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8 février 2006

L'ignorance des bellicistes

Lorsque le choix nous est laissé, faire la guerre n'est pas une chose très sensée : au mieux, un seul des belligérants est vaincu, et au pire tous finissent par être perdants. Je parle naturellement ici d'un conflit armé impliquant des actions de combat soutenues, comme le siècle dernier en a connu maintes occurrences. De ce fait, les appels aux armes offensifs sont dangereusement trompeurs dans l'élan et l'émulation qu'ils génèrent, voire dans l'impression qu'ils donnent d'une victoire à portée de main ; les exemples tirés de la Première guerre mondiale restent parmi les plus fameux en la matière (« J'aurai tordu les Boches en 2 mois », aurait dit Joffre ; « à Paris dans 6 semaines », chantaient les soldats allemands en partance pour le front - je cite de mémoire), mais chaque conflit comporte son lot de surprises et de désillusions.

Un certain leader islamiste contemporain, pour sa part, doit bien regretter d'avoir jugé comme un « tigre de papier » son principal ennemi et cru que ses fantasmes théocratiques allaient se concrétiser et couronner son existence depuis lors précaire ; le fait d'être entouré de fidèles buvant ses paroles ne l'a certes pas aidé à garder le contact avec la réalité. Cette ignorance n'en reste pas moins une constante, et les appels à la guerre sainte désormais proférés contre les pays dont les médias ont osé publier des caricatures de Mahomet le montrent. Les agités du turban - ou de tout autre couvre-chef, je ne suis pas regardant en la matière - sont tout au plus, en matière de stratégie, des amateurs illuminés. Cela ne les rend pas moins dangereux. Surtout lorsque l'on admet qu'il n'y a pas de professionnels de la question, seulement des individus et des organisations plus réalistes, imaginatifs, clairvoyants et actifs que d'autres.

La première erreur des bellicistes consiste à croire que les règles du temps de paix s'appliquent au temps de guerre, que tous les signes de modération révèlent une faiblesse quant à l'issue du conflit, alors qu'ils visent à prévenir son occurrence. Le comportement des Etats-Unis suite aux différentes attaques terroristes des années 90 - premier attentat du World Trade Center en 1993 (poursuites judiciaires), attentats des tours Khobar en 1996 (rien), attentats des ambassades US du Kenya et de Tanzanie en 1998 (rafale de missiles en Afghanistan et au Soudan), attaque de l'USS Cole en 2000 (rien) - avait été confondu par les islamistes en une règle immuable, en une faiblesse inévitable. Après le 11 septembre 2001, ils ont rapidement compris que les Etats-Unis en guerre se comportaient de manière différente ; ces attaques ont produit une telle élévation des enjeux qu'ils ont brusquement augmenté la volonté et la légitimité américaines de combattre.

Je pense qu'un tel processus est également à l'œuvre avec l'Europe. A l'heure actuelle, nous donnons de nous-mêmes une image de faiblesse qui est une incitation à l'escalade ; on peut menacer l'Europe, enlever et assassiner ses ressortissants, insulter ses chefs d'Etat, incendier ses représentations et même commettre des attentats sur son sol, ses réactions restent largement symboliques, timides et irrésolues : des déclarations sans suite, des procès sans urgence, des déploiements sans combat. Pourtant, l'Europe se réveille lentement, à travers les prises de conscience individuelles qui se multiplient, à travers l'importance croissante accordée à la coercition armée, à travers la perception sans cesse plus aiguë d'un danger majeur, d'enjeux sociétaux. Les réactions suscitées par les caricatures ont ainsi contribué à faire accroire l'idée d'une conflagration inévitable. Ce continent n'est pas loin de se dresser et de changer l'équation du conflit.

