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3 février 2007
Aux armes, citoyens !
Non, il ne s'agit pas d'abreuver nos sillons d'un sang impur, puisque ceci est l'apanage de la France, mais de se préparer à mener un combat démocratique pour la préservation d'un droit essentiel : celui qui permet à chaque citoyen-soldat suisse de conserver son arme de service à domicile. Plusieurs organisations politiques de gauche ont en effet annoncé cette semaine le lancement d'une initiative visant à retirer les fusils d'assaut et pistolets que possèdent les soldats de milice à domicile et à les entreposer dans les arsenaux. Après l'exploitation de l'affaire Rey-Bellet, la pétition du magazine Annabelle et les recherches très politisées de Martin Killias, voilà donc l'aboutissement logique d'un processus visant à désarmer la population suisse appelée à défendre le pays et à protéger sa population.
Il convient de s'en féliciter. Voilà en effet trop longtemps que les armes de service sont attaquées de manière pernicieuse et systématique à chaque fois qu'un fait divers les implique, sans que la proportion minime de tels événements soit rappelée au public ; trop longtemps que l'on spécule sur leur rôle prétendument menaçant au sein d'un couple sans que rien n'ait jamais prouvé la véracité statistique de pareilles assertions ; trop longtemps que l'on sape l'un des principes-clefs de la politique de sécurité, l'un des fondements de la volonté de servir, sans aborder la perspective stratégique qui les accompagne. Une initiative populaire a l'immense mérite de porter le débat sur la place publique dans un cadre démocratique, avec une recherche des faits justifiant les avis respectifs, et donc de donner la parole à la population au lieu de laisser s'exprimer ses porte-paroles autoproclamés.
Dans une perspective plus personnelle, je ne vois pas l'intérêt d'accomplir mon devoir de soldat, de conserver chez moi mon équipement militaire, d'en assurer l'entretien et la disponibilité, si l'on me retire son élément principal. J'ai reçu mon fusil d'assaut 90 un jour de juillet 1995, des mains de mon premier commandant de compagnie, devant le drapeau suisse ; même si mon arme personnelle est ensuite devenue le pistolet 75, école d'officiers oblige, les deux sont le symbole de mon engagement à remplir ma mission de soldat, à défendre, à protéger et à aider, fût-ce au prix de ma vie. Que l'on me retire la garde de mes armes de service, que l'on nie mon aptitude à les utiliser de manière responsable, et cet engagement cesse. C'est tout l'équipement qui serait ensuite renvoyé à l'arsenal. Et si l'on m'oblige à servir encore, ce que bien entendu j'accepterais, je devrais alors faire une demande pour un service sans arme.
Dans une perspective plus large, je peux parfaitement admettre que la Suisse décide de renoncer au principe de l'armée de milice, au service obligatoire des citoyens-soldats. C'est une décision qui serait dans ce cas fondée sur la mise en oeuvre d'une nouvelle politique de sécurité, qu'il conviendrait donc d'apprécier selon ses forces et ses faiblesses. Toutefois, l'évolution des menaces et des risques, et notamment le fait que l'espace et le sens volent en éclats, font que l'armement des citoyens et leur implication dans la sécurité me semblent un élément essentiel pour la préservation des entités nationales. Une menace destructurée et diluée au point de faire de l'individu un acteur stratégique doit nécessairement être contrée par des mesures impliquant l'individu. Le principe du citoyen-soldat n'a rien perdu de sa modernité.
Voilà donc posés quelques termes du débat...
Publié par Ludovic Monnerat le 3 février 2007 à 17:22
Commentaires
__Le principe du citoyen-soldat n'a rien perdu de sa modernité.__
Je dirai même que ce principe est avant-gardiste et archaique à la fois.
Il serait magnifique de l'établir dans l'ensemble de l'Europe, cette "Europe d'aprés".
Publié par Three piglets le 3 février 2007 à 18:49
"Dans une perspective plus large, je peux parfaitement admettre que la Suisse décide de renoncer au principe de l'armée de milice, au service obligatoire des citoyens-soldats."
Pour ma part, cela briserait un des derniers liens effectifs unissant encore le pays réel et le pays légal, une armée professionnelle n'étant jamais qu'une troupe de mercenaires au service de l'Etat. Au contraire du citoyen-soldat dont l'engagement plonge au coeur même de la chose nationale.
"L'armement des citoyens et leur implication dans la sécurité me semblent un élément essentiel pour la préservation des entités nationales."
On ne saurait mieux dire.
C'est d'ailleurs pourquoi les progressistes de gauche, secondés par quelques idiots-utiles modernistes de droite (1), voient dans la déréliction du citoyen-soldat une étape significative dans leur grand-oeuvre de déconstruction anti-nationale.
(1) On peut penser en l'occurrence à Madame Langenberger, partisane "radicale" de la conservation de l'arme à domicile, mais sans les munitions, exprimant peut-être avec cette gentille proposition de dame-tartine d'inconscientes et bien sombres velléités castratrices.
Publié par fass57 le 3 février 2007 à 19:12
"Je dirai même que ce principe est avant-gardiste et archaique à la fois."
Notre futur, si tanté qu'il existe encore, sera forcément archéo-futuriste. Les forces primitives reforgées sous le marteau de la plus avancée technique.
