« La notion de défense | Accueil | Le manifeste stratégique du djihad »
10 octobre 2006
Le dilemme nord-coréen
L'annonce d'un essai nucléaire en Corée du Nord, et donc l'entrée chaotique du dernier régime stalinien dans le club des détenteurs de la bombe atomique, n'ont pas surpris ceux qui suivent depuis des années les efforts entrepris pour développer à la fois les vecteurs et les ogives de la dissuasion suprême. Cet événement vient même de donner définitivement raison à ceux qui voient dans un bouclier antimissile une protection nécessaire contre les Etats voyous pratiquant le chantage du fou au fort : vu le nombre d'années nécessaires, le développement des missiles et des bombes nord-coréens est clairement antérieur à la décision américaine de relancer la protection contre une telle attaque, et même à l'étude qui en a fondé l'argumentaire.
Ce qui n'aide en rien face au dilemme de Pyongyang : que faire lorsqu'un régime prend toute sa population en otage, et même comme bouclier humain, et s'enferre dans une spirale toujours plus catastrophique ? La stratégie américaine ayant consisté à isoler la Corée du Nord, à s'en protéger par des moyens à la fois défensifs (navires et lanceurs terrestres à capacité antimissile) et offensifs (bombardiers furtifs stationnés à proximité) et à rechercher un consensus régional et international reste avant tout un refus d'une action décisive. En même temps, rechercher activement un changement de régime a désormais de plus en plus de risques d'aboutir à une situation en comparaison de laquelle l'Irak prendrait presque un air reposant. Sans même parler de la catastrophe humanitaire que la communauté internationale sera contrainte de prendre en compte.
Ainsi donc, les Nord-Coréens crèvent de faim par millions, mais leur dictateur se repaît d'un pouvoir de nuisance croissant. Les conditions d'un soulèvement intérieur étant apparemment inexistantes, et le risque d'une escalade de Kim Jong-Il bien réel, il se pourrait donc que l'illusion des sanctions ne suffise plus et que la métaphore de l'Axe du Mal serve à justifier une nouvelle opération coercitive. A dire vrai, le sort de la population nord-coréenne était depuis des années une raison valable de mettre un terme à un régime coupable de démocide, mais l'arme nucléaire possède évidemment un impact psychologique tout différent. Et le silence des opposants systématiques à l'emploi de la force armée, tout comme l'échec piteux des mesures de non-prolifération nucléaire et des organisations chargées de les appliquer, ne concourent pas à indiquer d'autre option.
Les moyens militaires sont-ils disponibles pour tenter une action d'envergure contre Pyongyang ? Il est hautement probable que la capacité de défense du régime a été totalement ruinée par des décennies de dégénérescence, et qu'agiter l'atome vise à masquer cette réalité ; une force terrestre réduite, appuyée par des moyens aériens et maritimes puissants, pourrait certainement forcer le destin. Mais qui est prêt à assurer les risques politiques et la responsabilité morale d'un tel pari ? Qui est prêt à s'engager pour des années et des années dans un pays ravagé par l'idéologie et la folie de l'homme ? Qui est prêt à passer de la parole aux actes, à armer la justice de ce glaive sans laquelle elle reste vaine ?
Publié par Ludovic Monnerat le 10 octobre 2006 à 20:53
Commentaires
donc, d'après vous, les US ne vont pas se lancer dans une nouvelle guerre (de haute intensité) en N Corée,
donc, la guerre économique (et diplomatique) va prendre de l'ampleur : le régime N Coréen a manifestement fait une erreur monumentale en perdant l'appui de celui de la Chine, le blocus sera + rigoureux
par ailleurs, je crois que la "bombe" est plutot minimaliste (1/10 ou 1/20 d'Hiroshima)
et tout ceci ne va pas arranger les affaires des mollahs iraniens ni celles de leurs alliés
merci pour votre intervention qui arrive un peu tard... l'armée suisse gâche ses talents !
Publié par JPC le 10 octobre 2006 à 21:28
"Mais qui est prêt à assurer les risques politiques et la responsabilité morale d'un tel pari ? Qui est prêt à s'engager pour des années et des années dans un pays ravagé par l'idéologie et la folie de l'homme ? Qui est prêt à passer de la parole aux actes, à armer la justice de ce glaive sans laquelle elle reste vaine ?"
Personne.
Voilà pourquoi, loin d'être un mauvais geste ou "la dernière erreur de Kim Jong-Il", l'obtention de l'arme nucléaire est la garantie de la sécurité du régime. Sans aucun doute parviendra-t-il à obtenir encore davantage à travers des chantages auprès de nations indignées, mais craintives, et soucieuses avant tout de ne pas jeter de l'huile sur un feu qu'elles ne maîtrisent plus à cause de leur pusillanimité.
Aucun leader, régional ou mondial, n'a eu le cran et les moyens d'agir alors que la Corée du Nord n'avait pas encore la bombe. Comment se trouveraient-ils maintenant cette force de caractère qui leur fait tant défaut, maintenant que la situation est mille fois plus dangereuse?
Publié par Stéphane le 10 octobre 2006 à 21:51
"A dire vrai, le sort de la population nord-coréenne était depuis des années une raison valable de mettre un terme à un régime coupable de démocide..."
Le Rwanda et le Soudan ne sont pourtant pas des puissances nucléaires. Or, ce qui s'y passe ou ce qui s'y est passé nécessite ou aurait largement nécessité une intervention armée de la communauté internationale.
"Qui est prêt à passer de la parole aux actes, à armer la justice de ce glaive sans laquelle elle reste vaine ?"
N'est-ce pas dangereux de mêler morale et stratégie? Bismarck ne disait-il pas que les nations sont des monstres froids. Plutôt que d'invoquer la justice, ne serait-il pas préférable de détailler en quoi une Corée du Nord nucléarisée serait plus dangereuse qu'un Pakistan armé de vecteurs nucléaires, quand on sait que ce pays continue de soutenir l'insurrection talibane en Afghanistan?
