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13 février 2006
Mise à jour de CheckPoint
Plusieurs articles ont été mis en ligne ce week-end et la semaine dernière sur mon site d'information militaire et stratégique CheckPoint :
Islam et Occident : la collision de mondes antagonistes et décalés
Le conflit de notre époque entre démocratie et islamisme a connu un développement spectaculaire avec la publication contestée de caricatures et des violences planétaires. La menace d'une escalade menant à un conflit dévastateur appelle une action à la fois déterminée et mesurée.
Victoire du Hamas aux législatives palestiniennes : analyse et perspectives
La prise du pouvoir de l'Autorité palestinienne par les islamistes est un événement marquant au Moyen-Orient, où il signale un déplacement du centre de gravité, mais aussi dans le monde entier. Sa portée et ses développements possibles doivent être analysés.
Entretien avec le chef des forces de défense finlandaises
Toutes les forces armées sont confrontées actuellement au défi de leur transformation. La Finlande constitue un exemple éclairant, puisque son système de conscription et sa volonté de défense lui permettent une participation importante aux missions à l'étranger et un budget compatible avec les investissements nécessaires à une modernité consolidée.
De l'ascension du Hamas à la sérénité troublante de l'OLP
Les élections palestiniennes ont créé un choc planétaire en consacrant la victoire du Hamas. Mais le défi qui se pose maintenant à celui-ci, avec la responsabilité du pouvoir politique, a de quoi relativiser ce choc. Analyse.
Les armées tiraillées entre condottieri et croisés
La transformation des acteurs belligérants a fait ressurgir de l'histoire les soldats de fortune, organisés en compagnies florissantes, et les combattants fanatiques se réclamant de la religion pour justifier des méthodes contraires aux lois de la guerre. Entre les deux, les armées doivent lutter pour leur avenir.
Publié par Ludovic Monnerat le 13 février 2006 à 9:00
Commentaires
On entend souvent que la raison ultime du ressentiment musulman, cette fameuse « frustration », doit être cherchée dans l'angoisse que provoquent en eux nos libertés : « Parce que la liberté est la véritable crainte de ceux qui veulent réduire la nôtre » nous dit Ludovic.
Je ne crois pas que cela soit l'explication ultime. Ce n'est bien sûr qu'un sentiment personnel.
En premier lieu, il arrive aux musulmans de s'accorder plus de liberté que nous sur de nombreux registres privés. Contrairement à une idée reçue, l'apparente pudibonderie à l'égard des femmes ne vaut que dans la rue. A la maison, tout est permis : elle devient coraniquement « un champ à labourer », à défaut, elle est librement brimée et battue et « elle » est « plusieurs », vieux fantasme du harem! Et "elle" peut être jeune, trop jeune (héritage d'Aïcha).
En second lieu, nos interdits fondamentaux se brisent sur la barrière du clivage muslimun/kuffars (musulmans/mécréants). Ils deviennent liberté et devoirs. Ce qui pour nous est transgression prohibée devient jouissance permise pour l'islam. Il en est ainsi (mais pas seulement, loin s'en faut), de ce tout ce qui gravite autour du jihad : meurtres de sang froid- les meurtres émotionnels étant interdits, tortures, butins, rançonnage des dhimmis, esclavage pur et simple, etc. Tout cela est libre!
Ce qui les dérange, c'est la visibilité du désir plus que la liberté. Et c'est là davantage un symptôme qu'une cause profonde. Symptôme d'une maladie connue.
Le ressort fondamental a bien été étudié par les philosophes indiens dans le classement qu'ils font des musulmans, à leur manière originale et depuis plus de mille ans, au chapitre des « Asuras » : les demi-dieux jaloux, gavés de pouvoir mais gouvernés par l'obsession de s'emparer des biens des « Devas », les récipiendaires légitimes de la bonne fortune. Plus que de légende, ces registres renvoient à une topographie extrêmement élaborée de la psyché qui n'a rien à envier à Freud et ses disciples.
La base de leur ressentiment c'est donc la jalousie à l'état pur ou savamment cultivée: le sentiment que la possession de l'autre est illégitime et leur est due.
Le caprice de l'enfant tyran, là est le problème : « ton jouet m'appartient » ou alors « tu n'as pas le droit de t'en servir » ou encore « pas comme ça ».