La deuxième erreur des bellicistes consiste à croire que les actions du temps de paix peuvent être sans autre reproduites en temps de guerre. C'est le syndrome des champions de l'intersaison : l'entraînement, la vie en commun, les démonstrations, les défilés, l'exaltation mutuelle produisent au sein de toute organisation - notamment armée - une confiance certes essentielle pour son esprit de corps, mais potentiellement trompeuse. A l'automne 2001, les Taliban et leurs alliés islamistes étaient persuadés que leur rhétorique enflammée, leur foi inébranlable et leurs succès passés allaient garantir une victoire écrasante contre ces Américains tout juste capables d'envoyer des bombes et des missiles à distance ; 2 mois ont suffi pour les ramener de façon sanglante à la réalité. Les appels à la trêve lancés depuis les montagnes du Waziristan témoignent de ce retour douloureux.

Là aussi, je pense que l'Europe est sous-estimée. Ses capacités sont pourtant illustrées par les succès de la lutte anti-terroriste, et les islamistes candidats à l'attentat sur son sol ont été appréhendés par centaines ; mais ces capacités ne sont encore qu'une fraction de ce qu'elle pourrait employer si les enjeux appelaient une réponse coercitive. Les déclarations de Jacques Chirac sur la dissuasion nucléaire, en tant que mise en garde assez limpide, ainsi que l'engagement européen croissant en Afghanistan, dans un secteur par endroits non permissif, sont des indices dans ce sens. L'Europe s'accroche de toutes ses forces à ses illusions d'un monde stable et pacifique, elle boira jusqu'à la lie le calice amer de l'apaisement, mais elle finira bien par se réveiller ; et les Européens seront tellement en colère qu'ils feront regretter aux islamistes ces appels enflammés à la guerre qu'ils profèrent aujourd'hui impunément.

En définitive, on pourrait se demander pourquoi les hommes continuent à se faire la guerre. Les erreurs n'expliquant pas tout, il faut simplement admettre que combattre fait partie de notre nature, pour le meilleur comme pour le pire.

Publié par Ludovic Monnerat le 8 février 2006 à 11:23

Commentaires

Vous faites preuve d'un optimisme inébranlable dans les capacités de réveil de l'Europe.

Je ne le partage pas, hélas!

S'il y a des pays européens plus éveillés que d'autres, ils ont prouvé leur attachement aux valeurs de liberté et à la nécessité d'action au moyen-orient lorsque la coalition menée par les Américains s'est lancée en Irak pour destituer Saddam Hussein et porter le combat au coeur de la région ennemie.

Il n'y a rien à attendre des autres pays d'Europe. Ils ne font que négocier leur tranquilité immédiate en espérant que le déluge se déclenchera suffisamment loin dans l'avenir pour que ce soit un problème pour d'autres qu'eux-mêmes.

Il suffit que les Mollahs lancent une foule en colère au moindre prétexte pour que la moitié des politiciens occidendaux commencent à se confondre en excuses.

L'Europe a depuis longtemps sacrifié les valeurs dont elle était un dépositaire historique sur l'autel de sa tranquilité et de son bien-être matériel - d'ailleurs l'unique chose que la population veut préserver face à l'offensive djihadiste, comme l'écrit le brillant Zek que je vous invite à lire:

http://zekii.blogspot.com/2006/01/derrida-vs-zarqaoui.html

Il faut espérer que les Américains, les Israéliens, les Australiens et d'autres peuples de bonne volonté parviendront à faire s'effondrer le régime iranien avant le jour de l'épreuve de force, car ce sombre matin pourrait donner lieu à au réveil d'une partie de l'Europe - mais pas celle que vous espérez.

Publié par Stéphane le 8 février 2006 à 12:13

Contrairement à notre Zek favori, je suis entièrement d'accord avec vous. Je relis les mémoire d'Albert Speer qui explique que Hitler croyait que les Anglais cèderaient à nouveau en 39 à propos de la Pologne. Les sociétés démocratiques donnent une impression de faiblesse car il leur faut du temps pour comprendre que leurs adversaires ne sont pas fiables. Les société arabes, marquées par la violence politique et paternelle sont malheureusement habituées a des réactions violentes et rapides.
Je suis frappé par le fait que mes élèves maghrébins ont du mal à comprendre que le désordre est sévèrement sanctionné chez nous, mais au bout d'un temps assez long.

