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19 décembre 2006

L'Etat et les non Etats

Une passionnante réflexion de Josh Manchester, dont le blog figure depuis belle lurette sur mes liens, a été mise en ligne aujourd'hui ; elle constitue la première partie d'un texte visant à développer un "anti Al-Qaïda", c'est-à -dire une organisation non étatique capable de s'opposer avec succès à la nébuleuse islamiste. Il montre d'abord les raisons pour lesquelles les Etats souhaitent recourir aux services de sociétés militaires privées (SMP), mais également pourquoi celles-ci recherchent les contrats étatiques, afin de souligner l'interaction que ces deux structures dissemblables. En attendant la suite de son texte, il vaut la peine de s'arrêter un instant sur la perspective ainsi tracée.

Que l'Etat ne soit plus le maître de la guerre et doive recourir à des autres acteurs pour des fonctions à la fois auxiliaires et centrales n'étonne plus : voilà des années que cette réalité est annoncée. Ce qu'il me paraît intéressant de constater, cependant, c'est que l'Etat présente une inaptitude aussi bien à mener les conflits déstructurés de notre ère qu'à conserver à son service les individus les mieux à même de le faire. Les SMP comme Blackwater n'existeraient pas sous leur forme actuelle sans la cohorte d'anciens militaires, avant tout issus des forces spéciales ou de formations régulières d'élite, qui en composent généralement l'ossature ; et si elles devaient assurer les frais nécessaires au recrutement, à la sélection, à l'instruction et à la maturation de ces hommes, leur rentabilité chuterait brutalement - alors qu'elles parviennent aujourd'hui à offrir des salaires de plusieurs milliers de francs par jour tout en engrangeant des bénéfices importants.

Ainsi, la complémentarité entre Etat et non Etat dans la guerre moderne repose sur l'équilibre entre légitimité et profit, entre devoir et intérêt. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le patriotisme est présent par les "contractors" privés qui travaillent (et donc servent, à leurs yeux) en Irak ; c'est notamment ce que montre ce livre que je conseille chaudement. En d'autres termes, nous voyons aujourd'hui des individus qui s'engagent certes par l'appât du gain, mais également selon des valeurs que les Etats et leurs armées n'illustrent plus assez. Et cette perte de légitimité, couplée à une efficacité le plus souvent moindre, montre bien que les fonctions régaliennes de l'Etat lui échappent lorsque les individus décident de les remplir sous des drapeaux davantage conformes à leurs attentes.

Or, ce sont bien les individus qui sont aujourd'hiu décisifs, dans les guerres comme dans d'autres activités propres à l'espèce humaine. Le talent, le savoir, l'entregent, l'imagination seuls permettent de gérer au mieux des situations où le global fusionne avec le local, où l'ami et l'ennemi se confondent, où les sociétés entières sont prises à partie. En confiant au marché le développement des capacités de défense et de sécurité, les Etats ne font que récupérer ceux et ce que de toute manière ils perdent, parce que la révolution de l'information a bouleversé les rapports de force et que leurs structures les défavorisent. De quoi augmenter d'une magnitude la remise en cause des armées traditionnelles et de leur inclination pour le combat symétrique de haute intensité, et qui sont systématiquement trop lentes, trop lourdes, trop rigides, trop puissantes et trop mécaniques pour les missions de notre ère...

Publié par Ludovic Monnerat le 19 décembre 2006 à 22:23

Commentaires

Est-ce que - à l'image des armées privés que vous évoquez - ce n'est pas toute notre civilisation qui vit actuellement à crédit, sur l'héritage des siècles passées, en dillapidant les richesses lentement accumulées autrefois, dans la facilité du monde moderne ?

Publié par Juan_Rico le 20 décembre 2006 à 5:28

C'est en tout cas ce que pense le professeur Hoppe.

Après moins d'un siècle de démocratie et de redistribution politique, les résultats prévisibles sont là . Le "fonds de réserve" de richesse et de capital, hérité des siècles précédents d'activité productive dans un marché relativement libre, est presque épuisé. Depuis plusieurs décennies, depuis la fin des années 1960 ou le début des années 1970, les niveaux de vie réels stagnent ou même baissent en Occident. La dette publique et le coût des systèmes existants de sécurité sociale ont amené la perspective d'un effondrement économique imminent. En même temps, presque toutes les formes de conduite indésirable ;chômage, dépendance, négligence, imprévoyance, incivilité, psychopathie, hédonisme et délinquance; se sont développées à des niveaux dangereux. Si les tendances actuelles se poursuivent, on ne risque rien à dire que l'Etat-providence occidental, c'est-à -dire la démocratie sociale, s'effondrera tout comme le socialisme oriental, à la soviétique, s'est effondré à la fin des années 1980.