"et tout ceci ne va pas arranger les affaires des mollahs iraniens ni celles de leurs alliés."
Record battu, on se retrouve au Proche/Moyen-Orient au premier post.
"Et le silence des opposants systématiques à l'emploi de la force armée, tout comme l'échec piteux des mesures de non-prolifération nucléaire et des organisations chargées de les appliquer, ne concourent pas à indiquer d'autre option."
Corée du Nord, 1 essai nucléaire, la France, par exemple, 210 tirs nucléaires. Et quid du nucléaire israélien et quelle attitude tenir avec l'Egypte qui envisage de se nucléariser?
Si la Corée est interdite de tests nucléaires, cela veut-il dire qu'en toute cohérence les USA ratifieront également le traité de renoncement à ces tests?
"There have been many attempts to limit the number and size of nuclear testing; the most far-reaching was the Comprehensive Test Ban Treaty of 1996, which was not ratified by the United States. Nuclear testing has since become a controversial issue in the United States, with a number of politicians saying that future testing might be necessary to maintain the aging warheads from the Cold War. "
http://en.wikipedia.org/wiki/Nuclear_testing
"Une force terrestre réduite, appuyée par des moyens aériens et maritimes puissants, pourrait certainement forcer le destin."
Et si les nord-coréens décidaient de ne pas plier. Serions-nous prêts à engager ces troupes au sol, avec des pertes lourdes des deux côtés? D'ailleurs, quelle pourrait être la motivation des soldats occidentaux qui seraient engagés sur ce théâtre, parce qu'évidemment le boulot, ce serait comme d'hab' encore pour notre pomme? J'imagine par exemple mal y envoyer des japonais, étant donné la haine toujours vivace entre ces deux pays.
Me paraît compliqué, le truc!
Publié par fass57 le 10 octobre 2006 à 22:06
"Voilà pourquoi, loin d'être un mauvais geste ou "la dernière erreur de Kim Jong-Il", l'obtention de l'arme nucléaire est la garantie de la sécurité du régime."
Et il a bien raison: l'attaque contre l'Irak a magistralement démontré qu'un pays ne disposant pas d'armes de dissuasion massive était politiquement (les années de sanction économique et de blocus pétrolier) et stratégiquement très vulnérable. En évitant d'invoquer la morale, la justice et toutes ces hautes valeurs, force est de reconnaître que la Corée du Nord agit en l'espèce de façon cyniquement rationnelle.
"Aucun leader, régional ou mondial, n'a eu le cran et les moyens d'agir alors que la Corée du Nord n'avait pas encore la bombe."
N'est-ce pas là une belle description de l'attaque préemptive? On pourrait imaginer que l'état-major japonais, en décembre 41, devait se dire "nous devons avoir le cran d'attaquer la flotte américaine à Pearl-Harbour, avant que celle-ci n'empêche définitivement notre développement stratégique dans le Pacifique et bloque l'accès aux matières premières dont notre pays a tant besoin."
Publié par fass57 le 10 octobre 2006 à 22:25
"Qui est prêt à s'engager pour des années et des années dans un pays ravagé par l'idéologie et la folie de l'homme ? "
Ne pas oublier l'aspect financier.
La Corée du Sud ne paraît pas enchantée à l'évocation des sommes que lui coûteraient une éventuelle réunification.
Sans oublier évidemment le coût astronomique que causerait une telle intervention, quand on voit les centaines de milliards qui ont déjà été engagés (et ce n'est pas fini) dans les expéditions irakiens et afghanes (sans oublier l'éventualité iranienne).
Publié par fass57 le 10 octobre 2006 à 22:32
Tiens et avant de partir, martel en tête, faudrait encore s'entendre sur ce qui s'est passé:
http://fr.news.yahoo.com/10102006/290/que-s-est-il-exactement-passe-lundi-en-coree-du.html
Publié par fass57 le 10 octobre 2006 à 23:02
proposition d'affirmation:
"L'iran aura la bombe mais ne s'en servira pas malgré ses menaces médiatiques".
1/ que peut faire le TNP contre un état décidé?
N'est il pas légitime, de la part de tout état émergeant de vouloir accéder à la dissuasion nucléaire pour protéger ses interets vitaux?
L'iran n'a t'il pas le droit de se sentir menacé par le nucléaire israelien?
En quoi la gesticulation d'un TNP pourrait dissuader quiconque de tout faire pour se doter d'une capacité nuc?
Malgré les rêves pacifiques de la SDN des années trente, les clauses de versailles et les controleurs, l'Allemagne a tranquilement reconstruit son industrie d'armement (avec des capitaux US). On connait la suite. Quand un peuple est animé par une volonté, et gouverné par un exécutif déterminé, quelle organisation internationale pourrait l'empécher de s'armer si pas de volonté d'employer au plus tot, des moyens de coercition?
Donc, l'Iran va se doter de l'arme nucléaire, comme la Corée. celà ne fait aucun doute. les manoeuvres actuelles permettront de reculer quelque peu les échéances mais surtout de nous donner bonne conscience, sur le moment, façon munichois.
2/ la bombe ok mais elle restera dans son silot.
En effet,même doté de cette arme, quel serait l'intéret de l'Iran de se lancer dans une guerre qui serait contraire à son besoin de croissance économique? L'inde et le pakistan se sont'ils lancé leurs bombes nucléaires à cause du cachemire?
3/ La prolifération est alors inévitable. faut-il en conséquence se lancer dans une guerre preemptive?
Sommes nous prêts à détruire des sites donc à causer forcément des dommages colatéraux dans des pays décrétés "voyous" pour nous preserver contre un monde qui devient potentiellement dangereux? un tel usage tactique de la coercition nucléaire ne serait il pas alors à l'origine de haines encore plus profondes contre l'occident? cycle infernal : la destruction appelle les represailles sous forme de conflits asymétriques.