Publié par Annales histoire société christianisme le 8 février 2006 à 12:55

Notre manque de culture risque aussi de nous jouer des tours. La culture musulmane de l'image permet de comprendre la polémique autour des caricatures de Mahomet, au-delà d'une simple question d'intolérance.
La mentalité moyen-orientale veut un art abstrait car elle croit trop aux pouvoirs de l'image. Ceux qui créent peuvent donner le souffle de la vie en usurpant le pouvoir de Dieu et ceux qui regardent peuvent faire ce qu'ils veulent de ce qu'ils voient. Ce sont ces perceptions très anciennes qui se mettent en mouvement à propos de Mahomet. Représenter un objet le soumet donc au risque de l'irrespect, sans pour autant manifester le plus important pour l'art musulman, les structures invisibles, la perfection froide et géométrique d'un monde saisi par la logique d'un Dieu unique et désincarné.

Publié par Annales histoire société christianisme le 8 février 2006 à 12:58

Il faut aussi ajouter dans la liste des événements ayant induit en erreur les terroristes la fuite des Américains de Somalie après la bataille de Mogadishu. Ils ont cru qu'en frappant au coeur de l'Amérique, les USA partiraient d'autant plus vite du MO.
Par contre, je ne crois pas au réveil de l'Europe dans son ensemble car certains pays, dont la France, ont déjà montré sa faiblesse face à Hitler et l'URSS. Le courage de l'Angleterre et les souvenirs des pays de l'Est les conduise à sentir la menace mais le pays du fromage reste mou et le restera jusqu'au dernier moment.

Publié par FaTraPa le 8 février 2006 à 14:06

Effectivement, je crois que "l'esprit de Munich" prévaut encore largement,notamment à Paris...mais il commence à vaciller peu à peu, lentement, mais surement.

Comme le souligne "Annales histoire société christianisme" (pourriez faire plus court comme pseudo :) ) nos démocraties sont longues à la détente, mais une fois en marche, se sont des machines implacables. Sans cette capacité au sursaut, nous ne serions d'ailleurs jamais parvenu à notre degré d'aisance (même si elle est largement perfectible).

Pour ce qui concerne Mogadishu, le premier attentat du WTC, l'USS COLE etc., il ne faut pas oublier non plus que c'était l'Amérique de Clinton.
Le 11 septembre, Kaboul, Bagdad, c'était bel et bien l'adminisatration Bush...la nuance est de taille.

Zek a sens doute raison, nous sommes devenus une coquille vide au regard de nos valeurs.
Mais si demain, les attaques devenaient telles qu'elles provoquent le déclin de pans entiers de nos économies (quelques avions de plus au tapis après le 11 septembre et c'est tout le secteur aérien qui s'effondrait et à sa suite de nombreux autres), les conséquences seraient immédiates et épidermiques.
Le temps ne serait pas long pour voir se dresser les citoyens "moyens" ou "de base"...Oh, pas pour la Liberté ou une quelconque doctrine, mais pour le congélateur désormais vide, le crédit de l'auto impossible à rembourser, les restrictions énergétiques etc.
Les premiers à payer la facture, bien avant "l'ennemi" seront sans doute nos propres dirigeants, mais ceux qui sauront habilement exploiter, comme d'autres avant eux, la fureur populaire, auront alors à leur disposition la force de frappe humaine la plus extraordinaire et la plus brutale qui soit. et sans doute alors: "ils feront regretter aux islamistes ces appels enflammés à la guerre qu'ils profèrent aujourd'hui impunément."

@ Ludovic:

En attendant, Téhéran et Damas ont repris l'initiative...la réalité dépasse et sans doute précède notre travail de panification ;)

Ils renforcent leur centre de gravité tout en fragilisant le notre et en nous contraignant à la défensive. Ils gagnent du temps et nous en perdons. Tandis que nos services travailent aux contre-mesures visant à nous assurer le contrôle des esprits, ils ne font pas autre choses. Ils ont habilement déplacée la focale et la sémentique sur nous et nos valeurs...Pendant qu'on évoque libertés et caricatures, qui parle encore de la victoire démocratique (qu'on le veuille ou non) du Hamas et de ces conséquences, qui évoque le rôle de la Syrie dans les assassinats politique au Liban, qui parle encore de l'uranium ?