Publié par pan le 20 décembre 2006 à 8:20

"En confiant au marché le développement des capacités de défense et de sécurité, les Etats" restent toujours dans leur rôle ! il n'y a pas de contradiction
ce ne sont pas des fonctionnaires qui construisent des routes : il n'y a plus de cantonniers depuis longtemps ! mais ce sont des sociétés privées de travaux publics qui les construisent : ça coute moins cher et c'est de meilleure qualité, et les routes sont toujours publiques
kif kif pour les guerres : les Etats peuvent sous traiter au privé des activités (les combats) qui étaient faites jadis par des militaires de l'Etat
sur Hoppe : tout le monde est libre de dire n'importe quoi ... ça marche très bien de nos jours

Publié par JPC le 20 décembre 2006 à 10:17

Moui. Il y a des trucs à critiquer chez H. H. Hoppe, mais là c'est un peu court. Et je ne vois pas vraiment ce qui il y a de faux dans l'extrait posté plus haut.

Publié par pan le 20 décembre 2006 à 11:18

Je viens de finir "Plateforme" de Houellebecq, qui m'a inspiré cette idée de vie à crédit de l'occident contemporain.
Serait-il possible d'en savoir plus sur le type de "patriotisme" qui motive les soldats qui travaillent en Irak ? J'ai du mal à comprendre cette idée. J'ai des difficultés à croire que l'on puisse obtenir ainsi du "patriotisme" dans une armée de "mercenaires".

Publié par Juan_Rico le 20 décembre 2006 à 18:53

"Et cette perte de légitimité, couplée à une efficacité le plus souvent moindre, montre bien que les fonctions régaliennes de l'Etat lui échappent lorsque les individus décident de les remplir sous des drapeaux davantage conformes à leurs attentes."

S'il fallait vraiment assister à la démission de l'Etat dans sa charge régalienne militaire, je préférerais amplement voir surgir de nouveaux Corps Francs, avec tout ce que cela implique politiquement, plutôt que devoir placer ma sécurité sous le bon vouloir de mercenaires apatrides, agissant le plus souvent pour des conglomérats d'intérets plus que douteux et certainement pas "patriotes".

Et puis si l'Etat décidait de se désengager de la sécurité publique, au nom de quoi interdirait-on à des citoyens de se constituer en milices nationales, territoriales ou même politiques, milices qui ne seraient pas moins légitimes que les bandes armées fonctionnant selon les règles du Marché?

Après tout, il est tout aussi légitime, sinon plus, de se réunir en armes pour défendre son coin de terre que de pratiquer l'art de la guerre pour enrichir les actionnaires de Carlyle ou Blackwater.

Publié par fass57 le 20 décembre 2006 à 19:31

L'analyse du professeur Hoppe paraît fort pertinente et peut-être que ce rétrécissment des ressources sera finalement salutaire à nous autres, européens. Nous avons en effet pris un peu trop de gras ces dernières décennies, gras qu'il faudra perdre, d'une façon ou d'une autre!

Publié par fass57 le 20 décembre 2006 à 19:53

"De quoi augmenter d'une magnitude la remise en cause des armées traditionnelles et de leur inclination pour le combat symétrique de haute intensité, et qui sont systématiquement trop lentes, trop lourdes, trop rigides, trop puissantes et trop mécaniques pour les missions de notre ère..."

A mon avis, si les armées classiques se révèlent inopérantes dans le cadre d'un affrontement dissymétrique, ce n'est pas parce qu'elles seraient trop lourdes, trop rigides ou trop puissantes, c'est au contraire parce que leur puissance bien réelle est précisement empêchée de déployer tous ses effets par la contention molle, mais ô combien efficace, du post-modernisme démocratique et planétarien qui régit désormais sans partage l'univers mental de l'Occident.