Publié par fass57 le 3 février 2007 à 19:17
__Notre futur, si tanté qu'il existe encore, sera forcément archéo-futuriste. Les forces primitives reforgées sous le marteau de la plus avancée technique. __
Les paradigmes atheniens avec l'arme nucléaire, c'est le rêve prométhéen qui s'incarne.
Face à ce projet, nous avons l'exil et la soumission sur notre propre continent.
Publié par Three piglets le 3 février 2007 à 19:38
Un tout grand bravo et merci pour ce billet.
Publié par pan le 4 février 2007 à 1:13
Le Maître de céans ne pourra pas me soupçonner de dangereux déviationnisme, puisque nous fréquentons les mêmes régions du Tessin. Il n'en demeure pas moins que j'aimerais jeter mon pavé aussi, dans la mare.
Il y a quelques années, j'étais affecté comme formateur au profit de la défunte infanterie territoriale (= chargée principalement de la DOT, pour nos amis français). J'y ai rencontré des gens très bien, mais j'y ai aussi rencontré le restant de la colère des dieux.
Les petites frappes kaïra de la cité des Avanchets, à Genève, par exemple. Des allogènes affublés d'un passeport suisse et qui, prenant exemple sur leurs "grands frères" de la banlieue lyonnaise, se livraient à rien moins que le racket de leur camarades (suisses, eux). Ils leur faisaient comprendre que s'ils ne voulaient pas que leurs petites soeurs subissent les derniers outrages, il fallait qu'ils volent de la munition et des ILR (Intensificateurs de Lumière Résiduelle - JVN) et qu'ils les leur amènent à la "Cité", le week-end.
Les vols ayant quand même été décelés, toute l'affaire s'est retrouvée exposée. La police genevoise a pu retrouver l'ILR volé, ainsi que de la drogue, etc, etc,...
Pour ce genre de petite racaille qui ne pourrait même pas obtenir un couteau suisse s'il fallait un permis, je suis d'avis que nous devrions restreindre ce droit de conserver l'arme de service à domicile. De toutes façons ils les retourneront contre nous...!!!
Certes, il s'agit d'une minorité. Mais pour combien de temps encore?
Dans quelques années, ils seront majoritaires, arithmétiquement parlant. Et là , croyez-moi, eux, ils ne connaîtront AUCUNE pitié.
Moineau Hardi
Publié par Moineau Hardi le 4 février 2007 à 7:33
Je crois que les problèmes ne doivent pas être mélangés. Il est vrai que, par le biais de l'armée de milice et de l'obligation de servir, on confie des armes de guerre - et l'instruction qui va avec - à tout jeune homme de nationalité helvétique en âge de servir et ayant la volonté comme la capacité de le faire. Moyennant quoi on cherche parfois à transformer en soldats des délinquants et criminels ayant des casiers judiciaires longs comme des journées sans pain, pour lesquels l'armée est une bonne opportunité de passer du bon temps, nourri, logé et avec des trucs utiles à apprendre.
Je pense effectivement que l'armée devrait être bien plus attentive et collaborer avec les services de police pour éviter ce genre de situation. La protection de la sphère privée empêche la transmission automatique des données, mais des contrôles de sécurité personnels - avec signature de la personne contrôlée - pourraient être faits. Je me rappelle que, comme commandant de compagnie, je recevais régulièrement des informations judiciaires sur des soldats ayant commis des infractions graves à la LCR et qui était interdits de conduite à l'armée. On pourrait élargir la chose.
Cependant, le risque que des armes tombe en de mauvaises mains n'est en rien une justification pour priver préventivement l'ensemble des citoyens-soldats de leur arme de service. Restreindre le droit, oui, au cas par cas ; le supprimer, jamais.
Publié par Ludovic Monnerat le 4 février 2007 à 7:59
Encore une fois d'accord avec cette dernière remarque, Ludovic.
Mais je me demande si l'expérience "ter" de moineau hardi est encore valable. En effet, il me semble que l'armée se débarrasse beaucoup plus facilement qu'avant des gens, hum, "spéciaux".
En tant que chef de section en 2000, j'ai aussi eu mon lot de dealers et SDF's de 19 ans, mais il me semble, au vu de mes CR en école de recrue de 2003 et 2004, que le niveau des recrues a beaucoup augmenté.
Publié par pan le 4 février 2007 à 9:17
"Une initiative populaire a l'immense mérite de porter le débat sur la place publique dans un cadre démocratique, avec une recherche des faits justifiant les avis respectifs, et donc de donner la parole à la population au lieu de laisser s'exprimer ses porte-paroles autoproclamés."
Oui. Mais en l'occurrence, je ne peux m'empêcher de rester sceptique. Il semble évident que la presse, dans sa très large majorité, va soutenir le projet de «désarmement» de la population et va diaboliser tous ceux qui s'y opposeront. Le monde universitaire, également en large majorité, l'appuiera aussi. Il y a même certains policiers qui soutiennent ce projet, semble-t-il. Comment contrer cela? Avec les blogs et les CR? Ou faut-il croire que les Suisses ont encore les mollets assez noueux pour voir juste à travers la propagande?
Publié par ajm le 4 février 2007 à 9:44
"Certes, il s'agit d'une minorité. Mais pour combien de temps encore?