Alors un partout, balle au centre? ;)

Publié par Winkelried le 8 février 2006 à 14:55

A Stéphane : d'accord avec vous lorsque vous écrivez qu'il "suffit que les Mollahs lancent une foule en colère au moindre prétexte pour que la moitié des politiciens occidendaux commencent à se confondre en excuses". Mais les politiciens ne représentent pas toute une population, et chaque élection peut être l'occasion d'une alternance politique ou personnelle ; avec Angela Merkel, l'Allemagne a ainsi retrouvé une voix particulièrement tranchée et déterminée sur le plan international. Ce n'est pas tout, mais c'est un début...

A FaTraPa : je ne partage pas votre vision d'une France faible face à Hitler ou à l'URSS, c'est-à -dire plus faible que les autres pays démocratiques ; les missiles du plateau d'Albion étaient bien pointés sur l'URSS, que je sache. Quant à Hitler, si l'irrésolution française a été désastreuse, elle s'explique aussi par la confiance exagérée en ses propres capacités militaires défensives (esprit Maginot). Les Français n'étaient pas moins combatifs et remontés qu'à l'accoutumée au printemps 1940 ; seulement commandés par des chefs militaires aux idées périmées.

A Winkelried : Oui, il faut de se dépêcher de reprendre notre planification avant que les événements nous dépassent totalement ! :) Cela dit, je partage naturellement votre analyse : il est plus aisé de fourbir ses armes derrière un tumulte de controverse chez l'ennemi...

Publié par Ludovic Monnerat le 8 février 2006 à 15:20

Sans exagérer le chauvinisme, le réveil de l'Europe en tant qu'entité globale ne peut passer que par le réveil de la France. Et là est la grande énigme... Je suis à peu près aussi pessimiste que Stéphane sur la possibilité d'un réveil de la part de Chirac ou plutôt sur sa volonté à l'exprimer publiquement d'ici la fin de son mandat, laissant le soin à son(sa) successeur de s'en occuper.
Mais je ne pense pas que le pessimisme s'applique aux peuples européens. Ou alors, tout autant qu'au peuple américain tout au long des années 90, ce qui n'a pas empêché un réveil en grande pompe! Je souhaite juste qu'il ne faille pas un 11/9 pour nous réveiller... et que nous aurons alors un GW Bush à la tête de l'Etat.

Publié par ylyad le 8 février 2006 à 17:16

Je ne suis pas d'accord avec ce post.

Je pense que les islamistes souhaitent la guerre de civilisation totale, afin de forcer tous les membres de l'Oumma à aller à l'islam authentique, celui d'une interprétation littérale du coran, et de lancer ses 1 milliards et qques de personnes à la conquête de l'humanité, au premier lieu de laquelle l'Europe.

Et on à certes des capacités techniques, comme les bombes atomiques, pour faire le guerre disons plus ou moins conventionelle, mais que faire si demain les millions de musulmans en Europe se convertissent au salafisme, militent perpétuellement et de mille façons différentes (hypocrites appels à la tolérance religieuse, prise de contrôle territoriale par les milices racailleuses nationales-islamiques, prosélytisme actif, etc.) pour l'islam, et que chacune de leurs femmes fait entre 5 et 10 enfants ?

Je vous rappelle que bcp des pays du monde ont aujourd'hui des régimes démocratiques qui ne sont pas particulièrement disposés au nationalisme, aux discriminations (au sens littéral : différenciation de traitements selon des critères religieux, en l'occurence), aux contrôles des natalités, voire aux déportations, aux génocides, et aux autres moyens de combats de type domestique existant de fait dans ce genre de combat civilisationnel potentiel !

La guerre civilisationnelle, ça fait 1400 ans que l'islam la pratique. L'islam y est pour ainsi dire rodé, ses techniques ont largement fait leurs preuves, et le contexte présent y est même plus favorable (au moins en Europe, en Amérique et en Afrique) qu'il ne l'a jamais été.

