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13 février 2007
Information pulvérisée ou diversifiée ?
Je me permets de revenir sur un article mis en ligne voici une semaine par Philippe Barraud, qui n'y va pas avec le dos de la cuiller quant aux nouveaux médias. Extrait :
Ah! Le blog... C'est la Terre promise des éditeurs qui ne savent plus à quel saint se vouer pour ne pas perdre des parts de marché. Même La Première s'y met, croyant faire moderne en développant à tour des bras des solutions qui, en réalité, sont déjà dépassées.
Pourquoi font-ils des blogs? Parce que tout le monde fait des blogs, pardi! Pourquoi chercher plus loin? Bien sûr, on vous explique doctement qu'on veut ainsi «prolonger le débat», donner la parole au lecteur ou à l'auditeur, fournir des informations supplémentaires, des liens, lui donner l'occasion de mieux connaître les personnes qui font le journal ou la chaîne. Bla-bla-bla... Pardon: le lecteur et l'auditeur n'en ont rien à braire de «prolonger le débat», de «réagir» sur commande, ou de savoir si M. Pain aime le Cenovis. Réagir? Ils le feront s'ils le veulent, et par les moyens les plus appropriés, par exemple au moyen d'une lettre de lecteur signée de leur nom (et non d'un «pseudo» débile) à 24 Heures, ce qui est encore le meilleur moyen de se faire entendre à coup sûr dans ce pays.
Preuve en soit l'audience moyenne dérisoire de ces instruments indéfinissables que sont les blogs, qui dit assez leur inanité dans le domaine de l'information, et le peu d'intérêt qu'ils suscitent (en dehors du genre «Journal de Bridget Jones» quand on a du talent). Selon une étude du New York Times, il n'y a qu'un seul lecteur par blog en moyenne, précieux lecteur qui est peut-être bien l'auteur du blog lui-même. Le témoignage d'un éminent rédacteur en chef romand, dans une excellente enquête du Temps (5 février), est éloquent à cet égard: on aurait pu penser que son prestige personnel et celui de son magazine draineraient les foules. Hélas... Il espérait des commentaires, des réactions, des débats, mais rien n'est venu, calme plat.
Bon, ceux qui ont un "pseudo" débile ou un blog personnel à audience intime pardonneront ces lignes un brin acides. Pour ma part, j'ai pris note avec intérêt que le rédacteur en chef de Bilan se lamentait de ne pas avoir d'audience avec ses billets ; mais après avoir en consulté sur son blog, je me suis dit qu'il y était peut-être pour quelque chose - et pas le support médiatique utilisé. Quant à l'enquête du New York Times, dont le nom ne suffit d'ailleurs à assurer la fiabilité, j'aimerais bien savoir comment elle intègre des blogs extraordinairement populaires pour parvenir à cette moyenne de 1 lecteur par blog. Autrement dit, ce n'est pas parce que la grande majorité des blogs ont une audience minime que ce média n'a pas de valeur médiatique propre. Et leur rôle dans la dissémination de l'information ne peut pas être rejeté avec de tels arguments.
Ce site est naturellement un exemple de blog spécialisé qui possède une audience relativement modeste mais stable, avec un peu plus de 2000 visites par jour ; on trouve peu d'équivalents en la matière, surtout en langue française, mais l'audience est avant tout obtenue par la qualité de l'information, de la réflexion, de l'analyse et du dialogue (libre à chacun de me contredire !). On est fidèle à un blog parce que l'on apprécie le contenu régulièrement ajouté par son ou ses auteurs, parce qu'il apporte en soi une plus-value et/ou parce qu'il contient des liens vers des textes intéressants. Ce sont les individus qui, par leur travail, par leur talent et par leur assiduité, donnent vie à un blog et sont mis en valeur par ce média. Et comme la blogosphère est aussi volatile que les intérêts ou les relations humaines, il est normal que souvent elle ne vaille guère plus que la presse de caniveau. Son désavantage comparatif est la durée de vie de ses manifestations.
Toutefois, là où je ne peux suivre Philippe Barraud dans sa réflexion, c'est dans sa défense des journalistes capables de "hiérarchiser le déluge des informations" et par conséquent indispensables en tant que tels. L'essor des blogs comme source d'information n'aurait jamais été aussi rapide sans les travers criants de la presse traditionnelle, et sans la difficulté à obtenir des informations à travers le filtre idéologique ou économique qu'elles appliquent en permanence. Les journalistes ne sont pas nécessairement les plus qualifiés à hiérarchiser les informations : de nombreuses professions ont été numérisées à un rythme similaire et ont dû développer une telle compétence. L'inestimable valeur des blogs réside en fait dans la liberté qu'ils octroient : liberté de raconter ou de montrer n'importe quoi, bien sûr, mais aussi liberté de démasquer l'imposture, de nuancer les grands titres, de rappeler les faits oubliés, de mettre les savoirs en réseau.
