« Le prix sanglant des otages (2) | Accueil | Des soldats suisses en Irak »
16 novembre 2006
Irak : la fabrication d'un « désastre »
Impossible ou presque de lire, d'écouter ou d'entendre quelque chose sur l'Irak, dans les médias traditionnels, sans la présentation - ou la dénonciation - du désastre censé s'être abattu sur ce pays, et donc de l'opération avant tout américaine qui en est le déclencheur désigné. Cette réalité médiatique n'est pas nouvelle, loin s'en faut, mais elle a gagné en importance en devenant une réalité politique aux Etats-Unis par l'éviction du Secrétaire à la Défense et son remplacement par un cacique washingtonien - bien plus que par la victoire globalement modeste des démocrates. En d'autres termes, la perception d'un échec manifeste en Irak a abouti à une modification de l'exécutif américain qui favorise, sans le garantir, un changement de stratégie. Dans la mesure où cette perception a été construite et ne reflète pas la situation complète, ce phénomène d'influence des esprits doit être analysé.
...
La suite de mes réflexions sur l'Irak est disponible ici, sur le nouveau site de la Revue Militaire Suisse ! :-)
Un élément intéressant à ajouter, les déclarations du commandant en chef de l'opération au Sénat américain, qui montrent la perspective des militaires américains sur la situation.
Publié par Ludovic Monnerat le 16 novembre 2006 à 12:12
Commentaires
Un article très intéressant, une fois de plus.
Il est difficile de se prononcer sur la question de la fabrication ou non du désastre, mais il est pour moi indéniable que les médias sont des alliés - au moins objectifs - des jihadstes.
La plupart des "faiseurs d'opinion" manquent également de la plus élémentaire perspective ou profondeur de réflexion.
Combien d'entre eux se sont-ils demandés quels sont les objectifs des jihadistes. Pensent-ils réellement que ceux-ci se limitent à l'Irak ou à l'Afghanistan? Ou même à la Palestine/Israël? Lisent-ils seulement les communiqués par lesquels Al Qaida revendique ses attentats, ou les considèrent-ils comme simplement anecdotiques?
Si les Américains devaient se retirer d'Irak, il y a gros à parier que le champ de bataille en serait simplement déplacé. Et qu'une nouvelle guerre s'ensuivrait, dans laquelle nous ne devrions pas davantage intervenir (d'après eux), tout en imputant la faute à un quelconque impérialisme américan, jamais défini, toujours dénoncé.
La comparaison avec le Viet-Nâm est également interloquante: le seul point de convergence est précisément l'attitude des médias vis-à -vis de ce conflit. Conflit dont le moment le plus tragique a été la fuite des centaines de milliers de "boat people" vers un Occident soi-disant haï. Mais jamais les médias n'ont accepté de tirer les conclusions de ce désaveu massif de leurs favoris.
Publié par paul le 16 novembre 2006 à 12:55
Je pense qu'un jour nous aurons à juger une partie des Médias pour Haute Trahison tout en sachant que la trahison fait parti maintenant du processus démocratique " normal ", alors nous les condamnerons à s'excuser ;-)
Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 16 novembre 2006 à 19:17
"Pour utiliser une métaphore empruntée au monde des échecs, on a l'impression que les Etats-Unis ont pris le fou Saddam sans penser au coup suivant, et sans faire de cette prise un tremplin pour les prochaines. Une telle discontinuité réduit forcément la cohérence de l'ensemble.
Peut-être ce manque de cohérence explique-t-il aujourd'hui la faiblesse de l'administration Bush, somme toute coupable de s'être arrêtée en Irak et non d'y être allée, ainsi que sa propension à lâcher du lest politique sans y être contrainte. Peu importe dès lors que le « désastre » américain soit une fabrication à la fois délibérée et contingente, une perception contraire à la réalité quotidienne comme au contexte général : perdre ou méconnaître le sens de sa propre action ne permet que très difficilement d'en convaincre les autres. Et un vrai désastre en Irak, sous la forme d'un retrait précipité, est encore possible.
L.M."
Je crois qu'il était important de mettre la fin de votre billet en ligne, car à la seule lecture de l'accroche, on pourrait croire que vous êtes l'auteur d'un texte partisan et non d'une réflexion objective et globale sur ce sujet complexe. Ce qui n'est en définitive pas le cas.