Publié par Alceste le 8 février 2006 à 19:05

J'apprécie la distinction faite ci-dessus entre les politiciens (naturellement veules et hypocrites) et leur population (qu'on espère courageuse et sur le point de se réveiller) mais la coupure entre les deux me paraît discutable à partir du moment où les premiers sont élus par les seconds.

Entre les partisans du réveil et ceux de l'apaisement munichois, la partie me semble loin d'être gagnée. Et si la lutte idéologique n'est même pas réglée à l'intérieur de la citadelle Europe, rongée de l'intérieur et dans laquelle ceux chargés de la défense en sont encore à s'engueuler pour savoir s'ils sont attaqués ou pas, autant dire qu'on est à des années-lumières d'une intervention à l'extérieur.

Les "courageux défenseurs des valeurs occidentales", s'ils existent, doivent se compter sur les doigts de la main: il s'agit des individus qui ont compris ce qu'était l'occident (indice: ce n'est pas la sécurité sociale ou les 35 heures), quelle était la menace, et le besoin impérieux de défendre le premier contre la seconde. Ces âmes un peu téméraires, dont vous faites peut-être partie, ont à faire face à deux types d'adversaires, tant intérieurs qu'extérieurs: ceux qui cherchent à les conquérir, mais aussi ceux qui cherchent à se vendre (et à tout vendre) à l'ennemi.

Si la population européenne prend vaguement conscience d'une menace, c'est de la première et non de la seconde.

Il sera difficile d'espérer la moindre riposte occidentale, ou même la moindre forme de résistance locale au-delà de l'échelle individuelle, tant que le ménage ne sera pas fait dans les esprits. Et encore, à supposer qu'il puisse se faire, car je pense que ceux qui souhaitent emprunter le chemin fatal de l'apaisement tiennent le haut du pavé dans plusieurs pays d'Europe.

M. Monnerat, vous évoquiez Angela Merkel. Si nous étions en période pré-électorale et qu'à la suite de sa verve retrouvée, l'Allemagne avait dû endurer, disons, une vingtaine de morts (otages décapités, attentats dans et hors du sol germanique...) pensez-vous sérieusement que sa canditature tiendrait cinq minutes face à un adversaire populiste annonçant qu'il faut négocier diplomatiquement avec l'ennemi islamiste et abandonner la "voie de la rigidité"?

Publié par Stéphane le 8 février 2006 à 20:30

Bonjour a tous,

Je pense comme Alceste que le facteur démographique est très important et négligé par beaucoup d'intervenants.

En effet, plus l'Europe tarde à se réveiller, moins je pense, il y a de chance que ce réveil aie lieu.

Plus elle tarde, plus la population de culture arabo-musulmane croit, plus la population de culture occidentale vieillit et décroît.

Or, si pour être politiquement correct il faut dire « que la majorité des musulmans est modérée », je ne pense pas qu'il faille se voiler la face à ce point.
Je pense que si majorité de pacifiques il y a, alors elle n'est pas large.

Comme le dit J.F. Revel dans l'obsession anti-américaine, « les musulmans modérés le sont avec modération ».

On les voit défiler contre la loi anti-signes religieux à l'école en France, mais on ne les VOIT PAS manifester contre les attentats terroristes (Beslan, Madrid, New York, Israel !)

On les voit défiler contre les caricatures de mahomets avec des slogans INCROYABLEMENT HAINEUX sur leurs affiches, notamment à Londres (appels a exterminer les personnes offensant l'islam).

Je peux comprendre que les musulmans modérés des pays arabo-musulmans ne manifestent pas. Ca serait prendre de gros risque, mais où SONT les millions de musulmans qui seraient modérés et qui vivent en sécurité en EUROPE ?
Pourquoi ne manifestent-ils pas pour dénoncer les terroristes islamistes ?

Des Basques manifestent bien au pays Basque contre l'ETA !

On voit que des musulmans qui auraient été qualifiés de modérés et étaient soit disant « bien intégrés » ont perpétré les attentats de Londres.