Les bons journalistes sont indispensables. Ce que je lis dans la presse traditionnelle me montre que les rédactions n'ont pas que ce profil. Et ce n'est que mon avis ! :-)
Publié par Ludovic Monnerat le 13 février 2007 à 20:51
Commentaires
Une classique défense corporatiste d'un groupe qui craint pour son statut privilégié et son prestige: la caste journalistique s'irrite en effet que l'accès aux sources, grandement facilité par le net, permette désormais au citoyen lambda (évidemment s'il est intéressé par la chose politique) de vérifier par lui-même la teneur d'une information, en croisant de multiples points de vue et analyses. Et le résultat de ce modeste et artisanal processus de synthèse ne sera pas forcément plus faux ou moins objectif que l'info "hiérarchisée" transmise par le "canal officiel"; l'objectivité et l'indépendance dont se targuent les journalistes me font à la vérité hurler de rire, alors qu'ils ne sont, pour la plupart, que de petits télégraphistes de la bien-pensance républicaine, de gauche comme de droite (en gros, 2/3 de sociaux-dems pour 1/3 de néocons).
Ainsi, je ne regarde plus les informations transmises par les grands média qu'en m'intéressant aux questions qu'ils ne posent pas ou aux angles d'attaque qu'ils évitent soigneusement, afin d'essayer de discerner, en creux, ce que le système essaie de transmettre. "Ah, ils ne parlent pas de ça, il doit y avoir quelque chose", "tiens, ils présentent cette information de cette façon, donc, il faut creuser sous un autre angle." Comme je l'imagine, on devait le faire derrière le Rideau de Fer, en décryptant la voie monolythique du Parti.
Publié par fass57 le 13 février 2007 à 22:17
Le journaliste cherche visiblement à détourner ses lecteurs des blogs donc de la concurrence. Circulez y'a rien à voir!
Mais parler en mal des blogs, c'est quand même leur faire de la pub. Et la liberté de l'information est comme toute les libertés, une fois qu'on y a goûté on n'est pas prêt d'oublier. La diversité des points de vue à un click de souris, c'est prodigieux. L'exposition des photos trucquées de la guerre du Liban par Littlegreenfoot à montrer la béance de l'intégrité journalistique des pourvoyeurs de news Reuters et AFP, et depuis les scandales se succèdent.
En fait je remercie profondément tous ces bloggers qui donnent tellement de leur temps, font un effort continu par conviction personnel, évidemment avec plus ou moins de succès, mais restaurent une vraie forme de démocratie participative, à vous tous CHAPEAU BAS!
Publié par elf le 13 février 2007 à 23:08
A prouver !
« L'essor des blogs comme source d'information n'aurait jamais été aussi rapide sans les travers criants de la presse traditionnelle, et sans la difficulté à obtenir des informations à travers le filtre idéologique ou économique qu'elles appliquent en permanence ».
Sur quoi basez vous cette information (technique journalistique) ? Personnellement, je n'en connais pas beaucoup de ces blogs d'information qui ont un contenu intéressant, voire tout simplement crédible!
Parfois, emporté par vos sentiments, vous avez tendance à caricaturer la situation. Car il faut le reconnaître, une partie des griefs fait à la presse traditionnelle provient souvent du fait que cette dernière défend des points de vue diamétralement opposés à sa propre opinion. Dans ce cas (on le voit souvent ici) il est plus facile de prétendre que son chien a la rage pour pouvoir ensuite l'abattre!
Un autre élément est plus pertinent : la disponibilité et la gratuité de l'information en ligne. Une pratique qui a ses limites et qui pourrait (en ce qui concerne les blogs « professionnels » changer dans quelques années!
Publié par Alex le 14 février 2007 à 8:38
La télévision est «plus» gratuite que les blogs: une télévision et un abonnement coûtent bien moins cher qu'un PC et un accès Internet.
Il y a un certain toupet décrédibilisant à présenter sa petite personne anonyme comme la mesure de la notoriété et de la qualité des blogs d'information (ou de quoi que ce soit d'autre, d'ailleurs).