Dans quelques années, ils seront majoritaires, arithmétiquement parlant. Et là , croyez-moi, eux, ils ne connaîtront AUCUNE pitié."
Au-delà des hypothèses quelquefois hardies que l'on peut émettre sur un blog, je me demande si les responsables aux affaires, tant civils que militaires, sont vraiment conscients de cet aspect des choses?
Et quand ces responsables en sont un tant soit peu conscients, ils en restent aux seuls paramètres autorisés, à savoir les paramètres sociaux et légaux. Alors que le fond du problème est avant tout ethnique; évidemment, là , on entre dans la zone rouge, si l'on tient à son avancement ou à sa réélection.
Publié par fass57 le 4 février 2007 à 9:54
"Une initiative populaire a l'immense mérite de porter le débat sur la place publique dans un cadre démocratique."
Certes, mais il faudrait se dépêcher, car à quoi ressemblera la "population" suisse dans 10 ans, dans 15 ans, dans 20 ans? Sera t-elle encore majoritairement "nationale", donc organiquement et identitairement concernée par une question relevant du patriotisme.
Publié par fass57 le 4 février 2007 à 10:01
"Des allogènes affublés d'un passeport suisse et qui, prenant exemple sur leurs "grands frères" de la banlieue lyonnaise, se livraient à rien moins que le racket de leur camarades (suisses, eux)."
L'armée US rencontre en l'occurrence le même problème avec les gangs latinos infiltrant ses unités et acquérant de fait une précieuse expérience, fort utile dans leurs activités délictueuses civiles.
Publié par fass57 le 4 février 2007 à 10:10
Pourquoi je signerai l'initiative de gauche proposant de priver le citoyen-soldat suisse de ce "droit essentiel" : conserver son arme de service à domicile.
Parce que je ne vois pas en quoi cette initiative serait à rattacher à un "processus visant à désarmer la population suisse appelée à défendre le pays et à protéger sa population." Des grands mots qui demanderaient à être explicités. Plus précisément je ne vois pas en quoi ces armes représentent "l'un des principes-clefs de la politique de sécurité", je ne vois pas dans quelle "perspective stratégique" elles peuvent bien s'inscrire.
Ce que je constate. Le monde évolue, les risques et la société changent. Si les armes à domicile ont pu constituer une force indéniable dans l'armée de grand-papa, cette pratique me semble aujourd'hui stratégiquement complètement obsolète. Imaginons une menace ou un attentat terroriste de grande envergure dans notre pays. Il faut des intervenants de formation très pointue, hautement qualifiés et entraînés. Je ne vois pas des militaires de milice lâchant leur boulot civil pour venir en hâte faire joujou avec leur fusil d'assaut dans une gare ou un aéroport! Et si c'était une guerre "moderne" qui devait survenir, la sécurité de la Suisse ne dépendrait certainement pas des fusils d'assaut qui prennent la poussière dans nos caves!
Ce que je comprends très bien par contre, c'est l'attachement de certains soldats à leur arme, ce qu'elle peut symboliquement représenter, la motivation qu'elle peut apporter à leur engagement militaire.
J'entends aussi les doutes que vous émettez concernant les arguments "Killias" auxquels j'avoue avoir été sensible, arguments que je n'ai aucun moyen de vérifier.
Malgré tout, sans entrer dans le catastrophisme des médias, j'observe dans la population une plus grande fragilité émotionnelle qu'autrefois, une plus grande fragilité du couple et des familles aussi. Fragilité qui parfois conduit à l'irrémédiable. Lorsque le citoyen-soldat pète les plombs, un fusil d'assaut au fond d'une armoire peut s'avérer très, très dangereux. Geste qu'il regrettera souvent lorsque la raison lui sera revenue.
Cet argument me semble correspondre à une situation bien réelle, l'argumentation tentant de démontrer l'utilité stratégique des armes à la maison me semble des plus fumeuses. En fait aucune vraie argumentation chez vous, juste une affirmation. Voilà pourquoi je signerai l'initiative demandant de supprimer ce droit qui n'a plus rien d'"essentiel", simplement parce que la raison l'impose. On ne peut pas conserver une pratique dangereuse et dépassée juste pour répondre à un attachement légitime mais quelque peu... sentimental! Pardon Messieurs les militaires :-(
Publié par Sugus le 4 février 2007 à 10:25
Excellent exemple. Comme d'ordinaire, la tactique des gauchistes est séduisante pour les esprits qui ne veulent pas réfléchir. Dans une perspective étroite et à court terme, on ne voit que des sources de blessures en moins, et la réflexion qui impliquerait l'évolution d'ensemble, la situation des citoyens désarmés devant un État qui posséderait dès lors le monopole de la violence, les caractéristiques et l'ampleur de la criminalité dans les sociétés où les armes sont interdites, le déresponsabilisation, voire la débilitation du membre du peuple qu'on déclare incapable d'office d'utiliser une arme à bon escient - tout cela, c'est aux opposants de l'expliquer, et ce discours est très facile à diaboliser.
La question réside moins ici dans les arguments que dans l'art et la manière de les faire passer.