Un Jules César ou un Napoléon, qui aurait les moyens qu'ont les USA mais qui agirait selon les structures mentales de son époque, réduirait la résistance irakienne en moins de deux semaines (bon, ce ne serait pas plus légitime pour autant).

Nous ne sommes faibles que parce nous acceptons d'être faibles.

Publié par fass57 le 20 décembre 2006 à 20:09

"Serait-il possible d'en savoir plus sur le type de "patriotisme" qui motive les soldats qui travaillent en Irak ? J'ai du mal à comprendre cette idée."

Le livre que j'ai mis en lien est une lecture édifiante à ce sujet. L'auteur a passé plusieurs semaines avec des agents de sécurité, des chauffeurs de camion et d'autres privés américains en Irak.

Publié par Ludovic Monnerat le 20 décembre 2006 à 21:44

"A mon avis, si les armées classiques se révèlent inopérantes dans le cadre d'un affrontement dissymétrique, ce n'est pas parce qu'elles seraient trop lourdes, trop rigides ou trop puissantes, c'est au contraire parce que leur puissance bien réelle est précisement empêchée de déployer tous ses effets par la contention molle, mais ô combien efficace, du post-modernisme démocratique et planétarien qui régit désormais sans partage l'univers mental de l'Occident."

Appliquer à la lettre une telle logique nous renvoie effectivement à la méthode de contre-insurrection pratiquée pendant des siècles : passer au fil de l'épée (ou réduire en esclavage) tous ceux qui font mine de résister. L'évolution des sociétés occidentales a rendu cette méthode caduque, historiquement depuis la guerre des Boers, où les pratiques de l'armée britannique (terre brûlée, camps de concentration, etc.) ont déclenché des débats houleux.

Sans même aborder le côté moral de l'affaire, le rapprochement constant entre le champ de bataille géographiquement lointain et la population civile dont est issu le corps expéditionnaire a fait que l'usage immodéré de la violence est contre-productif et mène à l'échec. On peut voir cela comme une contention molle si l'on se place dans une perspective purement utilitaire, visant à l'efficacité militaire à court terme ; on peut voir cela comme une réticence civilisatrice si l'on admet que les guerres ont pour but de préparer la paix.

A la puissance de feu démesurée des armées conventionnelles, je préfère donc les coups de scalpels des petites unités polyvalentes et décentralisées qu'illustrent aujourd'hui les forces spéciales, mais aussi les forces de sécurité privées, car cela me paraît la seule manière de rendre possible la guerre, de remettre sur la table des options stratégiques sinon inacceptables. Etant entendu que l'ampleur de la violence infligée doit rester proportionnelle à la menace, et qu'un risque majeur pour une nation exige toujours l'engagement total de celle-ci.

Publié par Ludovic Monnerat le 20 décembre 2006 à 22:00

"Appliquer à la lettre une telle logique nous renvoie effectivement à la méthode de contre-insurrection pratiquée pendant des siècles."

Oui, c'est bien ce que je disais, l'Occident (pour faire simple) est toujours potentiellement assez fort pour s'imposer, mais il n'a plus la rusticité civilisationnelle, qui lui permettrait d'agir de façon opérationnellement efficace. (1)

En apparté, petite remarque personnelle, je ne souhaite évidemment pas l'application de telles méthodes (étant d'un naturel pacifique, en bon "national" :-)), c'est d'ailleurs pourquoi je suis contre, par principe, toute intervention sur un théâtre d'opération extérieur (comme on disait à l'époque de la "Coloniale"), sauf dans le cas bien précis d'une riposte de type punitive à une agression délibérée (donc n'impliquant pas d'occupation, une très raisonnable et efficace politique de la cannonière; cf, par exemple l'expédition de Decatur sur Alger).


"...historiquement depuis la guerre des Boers..."

Oui, le monde anglo-saxon fut effectivement le premier dans de bien funestes expérimentations: les premiers camps d'extermination ethnique avec la guerre des Boers, les premières attaques chimiques contre des civils (Irak, 1923, sous la houlette de Churchill et le commandement du futur "Bomber Harris", gaz moutarde largué depuis des avions sur des villages insurgés) etc...

"I am strongly in favour of using poisoned gas against uncivilised tribes to spread a lively terror in Iraq. Winston Churchill"

"....que l'usage immodéré de la violence est contre-productif et mène à l'échec."