La liberté occidentale fait alors partie de ce dû refoulé. L'intériorisation de cette jalousie psychotique se manifeste aujourd'hui en trois grands catégories de leaders islamistes :
Al qaïda et la frappe
Qaradawi et le droit
Fetullah Güllen et le dû (moins connu que les précédents mais pas moins influent)
Le problème est donc bien humain et certainement soluble, à la manière du traitement des caprices de l'enfant tyran. Plusieurs types de thérapies existent parait-il. Sauf que lorsqu'il devient adulte, c'est nettement plus compliqué!
Publié par louis le 13 février 2006 à 11:42
Louis, je vous lève mon chapeau. Vous enrichissez ce Blog de ce que nous cherchions à dire ( je parle de ceux qui ont eu le privilège de vivre en terre musulmane ) et vous le faites avec tellement d'aisance que j'en suis jaloux ;-) Ce trait de caractère représente tellement la situation des Musulmans et comment il est difficile de le dire car nos contemporains ne pourront pratiquement jamais connaître ce tissu complexe qui drape la vie musulmane. La vie moderne les oblige à vivre en apartheid dans leur propre pays et la plupart des Occidentaux n'auront jamais accès au vrai monde musulman et même ceux qui pense avoir vécu dans l'intimité d'une famille n'ont accédé qu'au mirage de cette famille. La force des sous officiers et officiers des affaires indigènes des pays colonisateurs, c'est d'avoir vécu en caméléon pendant pratiquement toute une vie et en appliquant souvent une loi hybride. Cette force dis-je, donna à l'Espagne, l'Angleterre et la France une somme d'informations privilégiées que bien de nos contemporains ignorent et le sceau de l'armée ne les incite pas à consulter. Votre érudition touche tellement l'intime musulman que j'attend avec impatience le jour ou vous déciderez peut-être de lever un pan de vous même. Je suis convaincu que nous allons vivre longtemps dans cette situation et je suis persuadé vu mon age que je ne verrais jamais cet Al Andalus mythique, cette Renaissance des Esprits car ce n'est plus un fossé mais un gouffre abyssal qui nous ouvre l'enfer.
Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 13 février 2006 à 14:07
lever un pan de moi-même? rien de plus simple, je l'ai déjà indiqué: l'Inde tamoule et himalayenne (Himachal Pradesh, Jammu, Bengale-Sikkim). Et ce que vous me faites réaliser c'est le pouvoir unificateur de l'islam puisque ce qui se vit dans cet islam indien se retrouve si aisément dans l'islam méditerranéen, peut-être aussi balkanique pour ceux qui le connaissent mieux?.
Publié par louis le 13 février 2006 à 14:30
Ce pouvoir unificateur de l'Islam, je l'ai ressenti durant la campagne de la coalition en Afghanistan. Je croyais voir le pendant des djebels berbères du Maroc. Que de similitudes, de façon de faire, de façon d'être, ce besoin d'être des Hommes Libres et pourtant combien entravés par l'Islam. Ce besoin d'être plus radicales une fois islamisé. Ces montagnards, redoutables guerriers, trempés dans la chrétienté auraient peut-être reproduit ce que les Suisses ont si bien réussi mais c'est l'Islam qui s'est imposé. Nous ne pouvons que constater notre impuissance à contrer un Livre révélé. Nous avons obtenu la " pacification " de ces territoires musulmans en interdisant tout prosélytisme de notre part ce qui n'a pas été le cas dans les pays animistes. Nous risquions les colonisateurs d'être déportés si nous suivions pas cette règle tacite ( je pense en particulier aux témoins de Jehova qui ont été plus actifs après l'indépendance dans ma région du sud du Maroc ). Nous nous sommes servis de l'Islam pour justifier les actions de nos troupes supplétives " Allah punished them by placing them under the domination of the Christians. So, the Spahis argued, in taking sides with the French, they became the instrument of Allah's punishment; and, in reality, merely aided their co-religionists on their road to Paradise by hastening the period of their expiation. Centaurs of Many Lands by Edward Larocque Tinker ". Le mot d'ordre dans l'armée était de ne jamais toucher à l'Islam. Les affaires indigènes ont modernisé le droit coutumier mais dans le fond, ce fut très cosmétique et surtout pratique sans jamais se mettre à dos les Oulémas, ce fut un véritable tour de force. Actuellement certains reprochent à nos gouvernement de " composer " avec l'Islam et les traitent de Dhimmi. C'est je pense une ignorance du passé car la " méthode " reste identique à ce qu'elle a toujours été. Nous composons et nous cognons si nécessaire. Nous ne pouvons raisonner et si quelques personnes pensent le contraire, je les invite à se manifester rapidement car la prochaine étape ne sera plus de composer. Le monde musulman à une réserve infini de combattants et qui s'adapte mieux que nous à l'échec. Ils ont une résilience divine.
Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 13 février 2006 à 18:51
@ Louis et Yves Marie:
Je pensais avoir quelques connaissances sur le sujet, en partie acquises par procuration, en partie fruit de ma petite expérience, mais là , elles ne sont rien au regard des vérités que vous venez d'exprimer...Vous êtes décidément ce soir bien inspirés. c'est un honneur de vous lire.
Respects.
Un jeune à ses "anciens".
Publié par Winkelried le 13 février 2006 à 20:41
@Louis
Pour les "caprices de l'enfant tyran...lorsqu'il devient adulte, c'est nettement plus compliqué..." j'avais déjà donné sur ce blog (impossible de trouver le lien pour un renvoi), mais comme je suis effectivement professionnelle je n'avais pas osé aller jusqu'à traiter le monde musulman de "psychotique". Néanmoins je ne conteste pas que les sociétés puissent souffrir de maladie mentale au même titre qu'un individu, le Japon et l'Allemagne d'avant la WW2 en sont des exemples répertoriés.
@Yves-Marie
"gouffre abyssal qui nous ouvre l'enfer", "ils ont une résilience divine",et dans les bonnes nouvelles ou dans les conseils pour venir à bout du problème tu as quelque chose ou tu es résolument décidé à nous saper le moral ce soir?
J'apprécie l'étalage de connaissances de nos vénérables "anciens", mais mon problème est que justement je décline à être "de ceux qui [auront] le privilège de vivre en terre musulmane".
Un passage d'un article trés intéressant, parce que vu de l'intérieur par de vrais musulmans, et intitulé "combattre le terrorisme: conseils de réformateurs arabes"
http://www.armees.com/Combattre-le-terrorisme-conseils.html
Le chercheur irakien Madjed Al-Gharbaoui y écrit:
« Le terrorisme au nom de la religion et de l'islam est devenu un véritable danger menaçant la sécurité mondiale et le bien-être des peuples (...) Je ne veux pas minimiser l'importance des raisons psychologiques, politiques et économiques [du terrorisme], mais elles ne sont que secondaires.
La raison essentielle en est l'idéologie religieuse (...) Tous les actes sanglants et toutes les catastrophes dont ont souffert les peuples musulmans ont été commis au nom de l'islam. Au nom de la religion, des guerres ont éclaté, le sang a coulé, le meurtre a été légitimé, des droits ont été confisqués, des régimes renversés, les détenteurs d'opinions différentes accusés d'impiété et les musulmans d'opinions différentes d'hérésie (...) La religion était et demeure une couverture justifiant les actes terroristes et les politiques arbitraires (...)"
C'est moins romantique que le coucher de soleil de barbouzes sur l'Himalaya ou sur les djebels berbères du Maroc, je vous l'accorde ;-)
Publié par elf le 13 février 2006 à 22:14
@ Winkelried, Merci et je les envoie à mon père et tous ceux de sa génération, aussi aux musulmans de cette vallée du Souss au Maroc, à mes professeurs, aux Franciscaines, aux Juifs marocains, aux espagnoles, Portugais, Italiens, aux Russes blancs, à la tour de Babel d'Agadir, aux Tabors qui m'ont élevé, aux fiers Légionnaires dont les longues trompes d'airain sonnaient Jeanne d'Arc dans la petite Église en terre musulmane. Je ne crois plus depuis longtemps mais je reste fidèle à ces valeurs chrétiennes qui se sont imposées comme universelles.
@ Elf, je donnerais la recette de ma mère qui dans les soirées mondaines refusait de danser avec les notables musulmans en l'absence de leurs femmes. je pense que ça résume l'attitude à prendre face aux musulmans, être intransigeant sur nos valeurs mais respecter leurs coutumes quand elles sont librement consentis et ne portent pas atteinte à l'intégrité des personnes.
Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 14 février 2006 à 0:23
Elf, merci beaucoup de vos commentaires, que j'apprécie toujours beaucoup. Contrairement aux apparences, je ne suis pas barbouze... J'ai juste une ascendance familiale directe dans l'environnement indien :-).
Je suis ravi de découvrir en vous une professionnelle. En fait je mets rarement tout le monde musulman dans le même sac. Plus exactement, j'évite de dire "les musulmans" ad personam. En revanche, la doctrine, elle, est ma cible. Elle étanche trop facilement la psychose pour laisser jouer la neutralité à son égard.