Publié par ajm le 4 février 2007 à 10:41
Le message ci-dessus (Sugus), rationnel et cohérent, me semble incarner parfaitement l'esprit du "monde d'avant", un esprit adapté à un monde paisible et prospère. Alors que dans le "monde d'après", qui montre déjà ses contours, le fait qu'un peuple reste tout à la fois compact et armé montrera vite ses avantages, pour des raisons qui, malheureusement, ne peuvent vraiment être explicitées dans un cadre "républicain".
Je note, en apparté, que le désarmement du citoyen-soldat conduit à le considérer désormais comme un mineur politique, un peu comme un locataire toujours à la merci des bonnes volontés de son propriétaire (on comprend pourquoi la gauche et les progressistes en général souhaitent ce désarmement). En effet, quelle plus belle preuve de confiance, quel plus estimable contrat social peut-on trouver que lorsque l'Etat laisse à la Nation, in fine, les moyens effectifs de le renverser.
Publié par fass57 le 4 février 2007 à 10:50
Je vois que le texte, promis à Pan, sur les raisons de la fin de Rome trouve parfaitement sa place ici, avec le thème général évoqué dans ce fil de discussion.
Ce très beau texte de Michel de Jageaehre montre en effet que tout se décide finalement par l'ethnie, aussi bien à l'époque romaine qu'aujourd'hui; à la seule différence, par rapport à notre situation, qu'entre les romains et les barbares, c'était encore une querelle de famille, entre européens.
J'ai donc mis ce texte en ligne en ligne ici...
http://rapidshare.com/files/14835782/QUAND_LES_BARBARES_SONT_DANS_LES_MURS.pdf.html
... en espérant qu'il intéressera également les autres lecteurs.
Publié par fass57 le 4 février 2007 à 11:06
Oui, ainsi, avec cette initiative qui se concentre sur l'arme de service, la gauche pousse les citoyens responsables à la défensive, dans un mauvais coin. On est tenté d'argumenter d'abord pour dire que l'arme de service doit rester dans les foyers, au lieu d'élargir le débat à sa taille réelle (la présence des armes au sein de la population). Et cela est aisément mis à mal par les bonnes âmes, tandis que les obsédés de l'immigration (suivez mon regard) peuvent reprendre le thème, naturellement sur les blogs mêmes des opposants à l'initiative, ce qui contribue à les décrédibiliser aux yeux des gens peu informés ou peu intéressés.
Publié par ajm le 4 février 2007 à 11:10
On pourrait aussi rajouter que le taux d'armes à feu détenues dans une population donnée n'est pas un critère pertinent pour en déterminer le taux de criminalité.
Il suffit par exemple de consulter les statistiques fédérales américaines des villes les plus et les moins sûres, pour se rendre compte que le vrai critère déterminant le taux de criminalité n'est pas celui-ci.
Publié par fass57 le 4 février 2007 à 11:20
Les taux en eux-mêmes sont muets, en effet. Leur évolution comparée, en revanche, est parlante.
Publié par ajm le 4 février 2007 à 11:31
Vous ferez comme les Francais: vous pourrez encore détenir en cachette (c'est interdit en France!) un lance pierre chez vous ( En France, la gomme carrée nécessaire à la confection des lance-pierres est interdite à la vente et ce n'est pas une blague!), et en face, ceux qui auront pris le pouvoir vous écraseront avec de l AK47 et du RPG venant des balkans...
ET vous n'aurez rien à dire car étant juridiquement minoritaires, vous aurez politiquement tort!... Donc, démocratiquement, vous devrez vous soumettre!
Publié par Ar Brezonneg le 4 février 2007 à 11:40
__Le message ci-dessus (Sugus), rationnel et cohérent, me semble incarner parfaitement l'esprit du "monde d'avant", un esprit adapté à un monde paisible et prospère. Alors que dans le "monde d'après", qui montre déjà ses contours, le fait qu'un peuple reste tout à la fois compact et armé montrera vite ses avantages, pour des raisons qui, malheureusement, ne peuvent vraiment être explicitées dans un cadre "républicain".__
Il me semble que seules les populations civiles armées pourront survivre dans un futur proche.
Le monde d'avant, jacobin, ou le monopole de la force est laissée à l'Etat , est terminé.
Désarmer la population civile, c'est la laisser en proie aux caids des banlieues, sachant que la police ne rentre plus dans certaines cités.
Pourquoi ne pas prendre une position libertaire chére à la gauche?
Ceux qui veullent conserver leurs armes peuvent , les autres sont libres de ne pas en avoir.
Quoi qu'il en soit, il arrive un jour ou la population ne demandera pas la permission aux ligues de vertu , à la gôgoche ou à l'Etat.
Ce jour là , ce sera le retour du réel, cad, une question de survie.
Publié par Three piglets le 4 février 2007 à 11:40
__ET vous n'aurez rien à dire car étant juridiquement minoritaires, vous aurez politiquement tort!... Donc, démocratiquement, vous devrez vous soumettre!__
Nous sommes loin d'être minoritaire en France.
C'est un risque qui se profile mathématiquement, dans un futur moyennement proche, mais ce n'est pas le cas pour l'instant.
Deplus, il y a plus de chance d'avoir une déflagration d'ici un basculement numérique , de part le repartissement inégalitaire de la population immigrée.
Les cités jouant le rôle de trompe-l'oeil, et pouvant les pousser à la faute.
Publié par Three piglets le 4 février 2007 à 11:43
Je reviens sur les propos de Sugus, qui sont au coeur du débat concernant la possession d'armes de service à domicile.