On pourrait répondre que les bombardements de terreur sur l'Allemagne et le Japon n'ont pas mené à l'échec, mais à l'établissement de démocraties durables dans ces pays.

En fait, ce ne sont pas tant les moyens utilisés, aussi horribles et indignes qu'ils soient, qui déterminent l'issue finale d'un conflit que le degré de compatibilité civilisationnelle entre les belligérants ou entre l'occupant et l'occupé. C'est pourquoi l'aventure irakienne est par principe condamnée à l'échec (les anglais ont connu une situation exactement similaire en Irak dans les années trente, idem pour l'Afghanistan au 19ième, à croire que les stratèges post-modernes ne savent plus ouvrir un livre d'histoire).


"....et qu'un risque majeur pour une nation exige toujours l'engagement total de celle-ci."

Intéressant, mais je note seulement qu'aucun risque majeur nécessitant une riposte militaire de type classique ne menace aujourd'hui nos nations, tandis que les paramètres qui menacent réellement, dans les faits, la pérennité de nos nations ne sont pas pris en compte par ceux qui sont censés gérer notre présent et penser notre futur (je ne parle évidemment pas ici des états qui deviennent, de plus en plus, des entités administratives diaphanes).

(1) c'est d'ailleurs toujours par l'esprit que l'on gagne ou que l'on perd une guerre, moyennant bien entendu un relatif équilibre des forces ou des positions.

Publié par fass57 le 20 décembre 2006 à 23:00

En passant, j'essayais justement de m'imaginer dans la situation où je me trouverais à voir patrouiller dans mon pays des bandes armées dépendant d'intérêts privés (je suis en Valais, on pourrait imaginer des mercenaires payés par des barons internationaux de l'hydro-électricité), qui exerceraient de fait une autorité non légitime sur mon espace national, en contrôlant notamment l'exploitation de ses richesses naturelles.
Oui, que ferais-je, à supposer bien entendu que je fusse courageux? Je crois bien que je décrocherai mon fass57, le vieux Schmid-Rubin du grand-père (mais qui touche toujours à plus de 350 mètres) et que je ferais mon boulot de national.

Publié par fass57 le 20 décembre 2006 à 23:12

Pour faire le lien avec l'Afghanistan : j'ai eu l'occasion de lire plusieurs articles dans lesquels le rôle joué par les sociétés de sécurité était pointé du doigt. Les récriminations à leur égard concernaient notamment la défense d'intérêts privés qui avaient de fâcheuses conséquences pour la population locale : circulation bloquée, impositions de règles temporaires liés aux besoins de leurs clients!

Ceci soulève plusieurs questions :
1. L'intervention de sociétés de sécurité introduit une certaine confusion. Il devient parfois difficile d'identifier qui sont les clients de ces dernières (multiplications des acteurs). La question du contrôle exercé sur ce type d'entreprise doit aussi être abordée (tant au niveau des actions, qu'au sujet du recrutement du personnel, des méthodes utilisées, etc.).

2. Les Etats qui recourent à de tels services pourraient être tentés de leur confier des tâches qui ne seraient pas admises dans un cadre officiel.

3. L'utilisation des sociétés de sécurité représente à la fois une concurrence et un risque de décrédibiliser pour les armées engagées sur le même terrain d'opération.

4. La privatisation de la guerre introduit la présence d'acteurs qui n'ont pas forcément les mêmes intérêts que les Etats qui mènent ces conflits. Une certaine confusion pourrait nuire au fonctionnement démocratique des Etats concernés. Les intérêts financiers de ces sociétés pourraient aussi pousser les prestataires à influencer leurs clients, de façon à poursuivre ou pour acquérir d'autres mandats!

Conclusion : cette évolution me semble plutôt négative et pourrait préfigurer une privatisation de l'ensemble des prestations liées à la sécurité.

Publié par Alex le 21 décembre 2006 à 14:01

Juste pour signaler que les britanniques durant la guerre des Boers se sont juste inspiré des méthodes de l'armée Espagnole à Cuba.

Rendons à César ce qui est à César.

Publié par Frédéric le 21 décembre 2006 à 14:50

Encore un effort et les seigneurs de la guerre remplaceront les Etats!
C'est très post-moderne tout cela.

Publié par lyonelk le 21 décembre 2006 à 17:09

Néo féodalisation ?