Je pense qu'il ne faut pas négliger l'esprit d'appartenance à l'ouma, ni les tactiques sournoises des islamistes qui utilisent le mensonge afin d'avancer leurs pions en utilisant la liberté des sociétés occidentales pour mieux les infiltrer et les détruire.

Maurice Dantec a également une vision pessimiste de l'avenir de l'Europe, après les émeutes de banlieue en France, il y voyait les prolégomènes de la future guerre civile européenne.


Cordialement
A. Meladius

Publié par AMeladius le 8 février 2006 à 20:38

@ Alceste:

Si je comprends effectivement vos doutes quant à la capacité de réaction physique de nos démocraties face à un ennemi intérieur radicalisé, il convient toutefois de ne pas voir l'Islam comme un tout, une entité unique dont les membres auraient une connaissance inée des moyens à employer dans le cadre de la "guerre civilisationnelle".

Tout comme la chrétienté, et dans une moindre mesure le judaïsme, l'Islam est une mosaïque...d'unité, il n'y en a point, y compris dans les communautés vivant en France et en Europe. Aux différences purement religieuses (principalement chiites et sunites eux mêmes divisés en sous groupe) il faut soulignées celles relatives à l'ethnicisme. Les personnes originaires du Magrehb ne sont ni Turcs ni Africains sub-sahariens. Leurs rivalités, voire leurs concurences (y compris commerciales), font parfois l'objet de règlements de comptes sévères. Même dans les "maquis" d'afghanistan, les volontaires étrangers sont regroupés par ethnie...

Ne leur prêtez donc pas une omnipotence qu'ils ne possèdent pas. Leur principale force, pour l'heure, leur vient de notre division, de notre crise identitaire, de notre crise des valeurs, d'une certaine "faiblesse" que j'espère passagère. Ce n'est pas parceque "l'Occident" (là encore terme générique) tant à baisser le nez sous l'impulsion de quelques utopistes certes bien placés, que notre moteur va caler avant d'avoir fini de gravir la côte.

Que représentent quelques dizaines d'années certes difficiles pour nos générations qui ont à vivre ces incertitudes. Qu'est cela au regard des siècles de notre Histoire? Nos ailleux de toues les époques, confrontés aux guerres et aux épidémies les plus effroyables ont ils une seule fois manqué de la ressource nécessaire au sursaut salvateur? Preuve que non, nous sommes là à nous poser des questions...

Il faut conserver la foi, si j'ose dire, du moins l'espérance, et ne pas céder avant tout sur le plan de l'esprit. Nous sommes et seront toujours notre pire ennemi, la clef du problème qui nous occupe en ce début de XXIème siécle se trouve en nous. La reconquête des esprits si nécessaire à notre survie passe avant tout par un travail d'introspection collectif. Ceci fait, le "reste" suivra sans posé de problème. (Personne ne dit d'ailleurs que le traitement sera du genre oméopathique...)

Le "Camp des Saints" n'est ni une fatalité ni une prémonition. Ce n'est qu'une éventualité, une probabilté, un futur possible. Rien de plus.

Publié par Winkelried le 8 février 2006 à 21:02

Bonjour tout le monde,

Pour poursuivre dans les citations, Ayaan Hirsi Ali, la célèbre députée néerlandaire d'origine somalienne, écrit dans son ouvrage "Insoumise":

"On nous répète à satiété qu'il n'existe pas un islam, mais des islams...Autant qu'il y a de musulmans. L'un y verra son identité, l'autre sa culture, le troisième une affaire de religion, le quatrième en aura une vision globale: identité, culture, religion, ligne de conduite politique et sociale...Ce que tous ces musulmans ont en commun, c'est la conviction que les fondements de l'islam ne souffrent pas la critique, la révision ou la moindre contradiction."

Les propos tenus ces jours par des autorités musulmanes dites modérées en europe et ailleurs dans le monde semblent pour le moins confirmer ces propos.

Publié par Bernard le 8 février 2006 à 21:12

Il n'y a qu'un seul coran, et son contenu est clair.