En passant, je trouve que m'accuser de n'avoir aucune vraie argumentation est plutôt fort de café ! Lisez donc mes nombreux articles sur l'évolution des conflits, sur le développement de l'ennemi intérieur, sur l'éclatement de l'espace, etc. Je ne prétends pas avoir raison en permanence, mais j'emploie des arguments pour m'en approcher.
Je pense que votre description de l'armée de "grand-papa" et des soldats de milice a priori incapables est une confusion entre deux types de conflits : la guerre symétrique de haute intensité, qui exige effectivement des armées hautement robotisées et numérisées pour déployer un feu inégalé par sa puissance, sa précision et sa distribution (et donc des militaires professionnels), et la guerre asymétrique de basse intensité, qui exige au contraire des armées proches de la population, capables de communiquer avec celle-ci, de s'appuyer sur elle pour mieux la protéger (et donc des militaires de milice).
Votre mention d'attentats terroristes ne prend ainsi en compte que la pointe de l'iceberg, l'épicentre d'un séisme bien plus profond, la réaction immédiate à un événement imprévisible. L'engagement des armées dans des missions de stabilisation à l'intérieur du pays prend en compte au contraire une autre menace, celle d'une insurrection prenant la forme entre autres d'une campagne terroriste, dans le but de déstabiliser la société tout entière. Il faut reproduire la vraie dimension temporelle des menaces les plus graves pour ensuite positionner la réponse militaire.
Et c'est là que l'arme à domicile joue un rôle. Le citoyen-soldat, dans l'acception historique du terme, n'est pas censé entrer en action uniquement au terme de tout un processus de mobilisation, avec mise en service actif et prestation de serment. Ceci n'est que la conséquence de la domination de la guerre symétrique de haute intensité au XIXe et au XXe siècles. Le principe de base, c'est d'avoir des hommes capables de défendre le territoire, mais aussi leur canton, leur région, leur maison, leur famille, contre toute menace de nature stratégique. Donner les moyens à une société de se défendre elle-même, ce qui justement reste d'actualité.
Un dernier mot : si vous voulez savoir ce que des soldats de milice entraînés et motivés sont capables de faire, allez aux Journées de l'Armée qui auront lieu en novembre prochain au Tessin, et regardez les démonstrations des grenadiers à Lugano : ce seront mes hommes...
Publié par Ludovic Monnerat le 4 février 2007 à 11:49
Oui. Il y a deux débats positifs possibles.
Le premier est rodé et consiste à montrer que la possession d'armes par des citoyens honnêtes, qui tiennent à la préservation de l'État de droit et qui veillent à savoir se servir correctement de leurs armes (c'est-à -dire pour éviter des crimes) est indispensable. Les États-Unis peuvent aisément fournir le matériel statistique nécessaire, de même que toute l'argumentation, qui y est fort vigoureuse depuis les pères fondateurs.
Le deuxième consiste à montrer que la menace «militaire» moderne, en Europe, ne peut que très mal être maîtrisée par une armée. En effet, une intervention militaire dans un conflit de basse intensité en environnement urbain très socialisé pose de gros problèmes et ne résoud les choses qu'après une action de grande envergure, toujours très désagréable. Concrètement, on ne s'en sert qu'en dernière extrémité, quand il est trop tard. En revanche, une décentralisation exponentielle de la vigilance, par des milices ou des individus isolés entraînés militairement (et évidemment armés) mais agissant dans le tissu sociétal civil, peut permettre de maintenir l'ordre dans une telle situation.
Publié par ajm le 4 février 2007 à 11:51
__Le principe de base, c'est d'avoir des hommes capables de défendre le territoire, mais aussi leur canton, leur région, leur maison, leur famille, contre toute menace de nature stratégique. Donner les moyens à une société de se défendre elle-même, ce qui justement reste d'actualité.__
J'envie ce statut , Mr Monnerat.
J'espére que nous pourrons nous en inspirés un jour en France.
Publié par Three piglets le 4 février 2007 à 11:56
@Three piglets
"Les cités jouant le rôle de trompe-l'oeil, et pouvant les pousser à la faute."
C'est bien pour cela que le pouvoir politique a dégagé des moyens financiers importants pour essayer d'éteindre pécuniairement le feu qui couve dans les cités".
Il n'y arrive pas car ces colonies de peuplement ne recherchent pas un mieux vivre dans ces cités. Elles veulent autre chose : de nouveau territoires a partir du "mitage" en cours. Ce mitage est devenu de plus en plus important et visible depuis l'abolition des frontières francaises.
La "chance " des autorités en place est qu'il n'y a pas de leader charismatique. Il suffira qu'il y en ait un et un seul, convenablement entouré (En Suisse vous en avez un qui bat la campagne!) et à ce moment là tout basculera. Il y aura fatalement un leader un jour ou l'autre. Il suffit d'attendre un peu! De plus, les troupes de choc préexistent : ce sont les djihadistes ( entre 5000 et 6000 de différents ages et de différentes écoles selon les camps d'entrainement de l Algérie à l'Orient lointain) revenus après leur séjour "de campagne" dirais-je!.