Les médias traitent de la guerre en irak comme de tout autre chose, ils n'évoquent que les trains qui n'arrivent pas l'heure, seuls susceptibles de créer l'indignation, les autres... Comme vous le soulignez, qu'ils agissent par idéologie (pour certains) ou par aveuglement, ils ne rendent aucunement compte de la complexité du conflits ni des nombreux paradoxes locaux. Ils vivent de drames et d'approximation, de simplification grossières qui confinent le plus souvent à l'erreure.
Mais ce n'est, hélas, pas réellement une surprise.
Publié par winkelried le 16 novembre 2006 à 20:32
Ce que je crois avant tout, c'est que si par malheur les médias finissent par imposer leur point de vue et altérer la réalité - que les Américains se retirent d'Irak et que le pays sombre dans la guerre civile - nous verrons comment les éditorialistes arriveront ENCORE à prouver que les USA sont responsables de ces nouvelles dégradations.
Les Américains sont tenus pour responsable de tous les troubles post-Saddam en étant sur place, mais ils continueront à l'être s'ils plient bagages, soyez-en sûrs.
Publié par Stéphane le 16 novembre 2006 à 21:47
Plus que tout, l'Irak aura été (j'écris volontairement au passé) un laboratoire. Des expériences ont été tentées, de nature très diverses, sur le modèle d'une "State up" à l'échelle d'un pays entier.
Le public mondial a été conçu et traité comme un petit actionnaire, éventuellement revendicateur de ses droits émiettés, la partie s'est joué chez les actionnaires majoritaires d'un Conseil des Représentations, plus que d'Administration (allant de l'ONU à l'OTAN en passant par la ligue Arabe et les ONG d'anti-étatiques à proto-califales). A ce jeu, le CEO GW Bush s'est fait minorisé dans son propre actionnariat parlementaire et les titulaires de très nombreux "stakeholder agreements" ont joué de leurs leviers ( en droits de vote ou de dividendes prioritaires) au jour le jour, comme à la bourse ou en transactions privées selon les opportunités.
La morale de l'histoire pourrait être double :
- c'est avec les représentations américaines (American Standards) que les ennemis de l'administration Bush se battent contre elle. Ce pourrait être une victoire plus profonde qu'on l'imagine, notamment sur le plan économique qui demeure épargné (absence très révélatrice de blocus pétrolier par les islamistes notamment);
- c'est la notion d'Etat à l'américaine qui n'arrive pas à reprendre sa respiration en Irak. Ce pourrait être une défaite dépassant de beaucoup les frontières d'Irak.
Contrairement aux apparences historiques, même récentes, l'Etat de type romano-germanique, n'a jamais, trois fois jamais, fonctionné en territoires islamisés. L'intrusion de l'islam en territoires romano-germaniques se traduit déjà par un dérèglement de l'Etat. Il sera suivi par un dysfonctionnement aggravé et se terminera par la disparition du modèle romano-germanique d'Etat au profit d'un modèle morcelé, clanique, militarisé, instable, etc. Bref : crypto-féodal.
C'est, pour moi, ce qui s'est joué, déjà , en Irak. Il va falloir prendre ses marques.
Publié par louis le 17 novembre 2006 à 11:04
Je crains que nos politiques - et les médias affidés (Le Monde, Figaro, Libération, etc. du moins pour la France)- feraient mieux de réfléchir sur l avenir de nos sociétés occidentales, et de renouer les vieilles Alliances. Ce que l on nomme "Europe" n a aucun intérêt -pour sa survie- à s allier avec des "cultures" islamiques et à combattre un de nos meilleurs alliés: les USA!.
SE moquer des américains comme le font certains journaleux est caractérisque des résultats d une certaine forme de propagande anti occidentale. La télévision arabe ("Al jesierah") diffusée par sattellite va empirer encore le phénomène en servant une bouillie immonde à ces rédactions et services en panne d idées et d observations objectives du terrain puisqu ils n y vont même plus. Et ce n est pas l absence de pensée diplomatique de certain ministre des affaires étrangères qui va arranger les choses, puisque lui-même avait déclaré naguère que la politique étrangère de la France se faisait à Bruxelles.
C est dire le désastre!