Et pour mémoire, LM offrait déjà l'article suivant (hyperlien sur l'expression «travers criants») en guise d'argumentation, lui:
http://www.ludovicmonnerat.com/archives/2007/02/le_prisme_inega.html
Publié par ajm le 14 février 2007 à 10:17
"Ils [réagiront] par exemple au moyen d'une lettre de lecteur [...], ce qui est encore le meilleur moyen de se faire entendre à coup sûr dans ce pays."
Vraiment?
Publié par ajm le 14 février 2007 à 11:37
__Car il faut le reconnaître, une partie des griefs fait à la presse traditionnelle provient souvent du fait que cette dernière défend des points de vue diamétralement opposés à sa propre opinion__
La presse n'a pas à défendre un point de vue partisan, elle a pour devoir de rester neutre et de nous informer en conséquence.
Rien que votre remarque prouve que les médias ne sont pas dans leurs rôles.
Déontologie et non "courroie de transmission du pouvoir".
Publié par Three piglets le 14 février 2007 à 13:19
Faux:
"La télévision est «plus» gratuite que les blogs: une télévision et un abonnement coûtent bien moins cher qu'un PC et un accès Internet".
Vous confondez deux instruments totalement différents qui répondent également à des besoins différents. Premièrement, contrairement à la TV, Internet est un outil interactif. Deuxièmement, qui de nos jours, possède un ordinateur sans bénéficier d'une connexion ? Enfin, dans la pratique, Internet et les outils qui lui sont associés ne sont que peu utilisés pour des besoins informatifs.
Encore une erreur:
"La presse n'a pas à défendre un point de vue partisan, elle a pour devoir de rester neutre et de nous informer en conséquence".
Ca dépend avant tout de quelle presse l'on parle. La mission d'objectivité ne concerne que les médias qui en font le voeu. De nombreuses publications ont une couleur politique bien marquée. Qui est en droit d'obliger un média de défendre une ligne politique? La diversité de la presse, permet à chacun de choisir le ou les médias qui leur convient / conviennent!
Publié par Alex le 14 février 2007 à 14:09
Entièrement d'accord avec 3piglets. Mais le fait est que le rôle se traduit bien, aujourd'hui, par "prendre des positions". La question est pourquoi? J'avancerais plusieurs hypothèses simplifiées: osmose politique des journalistes dans un seul et même courant (avec le coût de transaction corrélatif d'avoir une opinion divergente), façonnement du "goût" du public (comme pour n'importe quelle denrée de grande consommation) qui du coup en redemande, catalyse d'intérêts convergents (alignements concurrentiels, produits dérivés documentaires et bien sûr financement direct de supports de propagande pur sucre comme al jezira par ex. de venue "la" chaîne des Frères musulmans)
Reste que, au risque de me répéter, les médias sont un business lucratif dont les clients sont toujours les annonceurs publicitaires, lesquels ne sont jamais sollicités pour influer sur le retour du journalisme à une autre finalité que "propager". Là encore pourquoi? Je laisse la réponse ouverte.
Publié par louis le 14 février 2007 à 14:20
Alex, il me semblait que 3piglets avait répondu à votre assertion sans la mettre en cause justement. Bien sûr que les journalistes ont une opinion et que les obliger à en véhiculer une autre que la leur serait une forme intolérable de censure. Mais vous semblez oublier qu'à force d'uniformité d'opinion, c'est la capacité d'analyse par la remise en cause qui s'étiole et meurent. Vous semblez aussi éluder le fait que l'effet de masse de la convergence des opinions de presse en fait justement un outil de masse qui s'impose au public alors que l'âme de la liberté de la presse réside dans sa diversité. Et c'est là où votre comparaison avec le prix d'un ordinateur me paraît fragile. Encore une fois le financement de la presse est réalisé par les grands annonceurs qui ont besoin de rendez-vous fiables et prévisibles avec leur clientèle, donc de groupes de presse homogènes et vaste, dont l'existence repose tout autant sur des investissements lourds. On est dans la grande conso... Et finalement ce qui anime pour beaucoup ce blog a trait à cela: sommes-nous condammnés à manger de l'info Macdo parce que ce serait du Mcdo de gauche?
Publié par louis le 14 février 2007 à 14:31
__Ca dépend avant tout de quelle presse l'on parle. La mission d'objectivité ne concerne que les médias qui en font le voeu. De nombreuses publications ont une couleur politique bien marquée. Qui est en droit d'obliger un média de défendre une ligne politique? La diversité de la presse, permet à chacun de choisir le ou les médias qui leur convient / conviennent!__
Vous voullez dire que certains médias (pour ne pas dire tous) sont affiliés à un parti politique ou une ideologie?