4/ Nous portons donc une lourde responsabilité.
quels sont les modes d'action envisageables:
- ne rien faire : la prolifération se développe
- militer pour le TNP: permet d'atteindre les états responsables qui n'ont pas les moyens de financer la bombe (donc inutile..), ou ne veulent pas la bombe (inutile de perdre du temps dans les meetings du TNP), permet d'investir dans l'opinion internationale (c'est déjà bien, ...pour "l'ascendant moral").
- détruire les capacités des nouvelles puissances nuc avec des frappes "ciblées": forte probabilité de conflit de haute intensité ,donc avenir incertain et couteux. Et puis de toute façon, ils recommenceraient.
5/ on retrouve le débat présenté par robert Kagan dans "la force et la faiblesse", "vénusiens européens" contre "marsiens américains". pour frapper il faut un marteau et la volonté de s'en servir. Le fort est tenté de frapper car il a la capacité.
Or,seul l'enfant bien élevé accepte la punition et ne recommence pas après. En effet, le voyou puni n'a qu'une idée en tête , se venger. alors punir oui, mais ensuite surveiller de très prêt car danger.
dilemme:
-ne pas punir c'est subir.
-punir c'est susciter la vengeance et donc vivre dans un cadre de contraintes qui implique moins de liberté (+ de controles + de peur)
Réfléchissons bien.
Publié par Bertrand le 11 octobre 2006 à 0:06
Pour agir, il faut créer des consensus. Pour créer des consensus, il faut un minimum de bases communes, de principes partagés. Ce n'est plus le cas, si ça l'a jamais été, aux Nations Unies. Mais ce pourrait fort bien l'être au sein de l'OTAN, d'un OTAN élargi aux nations qui défendent les mêmes valeurs essentielles et qui pourrait dès lors avantageusement remplacer les NU pour les pays libres:
Publié par ajm le 11 octobre 2006 à 6:37
Publié par ajm le 11 octobre 2006 à 7:12
Les deux liens ci-dessus illustrent à la perfection la volonté de mettre en place, par le biais de l'OTAN, une structure encore plus subordonnée aux intérêts particuliers des USA et d'Israël (je ne suis d'ailleurs même pas sûr que cette structure contribue vraiment à la sécurité à laquelle Israël, comme toute nation, a légitimement droit).
En outre, quand je lis ces propositions....
- Le développement d'une dimension sécuritaire intérieure.
- Intégration de forces de sécurité de nature militaire.
- Intégration de forces de sécurité de nature militaire.
... j'y vois la structure embryonnaire d'une hyper-gouvernance globale, dont la maîtrise échapperait bien vite aux nations et aux peuples concernés, une sorte de super-état policier, de dictature "démocratique", calibrée pour répondre à tous les besoins stratégique du couple israélo-américain. Et encore ce type de gouvernance contredit objectivement la notion d'état volontairement limité et axé sur la prééminence du citoyen, tel que défini par les Pères fondateurs américains (ce n'est pas pour rien que la très belle constitution américaine s'est inspirée de la nôtre).
Et évidemment, ces milieux bien particuliers, qui veulent nous entraîner dans leur entreprise globaliste, ne touchent pas un mot du problème global s'il en est, pour la survie des nations ethniquement européennes, des migrations de remplacement et de la néo-colonisation Sud-Nord (ce même Aznar qui se fait le barde de l'OTAN, c'est aussi le dirigeant européen qui a laissé entrer sur le territoire dont il avait la charge ces centaines de milliers de clandestins, que son successeur a par ailleurs promptement régularisé).
A la vérité, c'est très clair.
Ceci...
"- Invitation d'Israel, du Japon et de l'Australie au sein de l'Alliance."
... implique l'élargissement mondial de l'alliance, pour faire discrètement passer l'inclusion d'Israël, liant de fait l'alliance dans son entier à servir de garde-frontière bénévole et permanent à l'état hébreu.
Cela...
"Approbation de la construction démocratique comme objectif des opérations de paix, avant et parallèlement à l'objectif de construction national."
... subordonne l'idée nationale (et même peut-être aussi l'idée européenne) aux concepts cosmétiquement démocratiques, servant de paravents aux désidératas étasuniens, rendant de fait caduque toute réalité effective d'une politique d'indépendance.
Voici ici...
"L'OTAN devrait récompenser les membres qui font preuve de la plus grande dévotion pour la défense et la sécurité collectives et pénaliser ceux qui ne font qu'en bénéficier, et non l'inverse."
... la volonté d'établissement, même pas masquée, d'une sorte de "gauleiterat" étasunien sur les pays intégrés à l'alliance.
Tandis que là ...
"Il est urgent que l'Alliance atlantique organise une série de rencontres à haut niveau, non seulement entre les ministres de la défense et des affaires étrangères nationaux, mais aussi entre les ministres de l'intérieur des Etats membres."
... on voit bien que les "Otanistes" souhaitent établir leur prééminence, en dehors de la volonté des peuples. On peut penser à l'Ukraine dont la population ne veut pas adhérer à l'OTAN ou encore aux citoyens polonais qui ne souhaitent pas l'installation de bases anti-missiles américaines sur leur territoire.
"L'expansion de la démocratie est la voie politique, complémentaire de la voie sécuritaire militaire, empruntée afin de combattre l'extrémisme."
La guerre pour la paix, de la novlangue digne du meilleur Orwell.
"Le principe de "qui se rend sur place paie" doit être remplacé aussi tôt que possible par le formule "tous paient pour ceux qui entreprennent les missions."
Voilà , nous allons bientôt directement participer, par nos impôts, à la masse budgétaire du Pentagone.