Ces troupes sont disséminées sur tout le territoire francais, et communiquent entre elles par internet , et teléphones cellulaires. La langue vernaculaire étant le plus souvent l arabe dialectal, que le flic de base ne comprends pas. Les armes? on en trouve de temps en temps dans des caches, elles proviennent le plus souvent des balkans; et entrées sans controle à cause de l'ouverture des frontières. Aussitot, on s'empresse de mettre cela sur le compte du grand banditisme. DE toutes manières il y a interconnection. Tout le monde le sait, le dit, des rapports sont rédigés, mais cela continue de plus belle. Et comme il y a aveuglement de la part des uns (pas de vagues! Pas d'emmerdements : je l'ai souvent entendu: en effet, certains font carrière n'est-ce pas...), et de la part des autres (le plus souvent de la gauche non républicaine) il y a cacul de récupération du lumpen prolétariat des cités, croyant obtenir ainsi des voix pour avoir le pouvoir!
Et quand je dis : "vous n'aurez rien à dire car étant juridiquement minoritaires, vous aurez politiquement tort!... Donc, démocratiquement, vous devrez vous soumettre!" c'est parceque c'est comme cela que ca se passe! Cette formule est ce que je vois, je ressens de la part du milieu politique actuel lorque je me rends à des réunions politiques!
Cette formule résume ainsi la manière dont un certain Hitler est venu au pouvoir en 1933!
Publié par Ar Brezonneg le 4 février 2007 à 12:23
__Il n'y arrive pas car ces colonies de peuplement ne recherchent pas un mieux vivre dans ces cités. Elles veulent autre chose : de nouveau territoires a partir du "mitage" en cours. Ce mitage est devenu de plus en plus important et visible depuis l'abolition des frontières francaises. __
Il y a un paradoxe insurmontable : ils veullent notre confort de vie et notre territoire tout en étant incapable de creer les richesses permettant de les obtenir.
Concernant les combattants, nous arriverons à la conclusion qu'ils ne sont forts de part leur immersion parmi une population civile complice (quand je vois les "Francais issus de l'immigration" etre solidaire avec des gens qu'ils ne connaissent pas "les palestiniens", nous voyons une dynamique de type algérienne qui se met en place).
Le poisson sans l'eau est mort.
Il faudra donc vider l'eau du bocal.
Car , militairement, ce n'est pas 5000 ou 6000 djihadistes qui peuvent rivaliser contre une armée professionnelle (voir précédent somalien).
En revanche, quand ces 5000 terroristes trouvent un soutien parmi la population immigrés, cela devient beaucoup dangereux, suivant un conflit assymétrique.
L'enseignement du conflit somalien avec l'ethiopie est interressant.
Imaginons que de futures autorités Francaises laissent les islamo-gansters dans certains quartiers prendre le pouvoir , triant le bon grains du mauvais d'eux mêmes ( et donc faisant le travail que , médiathiquement, nous ne pouvons faire dans un premier temps).
Cette petite victoire des islamistes signerai leur défaite à terme.
Deplus, les grands ensembles urbains qui ne sont pas ravitailler par les campagnes ne sont pas viables, nous allons trés vite arriver à un blocage.
Publié par Three piglets le 4 février 2007 à 13:31
En me remémorant le scénario des dernières manoeuvres menées par l'armée suisse, j'en viendrais presque à imaginer que la trame décrite plus haut par Ar Brezonneg commence à sérieusement inquiéter nos stratèges.
"L'engagement des armées dans des missions de stabilisation à l'intérieur du pays prend en compte au contraire une autre menace, celle d'une insurrection prenant la forme entre autres d'une campagne terroriste, dans le but de déstabiliser la société tout entière."
Bonne description d'une situation de pré-guerre civile. La question que je me pose, c'est comment maîtriser une telle situation, avec une armée de milice, forcément fragilisée par les mêmes lignes de fracture que l'ensemble de la société? J'en tire évidemment la conclusion, forcément polémique, qu'une armée de milice se doit par définition d'être majoritairement homogène au plan ethnique.
Publié par fass57 le 4 février 2007 à 13:41
__J'en tire évidemment la conclusion, forcément polémique, qu'une armée de milice se doit par définition d'être majoritairement homogène au plan ethnique.__
Oui, la composition sera à lourde tendance ethnique, même si la porte reste ouverte pour des "neo-harkis", cad, pour les personnes les plus loyales au pays.
Ce sera d'ailleurs un élément décisif.
Sachant, qu'en face, les "neo-collabos" de souche seront certainement là .
Publié par Three piglets le 4 février 2007 à 13:49
"une décentralisation exponentielle de la vigilance, par des milices ou des individus isolés entraînés militairement (et évidemment armés) mais agissant dans le tissu sociétal civil, peut permettre de maintenir l'ordre dans une telle situation."
Ceci ne correspond pas aux missions de l'armée suisse, ni même à l'idée de soldats enrégimentés (même si l'on a supprimé les régiments), et donc imposerait une modification drastique des tâches assignées à l'institution militaire. Il faut d'ailleurs se demander dans quelle mesure il est possible à une armée, à moins de se diviser en deux (on s'en rapproche avec l'étape de développement 08/11), de faire à la fois de la défense conventionnelle et de la sûreté sectorielle, d'affronter des menaces à la fois (dis)symétriques et asymétriques.