Si c'est le cas, ne parlons pas de "liberté de la presse" qui pourrait se traduire par "liberté de faire sa propagande", ne parlons pas non plus de "déontologie" et de "neutralité", mais plutôt de "prise de position ideologiquement marquée" et "d"information à geométrie variable".
L'information, qui n'est que la réalité vectorisé, n'est pas liée à un "point de vue".
Ou alors la différence entre "médias" et "propagande" est absente.
Publié par Three piglets le 14 février 2007 à 14:34
__sommes-nous condammnés à manger de l'info Macdo parce que ce serait du Mcdo de gauche?__
Le fait étant que nous avons une voie alternative au Macdo de gauche maintenant avec Internet.
et cela embete beaucoup les gérants du Macdo qui se prétendent "neutres" tout en suant la gauche à toutes les lignes de leurs editoriaux.
La vérité étant que l'information et donc la démocratie, est devenue démocratique depuis l'apparition d'internet.
Les oligarchies s'en mordent les doigts.
Publié par Three piglets le 14 février 2007 à 14:38
Quelle différence entre "l'Humanité" et le PCF?
Merci de répondre.
Publié par Three piglets le 14 février 2007 à 14:39
Les journalistes sont là pour informer de manière impartiale, purement informative. C'est un travail difficile et hautement honorable. Dire son opinion, en revanche, est facile et commun, même si l'on y met du talent.
Ainsi, l'opinion d'un/e journaliste, le cas échéant, doit absolument être clairement séparée du contenu informatif et n'est intéressante que dans la mesure où il/elle se montre capable de respecter les canons de l'objectivité dans son travail informatif.
Les journalistes, intervenant en tant que tels, qui n'écrivent guère que leur opinion, parfois mêlée d'informations, parfois pas, sont de mauvais journalistes. Ils sont peut-être de bons commentateurs, de bons théoriciens, de bons rhétoriciens, de bons critiques, que sais-je, mais ils ne sont jamais ainsi de bons journalistes.
Publié par ajm le 14 février 2007 à 15:12
Non !
« Si c'est le cas, ne parlons pas de "liberté de la presse" qui pourrait se traduire par "liberté de faire sa propagande", ne parlons pas non plus de "déontologie" et de "neutralité", mais plutôt de "prise de position ideologiquement marquée" et "d"information à geométrie variable". L'information, qui n'est que la réalité vectorisé, n'est pas liée à un "point de vue". Ou alors la différence entre "médias" et "propagande" est absente ».
La liberté de la presse inclut également la possibilité, comme vous l'écrivez, de faire de la propagande. Encore une fois, vous faites ici un mélange des genres. Liberté de presse et déontologie sont deux notions indépendantes l'une de l'autre.
Je ne connais pas très bien le monde des médias français (mis à par la lecture du livre « Les Petits soldats du journalisme » de François Ruffin). En Suisse, certaines publications affichent clairement une couleur politique. Et seuls quelques lecteurs naïfs n'en sont pas conscients.
Ceci dit, certains médias et journalistes tendent à une certaine objectivité. Toutefois, même en étant un adepte de l'impartialité, le seul fait de hiérarchiser l'information implique des choix qui reflèteront les connaissances du journaliste, ses sensibilités!
« sommes-nous condammnés à manger de l'info Macdo parce que ce serait du Mcdo de gauche? » : vous auriez sans doute fait un très bon carricaturiste!
A Louis : « Encore une fois le financement de la presse est réalisé par les grands annonceurs qui ont besoin de rendez-vous fiables et prévisibles avec leur clientèle, donc de groupes de presse homogènes et vaste, dont l'existence repose tout autant sur des investissements lourds. On est dans la grande conso... »
Tout à fait d'accord. Toutefois, comme nous sommes sur un blog helvétique, je tiens à rappeler que la Suisse se caractérise par la presse la plus diverse au monde (par tête d'habitant). Deuxièmement, ne pensez vous pas que les blogs vont également attirer une « clientèle » plus ou moins uniforme ? A voir les réactions enregistrées ici, je pense que c'est le cas ; et c'est normal (tout comme pour les médias traditionnels). Car chacun va poursuivre une ligne, pour des questions de cohérence, de fidélité et d'audience. Le problème qui pourrait survenir n'est pas, comme vous l'avez indiqué de l'existence de groupes de presse homogènes, mais plutôt une intervention des agences publicitaires au sein des rédactions.