"L'Alliance doit en fait devenir une Alliance pour la liberté. Et ce ceci n'est pas une simple invention tactique. La liberté fait de nous ce que nous sommes et la défense de notre liberté menacée peut nous fournir l'unité politique dont nous avons besoin afin de garantir notre victoire dans la guerre contre le terrorisme."
Le recour habituel des "warriors" néocons à un langage conceptuel, articulé autour de valeurs abstraites et génériques. Comme si les "valeurs" faisaient les peuples, alors que c'est justement l'inverse. Il suffit de se balader dans une ville européenne, pour réaliser, que si nos "valeurs" sont toujours prévalentes, ce que nous sommes, nos peuples, sont de moins en moins ressemblants à ce qu'ils ont toujours été, de mémoire humaine. Pourquoi défendre Haïfa ou conquérir Thééran, si Londres, Münich ou Tolochnaz sont perdus?
A lire ce type de programmes, on se rend vraiment compte que toutes les sujétions ne sont pas qu'islamiques!
Et que les obsédés du complot, ceux qui craignent l'établissement d'une gouvernance mondiale, sont peut-être moins fous qu'ils ne le paraissent!
"Nous sommes à la veille d'une transformation globale. Tout ce dont nous avons besoin est la bonne crise majeure, et les nations vont accepter le Nouvel Ordre Mondial. (David Rockfeller, Mémoire, 2004)"
P.S. Ce discours sur les "valeurs", dans un contexte de stratégie et de tension entre blocs, contredit objectivement tout ce qui a été pensé, en terme de chose militaire, de Sun-Tzu à Bismarck, en passant par Patton ou Clausewitz!
Publié par fass57 le 11 octobre 2006 à 10:29
"merci pour votre intervention qui arrive un peu tard... l'armée suisse gâche ses talents !"
Il ne faut pas exagérer ! :-)
Publié par Ludovic Monnerat le 11 octobre 2006 à 10:40
Et j'oubliais, cette conception américano-centrée de la dominance de l'OTAN fait totalement l'impasse sur la Russie; alors que l'Europe, de part sa proximité tant géographique que civilisationnelle avec l'entitée russe se doit de tisser le plus de liens possible avec notre grand voisin de l'est. De façon à créer, sur le long terme, un bloc continental compact et puissant.
Publié par fass57 le 11 octobre 2006 à 11:06
"Et encore ce type de gouvernance contredit objectivement la notion d'état volontairement limité et axé sur la prééminence du citoyen, tel que défini par les Pères fondateurs américains (ce n'est pas pour rien que la très belle constitution américaine s'est inspirée de la nôtre)."
La déclaration d'indépendance des états unis d'amérique a été faite avant la révolution française (4 juillet 1776), donc ce n'est pas vraiment la constitution américaine qui est inspirée de la notre... même si elle reprenait certains points discutés par les Lumières.
Quant à la situation actuelle, peut être est-il encore temps de penser à punir fermement et énergiquement ceux qui se moquent de la communauté internationale plutôt que de jouer les pères fouettards qui ne bougent jamais...
Il est vrai que les voyous n'apprennent pas, mais ils peuvent avoir peur des conséquences de leurs actes.
Si la communauté internationale bougeaient pour le darfour, le sry lanka et autres, les pays qui cherchent à avoir la force nucléaire apprendraient sans doute qu'ils ne sont pas non plus à l'abri d'une attaque et peut être que cela suffirait à les dissuader d'aller plus loin.
Publié par Laurent Holliger le 11 octobre 2006 à 11:09
"La déclaration d'indépendance des états unis d'amérique a été faite avant la révolution française (4 juillet 1776), donc ce n'est pas vraiment la constitution américaine qui est inspirée de la notre... même si elle reprenait certains points discutés par les Lumières."
Lire le discours d'adieu de George Washington pour réaliser que l'Amérique des Pères Fondateurs n'a plus rien à voir avec l'entité étasunienne globalo-interventionniste façonnée par les jacobins néo-conservateurs:
http://www.yale.edu/lawweb/avalon/washing.htm
Tout spécialement ceci:
"Why quit our own to stand upon foreign ground? Why, by interweaving our destiny with that of any part of Europe, entangle our peace and prosperity in the toils of European ambition, rivalship, interest, humor or caprice?"
Publié par fass57 le 11 octobre 2006 à 11:34
Oui Ok va y écrasons les petits Etats voyous !!
Mais qui écrasent ou punissent nos grands Etats voyous ??
Y a t'il un Etat au monde qui peut se targuer d'etre dirigé et construit d'une manière complètement loyale et au service entier de son peuple à défaut d'affirmer son respect pour les autres peuples ??
Le monde n'est qu'une cours de voyous rien de plus, ou le plus fort éssaie de diaboliser le faible et cherche à s'inventer une légitimité pour constuire des alliances et générer des approbations en vue d'écraser son advresaire.
Concretement, pour la Corée du Nord ? Que ceux qui veulent la désarmer ou la sactionner prennent les devants et donnent l'exemple en réduisant d'une façon crédible leurs arsenal nucléaire.
Le cas nord créen est l'une des conséquences de l'injustice des rapports entre Etats et nations qui caractrisent le nouvel ordre mondial hérité de la fin de la deuxiemme guerre mondiale.
Et cette mondialisation, ce mélange entre peuples, cette concurrence économique exacerbée, cette surexploitation de l'homme asiatique, ne profite à auccun peuple, sauf aux capitalistes de tous bords.
Publié par daghor le 11 octobre 2006 à 13:51
Ne perds pas trop de temps sur ce blog tu vas rater le prochain épisode des bisounours.
A part ça, une question saugrenue : au lieu de penser à un tapis de bombes, pourquoi pas un tapis de tracts ? Pourquoi ne pas utiliser les formidables moyens américains de brouillage/piratage informatique pour mener des actions subversives et amener une révolution ?
Il y a peut-être beaucoup d' aspects qui m' échappent mais j' aimerais bien avoir l' avis des experts ici présents SVP.