Et rien que pour cela le djihad va s amplifier en France, en Belgique, et en Angleterre. Ce sera alors un changement complet de sociétés....
Et si les USA faisaient preuve de real-politique en sortant Saddam de prison? Et lui passaient un marché en main qui consisterait :
- à remettre en ordre l Irak;
- à établir un glacis vis à vis de l Iran, de la Syrie, et de l Arabie Saoudite?
Ce "tyran", en fait était plutot tès efficace pour maintenir une certaine paix! Il restaurerait la paix civile, et remettrait bien vite les mollah en place.....
Publié par Cincinnatus le 17 novembre 2006 à 12:22
Je ne suis pas certain de comprendre ce que Louis veut dire.
Dire que " l'Etat de type romano-germanique, n'a jamais, trois fois jamais, fonctionné en territoires islamisés." est à mon sens une erreur: l'Empire ottoman a très bien fonctionné sur un modèle proche, sinon identique, à ses contre-parties occidentales à la même période, et ce pendant quelques siècles.
Je ne crois pas non plus qu'un modèle "morcelé, clanique, militarisé, instable, etc. Bref : crypto-féodal" soit ce à quoi pensent les jihadistes quand ils veulent revenir au califat.
Publié par paul le 17 novembre 2006 à 13:06
je vous l'avais bien dit : je ne partage pas votre opinion : "en espérant que le délire anti-américain et anti-Bush commence enfin à se calmer" : il n'y a pas de raison pour que ça s'arrète ! au contraire, ça va aller encore + fort après leur "victoire" contre W. !
W. a perdu "la guerre de l'information" selon votre expression car la quasi totalité des journalistes sont "de gauche" (Dems aux US) et ils ont réussi à influencer l'opinion dans leur sens, et W. n'a pas su ni voulu aller contre cette tendance,
John McCain dénonce justement à juste titre cette erreur majeure des Rep.
de + je pense que "l'après guerre", ie la phase de reconstruction a été sabotée (dans cette perspective) par les fonctionnaires (militaires et civils) majoritairement Dems
Publié par JPC le 18 novembre 2006 à 10:00
@Paul Le concept d'Etat est étroitement lié au droit romain, revisité au 13è siècle par les canonistes de l'Eglise (cf. Pierre Legendre) et affiné par les Lumières.
Pour résumer (sic), l'organisation de l'islam a toujours été l'expression d'un syncrétisme tribal, despotique et guerrier, auquel la paix trop prolongée a généralement été défavorable, d'un point de vue « religieux » (cf. Louis Milliot). La règle de séparation des pouvoirs est totalement inconnue de l'islam. De même que l'interdiction de se faire justice à soi-même, fondement de nos Etats.
C'est vu de loin que le califat donne l'impression d'un symbole étatique unifié. En premier lieu, nul n'est législateur si ce n'est Allah. Ce sont donc les ulémas qui désignent le calife et le révoquent s'il ne remplit pas son mandat de « légataire » (kilafa). Il n'est pas le représentant d'un quelconque Etat, son mandat s'analyse en une tutelle de droit public. En réalité, ce sont les sultans qui exercent le pouvoir. La raison pour laquelle les sultans ottomans finiront par rapatrier le calife en Turquie (Selim 1er, 1517), puis se proclamer calife à partir de 1774, tient davantage du prestige que du pouvoir.
Entre-temps, combien d'anticalifats, d'obédiences distinctes et concurrentes de l'Espagne à L'inde orientale ?
Pour répondre à votre question pertinente sur la Turquie, ce sont les européens qui ont imputé (tardivement) un pouvoir œcuménique à la Sublime porte, pour des raisons de pratique diplomatique, alors que le concept de souveraineté universelle n'a jamais été instauré par la figure de Mahomet. C'est seulement et uniquement en 1876 que Abd ul Hamid a pris le titre de Protecteur de l'islam mondial et organisé son panislamisme sur le modèle du pangermanisme, avec l'aide volontariste du Reich d'ailleurs.