Publié par Ludovic Monnerat le 4 février 2007 à 14:09
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de revoir la mission de l'armée en elle-même. Il suffirait d'inclure des instructions spécifiques, pour l'instant purement accessoires, complémentaires, dans l'instruction militaire pour la conduite de citoyens en situation sécuritaire précaire. Puis de (suggérer de) créer des associations, au sein desquelles des soldats disposant d'un réel savoir-faire en transmettrait les éléments utiles aux citoyens intéressés. On entretiendrait ainsi des réseaux informels, citoyens, qui s'activeraient selon les nécessités.
Publié par ajm le 4 février 2007 à 16:17
"Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de revoir la mission de l'armée en elle-même. Il suffirait d'inclure des instructions spécifiques, pour l'instant purement accessoires, complémentaires, dans l'instruction militaire pour la conduite de citoyens en situation sécuritaire précaire."
L'idéal serait que l'instruction militaire fasse de chaque citoyen-soldat une sentinelle, un homme capable de prendre part à la sécurisation de la société en général, auquel cas la possession d'armes de service ne se discuterait pas. L'armée suisse est depuis plus de 10 ans à la pointe de l'instruction des armes légères, et nos voisins viennent souvent s'instruire chez nous (grâce à quelques instructeurs qui d'ailleurs me font l'honneur de lire régulièrement ces pages). Le savoir-faire existe donc. Mais la doctrine d'emploi de l'armée ne suit pas.
A noter : l'infanterie suisse est en train de se transformer à grande vitesse, justement en prenant à bras le corps les menaces asymétriques de basse intensité.
Publié par Ludovic Monnerat le 4 février 2007 à 18:34
Je pense qu'il est trop tôt pour proposer une doctrine. De toute manière, ce ne sera vraiment judicieux, le cas échéant, que lorsque la situation en rendra la nécessité évidente pour tout le monde. Mais il faudra alors déjà disposer d'une structure de transmission et de communication, d'interfaces régulières avec la population. Sinon, ce sera trop tard pour une telle solution, on ne pourra pas créer un tel contact dans l'urgence.
Dans l'immédiat, donc, cela doit, et peut plus aisément être réalisé avec des objectifs ou des ambitions affichées plus modestes, en gardant en arrière-pensée, comme un fil rouge, un guide de conception, l'éventualité d'avoir à en faire une doctrine stratégique le moment venu.
Par exemple, on peut fort bien défendre dès maintenant la nécessité de contacts sur une base nouvelle avec la population, pour compenser la distance créée par la professionnalisation croissante de l'armée.
Proposition: des officiers de carrière sélectionnés pourraient être chargés d'étudier cette interface, d'ajouter cette corde à leur arc (l'idéal serait peut-être même pendant leur formation à l'ETH, où le savoir-faire en travaux d'études et de recherche est déjà très répandu) et faire de premières expériences structurées avec de tels contacts directs entre «l'armée» et la population, par exemple à travers des conférences auprès d'associations adéquates. Des officiers, voire des sous-officiers ou des soldats, dans la mesure où leurs aptitudes personnelles s'y prêtent, répandraient ainsi une certaine préparation au dialogue, évoqueraient les réflexions actuelles de l'armée, parleraient aussi de leur expérience militaire personnelle, tout simplement, et échangeraient des contacts, pour voir si la sauce prend. Le tout ferait l'objet d'une enquête (gérée par l'ETH, avec un professeur). On pourrait ensuite bâtir sur les enseignements collectés. Ce serait un démarrage.
Publié par ajm le 4 février 2007 à 20:07
Tout à fait d'accord avec la conclusion du billet !
Publié par FrédéricLN le 4 février 2007 à 20:54
Dans le journal Raid dans lequel l'auteur de ce blog est à maintes fois cité, le journaliste cite à plusieurs reprises le retard accumulé dans les équipements d'infanterie et dans la doctrine d'engagement(sniper, etc).
Je pense donc au contraire que nous allons avoir un retard très conséquent en matière de savoir faire dans l'infanterie en étant pas suffisament au contact de la réalité des conflits internaiontaux ou des missions de maintien de la paix.
Et ceci me pose bien plus de problemes que de savoir si oui ou non je peux garder mon arme dans l armoire.
Publié par crys le 5 février 2007 à 0:25
Précisément. Ce n'est tout simplement pas le débat. Mais comme débat il y aura, grâce ou à cause de cette initiative, il faut en profiter pour interroger les citoyens intéressés de manière plus intelligente, plus ouverte, plus directe.
Des conférences-débats, par exemple dans les clubs sportifs (plutôt l'aviron que le foot, pour commencer), permettraient à l'armée d'informer plus directement les gens et, par retour d'expérience, de mieux comprendre les préoccupations de ceux des Suisses que les affaires militaires intéressent, mais pas au point de s'engager activement.
Cela élargirait effectivement le débat en répandant des réflexions plus élaborées directement dans la population. Cela rapprocherait la chose militaire de la vie des gens, d'une manière civile. Et si cet effet-là est atteint, peu importe l'initiative de la gauche. À la limite, l'armée pourrait même se déclarer «neutre» sur la question.
Publié par ajm le 5 février 2007 à 8:16
"Cela élargirait effectivement le débat en répandant des réflexions plus élaborées directement dans la population. Cela rapprocherait la chose militaire de la vie des gens, d'une manière civile. Et si cet effet-là est atteint, peu importe l'initiative de la gauche. À la limite, l'armée pourrait même se déclarer «neutre» sur la question."