Publié par Arnaud le 11 octobre 2006 à 16:02
Si l'on ne se dépêche pas, on aura, après Kim Jong-Il, Ahmadinejad avec le nucléaire...
Et Chavez va s'y mettre...
Publié par drzz le 11 octobre 2006 à 20:18
Les tracts ne marcheront pas, parce que le régime enferme toute la population dans une hallucinante psychose collective où le monde extérieur est dépeint comme un enfer dont il faut se protéger. Cela va dans des détails incroyables.
En outre, pour faire une révolution il faut déjà ne pas mourir de faim...
Je conseille à tous ceux qui veulent comprendre comment se passe la (sur)vie en Corée du Nord cet excellent livre, Ici c'est le paradis.
Publié par Stéphane le 11 octobre 2006 à 21:15
Oui. Vu de l'intérieur, la Corée du Nord est même censée militer pour la dénucléarisation. Mais les États-Unis l'en empêchent en la menaçant depuis des décennies.
http://www.korea-dpr.com/users/switzerland/kfa_suisse_documents/communique_2006-10-10_essai_nucleaire.pdf
Es ist allgemein bekannt, dass die KDVR seit Jahrzehnten für die Denuklearisierung der koreanischen Halbinsel und für die Ersetzung des Waffenstillstandsabkommens von 1953 durch einen Friedensvertrag eintritt.
Doch stattdessen hatten die USA bereits 1957, in krasser Verletzung des Waffenstillstandsabkommens, das die Einfuhr schwerer Waffen nach Korea verbietet, mit der Stationierung von Atomwaffen in Südkorea begonnen. Diese Waffen sind seither ununterbrochen auf den Norden gerichtet.
Die USA weigerten sich immer, ihre Truppen und Atomwaffen aus Südkorea abzuziehen, der Denuklearisierung der koreanischen Halbinsel zuzustimmen und einen Friedensvertrag mit der KDVR zu unterzeichnen.
Der unterirdische Nukleartest der KDVR ist die legitime und berechtigte Antwort auf die jahrzehntelange Bedrohung durch den USA-Imperialismus und auf die kriminellen Erstschlagsdrohungen der Bush-Administration. Der Nukleartest dient der Verteidigung des Friedens in der Region und des Weltfriedens.
Publié par ajm le 11 octobre 2006 à 22:18
"Vu de l'intérieur, la Corée du Nord est même censée militer pour la dénucléarisation. Mais les États-Unis l'en empêchent en la menaçant depuis des décennies."
Ceci dit, il y a des gens au-dehors de la Corée du Nord qui sont assez intoxiqués intellectuellement pour croire la même chose... :)
C'est, à ce qu'il semble, une paranoïa propre à tous les régimes marxistes (et peut-être tous les régimes totalitaires). Les gens qui vivaient en Europe de l'Est sous le joug soviétique étaient constamment abreuvés de propagande qui annonçait "une invasion imminente" des forces de l'OTAN, motivant la population à collaborer avec les autorités et à faire preuve de civisme face à "l'urgence", ainsi, bien sûr, que les mesures exceptionnelles pour se "défendre". C'est difficile pour ces gens de réaliser aujourd'hui à quel point, à l'époque de la guerre froide, l'Europe de l'ouest n'avait rien à f... de celle de l'Est.
Publié par Stéphane le 11 octobre 2006 à 23:07
Oui, mais maintenant, «ces gens» le comprennent, et nous aussi. Il faut établir des ponts entre «ces gens», qui ont l'expérience de la propagande communiste, et les habitants de Corée du Nord, et nous.
Il faut donner aux Coréens un moyen de communiquer directement avec le monde libre, d'individu à individu, de manière aussi ouverte que possible. Par ex. réception Radio/TV, téléphonie et liaison internet complète via satellites dédiés et terminaux conçus spécialement à cet effet, et parachutés par millions dans le pays. Les gens parleront, découvriront, comprendront.
Puis, il faut organiser la fuite du pays, créer des filières, grâce, pourquoi pas, aux troupes de l'OTAN, et même aux troupes suisses, permettant aux Coréens courageux de tenter la sortie du pays (attention: demander que des volontaires civils se portent garants de leur prise en charge dans le tissu même de la population, et non qu'ils soient maintenus dans un milieu militaire/policier). Leur témoignage par le même canal consolidera la certitude, dans le pays, que les despotes mentent. Le gouvernement coréen vacillera.
Répandre la vérité, éclairer, est l'un des meilleurs moyens de déclencher un processus dont les effets néfastes - il y en a toujours - resteront acceptables en conscience.
Publié par ajm le 12 octobre 2006 à 6:24
Si on tente de libérer la parole en corée du nord, le gouvernement communiste considèrera ça comme un acte de guerre, tout simplement. Un régime communiste soumis à la vérité s'effondre rapidement donc pour leur survie, ils interdisent la vérité.
sinon, pour "Why quit our own to stand upon foreign ground? Why, by interweaving our destiny with that of any part of Europe, entangle our peace and prosperity in the toils of European ambition, rivalship, interest, humor or caprice?"
la réponse est très simple : pearl harbour... Les américains ont appris à leurs dépends que s'ils essaient de ne pas s'occuper du reste du monde, ça leur retombe dessus. S'ils ne bougent pas, on les accuse de laisser faire, s'ils bougent, on les accuse d'ingérence, faudrait savoir ^^ Jusqu'à la seconde guerre mondiale, les américains faisaient une politique isolationniste mais après... Ils n'avaient pas vraiment envie d'avoir une troisième guerre mondiale avec l'urss contre l'europe de l'ouest.
quant à parler de l'injustice du fait que certains ont l'arme nucléaire et d'autres pas, il me semble logique d'essayer d'interdire aux régimes paranoiaques et fanatiques d'avoir enfin les moyens de réaliser les menaces qu'ils font depuis des décénnies... C'est un peu comme donner le pouvoir à Hitler (qui avait annoncé la couleur dans son célèbre livre)
ps : je suis arrivé juste à temps pour le début des bisounours ;)
Publié par Laurent Holliger le 12 octobre 2006 à 9:23
Distribuer des moyens de communication et d'information, sans propagande définie -- un acte de guerre? Ce sera tout de même difficile à faire passer.