Le concept de souveraineté extérieure peut bien ici où là s'apercevoir dans l'islam historique ou actuel, beaucoup moins comme concept interne. Pour revenir à la société romano-germanique qui inventa « l'administration » de l'Etat, l'équivalent islamique ressortit en fait, non d'une administration mais d'une «diplomatie interne », articulée entre une légitimité religieuse assurée par les Ulémas (qui ne sont justement pas des organes d'aucun Etat, chiites mis à part bien entendu) et les pouvoirs locaux (voyez l'Irak, la djema'a de l'Algérie berbère ou le makhzen du Maroc par exemple).
Bref, l'islam ne connaît pas la souveraineté au sens où nos Etats l'ont inventée. Le califat n'est pas réellement un pouvoir doté d'un quelconque imperium, il est prestige et influence. C'est une tout autre façon d'envisager le contrat social.
Il faut ajouter à cela que la carence législative évoquée plus haut (Allah seul législateur légitime) est tellement abyssale, qu'aucune figure de grand législateur ne peut faire référence, dans l'approche islamique de l'Etat. Le jour où un homme le devient, il est apostat. Pour paraphraser Milliot : point de Cromwell, de Montesquieu, de Voltaire de Goethe ou de Lincoln en Islam, « son seul classique est le coran », fin de l'histoire...
Publié par louis le 18 novembre 2006 à 12:47
Si même Tony Blair le dit!
"Iraq war 'pretty much a disaster', Blair concedes"
Publié par fass57 le 18 novembre 2006 à 13:45
les gens qui se croient compétents en matière militaire feraient bien de réfléchir une fraction de seconde sur le "bourbier irakien" en faisant le // avec le vietnamien : même avec des dirigeants communistes, le Vietnam fait partie maintenant de l'OMC, les Vietnamiens étant tout contents de travailler dans des usines fabriquant des Nike etc
le Vietnam est considéré maitenant comme un pays "ami", cf les déclarations de C. Rice...
le maitre de céans est à ma connaissance celui qui comprend le mieux les divers aspects des guerres, et en particulier la guerre économique
... et malgré la "défaite de Bush", les mollahs iraniens commencent à comprendre qu'ils n'ont finalement pas gagné !
... quant aux Français, les seuls à les soutenir, ils s'étonnent encore de se faire doubler par les US dans les pays arabes...
et enfin, petite précision sur une désinfo pour ceux qui ont des difficultés à comprendre :
Au journaliste qui présentait l'intervention de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis comme ayant "été jusqu'à présent plutôt un désastre", le Premier ministre britannique a répondu: "Ca l'a été", avant d'enchaîner sur une explication des raisons de la violence en Irak.
Après l'émission, l'entourage de M. Blair a fait savoir que le Premier ministre n'avait fait "qu'accuser poliment réception" de la question qui venait de lui être posée et que "présenter (cette réponse) comme une sorte d'assentiment est totalement malhonnête".
Samedi matin, un porte-parole de Downing street, interrogé par l'AFP, a relevé laconiquement que "le Premier ministre n'utilise pas le mot désastre".
"Ce qu'il a fait c'est souligner que la violence en Irak est bien sûr très regrettable, tragique et très très difficile, mais cette violence est le résultat d'une intervention extérieure malveillante, pas une erreur d'organisation qui date d'il y a trois ans", a-t-il ajouté
Publié par JPC le 18 novembre 2006 à 17:00
Merci à JPC!
Publié par louis le 18 novembre 2006 à 18:26
On fait le pari que le démentit passera sous silence dans nos grands journaux ? ;)
Publié par Frédéric le 18 novembre 2006 à 19:11
Une victoire ou une défaite se détermine par rapport à des buts de guerre.
Or, si l'expédition contre l'Irak avait pour buts de mettre la main sur le stock pétrolier irakien et de défaire un adversaire potentiel d'Israël, alors cette expédition est un fabuleux succès.
C'est marrant de raisonner par l'absurde de temps en temps :-)
Publié par fass57 le 18 novembre 2006 à 23:21
Il suffit de se promener sur des blogs irakiens pour se rendre compte que les choses qui vont de mieux en mieux (électricité, eau courante,liberté d'expression, écoles, universités etc...) ne sont pas relatées dans la presse de masse. Volonté politique sans doute!