Oui quant à l'importance du débat. Pour la neutralité de l'armée, en revanche, je suis partagé ; si le commandement de l'armée pourrait effectivement se tenir en retrait, les sociétés d'officiers et de sous-officiers ainsi que tout le milieu associatif proche de la sécurité devraient au contraire se lancer dans la campagne avec énergie. C'est au forceps que les Suisses ont été convaincus par l'achat des F/A-18 en 1992, achat dont le caractère indispensable est aujourd'hui évident.
"Je pense donc au contraire que nous allons avoir un retard très conséquent en matière de savoir faire dans l'infanterie en étant pas suffisament au contact de la réalité des conflits internaiontaux ou des missions de maintien de la paix."
Crys, attention : Frédéric Lert s'exprime à propos des grenadiers, mais par rapport à d'autres unités au profil "opérations spéciales" notamment françaises. Il ne s'agit pas de mélanger grenadiers et infanterie, ni leurs exigences respectives. En ce qui concerne l'infanterie, les progrès dans la compréhension de la menace et dans la préparation aux missions importent plus que le top des équipements (qui de toute manière arrive avec le projet IMESS...).
Publié par Ludovic Monnerat le 5 février 2007 à 8:26
"Les sociétés d'officiers et de sous-officiers ainsi que tout le milieu associatif proche de la sécurité devraient au contraire se lancer dans la campagne avec énergie."
C'est juste. Et l'efficacité prime. Mais je pense qu'il vaudrait mieux, si possible, que la décision de garder ou pas les armes chez soi puisse provenir des gens en tant que civils, plutôt que des gens en tant que militaires. Car cette question dépend d'une réflexion en fait civile, démocratique de base. Il faudrait profiter de cette initiative pour faire comprendre aux gens la signification réelle des armes dans une société civile, leur potentiel de pacification lorsque leur maîtrise appartient clairement aux honnêtes gens, surtout lorsqu'ils sont civils.
Les armes sont extrêmement dangereuses lorsqu'elles sont maniées par une armée chargée de gérer des populations civiles (non armées), elles sont très dangereuses lorsqu'elles sont maniées par des criminels ou des irresponsables et elles sont dangereuses lorsqu'elles sont maniées par des maladroits. Mais elles sont salutaires, notamment contre toutes ces sources de danger, lorsqu'elles servent à d'honnêtes gens à défendre des droits fondamentaux. Et le seul lien de cette argumentation avec le service militaire est l'instruction que les citoyens reçoivent.
C'est sur cette base, en tout cas au premier chef, que les Suisses devraient rejeter cette initiative, et pas essentiellement pour se plier à une doctrine militaire. Les deux concourent à la même décision, certes, mais le discours des organes de l'armée sur l'armée devrait se situer ailleurs, plus haut, et considérer comme une décision citoyenne, et tout simplement évidente, le rejet de cette initiative, sur la base d'arguments ancrés dans une approche fondamentale de la démocratie.
Je pense donc que les sociétés d'officiers et de sous-officiers devraient insister sur l'avenir de l'armée, sur les préoccupations liées à la forme des guerres modernes, à la nécessité de contacts à la fois plus étroits et plus informels entre le commandement militaire et la population, sur la construction de liens appropriés, dans un esprit de collaboration, de connivence, entre la vie civile et l'activité militaire. Et l'argumentation directement dirigée contre l'initiative devrait autant que possible être portée par des organes non militaires et sur la base d'une argumentation de type civil (protection contre la criminalité). Autant que possible, simplement.
Publié par ajm le 5 février 2007 à 9:36
Concernant arme et nouvelle mission de l'armée, le Fass90 est-il toujours adapté à nos militaires. En effet il me semble (mais je ne suis pas expert) que la plupart des conflits actuels se déroulent en localité, ou combattants et civils sont mélangés. Dès lors, le fass90 avec son encombrement et sa très grande puissance de feu n'est, me semble-t-il, plus la meilleure arme.
Publié par pech le 8 février 2007 à 12:04
"Dès lors, le fass90 avec son encombrement et sa très grande puissance de feu n'est, me semble-t-il, plus la meilleure arme."
Encombrement, oui : 1 m crosse dépliée. Puissance de feu, non : le calibre 5,6 mm est fortement critiqué au sein des armées engagées dans les conflits contemporains, car il ne possède pas la puissance de neutralisation du 7,5 mm (respectivement 5,56 et 7,62 mm pour prendre les calibres internationaux).
La solution existe, elle est introduite dans l'armée suisse, c'est le fusil d'assaut 04, version raccourcie et plus pratique du fusil d'assaut 90. Mais un équipement à large échelle n'est pas imaginable (même mes grenadiers ne l'ont pas, ou pas encore...).
Publié par Ludovic Monnerat le 8 février 2007 à 12:38
Mais pour le missions de protection d'ambassades, le risque de dommage collatéral n'est-il pas trop élevé avec ce type de munition?Sachant qu'elle est capable de traverser plusieurs personnes. Serait-il envisageable de disposer d'un arsenal spécifique en prêt aux unités engagées dans la protection d'ambassade?
Publié par pech le 8 février 2007 à 12:55