Publié par Alex le 14 février 2007 à 15:19
"....je tiens à rappeler que la Suisse se caractérise par la presse la plus diverse au monde..."
http://i9.tinypic.com/302b95e.jpg
:-)))
Tiré d'une étude de l'Uni de Saint-Gall dont j'ai malheureusement perdu le lien.
Publié par fass57 le 14 février 2007 à 15:45
C'était dans FACTS: http://www.facts.ch/dyn/magazin/schweiz/397754.html
Publié par ajm le 14 février 2007 à 16:04
Excellent, merci pour le lien, je le cherchais depuis longtemps :-)
Publié par fass57 le 14 février 2007 à 16:06
Alex, votre propos est passionnant au fond. Dans le désordre:
- "la liberté de la presse et sa déontologie sont deux notions indépendantes l'un de l'autre" La réponse est non à plus d'un titre. Le droit de la presse l'empêche d'exercer cette liberté sans limite: diffamation, fausses nouvelles et impartialité sont parmi les limites les mieux connues. Comme il s'agit d'une restriction à une liberté fondamentale, la déontologie (autorégulation) est systématiquement invitée au menu de la gestion de ces limites (un exemple en France:http://www.snj.fr/rubrique.php3?id_rubrique=19 )
Ensuite votre "mur de sécurité" entre liberté]et[déontologie, a ceci de fascinant qu'il exclut a priori le pouvoir de la liberté. Ne saurait-il exister un contre-pouvoir intrinsèque au pouvoir de la presse selon vous?... Pourtant la maladie métastasée de la presse vient toujours de l'absence de contre-pouvoir, les blogs n'étant qu'un contre-champ. Mais peut-être vais-je un peu trop loin.
- "la presse suisse: la plus diverse du monde". Là aussi vous semblez mélanger diversité et atomisation. Ce qui se voit c'est la communauté de lignes éditoriales et d'annonceurs, l'absence de débats entre groupes de presse autre qu'en "parts d'audience"...
- uniformité de la "clientèle" des blogs. Comme vous avez raison de placer ce mot entre guillemets. Le client reste celui qui achète, l'annonceur donc... Maintenant si vous faites allusion à l'audience uniforme, alors c'est un autre débat. Nous analysions l'uniformité de la presse en tant que source unilatérale, homogène et politique, pas la typologie d'une nouvelle audience bilatérale, que nous sommes vous et moi (et tous les autres :-)
Publié par louis le 14 février 2007 à 16:14
L.M. "ce n'est que mon avis" : mais non, mais non !
Publié par FrédéricLN le 14 février 2007 à 21:59
La diffusion de l'information a besoin de professionnels honnêtes (et non pas "objectifs" - ce qui est un concept irréalisables, tout le monde le sait ou presque) capables de prémâcher différentes sources et de les restituer de manière synthétique, complète, la plus vraie possible et, souhaitablement, agréable.
Chaque lecteur croit, dans son for intérieur, qu'il en est capable, comme ça, d'un coup de baguette magique. C'est faux! Car ça aussi c'est un métier. Penser le contraire, c'est comme ces fortes têtes qui, au début de l'informatique grand public, croyaient qu'il suffisait d'utiliser Word ou XPress pour savoir faire un journal, même un journal d'entreprise ou un journal de brigade. Il y en a même qui ont essayé... Pas longtemps!
Cela dit - et je crois que je me répète - chaque journaliste de métier qui essaie de le faire avec rigueur et honnêteté (si, si, il y en a...) a sa subjectivité. Et comme garde-fou, il a la ligne rédactionnel, la charte d'entreprise ou la tendance partisane auxquelles il a adhéré et auxquelles il doit se tenir. Si les lecteurs sont toujours en désaccord avec le quotidien qu'ils lisent, ils n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes: ils n'ont pas choisi le bon journal et il faut qu'ils en changent.
Bien sûr aussi, il y a des dérapages, conscients ou inconscients, des fautes professionnelles, malgré tout assez rares. Combien y a-t-il de plaintes contre la TV romande, M. AJM? Ou plus exactement, combien d'émissions ces plaintes concernent-elles ? En fait très peu par rapport à l'ensemble des émissions.
Et puis surtout - et c'est ce que font la plupart des commentateurs de ce site - chacun est capable d'analyser ce qu'il lit et de se faire sa religion. On commence à apprendre à le faire à la fin du primaire dans certains cantons et c'est très bien. Savoir décortiquer l'information c'est être déjà un homme (ou une femme) libre.