Parmi les musulmans silencieux, toujours en plein conflit de loyauté, la plupart fait de l'anti-psychiâtrie en se demandant si vraiment il existe un étalon à la folie. Dès qu'ils fixent leur jugement contre l'islam ils encourrent le rejet, "apostatique", donc... Ils couvrent, objectivement cette fois. Le silence de l'islam est particulièrement encadré. C'est un principe actif plus qu'une latence.
S'il existait des musulmans historiques refusant de couvrir les pathologies de l'islam, on disposerait depuis longtemps d'une doctrine abrogative de tout ce qui promeut, protège et calfeutre la maladie individiuelle du meurte, du viol, de la vindicte, et de toutes les formes de complicité, notamment par fourniture de moyens intellectuels.
Maintenant dire que c'est "la religion" et rien d'autre. OK, tout dépend où on se place sur la séquence de causes à effets pathogènes. Si on prend les petits palestiniens par exemple, ils sont plutôt mal barrés. L'Allemagne et le Japon adultes ont fait une grosse décompensation collective mais sont revenus à la normale, en tant que collectivités.
Avec l'islam on affronte malheureusement toujours le double risque, de décompensation et de chronicité, à cause de la durée de vie et des réserves de références actives. Il faudrait d'une part abroger cette religion dans ce qu'elle a de profondément psychotique, rendre sa norme intrinsèquement caduque et d'autre part traiter le passage à l'acte. Le chantier est tellement énorme qu'on ne pourra pas échapper, à mon sens, à une mobilisation collective massive, que seuls les crises majeures sont capables de déclencher. Il me semble que seule l'Inde en a aujourd'hui les capacités, à la fois en termes démographiques et d'appréhension du problème. La volonté et les facteurs déclenchants, c'est autre chose.
Publié par louis le 14 février 2006 à 12:43
"Sur le plan intérieur, le respect des lois nationales en vigueur doit être imposé!
Toute menace sur la liberté d'expression pour des motifs religieux doit être immédiatement sanctionnée, et toute dérogation à la constitution et aux lois réglant la vie en société hors des procédures démocratiques usuelles est exclue!
Toutefois, en ce domaine comme en bien d'autres, les gouvernements n'ont ni la capacité, ni la liberté d'agir de manière décisive."
Proposeriez vous de sanctionner l'adminstration US pour ses écoutent illégale?
Publié par Fred le 14 février 2006 à 18:00
Etant un lecteur plus ou moins régulier de votre blog, je me permet une p'tite réflexion.
Dans votre article Islam et Occident, vous nous reparler des violences urbaines de novembre! Certains vos lecteurs nous parlaient a l'époque d'envoyer l'armé pour reconquérir les territoires!.etc.
Voila que depuis quelques semaines, les attentas en Corse ont repris, et j'ai ose espérer un billet sur ce sujet afin de connaître votre position ainsi que celle de vos lecteurs. Etant donner la gravité des faits concernant ces attentats visant la représentation de l'état, la violence quotidienne de ces départements, le règlement de compte en pleine rue! bcp d'évènements entraînant des morts!
J'attendais des positions très trancher, préconisant de former une coalition pour ramener la paix sur ce territoire! Mais quenini, rien, le vide absolue ! Pourquoi donc, ce sont des faits récurrents depuis des années, des décennies, tout aussi grave que ces émeutes urbaines d'1 mois de novembre. Ce sont des faits ou l'autorité de l'état est pris pour cible. Pourquoi ne pas envoyer l'armée en corse pour arrêter ces terroristes ?
Alors je me fais donc mon idée! Les corses ne sont pas musulmans, c'est certainement explications !?
Publié par Fred le 15 février 2006 à 18:40
A Fred : Je crois que personne de sensé et d'informé - deux critères qui me paraissent correspondre à l'écrasante majorité des intervenants sur mon honorable blog - n'ignore le caractère souvent insurrectionnel de l'Ile de Beauté, sur laquelle je n'ai - hélas - jamais mis les pieds. Maintenant, je crois que le peu d'intérêt accordé à la question corse sur le plan international doit beaucoup au caractère très largement local du conflit : le problème paraît concerner les Corses avant tout, et l'Etat français ; difficile donc d'y voir un enjeu majeur de notre temps. Des banlieues qui s'embrasent, dans lesquels une population fortement immigrée tend à contester l'autorité et les valeurs de la société avec laquelle elle cohabite : voilà quelque chose de plus porteur, de plus interpellant.
A noter que la Corse est très bien connue dans mon Jura natal, puisque les questions indépendantistes s'y sont également posées - et se posent encore...
Publié par Ludovic Monnerat le 15 février 2006 à 21:57