Jesus était un prêtre anarcho-communiste masochisant, Mohammed était un chef guerrier de secte impérialiste, suprémaciste et totalitaire (je ne suis persuadé de l'existence historique d'aucun des deux mais je fais comme si, là , pour dire les choses simplement). Je ne pense pas que ce que les les deux incarnent soit du même ordre!

Publié par Alceste le 8 février 2006 à 22:14

PS : Je me suis un peu embrouillé, puisqu'on dirait que ce n'est pas ici que j'ai lu un post qui assimilait christianisme et islam pour relativiser la campagne europhobe en cours au sein de l'Oumma.

Publié par Alceste le 8 février 2006 à 22:17

Décidemment le Fendant suisse a des vapeurs qui embrouille les sens ;-))))))))))

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 9 février 2006 à 0:03

« Pendant qu'on évoque libertés et caricatures, qui parle encore de la victoire démocratique (qu'on le veuille ou non) du Hamas et de ces conséquences, qui évoque le rôle de la Syrie dans les assassinats politique au Liban, qui parle encore de l'uranium ? » (Winkelried)

Je ne suis pas tout à fait d'accord. Le public n'est pas aussi aveugle. Il se rend bien compte que les mouvements de protestation sont encouragés par les gouvernement en place, dont le Hamas et la Syrie. Si ces opérations sont certainement profitables à l'intérieur des frontières des pays concernés, elles sont certainement catastrophiques à l'extérieur. L'Europe soutient financièrement le gouvernement palestinien et je ne suis pas certain que cette affaire reste sans conséquence. De son côté la Syrie nous donne des raisons de lui adresser de sérieuses mises en garde (ces dernières peuvent notamment se faire de façon discrète, sans forcément être étalées dans la presse. Autrement dit, je crois qu'il faut arrêter d'évoquer cet « esprit de Munich », expression largement galvaudée qui sert d'argument irréfutable. Ce n'est pas en faisant monter la tension d'un cran que nous équerrerons plus de respectabilité auprès de nos adversaires.

Publié par Alex le 9 février 2006 à 12:03

vraiment bravo, vous faites preuve d'un incroyable esprit de recul.

Je ne sais pas si vous avez raison, mais le niveau auquel vous mettez le débat est pour l'heure inégalé par les "experts" politiques médiatiques.

Publié par raph le 9 février 2006 à 16:52

@ alex:

"Le public n'est pas aussi aveugle. Il se rend bien compte que les mouvements de protestation sont encouragés par les gouvernement en place, dont le Hamas et la Syrie."

Je crois que cela dépend du niveau d'éclairage du public en question...Les masses, au travers des médias "de masses" n'ont pas forcément accès cette vision des choses.

"Si ces opérations sont certainement profitables à l'intérieur des frontières des pays concernés, elles sont certainement catastrophiques à l'extérieur."

Certes, mais peut on affirmer pour autant et sans se tromper que les dirigeants du Hamas, de la Syrie ou de l'Iran sont des modèles de raisons et que leurs actes répondent à une logique "occidentale" ?

Je crois que non, leur réflexion se nourrit de valeurs différentes, et les conséquences de leurs actes ne leur aparaissent pas forcéments comme à vous. Comme le précisait Pan/Ruben : "je pense que le prix à payer (les quelques passages à l'actes d'extrémistes) est un prix acceptable pour la liberté." Ils sont dans un état d'esprit finalement assez proche. La fin justifie les moyens qu'ils utilisent et le risque des quelques désagréments (de toute façon passagers) liés à une interruption temporaire des subsides européens est pour eux tout à fait acceptable.

"Ce n'est pas en faisant monter la tension d'un cran que nous équerrerons plus de respectabilité auprès de nos adversaires."

Là je ne partage pas du tout votre point de vue. Il ne s'agit pas pour les européens ou plus largement les démocraties occidentales de gagner la respectabilité de dictateurs qui n'ont que faire de nos valeurs et de notre existence même. Il s'agit de tracer clairement et ostensiblement la ligne rouge ou le Rubicon qu'il convient de ne pas franchir. Je crois donc que l'esprit de Munich, loin d'être galvaudé est tout à fait d'actualité.

Publié par Winkelried le 9 février 2006 à 18:13