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19 juillet 2007
La fin d'un scandale estival
Le scandale de l'été lancé la semaine dernière par la presse de boulevard a fait long feu : avec les déclarations tranchées de l'un des survivants de l'accident qui a coûté la vie jeudi dernier à 6 militaires dans l'Oberland bernois, les accusations d'incompétence, d'autoritarisme ou d'inconscience adressées à l'armée sont mal en point, et le soufflé n'a pas tardé à retomber. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si un Peter Rothenbühler bien peu inspiré, aujourd'hui dans Le Matin (pas de lien disponible), a contesté la crédibilité de l'appointé-chef Perusset : les déclarations du jeune spécialiste de montagne, témoin privilégié, viennent gripper la machinerie médiatique consistant à exploiter l'émotion populaire issue d'un drame. Et critiquer la communication de l'armée, qui a bon dos, n'est qu'un pis-aller. Le pilori va être rangé sans victime, et l'actualité va retrouver son rythme alangui.
Dans les faits, il faudra attendre la fin de l'enquête pour connaître la vérité sur cet accident, et donc en esquisser avec certitude les responsabilités : les déclarations du temoin susmentionné vont clairement dans le sens jugé probable, mais elles ne suffisent pas. La fin de la cabale médiatique et des allégations gratuites, parfois non dénuées d'intérêts propres (comme certains guides civils très critiques, et qui depuis quelques temps se plaignaient de ne plus recevoir de l'armée autant de mandats), risque hélas de précipiter le sujet dans les oubliettes, alors qu'il serait intéressant de revenir sur les comportements des uns et des autres dans les heures qui ont suivi le drame. Notamment pour voir comment les médias traditionnels, malgré leurs prétentions qualitatives, tombent à répétition dans le piège des informations partielles et biaisées. Et donc sont à la merci de la confusion comme de la manipulation.
Les scandales de l'été, qui prennent généralement au dépourvu une administration fédérale à moitié en vacances, ont déjà accouché de grandes comédies ; on se souvient en particulier de l'affaire Bellasi, épisode tragi-comique par excellence qui a régenté toute la vie politique pendant 8 jours, et qui aura fait porter d'injustes soupçons sur de grands serviteurs du pays. Il avait alors suffi d'une volonté exagérée de transparence et d'une maladresse sémantique pour offrir la possibilité de jouer sur les fantasmes de toute une frange de la société lorsque l'on mélange l'armée, le secret et le pouvoir. Force est d'admettre que les mêmes mécanismes restent aujourd'hui à l'affût, guettant la bonne affaire pour faire couler l'encre et augmenter l'audience, tout en plaçant quelques jalons idéologiques longtemps médités.
Dommage que les véritables questions de fond fassent toujours les frais de ces affaires exagérément montées en épingle...
Publié par Ludovic Monnerat le 19 juillet 2007 à 19:21
Commentaires
Pas vraiment si sûr. Comme déjà dit, mais ce blog est très vite oublieux, la chose intéressante (pour ceux qui s'intéressent de bonne foi à la question, pas pour les pit-bulls), c'est la question de l'encordement. Il est à mon avis plus que probable qu'il y aurait eu moins de morts si ils n'avaient pas été encordés. On ne devrait s'encorder que si cela correspond à un point d'ancrage sérieux. Sinon, cela ne sert qu'à vous attirer dans la chute...
Publié par Roland le 19 juillet 2007 à 20:45
Les déclarations de ce rescapé sont claires, il y a toujours des risques en montagne de haut niveau, pour les militaires comme pour les autres
... et celle ci-dessus de ce "Roland" n'a aucun rapport avec la réalité, comme précédemment. Que fait-il encore ici ?
Publié par JPC le 19 juillet 2007 à 22:18
Peter Rothenbühler bien peu inspiré, aujourd'hui dans Le Matin
Parce que les autres jours il est inspiré?!
Autant mettre tous les journalistes dans une case méchants gôchistes est une attitude surannée; autant prendre 'le Matin' pour de l'information tient de la touchante naïveté.
Quant aux scandales de l'été, c'est vrai que c'est mal: ça fait de l'ombre à la danse de l'été, au tube de l'été, aux festivals de l'été et même à la canicule de l'été :*)
Publié par LolZ le 19 juillet 2007 à 22:41
Personnellement, je crois que le démenti et les éclaircissements arrivent bien trop tard: l'émotion est arrivée, elle a été exploitée, et si aujourd'hui la raison semble timidement revenir sur scène, l'intérêt médiatique est déjà largement retombé.
N'oubliez pas les mots de Roger Mucchielli: une information fausse suivie d'un démenti garde un impact; la somme des deux n'est pas neutre et va dans le sens de l'information fausse. Ou en d'autres termes, le fameux "médiseez, médisez, il en restera toujours quelque chose."
L'armée est sortie salie de cet accident même si l'enquête finit par montrer qu'elle est innocente. Nos amis les journalistes ont fait leur "travail" d'exploitation du drame.
Publié par Stéphane le 19 juillet 2007 à 23:38
"... et celle ci-dessus de ce "Roland" n'a aucun rapport avec la réalité, comme précédemment. Que fait-il encore ici ?"
J'avais bien précisé, pas pour les pit-bulls...
Publié par Roland le 20 juillet 2007 à 13:42
A lire l'article affligeant de l'Hebdo de cette semaine à ce sujet. Ou comment un journaliste (Daniel Audetat) essaie piteusement de débattre de la question de fond de l'utilité des soldats spécialistes de montagne en utilisant des relants d'antimilitarismes et d'idées reçues ou encore de raccourcis du type "de nos jours la plupart des sauvetages en montagnes se font en hélico, donc plus besoin des compétences des spécialistes de montagne."
A ce niveau d'analyse, tout le monde peut être journaliste.
Publié par Crys le 20 juillet 2007 à 17:47