Il suffit de voir le Turkémistan et consort pour voir que les "seigneurs de la guerre" n'ont jamais disparut.

Publié par Frédéric le 21 décembre 2006 à 19:00

Curieuse apologie que celle que vous faites! D'autant plus curieuse qu'à maintes reprises dans votre blog, au demeurant fort intéressant, vous avez explicité, demontré un refus absolu de toute critiques, fut-elle constructive, de notre démocratie parlementaire.
Et maintenant vous semblez ravi du transfert de souveraineté vers des entreprises privées ! Il faut savoir relire Sun Tzu. Bonnes fetes.

Publié par Renaud le 22 décembre 2006 à 16:28

Cette idée d'utilisation de milices privées pour la guerre est tout simplement indéfendable, quelle que soit la façon de l'aborder. Elle contribue par ailleurs à retirer tout crédit aux Américains en Irak. La première organisation intéressée à fournir ce genre de prestations et qui peut se targuer d'une certaine expérience et efficacité serait par ailleurs la Mafia.
Manquerait plus que ça...

Publié par Roland le 22 décembre 2006 à 17:04

Je ne sais pas si vous avez lu ce texte de Michel Drac, mais, lui évoquait le risque de constitution de milices de types facistes, les squadras.

http://antifadas.hautetfort.com/archive/2006/10/07/la-vraie-nature-de-bernadette-par-michel-drac.html

J'ai trouvé ce texte très intéressant.

Publié par Juan_Rico le 22 décembre 2006 à 18:53

Il y a longtemps que je me demandais comment était né le fascisme en Allemagne et en Italie. De nos jours, on a toute l'explication qui se déroule sous nos yeux : perte des valeurs, voyoucratie triomphante, justice laxiste envers les criminels, etc...
Tous les indicateurs sont au rouge. Et à l'usage des gauchistes : non, le fascisme, ce n'est pas Sarkozy. Pas du tout. C'est ce qui va arriver si Sarkozy ne redresse pas la barre. Le texte indiqué par Juan Rico est excellent.

Publié par Roland le 22 décembre 2006 à 23:37

Je ne suis de loin pas un partisan de Sarko, son côté mégalo et sa manière d'exercer d'illégales pressions sur tous ceux qui mettent leur nez dans sa très publique vie privée m'exaspèrent... Mais il faut bien reconnaître que l'on ne voit personne d'autre prendre la barre du bateau "France" qui semble de plus en plus en perdition...

Le texte indiqué par Juan Rico est effectivement de qualité.

Très bonnes fêtes à tous ceux qui viennent croiser le fer des idées sur ce blog ainsi qu'à son créateur !

Publié par Ofrens le 26 décembre 2006 à 10:01

Sarko est une baudruche.
Un agent du systeme qui nous a mis dans cette situation.
Soyons réaliste :il est contre nous, contre le peuple.

Publié par Three piglets le 26 décembre 2006 à 11:47

Pour Ofrens : beaucoup de gens à droite pensent en effet que Sarkozy a tous ces défauts que vous dénoncez. Il est très peu aimé dans son propre camp et il faut craindre que cela profite à Marie-Ségolène. Il est plus que probable qu'elle va l'emporter. Comme Arnaud de Montebourg est son conseiller, les banquiers suisses peuvent commencer à se préparer à quelques difficultés relationnelles avec l'Europe. Peut-être l'UBS devrait-elle s'établir en territoire européen, là où le secret bancaire ne risque rien : Monaco, Luxembourg, îles Cayman...
Pour 3 Piglets : Et le peuple il est quoi ? Vous avez lu ce texte de Michel Drac ?

Publié par Roland le 26 décembre 2006 à 12:18

Le peuple est un mythe , mon cher Roland, inutile donc de vouloir le regarder avec vos lunettes rationnaliste, vous ne le verrez pas.
Au revanche, en tant qu'entité historique, symbolique si j'ose dire, il est bien réel.
C'est le même qui a fait la Révolution Francaise il y a 1789, même si il s'agissait que d'une minorité dans les faits.
Deplus, avec la gauche au pouvoir avant la grande crise, ce serait dans une certaine tradition Francaise historique.
Enfin, je dis cela, en même temps, je ne dis rien.
(oui, j'ai lu le texte de Drac)

Publié par Three piglets le 26 décembre 2006 à 12:38

C'est bien ce que je voulais dire, sur le peuple. Et je vois que vous voyez le même scénario que moi. J'ai toujours été un couard (mais qui se soigne, rassurez-vous) et donc je ne m'en réjouis pas trop. Ma génération n'a en fait connu que du bon temps. Dommage de finir en panade...
Enfin, nous savons tous que nous allons entrer dans une zone de fortes turbulences dans les dix ans à venir...