Publié par jeambi le 15 février 2007 à 0:09
L'honnêteté est un devoir moral pour chacun/e, face à sa conscience, et n'a rien de spécifique à l'exercice du journalisme, M. Jeambi. Et si les absolus sont par définition inatteignables, un minimum de bon sens suffit à comprendre ce qu'est l'objectivité. Dire qu'il s'agit d'un concept inatteignable relève du sophisme ou, pire, du relativisme moral.
Un journaliste qui agit avec rigueur et dans le respect de sa ligne éditoriale, etc. peut fort bien être un propagandiste.
Je ne sais pas combien de plaintes il y a contre la TV romande. Je connais mal la TSR, à dire vrai, puisque je n'ai plus la télévision depuis plus de 15 ans. Mais il faut rappeler que l'information ne constitue qu'une partie de ses programmes (pour mémoire, les plaintes que j'ai rédigées concernent un Temps Présent et deux éditions du 19:30, soit tout de même ses principales émissions d'information, si je ne me m'abuse?). Et qu'il n'est pas particulièrement aisé de mener une telle procédure de plainte. Cela représente beaucoup de travail, de rédaction, de coordination, de conviction:
Il faut réunir et convaincre au moins 20 personnes (en 20 jours) et effectuer ce travail deux fois - une fois pour une première «réclamation», une deuxième fois pour la «plainte» elle-même. Il faut, c'est en fait obligatoire pour éviter une non-entrée en matière, participer à une séance de médiation, ce qui est périlleux avec un collectif de gens qui ont forcément des intérêts très divers et contre une équipe soudée et payée, y compris le soutien juridique, pour se trouver là .
À cela s'ajoute le fait que les responsables de l'information du principal média audiovisuel de la région sont en position d'intimider aisément de simples téléspectateurs, même tout à fait passivement. Et je vous épargne ici les considérations liées au thème central des plaintes en question.
Et, s'il est vrai que tous les consommateurs attentifs de l'information disposent aujourd'hui des moyens de se faire leur propre opinion, il n'en reste pas moins que ceux parmi nous qui ne se soucient pas de se faire une opinion sur tous les thèmes d'actualité, et ils sont nombreux, sont en quelque sorte «nourris de force» par les médias dominants.
Par exemple, aujourd'hui, la RTSR force ses auditeurs et téléspectateurs à consommer d'énormes quantités de certitudes toutes faites sur la culpabilité de l'administration américaine. D'un point de vue purement factuel, ils font simplement leur travail. Et nous, ici, savons tous, sans doute, dans quel cadre ces informations se situent et quelle importance relative leur accorder par rapport aux autres considérants. Mais pas les auditeurs et téléspectateurs inattentifs.
Et c'était certainement pour lutter aussi contre ce genre de phénomènes que le législateur avait prévu de donner une mission de service public à la RTSR, de la financer avec l'argent des contribuables afin qu'elle prenne soin de toujours équilibrer ses informations. Or, de fait, la RTSR, par sa politique de l'information, est très clairement un média de gauche, pour ne pas dire gauchiste. Et c'est malhonnête. Et illégal.
Publié par ajm le 15 février 2007 à 7:23
AJM:
«nourris de force» par les médias dominants:
Encore un mensonge. Chacun est libre de choisir son / ses médias. De plus, de manière générale, la RTSR est un média assez pondéré, proposant bien moins de débilités que ses consoeurs françaises et globalement appréciés par les téléspectateurs. En revanche, il est clair que pour une personne ayant un avis très tranché sur certaines questions, le développement de certains aspects de l'actualité peut poser problème...
PS: le mot illégal est tout à fait hors de propos!
Publié par Alex le 15 février 2007 à 8:45
J'ai écrit «en quelque sorte», j'ai ajouté des guillemets et j'ai expliqué mon propos.
Je maintiens le terme «illégal»: http://www.admin.ch/ch/f/rs/784_40/a4.html
Et je me propose de réunir les éléments de preuve permettant d'attaquer le subventionnement de la RTSR. Aujourd'hui, avec l'alliance impie de la gauche et de l'islamisme, il me semble que c'est un devoir de citoyen.
Publié par ajm le 15 février 2007 à 9:29
"Un journaliste qui agit avec rigueur et dans le respect de sa ligne éditoriale, etc. peut fort bien être un propagandiste."
On peut aussi penser au cas de Christophe Passer qui, en dirigeant l'Illustré (hebdomadaire appartenant à un groupe de presse politiquement neutre) utilise un journal essentiellement familial comme support de sa croisade personnelle contre l'UDC et pour la promotion de ses propres visées en matière d'ingéniérie sociale.