Publié par major tom le 19 novembre 2006 à 0:03
"La presse": on se croirait encore en pleine Guerre Froide, à lire bien des commentaires ci-dessus. Sauf que du côté de la Pravda, il y a tous ces détracteurs de "la Presse", qui affirment détenir la vérité sur le monde. Il ne me semble pas que, dans une société où la libre expression existe, les médias puissent "trahir". Peut-être que c'est possible en Iran ou en Corée du Nord (pour reprendre les cibles habituelles des auteurs de ce genre de commentaires), mais pas dans une démocratie.
A mon sens, la guerre en Irak est en train de tourner court, parce qu'on peut enchaîner les victoires militaires sans jamais atteindre la victoire finale. Un Etat et une société sont des éléments dynamiques, jamais achevés, et en constantes mutations. Dès lors, lorsqu'une force extérieure vient s'intégrer à la vie sociale et politique d'un pays, elle en modifie la dynamique profondément, au point de devoir envisager sa présence et son désengagement sur le long terme. Vouloir s'ingérer dans la vie d'un Etat, c'est, sauf exception (l'Allemagne en 1945 par exemple), s'enfoncer dans un bourbier, qu'on soit doté des meilleures intentions et des meilleurs moyens ou pas. L'administration Bush, avec les qualités visionnaires qu'on lui connait, a cru pouvoir mener une opération rapide. De plus, elle l'a fait avec des connaissances culturelles sur la région qui relèvent du folklore. Comment se faire admettre au sein d'une société alors qu'on en méprise profondément (comme presque toujours sur ce blog d'ailleurs. Si vous voulez un exemple, l'appellation "crypto-féodale", qu'elle soit juste ou fausse, est toujours méprisante) l'une des composantes essentielles, la religion? Une telle démarche s'apparente simplement à du colonialisme. Le colonialisme induisait par ailleurs aussi un certain progrès matériel (électricité, transports, écoles, etc.). Assiste-t-on pour autant à des démonstrations d'affection des ex-colonisés envers les ex-colonisateurs? Les pays autrefois colonisés s'en sortent-ils mieux que les autres? L'Afrique est-elle un continent ou fleurissent les démocraties libérales?
Bref, renverser Saddam Hussein par la force militaire, pourquoi pas. Vouloir repenser l'Irak sur de nouvelles bases, pourquoi pas. Mais mener deux guerres comme elles ont été menées (souvenez-vous de la première, inachevée puis relayée par un embargo inhumain) pour atteindre les objectifs tels qu'ils ont été énoncés... C'est assez irresponsable.
Sans compter qu'au lieu d'encercler l'Iran pour l'affaiblir, les Américains et leur alliés on en fait la puissance la plus incontournable du Proche-Orient. Vraiment, on reconnait là les fins stratèges.
Publié par Olé le 19 novembre 2006 à 4:42
Olé ne lisez rien de méprisant dans le "crypto-féodal". La racine "crypto" exprime le sens du "caché" comme vous le savez. "Féodal", celui du lien de fidélité, du pacte d'allégeance, inclus dans le concept arabe de biyâ'a. Bref sous les apparences extérieures d'Etat, se trouve caché un autre système. Je ne le méprise nullement, bien au contraire. Il se trouve que dans nos contrées tempérées et sedentaires surtout, un système étatique a pu fonctionner pendant des siècles. Aujourd'hui, il est en voie de disparition par déni (Europe) ou dénigrement (US), au motif que les Etats-nations produisent des guerres. On oublie un peu vite que les clans-régions produisent des guerres civiles.
Avec une vie moderne introduisant une forme de nomadisme, un repli régionaliste et la promotion d'un modèle (islamique) qui fonde le cryptoféodalisme, on est en train de changer de système. Voilà tout.
Et les grands groupes de presse (plus que les milliers de journalistes qu'ils payent au lance-pierre) adorent cela plus que la démocratie étatique-nationale, certes.
Par exemple, la nouvelle télé France24: http://ajm.ch/wordpress/?p=357
Quant aux "fins stratèges", les buts de guerre de l'Irak furent en apparence mieux élaborés que les buts de vie civile. Mais ce qui a pu se faire en Allemagne renvoyait précisément au modèle romano-germanique. Ce qui se fait en Irak nous révèle le changement de notre propre système d'Etat, à rebours. Tel était le sens de mon propos: un constat de mutation, plus que d'échec.