Publié par Roland le 26 décembre 2006 à 12:47

Vous etes de cette génération , celle de mai 68, qui nous a vendu une société libertaire sur fond de collectivisme utopique?
Si oui, nous, les générations suivantes, celle de Mitterand, des années 80 , de Sos racisme de Dray, on ne vous remercies pas.
A vrai dire, nous sommes, notre génération, le "dernier homme" annoncé par Niesztche, celle du nihilisme terminal; intégral.
Concernant les turbulences, il me semble que nous ne serons pas seuls, il y aura une bonne partie de l'Europe occidentale avec nous, si ce n'est pas l'ensemble de la planéte vivant à l'heure de la mondialisation libéral et de l'immigration massive( et musulmane).
Pour ma part, cela me réjouit de voir le monde des bobos s'effondrer, leur utopie en kit se transformer en cauchemard, cette sociale-démocratie maternante et étouffante se faire balayer dans un viril conflit, renvoyez les féministes dans les poubelles de l'histoire (ou à défauts , aux fourneaux), les bourgeois se faire ruiner par le sous-prolétariat qu'ils ont créé eux même, bref, que le systeme disparaisse dans les affres de l'histoire.
Ensuite, nous aurons tout le temps pour dissiquer cette époque médiocre de consumérisme et de vulgarité, nous en ferrons des livres, des films, nous apprendrons à nos enfants comment les hommes du XX siecle ont saccagé 2500 ans de civilisation sur l'autel de quelques idoles impuissantes.

Publié par Three piglets le 26 décembre 2006 à 13:11

Ma parole, vous devez être très, très jeune...Comment ne voyez-vous pas que la révolution, l'ordre nouveau, la catharsis ou appellez ça comme vous voulez n'est qu'un mythe, repris de génération en génération ? Et vous reprochez cela aux 68ards ? Mais où donc est la différence avec votre discours ? Vous êtes totalement, complétement un de leur semblables; cela vous fait peut-être un choc, mais c'est comme cela. Il y a beaucoup de choses qui nous déplaisent et on voudrait les voir disparaitre dans une grande tornade blanche...Le fait que votre idéal n'est pas le même que celui de 68 n'importe pas beaucoup. Le mythe a foiré à gauche, on essaie en mettant la barre à droite ? On avait avant déjà eu 1917, et on a déjà eu les nazis. Non merci...

Publié par Roland le 26 décembre 2006 à 14:25

Ce n'est pas mon age qui est interressant dans mon propos puisque l'ensemble des gens possédant une vision similaire à la mienne sont de la génération suivante (quadra en gros), ce qui signifie que personne n'est pas l'optique de refaire un remake de ma 68 juvénil et bourgeois.
La situation est bien différente : 68=30 glorieuse
07=pré-guerre civile.
Autant 68 fut une mascarade de jeune bourgeois gaté, enfant du baby boom en mal de mouvement que ce qui nous attend est plus proche de 1917, même si je trouve la comparaison avec 1789 plus pertinante.

Publié par Three piglets le 26 décembre 2006 à 17:39

N'oubliez tout de même pas que mai 68, cela n'a pas été qu'une révolte étudiante. 10 millions de grévistes, les accords de Grenelle,...
Si de Gaulle est parti faire un petit tour à Baden, ce n'était pas pour y faire une cure. Je ne vous suis décidèment pas trop, 3 piglets. Vous voulez une nouvelle révolution prolétarienne (1917) ou une révolution bourgeoise (1789), pour les Droits de l'Homme bis ?