Et puis, il y aura peut-être un satellite allemand et un autre britannique, mis en place par un porteur français, avec une technologie japonaise et des terminaux conçus en Inde et dont l'électronique sera produite à Taïwan puis assemblée en Chine avant d'être parachutée par des avions américains. Le tout sur une idée suisse.
Je vois d'ici le libellé de la déclaration de guerre corénenne... On pourra en faire un épisode des bisounours.
Publié par ajm le 12 octobre 2006 à 9:51
Je doute fortement de la réussite de cet essai. Il semblerait que les services secrets français, japonnais et américains soient sur la meme ligne. Une série d'articles est ainsi dispobible sur le très bon drudge report que vous devez connaitre mon cher Ludovic.
Bien à vous.
Publié par major tom le 12 octobre 2006 à 10:38
Il n' empêche, les moyens de guerre électronique occidentaux ne seraient-ils pas suffisants pour flinguer les médias nord-coréens ? Je pose juste la question.
Publié par Arnaud le 12 octobre 2006 à 12:43
Il y a la barrière des langues et des cultures. Les tentatives de contre-propagande occidentales sont souvent fort mauvaises et celles des voisins seraient trop reconnaissables. Et puis surtout, ce serait de la propagande, du matraquage par des pros de l'information, ce qui trahirait en partie le message à transmettre. J'y reviens à la fin.
D'autre part, dans le bouillon où sont cultivés les Nord-Coréens en ce moment, toutes les propagandes se vaudront. Et les Nord-Coréens connaissent beaucoup mieux leur public que nous.
De plus, les gens qui percevraient une propagande occidentale conventionnelle, par les médias en place, sont aussi, et même sans doute en grande partie, des gens qui profitent du régime, sciemment, et qui savent, ou se doutent bien, que leur gouvernement les trompe. Et les autres, il sera facile de les empêcher de percevoir notre propagande. Ainsi, nous n'avons guère de chances de gagner une guerre de propagande contre le régime de Corée du Nord.
En revanche, en donnant directement, personnellement, aussi et surtout aux habitants défavorisés, un accès quasi total à l'information et à la communication au niveau mondial, nous laissons à la population son plein libre-arbitre. Et si nous voulons leur dire ce qu'est la démocratie, nous devons commencer par là . Le geste lui-même sera la preuve de notre bonne volonté. Nous serons ceux qui n'ont rien à cacher.
Publié par ajm le 12 octobre 2006 à 13:45
Leurs voisins du sud sont mieux qualifiés que les psyops américains et européens si il faut en passer par la.
Publié par Frédéric le 12 octobre 2006 à 14:39
Il est cocasse mais pas du tout surprenant de voir fass57 hisser le pavillon russe, dont la Corée du nord est la riche héritière.
Au côtés de la petite mère des rogue states, le rôle multipolaire de la Chine semble bien de plus en plus visible. Présence au Pakistan, au Liban, en Iran, dans toute l'Afrique islamique en guerre (y compris le Soudan), ouverture à l'Europe et toujours... protectrice invétérée de la Corée du Nord: "Nous n'approuvons aucune action militaire contre la Corée du Nord. Nous y sommes fermement opposés", a déclaré mardi 10 octobre, Liu Jianchao, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. "Une action militaire contre la Corée du Nord serait inimaginable".
La prolifération du nucléaire vit autant de la Russie que de la Chine. La tentative de modifier le régime russe fut contrée par Poutine et le FSB, celle de modifier le régime chinois n'a pas commencé. Il serait temps. Je gage que c'est ce qui pourait arriver.
Publié par louis le 12 octobre 2006 à 15:03
Certains disent aujourd'hui que c'est Tchernobyl qui a fait tomber le mur de Berlin, car c'est cette catastrophe interne qui a montré qui a montré l'empleur du mensonge de l'Etat soviétique à ses citoyens.
Si la plupart des habitants de la Corée du Nord crèvent de faim, comme on nous le dit, ils doivent avoir rudement envie que ça change.
Alors, qui empêche le changement ?
Publié par juan_rico le 12 octobre 2006 à 15:35
La révolution populaire est un mythe. Un mythe soigneusement entretenu dans l'inconscient collectif, me dois-je d'ajouter.
Les révolutions sont le fait d'un petit groupe décidé face à un gouvernement chancelant, pendant que le gros de la population est maintenu dans la stupeur ou l'apathie.
Dans cette perspective, réussir à informer la population nord-coréenne n'aura absolument aucun effet sur la survie du régime. Croyez-vous que ces gens ne détestent pas déjà Kim Jong-Il, sa clique, ses rationnements et sa police politique?
Publié par Stéphane le 12 octobre 2006 à 16:59
Il y a de tout, sans doute.
Des milliers de gens ne doivent certainement leur réussite qu'à leur allégeance à ce régime. D'autres en souffrent trop pour lui trouver le moindre attrait. Et beaucoup de gens, comme partout, ne se soucient probablement que très marginalement des mécanismes du pouvoir. Et, oui, la révolution n'est jamais populaire.
Mais aujourd'hui, le régime nord-coréen crée un problème potentiellement fatal pour une grande partie du pays. Un problème dont chacun peut comprendre qu'il risque d'entraîner l'action bien concrète de puissances très supérieures à ce que la Corée du Nord peut gérer. Nombre de gens politiquement conscients et actifs vont donc remettre en question leurs positions, leurs loyautés, car leurs acquis aussi sont menacés.