Publié par louis le 19 novembre 2006 à 8:40
@Louis
Merci pour vos précisions, qui se justifient par les nombreux exemples qu'on peut, en effet, apporter. Ce qui manquait dans votre propos, c'est l'appui que vous donnez en utilisant un terme arabe (dont je ne connais pas précisément le sens). Malgré tout, le terme "crypto" renvoie, comme vous le mentionnez, à quelque chose de caché. Dans nos sociétés, l'attachement à la transparence est tel que "crypto" comporte une charge négative. Idem pour "féodal", qui renvoie au Moyen-âge, qu'on aborde (bien souvent à tort, et dans un mécanisme d'autocélébration) comme une époque sombre et barbare. Par contre, le terme "romano-germanique" n'a aucune connotation, à ma connaissance du moins, de ce genre. C'est pourquoi, même si, derrière les mots que vous employez, les propos sont légitimes, j'attire l'attention sur les connotations qui leur sont attachées, et qui pose des problèmes allant au-delà du champ théorique.
Sur le dernier passage de votre intervention, je partage tout à fait votre avis: les buts de la vie civile n'ont pas été étudiés avec autant d'attention que ceux de la guerre. Mais dès lors, la question reste posée: peut-on transposer un modèle qui, chez nous, est en profondes mutations dans une région qui se fonde sur d'autres principes? Vous décrivez une sorte de rapprochement, amis j'ai des doutes sur le caractère durable de ce dernier. Vous mettez aussi pertinemment le doigt sur ce qui a fait de la reconstruction de l'Allemagne un succès: le modèle utilisé correspondait à quelque chose de préexistant sur place. Mais, est-il possible d'élaborer des modèles pour une région aussi différente culturellement que le Proche-orient? Là -dessus, je reste pessimiste.
Publié par Olé le 19 novembre 2006 à 17:08
@Olé pour ajouter à votre pessimisme, je pense que c'est justement le modèle clan-région qui s'installe en Europe et que tel est le message venant d'Irak, à rebours d'une opération qui aura eu pour résultat de confirmer un standard économique viable en société clanique, plus que d'inoculer un modèle juridique de fonctionnement étatique occidental.
Bref, c'est l'Occident qui s'mprègne, lentement mais sûrement, de leur système de valeurs et de gouvernement. Exit le modèle roman-grmanique.
Pour ce qui est de la presse: c'est de l'ordre du désir, pour ce qui est des gouvernements: c'est de l'ordre de l'accord; pour ce qui est du peuple: c'est de l'ordre de la passivité byzantine.
Publié par louis le 20 novembre 2006 à 13:40
Bravo à Ludovic Monnerat. Il est d'accord avec la plupart des néoconservateurs et avec Antoine Sfeir, le chercheur franco-libanais pour qui "Les Etats-Unis sont en train de gagner en Irak" :
http://drzz.over-blog.org/article-4339789.html
Et un petit dossier sur ce que vous n'entendrez jamais à propos de l'Irak. Lettres de citoyen, à propos des Américains, de la France, avancée du processus démocratique, nouvelles de la lutte contre le terrorisme, etc... LE FUTUR DE L'IRAK LIBRE :
http://drzz.over-blog.org/article-4361682.html
A consulter également la réalité des pertes en Irak, s'établissant à 47-52'000 civils et 5'000 membres des forces de sécurité, loin des chiffres volontairement gonflés de la désinformation ambiante :
Publié par drzz le 20 novembre 2006 à 16:49
L'article dans la RMS me semble fort intéressant, il porte surtout sur la bataille duale, celle dans la sphère médiatique, où les Etats-Unis sont donnés battus faute, selon L.M. si je comprends bien, de s'être dotés d'armes adaptées (un plan à plus d'un coup, des objectifs vérifiables, ...).
Un petit mot cependant sur la sphère réelle. Vous écrivez que s'accomplissent "avec un succès presque inespéré" "la libéralisation de l'économie" et "le développement de l'éducation" : je serais intéressé pour pouvoir creuser à partir de sources là -dessus (de fait, les médias grand public en parlent peu) : au-delà d'avoir été "libéralisée", l'économie fonctionne-t-elle (... au-delà de l'extraction pétrolière) ? si le système éducatif se développe bien, peut-on en tirer des enseignements transposables à d'autres secteurs ?
Publié par FrédéricLN le 24 novembre 2006 à 10:46