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29 juin 2007
Entre faux enfants soldats et vraie distorsion
Jusqu'à quel âge est-on encore un enfant soldat, et quand devient un soldat à part entière, c'est-à -dire un adulte responsable de ses actes ? Si l'on en croit une partie de la presse britannique, qui tacle aujourd'hui le nouveau premier ministre suite aux nouvelles pertes subies en Irak, les 2 militaires de 20 ans qui ont été tués sont des « boy soldiers », et leur apparence juvénile renforce cette image. Pourtant, la définition généralement admise de l'enfant soldat ne s'étend pas au-delà de l'âge de 18 ans, qui reste considéré comme le seuil de la majorité et qui, par exemple, s'applique aussi bien aux armées de conscription (recrutement possible à partir de 18 ans, comme en Suisse) et aux armées de métier (engagement de jeunes hommes de moins de 18 ans uniquement avec l'accord écrit des parents, comme aux Etats-Unis).
Cette définition n'est pas nécessairement une constante : on rappellera que dans la Suisse primitive, les hommes étaient tenus de combattre de 16 à 60 ans. De même, les différentes initiatives en cours dans notre pays visant à abaisser le droit de vote à 16 ans, au demeurant âge de la majorité sexuelle, devraient également aboutir à s'interroger sur les devoirs qui en sont le corollaire, comme le devoir de servir. Toutefois, lorsque l'on sait qu'une grande part des enfants soldats sont enrôlés de force avant même leur adolescence et maintenus dans les rangs par la contrainte, le chantage ou l'addiction, on mesure bien l'extraordinaire distorsion consistant à nommer ainsi de jeunes militaires britanniques. La motivation derrière celle-ci, qui s'appuie sur une victimisation systématique, ne fait guère de doute.
Cette notion d'enfant soldat à géométrie variable et la critique explicite qu'elle véhicule ne sont pourtant guère appliquées aux adversaires des armées contemporaines. L'âge des djihadistes et insurgés tués par dizaines de milliers en Irak n'est ainsi pas un facteur auquel la classe médiatique porte une attention similaire, alors que les premiers sont bien souvent le fruit d'années d'endoctrinement et de préparation à la guerre sainte dans des écoles islamiques ; et celles-ci profitent en particulier de conditions économiques difficiles pou recruter en masse. Par ailleurs, la profusion de jeunes hommes désoeuvrés dans les zones de conflits actuelles, que ce soit en Irak, en Afghanistan ou dans les territoires palestiniens, facilite également le recrutement, même ponctuel. Ne peut-on pas parler d'un environnement infantilisant lorsqu'une vie adulte est rendue impossible ?
Les armées occidentales connaissent pour leur part des conditions diamétralement opposées, avec une concurrence impitoyable de l'économie privée et des courants antimilitaires qui, sous couvert de pacifisme louable, rongent la volonté de servir, de défendre et de combattre. Ce n'est pas pour rien que l'on présente souvent les jeunes soldats britanniques ou américains comme des victimes leurrées par l'appât du gain (les soldes et primes sont en hausse constante) ou par l'apparat de l'arme : la notion même de pouvoir donner sa vie pour son pays, pour sa patrie, pour les siens, est de plus en plus étrangère aux faiseurs d'opinions contemporains. Les soldats en question ne cachent d'ailleurs pas leur mépris pour ces derniers. Surtout lorsqu'ils tentent, chaque jour et de toutes leurs forces, d'influencer un conflit en cours en présentant comme inéluctable une défaite qu'ils souhaitent.
Publié par Ludovic Monnerat le 29 juin 2007 à 10:48
Commentaires
Il est clair que les armées régulières ne sont pas soumises aux mêmes règles que les terroristes qu'elles combattent, selon une justice lancée depuis la chaire des faiseurs d'opinion (ou qui aimeraient l'être en tous cas.)
A comparer, les réactions médiatiques ou politiques entre la nouvelle d'un kamikaze de 6 ans et le tollé qu'on tente de provoquer pour la mort de deux soldats en âge de se battre selon toutes les réglementations du monde.
Du deux poids deux mesures typique, en somme. Rien de bien nouveau, et un résultat toujours aussi navrant.
Je note en passant que votre phase "Ne peut-on pas parler d'un environnement infantilisant lorsqu'une vie adulte est rendue impossible?" suscite une réflexion très intéressante sur notre cadre de vie socio-démocrate où, à tous les niveaux, les pouvoirs étatiques cherchent à combattre le risque (quitte à jeter le bébé avec l'eau du bain.) J'imagine que d'ici peu quelqu'un clamera ici même que, grâce à l'environnement hostile dans lequel il grandit, un Afghan de six ans est "plus mature" qu'un occidental de vingt...
Publié par Stéphane le 29 juin 2007 à 15:13
L'enfant-soldat est une notionqui se base sur notre culture ethnocentriste au possible. Les occidentaux ramènent tout à leur propre système de valeurs, et c'est une erreur.
Un ennemi armé reste un ennemi, peu importe son âge.
Il en va de même pour une autre notion culturelle à l'européenne: l'âge de la maturité sexuelle. Chez les Massai, il est courant que des jeunes filles de 8-10 ans soient mariées à des hommes adultes, dès elles ont leurs premières règles et sont donc en âge de procréer.
Un jeune africain de 12 ans qui vous braque avec un AK47 est-il à traiter avec plus d'égard qu'un autre de 25 ans?
Publié par Ares le 29 juin 2007 à 21:08
A 18 ans, en France, nous avons le droit de vote et avant on faisait le service national à cette age mais il y a quelques decennies alors que l'on pouvait mourrir pour son pays à cette age, nous n'avions les devoirs de citoyens qu'a 21 ans;
PS : J'ai écrit hier un post sur un autre suget et il s'est effacé...
Publié par Frédéric le 30 juin 2007 à 8:46