur...
Publié par Frédéric le 19 juillet 2007 à 19:05
Pour info, les Reds Arrows ont failli disparaître, par souci d'économie, alors que les fonds pour les organismes promouvant la diversité ne manquent jamais d'argent au Royaume-Uni.
Publié par fass57 le 19 juillet 2007 à 19:51
Bien sur, la diversité est une arme contre la nation, alors que le matériel militaire permet de la défendre justement.
Publié par Three piglets le 19 juillet 2007 à 22:53