Publié par fass57 le 15 février 2007 à 10:15
Pas d'accord:
Le lien mis en ligne indique ceci:
« Les programmes présentent fidèlement les événements. Ils reflètent équitablement la pluralité de ceux-ci ainsi que la diversité des opinions ».
Je ne crois pas qu'il y ait des erreurs suffisamment graves pour parler d'illégalité! C'est ridicule. Ce n'est pas parce que vous avez constaté une irrégularité qu'il faille mettre tout l'édifice en question!
Quant au subventionnement (et en voyant ce que produisent les TV privées) je ne me fais pas de soucis. La majorité des citoyens de ce pays sauront faire preuve de clairvoyance et d'intelligence :-)))
Fass57
Le cas de Christophe Passer n'a rien à voir avec la TSR qui assure un mandat public. Si ses employeurs ne sont pas contents de ses prestations, qu'ils le virent. De votre côté, vous avez toujours la possibilité d'écrire des lettres de lecteurs. Plusieurs d'entre elles sont publiées dans chaque numéro de l'Illustré!
Publié par alex le 15 février 2007 à 10:42
Je constate des «irrégularités régulières», qui procèdent visiblement d'une attitude acquise, d'un comportement devenu systématique, d'une position partisane et inflexible. Je le constate depuis que je réécoute la RSR (quelques années) et que je me penche, de temps en temps, depuis quelques mois, sur les infos de la TSR.
Que certains n'y voient que du feu n'a rien pour me surprendre. Mais j'aimerais relever qu'après le lancement de deux plaintes basées sur le non-respect du paragraphe susmentionné (et imparfaitement cité par Alex) de la LRTV, il est devenu fort imprudent de rire aussi largement.
Quant à l'édifice, s'il sert à tromper la population, sa remise en question est bien la moindre des choses. Mieux vaut la liberté de marché intégrale qu'un organisme subventionné qui nous empoisonne précisément là où il devrait servir de remède.
Il faut donc commencer par inculper la RTSR, dont acte avec les deux plaintes en question, puis la «mettre en examen» et instruire le dossier d'accusation.
Publié par ajm le 15 février 2007 à 11:14
Pas d'accord:
Quant à l'édifice, s'il sert à tromper la population, sa remise en question est bien la moindre des choses. Mieux vaut la liberté de marché intégrale qu'un organisme subventionné qui nous empoisonne précisément là où il devrait servir de remède.
Je suis convaincu que vous faîtes partie d'une petite minorité de mécontents. Si les deux plaintes sont peut-être justifiées, je ne pense pas qu'il faille toutefois parler d'empoisonnement, d'illégalité, d'alliance de gauche, etc. Vos propos trahissent un manque de recul sur cette question...
Publié par Alex le 15 février 2007 à 11:23
Alliance impie, Alex, pas alliance de gauche. Et il se trouve que j'ai justement des années de recul sur ce sujet, après l'expérience professionnelle de la branche.
Ces plaintes ne sont que le sommet de l'iceberg. Il est impossible de faire des choses aussi mauvaises sur une base saine.
Publié par ajm le 15 février 2007 à 13:27
Et par quoi pensez-vous (alors même que le contrôle vous échappera certainement) remplacer une hypothétique disparition de la TSR?? Imaginer supprimer un média, dans le contexte médiatique actuel, sans avoir un projet de remplacement est non seulement naïf mais également stupide...
Publié par Alex le 15 février 2007 à 13:32
Supprimer les subventions, Alex, c'est tout. Cela chassera le mauvais sang, permettra aux journalistes honnêtes de prendre le dessus, aux téléspectateurs de mieux comprendre comment on les manipule, aux entrepreneurs de tenter de nouvelles expériences, aux politiciens (de gauche) d'inventer de nouveaux modèles.
Et puis si vous tenez à continuer de m'insulter, il faudra vraiment que vous me donniez votre identité.
Publié par ajm le 15 février 2007 à 14:32
1. La TSR est-elle viable sans subventions, dans un marché fort concurrentiel (France voisine), alors qu'elle s'adresse à un petit bassin de population?
2. La fin du régime des subventions permettra-t-il de chasser le "mauvais sang"?
Soit vous n'expliquez qu'à moitié votre stratégie, soit vous êtes un grand naïf...
3. Ne prenez pas les téléspectateurs pour des pauvres ignares manipulés.
4. J'ai plus l'impression que vous avez davantage un problème avec l'évolution de la société et l'opinion publique (en ce qui concerne les questions relatives à l'islam), plutôt que par rapport aux vecteurs qui relaient certains courants de pensée. Ne vous trompez
vous pas de cible ?