Il faudrait donc d'une part favoriser les mouvements qui sont assez proches du pouvoir pour s'en servir contre le régime actuel et d'autre part inciter ces mouvements à se choisir des alliés et des ambitions plus loin que le bout de leur nez (un nouveau régime autoritaire bénéficiant de la bienveillance de la Chine). Il faut promouvoir une solution démocratique. Comment?
Si la communauté internationale, ou l'OTAN, ou quelques États importants font mire d'agresser la Corée, d'une quelconque manière, il sera très facile de faire jouer le même réflexe qu'actuellement et de faire croire que le pays est menacé - ce sera vrai, donc d'autant plus crédible. Et dans une telle situation, la démocratie ne sera certainement pas une priorité.
En revanche, en créant les conditions d'une information très large, en brisant aussi définitivement que possible le mur de la propagande, et ainsi l'impression que l'Occident menace la Corée du Nord, nous obligeons les gens qui remplaceront le régime actuel à jouer résolument la carte de la démocratie, et des relations avec l'Occident. Et c'est ce qui importe, beaucoup plus que la personnalité précise des nouveaux dirigeants.
Publié par ajm le 12 octobre 2006 à 18:10
OK et concrètement, comment créer les "conditions d' une information très large" ?
Autre chose, notons au passage que les nord coréens n' en seraient pas là s' ils avaient tous un fusil à la maison ! Ca mérite d' être remarqué mais je pense que je prêche à des convaincus....
Publié par Arnaud le 13 octobre 2006 à 13:00
Je l'explique plus haut: installer un ou deux satellites de communication rien que pour eux et parachuter sur le pays des millions de terminaux dédiés qui procurent à leurs utilisateurs un accès privilégié, mondial, à la radio, la TV, la téléphonie et l'Internet.
Publié par ajm le 13 octobre 2006 à 17:02
Je pense que c'est une bonne idée, mais je ne suis pas sûr de son efficacité.
D'abord, les Nord-Coréens sont habitués à la propagande. Celle de leur gouvernement, incessante, qui leur explique à chaque instant le bonheur de vivre en Corée du Nord. Ils voient bien la différence entre leurs conditions de vie réelles et les reportages dégoulinants de désinformation, où le moindre "paysan" montré à l'écran est gras et bien nourri et où le régime vole de victoire en victoire, alors que les classes des écoles se vident de leurs élèves qui meurent de faim.
De temps à autres, les Nord-Coréens voient bien, par inadvertance ou en douce, des images du monde extérieur. Mais comme le raconte le narrateur du livre que j'ai cité plus haut, comment savoir s'il ne s'agit pas là aussi de propagande ennemie? Lorsqu'un reportage montre des rues de Séoul, où les gens sont heureux et les marchandises abondantes, quelle différence d'avec les reportages télévisés nord-coréens où les gens sont heureux et les marchandises abondantes?
Il faudrait une sérieuse dose d'information pour arriver à faire comprendre la différence entre la vérité et la désinformation dans laquelle ils baignent tous depuis l'enfance. Ce n'est pas exactement évident.
D'une part, il y aurait l'inévitable "théorie du complot": non seulement ceux qui écouteraient le monde extérieur seraient déportés et/ou exécutés avec leur famille, infectés par le "capitalisme" (le capitalisme est une maladie en Corée du Nord), mais la population pourrait effectivement croire à une attaque massive de propagande ennemie. Car ce serait, effectivement, de la propagande.
Et on peut être sûr que la seule chose efficace en Corée du Nord, c'est la police politique.
Ensuite, comme je l'ai déjà dit, une population sans repère et qui meurt de faim ne se rebelle pas, mais tente simplement de survivre, à titre individuel.
Enfin, pareille propagande ne viendrait pas "ex-nihilo" mais, même transmise par satellite, etc., serait due à un pays, un groupe de pays, ou une organisation liée à un pays ou un groupe de pays. Pays qui admettraient nettement moins ce genre de propagande depuis leur sol si Pyongyang tournait vers eux ses missiles pour les faire cesser. Une "organisation de libérateurs" aurait fort à faire pour échapper à la pression que des gouvernements, même ennemis de la Corée du Nord, feraient quand même peser sur eux pour calmer le jeu avec Kim Jong-Il.
La force de caractère se trouve rarement chez les hommes politiques lorsque leurs propres fesses sont en jeu. Si vous preniez l'initiative d'une telle émission, combien de temps avant que la police non pas Nord-Coréenne, mais Sud-Coréenne, Japonaise, Française ou Suisse ne vous tombe dessus?
Rappelons, comme c'était le sujet de mon premier commentaire sur ce billet, que rien de nouveau n'est arrivé concernant la Corée du Nord, si ce n'est qu'elle est désormais encore plus dangereuse qu'avant. Je ne vois pas en quoi le courage d'un quelconque politicien se serait accru dans la même mesure.
Pourquoi un athlète qui ne parvient pas à franchir un obstacle se mettrait-il soudain à y parvenir si la barre est placée deux fois plus haut? C'est absurde.
Voilà pourquoi la Corée du Nord n'a rien à craindre.
Publié par Stéphane le 14 octobre 2006 à 23:37
Un reportage tres interessant sur la vie en coree du nord est disponible ici
Publié par cjnr le 15 octobre 2006 à 4:32
Oui, Stéphane. Mais, encore une fois, il ne s'agit de faire de la propagande, mais juste de créer une source d'informations non filtrées. Une fois celle-ci établie, les dirigeants devront en tenir compte ou disparaître.
Si les parents de gens «massacrés par l'ennemi» peuvent téléphoner tous les jours avec eux, la propagande s'effondrera et seuls ceux qui disent la vérité vérifiable pourront s'imposer.
Si les Coréens peuvent lire le New York Times et le Washington Post, ils comprendront que l'Amérique n'est pas l'épouvantail qu'on peint sur leurs murs.