Publié par Roland le 26 décembre 2006 à 19:04

Ni l'un , ni l'autre.
Ces deux conceptions sont le fruit du couple socialisme/libéralisme, celui qui nous mene dans une impasse en réduisant l'homme à un agent économique.
Par conséquent, la théorie politique est encore en gestation, visant à dépasser cette impasse.
Avec ce constat, vous comprenez que les deux partis systemiens "Ump" et "Ps" sont des dinosaures avec leurs combats d'arriere-garde(et je ne parle pas de la gauche de la gauche).
Si vous avez lu les chroniques de Michel Drac, vous pouvez voir l'esquisse du projet politique qui risque de voir le jour si les conditions se délitent en France.
En gros, il s'agit de faire la synthése, la jonction entre la pensée de Marx, tout en laissant le délire messianique lié au projet communiste, et la pensée de Maurras épurée des scories nationalistes stériles.
La jonction faite, une autre dialectique verra le jour avec d'autres paradigmes.
Mettons les choses au clair: il ne s'agit de faire d'un projet politique une nouvelle idole, donc pas de foi "en l'homme" ou "en un monde meilleur", pas d'utopie, pas d'opium par les masses.
Il s'agit de reprendre en main la destinée du peuple Francais (et des autres peuples Européens par la même occasion) en reprenant notre indépendance vis à vis des oligarchies parasitaires, des populations du Tiers-monde et des forces d'argent, en gros, faire revivre la démocratie et la République (les deux doivent rester des moyens au service du fameux peuple et non des buts en soi, donc des idoles).
Le but est clair: unification du continent Européen , du Portugal à la Russie, au sein d'une confédération des nations Européennes.

Publié par Three piglets le 26 décembre 2006 à 19:29

Délire messianique lié à la pensée de Marx : ce dernier procède à une analyse des rapports sociaux à partir des rapports de production. Il vit dans une société qu'il juge délétère et veut la changer, donc changer les rapports de production. La seule classe qui n'a rien à perdre et tout à gagner est la classe ouvrière selon son analyse: elle ne dispose que de sa force de travail. Je rappelle ici que le mépris de Marx pour la racaille était bien plus féroce que celui de Sarkozy. Il s'efforcera donc, et les grands théoriciens du communisme après lui, de créer un parti qui soit l'avant-garde de ce prolétariat et ne défende que les intérêts de ce dernier, en grande rivalité avec la tendance "trade unioniste" (défense des intérêts à court terme) des masses ouvrières. La notion de "dictature du prolétariat" sera introduite à la suite des grands massacres des Communards par les Versaillais: après une prise de pouvoir, il faut éviter de laisser l'ennemi relever la tête.
Il n'y a pas de délire messianique lié à la pensée de Marx. Au communisme, certainement.

Et une question : Russie comprise ?

Publié par Roland le 27 décembre 2006 à 14:46

__Il n'y a pas de délire messianique lié à la pensée de Marx. Au communisme, certainement__

C'est ce que je dis :

"tout en laissant le délire messianique lié au projet communiste"

Russie comprise car ce pays posséde une complémentarité avec nos besoins.
En gros, c'est matiére premiére russe contre technologie européenne.
Il y a bien évidemment des conditions à l'entrée de la Russie, ce pays ne possédant qu'une culture démocratique disont "spartiate".

Publié par Three piglets le 27 décembre 2006 à 14:59

__Je rappelle ici que le mépris de Marx pour la racaille était bien plus féroce que celui de Sarkozy.__

Une réflexion en passant : c'est à partir de ce constat que nous pouvons juger de la trahison immonde des partis dits de gauche envers le prolétaire Francais, quand ces mêmes partis ont cru devoir défendre le sous-prolétaire contre le prolétaire.Et ceci, de la LCR au PS.

Publié par Three piglets le 27 décembre 2006 à 15:08

J'ai essayé de résumer qlqes fondamentaux sur Marx pour voir si on parle de la même chose. Pourriez-vous vous livrer au même exercice sur Maurras, "épuré des scories nationalistes stériles" ?

J'ai des doutes sur la Russie. Trop différente de l'Europe.

Publié par Roland le 27 décembre 2006 à 16:46

Sur Maurras, c'est simple :
L'enracinement, relation (mystique)terre/peuple, réhabilitation de la foi catholique comme colonne vertébrale de l'Européen, critique d'un certain républicanisme.
Ce qu'il faut évacuer : germanophobie, antisémitisme, royalisme (quoi que cela est respectable, mais ce n'est plus d'actualité).


http://www.vdfr95.com/maurras.htm

Publié par Three piglets le 27 décembre 2006 à 17:50

''réhabilitation de la foi catholique comme colonne vertébrale de l'Européen''

Vous vouliez écrire foi chrétienne ou vous voulez avoir les protestants et les orthodoxes sur le dos ? ;)

Je ne suis guére d'accord sur ce point, je préfére parler de morale judéo chrétienne car je ne veut pas que les excés de ceux qui disent agir au nom de Dieu recommencent sur notre continent.

"Tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens", cette petite phrase à était lancé à Béziers, à une heure de route de chez moi, et la ville à mit des siécles à s'en remettre.

Publié par Frédéric le 27 décembre 2006 à 18:37

Dans le cas de Maurras, il parlais de la foi catholique, même si je suis plus favorable à la foi chrétienne en général (face à l'Islam, les querelles de clocher sont suicidaires et contre-productives).

Publié par Three piglets le 27 décembre 2006 à 18:45

Je penche plutôt aussi pour le judéo-chrétien. Et non pas pour l'opposer à l'Islam. Explications : où les islamistes - au sens où je l'entends, merci- prennent-ils de l'importance politiquement ? Là où les façons de penser et de se comporter européennes commencent à pénétrer, par l'effet de l'immigration et de la télévision. Qui crée pas mal d'envies de libération et d'essor économique dans les masses populaires. Mais aussi pas mal de clashs culturels face au contenu diffusé par les medias. L'invasion de la pornographie et de la violence gratuite donne de nous Européens une image déplorable. Des gamins chez nous violent leur camarade de classe : ils voient ce genre de choses en boucle sur leur télé; et ce serait interdit ? On a totalement perdu le sens de la mesure en Europe. Des gamins qui regardent des films pornos et jouent à descendre le maximum d'ennemis sur leur PS peuvent-ils devenir des adultes normaux et équilibrés ? Certains s'en sortiront, mais ce genre de traitement doit certainement faire quelques dommages...
Alors que répondre aux honnêtes musulmans très croyants que ces choses effrayent aussi ? Y a bon la pornographie ?
Bien sûr que l'idée de censure est plus que déplaisante. Mais le laxisme total produit des ravages, me semble-t-il.
Alors un retour vers les valeurs judéo-chrétiennes s'impose. Et vous verrez les islamistes perdre leur principal argument : la pourriture de l'Occident.

Publié par Roland le 27 décembre 2006 à 21:21

Vous etes de cette génération , celle de mai 68, qui nous a vendu une société libertaire sur fond de collectivisme utopique?
Si oui, nous, les générations suivantes, celle (AVEC UN S) de Mitterand, des années 80 , de Sos racisme de Dray, on ne vous remercies pas. REMERCIE
A vrai dire, nous sommes, notre génération, le "dernier homme" annoncé par Niesztche, celle du nihilisme terminal; intégral. HAHAHA ! VAS-Y MON COCO !
Concernant les turbulences, il me semble que nous ne serons pas seuls, il y aura une bonne partie de l'Europe occidentale avec nous, si ce n'est pas l'ensemble de la planéte vivant à l'heure de la mondialisation libéral LIBÉRALE et de l'immigration massive(et musulmane).
Pour ma part, cela me réjouit RÉJOUIS de voir le monde des bobos s'effondrer, leur utopie en kit se transformer en cauchemard CAUCHEMAR , cette sociale-démocratie maternante et étouffante se faire balayer dans un viril conflit, renvoyez OÙ EST LE SUJET les féministes dans les poubelles de l'histoire (ou à défauts À DÉFAUT, aux fourneaux), les bourgeois se faire ruiner par le sous-prolétariat qu'ils ont créé eux même EUX-MÊMES, bref, que le systeme disparaisse dans les affres de l'histoire. (AFFRES DE L'HISTOIRE ???KEZACO?

Ensuite, nous aurons tout le temps pour dissiquer DISSÉQUER : cette époque médiocre de consumérisme et de vulgarité, nous en ferrons FERONS des livres, des films, nous apprendrons à nos enfants comment les hommes du XX siecle ont saccagé 2500 ans de civilisation sur l'autel de quelques idoles impuissantes. OUAIP : MAIS SI TU AVAIS OUVERT UN BOUQUIN AVANT DE MONTER AU PODIUM : TU SAURAIS ÉCRIRE LE FRANÇAIS.

Publié par LECTURE-ÉCRITURE le 4 février 2007 à 19:20