5. Demandez à LM, il devrait être au courant (je l'ai contacté à plusieurs reprises). Toutefois je ne comprends pas votre susceptibilité...
Publié par Alex le 15 février 2007 à 14:42
Superbe perspective.
On passerait à vue de nez de la BBC à FoxNews, on échangerait un barril de pro-palestos pour un barril de néocons! Grosso-modo, les deux faces de la même médaille anti-nationale.
Publié par fass57 le 15 février 2007 à 15:07
1. Peu importe. Soit la RTSR remplit sa mission et sa présence peut être considérée comme justifiée (de l'avis du législateur, que j'accepte volontiers), soit elle trahit sa mission et il faut l'obliger à évoluer.
2. Au moins, l'effet nuisible en sera amoindri.
3. Les gens peu intéressés à suivre et à analyser l'actualité et le monde politique sont aisément trompés dès lors qu'un média bénéficie de la caution morale octroyée aujourd'hui à la RTSR par l'État. Et il est d'autant plus difficile, pour les médias privés, de répandre des opinions opposées à celle d'un média dont l'importance est gonflée artificiellement par des subventions. Il est tout simplement intolérable que la RTSR soit partisane.
4. Nous tous avons un problème avec l'Islam. Partout et depuis qu'il existe. Et la TSR nous le cache. Oui, à cet égard aussi, la TSR est une cible légitime.
5. Vous pas, décidément.
Publié par ajm le 15 février 2007 à 15:27
Pas avec l'Islam. Avec un certain courant de cette religion; nuance...
Publié par Alex le 15 février 2007 à 16:38
Un certain élément plutôt: ses textes sacrés, ses lois, son coeur même.
Publié par ajmch le 15 février 2007 à 17:22
Souvent une question d'interprétation et d'évolution des communautés concernées.
Publié par Alex le 15 février 2007 à 17:48
Pas dans l'Islam. Par exemple, selon la Cour constitutionnelle turque et la Cour des droits de l'homme de Strasbourg, qui ont toutes deux statué sur la question, ces choses-là sont immuables.
Publié par ajm le 15 février 2007 à 18:01
Je suis en grande partie d'accord avec l'auteur de ce blog. Je ne suis par pour une neutralité de la presse. D'ailleurs cela n'existe pas vraiment, cela empêche une diversité. En France c'est un défaut de nos médias. Au contraire d'autres pays démocratiques, la pluralité de la presse n'existe pas en France. Cela est aussi une preuve de la mauvaise santé de notre démocratie. Au début du 20éme siècle, le nombre de quotidiens étaient important. Des journaux de qualité et de toutes opinions politiques pouvaient s'exprimer. De nos jours la diversité n'existe plus dans la presse. C'est d'ailleurs pour cela que les journaux ne se vendent pas. Ils nous disent ce qu'il faut penser .C'est le règne de la pensée unique. si on regarde TF1 et FRance 2 ce sont les mêmes sujets au 20h. Ainsi on ne parle pas ou vraiment très peu des actes anti-chrétiens en France qui sont de plus en plus nombreux. J'ai d'ailleurs écrit un article là -dessus qui a été repris par Yahoo Actualités
Publié par Fabrice trochet le 16 février 2007 à 7:48
Alex, il est un peu tard pour reprendre le fil mais que voulez vous dire quand vous écrivez que l'islam serait en quelque sorte à géométrie variable et seulement "question d'interprétation et d'évolution des communautés concernées" ?? Vous avez des exemples précis? J'essaie d'en compiler le plus possible, cela m'aiderait grandement, merci ;-)
Publié par louis le 18 février 2007 à 23:32
Facile: les islamistes qui étaient au pouvoir à Mogadiscio interdisaient la musique au point d'avoir tué deux personnes qui protestaient contre cette interdiction lors d'un mariage et je n'ai pas pu dormir comme une grande partie de la ville (en RIM) à cause d'un concert jusqu'à minuit, avec toutes les mosquées qui commencent leur appel vers cinq heures. Et elles sont nombreuses et leur haut-parleurs très très puissants.
NB. Pour les habitants de Wangen et Moritz Leuenberger : la seule utilité d'un minaret, c'est d'appeler à la prière.
Publié par Roland le 19 février 2007 à 10:38
Roland, c'est à moi que vous répondez?
Publié par louis le 19 février 2007 à 16:37