Si les Coréens peuvent visionner en mêmt temps la BBC et les chaînes polonaises, japonaises, chinoises, etc. ils ne pourront plus croire les âneries du régime. Ils en sauront plus long que leurs médias et même que leur gouvernement, sans doute, sur certains sujets.
Si les Coréens peuvent créer leur blog et tenir des débats sur des plateformes non contrôlées, d'aucune manière, par leur gouvenrment, même du fin fond de leurs vallées les plus oubliées, il se lèvera une conscience nouvelle dans le pays, comme un nouveau patriotisme. L'avenir s'ouvrira.
Publié par ajm le 15 octobre 2006 à 12:34
les dirigeants communistes chinois se servent de la Corée du Nord pour maintenir une certaine tension contre les US, mais ils sont allés un peu trop loin : ils viennent de dire à leur marionnette Kim de faire marche arrière
la guerre a bien lieu mais elle est diplomatique et économique (avec l'embargo) et il n'y a donc pas de "conflit de haute intensité"
les grands perdants sont les Coréens du Nord
je comprends mal les Sud Coréens qui font tout pour maintenir le régime de Kim en lui fournissant l'indispensable pour survivre !
Publié par JPC le 21 octobre 2006 à 10:42
Tout simplement parce que les Sud Coréens se sont rendus compte que la réunification avait plombé l'économie allemande pour des années...
Alors quand on sait que la Corée du Nord est bien moins développée que ne l'était l'ex Allemagne de l'Est et qu'elle est peuplée de zombies décérébrés, pourquoi la Corée du Sud prendrait-elle le risque de mettre en péril son économie florissante ?
Les Sud Coréens, en bons asiatiques, ne calculent pas à l'échelle des années mais à celle des générations. Ils savent pertinemment que le régime stalinien du Nord ne sera pas éternel et ils font juste en sorte qu'il finisse par s'éteindre de la manière la moins dommageable possible pour eux....
Publié par ofrens le 21 octobre 2006 à 18:09
à ofrens : imaginons que le régime de Kim s'effondre, ce serait effectivement très ennuyeux pour les Sud Coréens dont le niveau de vie plongerait
le statu quo arrange aussi les dirigeants "communistes" chinois qui utilisent Kim pour énerver les US
faire parquer les Nord Coréens par les Nord Coréens est d'un certain point de vue la meilleure solution
ils pourraient en profiter pour accueillir d'autres adversaires des US...
Publié par JPC le 21 octobre 2006 à 19:05
D'accord avec vous sur l'utilisation habile de Kim par les Chinois.... Par contre si vous pensez que les terroristes islamistes de la nébuleuse Al-Quaïda pourraient trouver refuge en Corée du Nord, je ne le pense pas, pour des raisons aussi bien opérationelles qu'idéologiques...
Publié par ofrens le 21 octobre 2006 à 22:31
Un mérite de cet essai nucléaire aura été d'attirer plus d'attention sur cette triste "prison des peuples".
Je voudrais espérer que la diffusion massive d'une information indépendante soit de nature à changer les choses en Corée du Nord, mais j'en doute. Ceci n'a de poids, je crois, que dans un pays où un certain degré de consentement populaire est requis (ex-Allemagne de l'Est par exemple).
Dans un système de conditionnement des masses et des personnes (Cambodge polpotiste, Corée du Nord, Allemagne nazie - et tant pis pour le point Godwin), les gens savent bien qu'un autre monde est possible - ils l'ont d'ailleurs eux-mêmes vécu, en tout ou partie - en petite partie pour la Corée du Nord. Mais c'est une expérience, une connaissance, qui n'a pas droit de cité, qu'on doit garder pour soi si on veut survivre.
(Quitte à fâcher certains sur ce blog, c'est ma brève expérience en école française d'officiers d'infanterie qui m'a convaincu de la facilité du conditionnement collectif, et de la capacité du corps social conditionné à exclure de ses rangs, comme *non-pertinent*, l'individu qui refuse le conditionnement).
Qui peut libérer les Nord-Coréens de la "matrix" sur laquelle ils sont branchés ? je ne vois que son allié Chinois.
Peut-être un leader chinois peut-il donner un signe comparable à celui donné par Gorbachev à Berlin ("patience", a-t-il dit). Mais je doute que, en Corée, un tel signe provoque plus qu'un demi-sourire amer.
La Chine a aussi les moyens de la force. Il y a la force graduée (négociations avec bâton) et l'invasion. La force graduée ne peut conduire le régime à accepter la sortie que s'il a une porte de sortie honorable. Je n'en imagine pas. (Une île d'Elbe ? mais où ?).
L'invasion est possible et, sous réserve d'inventaire militaire, je pense que "l'effet de réalité" provoqué par des masses blindées et aériennes chinoises couperait la chique à la défense nord-coréenne aussi efficacement que l'ont fait les Etats-Unis en Irak.
On arrive là au second problème, de loin le plus difficile : l'envahisseur / libérateur se retrouvera responsable de fait de millions de personnes dépourvues (sous réserve d'inventaire psycho-sociologique) de capacité à vivre dans une société libre. Qui sait prend en charge 23 millions de personnes sortant le même jour d'un camp de prisonniers où elles ont passé, en majorité, leur vie depuis leur naissance ?
J'ai l'impression que c'est ce problème là qu'aucune des grandes puissances, ni même sans doute la Corée du Sud, ne se sent capable d'affronter.
Pour le coup, cette réflexion (merci Ludovic) me donne une piste concrète : créer une Agence internationale (petite, une préfiguration), ou au moins une ONG, chargée d'imaginer comme prendre en charge ces 23 millions de personnes. Préparer des manuels scolaires, des programmes télé, etc., pour "le jour où". Avec des historiens, des psychologues, des rescapés, etc. Ça existe peut-être déjà ?
Publié par FrédéricLN le 24 novembre 2006 à 10:32