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24 février 2006
Français et Italiens en 1917-18
Le quatrième exposé, « Population française et armée italienne en France pendat la Grande Guerre : regards croisés », a été présenté par Hubert Heyries, maître de conférences à l'Université Paul-Valéry à Montpellier.
Les rapports entre les populations et une armée sont un élément largement oublié, comme l'arrivée en France entre 1917 et 1918 de 120'000 Italiens envoyés se battre ; les deux tiers d'entre eux étaient des auxiliaires, mais 40'000 étaient des combattants. A l'époque, les Alliés manquaient de main d'œuvre pour mettre en application les plans élaborés pour la suite de la guerre. La présence de ces soldats italiens, engagés comme terrassiers à l'arrière ou combattants au front, a produit de nombreuses sources, tant en France qu'en Italie. Un contrôle postal italien francophone, visant à lire ces lettres pour appréhender le moral de ces troupes, a ainsi produit 716 rapports en France sur 600'000 lettres.
Les relations entre Français et Italiens ont très mal commencé, mais se sont bien terminées. Lors de leur arrivée fin 1917 - début 1918, les troupes italiennes comptaient des interprètes, mais très peu ; 74 interprètes pour 148 compagnies, répartis de façon très irrégulière. Les officiers connaissaient bien le français, mais les hommes du rang parlaient eux-mêmes mal l'italien, et s'exprimaient souvent dans un patois régional. Les Français les voient comme des « caporettistes », des soldats lâches dont on accuse le commandement italien de s'être débarrassés, et qui refuseraient de se battre dans leur pays. Ces hommes déclarés inaptes, souffrant par exemple de hernies, blessés, arrivant dans un état souffreteux, provoquent un rapport assez tendu et l'incompréhension quant à leur positionnement en arrière du front. Les Italiens viennent en France avec une grande idée de ce pays, de ses sacrifices à Verdun ; d'autres sont très critiques, reprochent un manque de propreté et d'hygiène morale.
L'amélioration des relations tient à l'évolution de la situation militaire en Italie, au mois de juin 1918, où une offensive autrichienne est stoppée par les armées italiennes. L'image des Italiens change ; l'idée d'un commandement interallié unique de Dunkerque à Venise en est renforcée (front sur le Rhin, front sur l'Isonzo). Les civils français s'aperçoivent que les Italiens savent bien travailler et se battre ; la Brigade des Alpes, c'est-à -dire la brigade garibaldienne, jouit d'une aura particulière. Par ailleurs, la bataille de Blény près de Reims, du 15 juillet 1918, où est engagé le IIe Corps d'Armée italien, voit cette brigade tenir le choc, et les Italiens de tout le Corps se font tuer sur place pour permettre l'arrivée de renforts français afin de stopper l'offensive allemande. L'abnégation des combattants italiens et l'efficacité des auxiliaires ont ainsi permis d'obtenir de bonnes relations entre civils français et soldats italiens.
Publié par Ludovic Monnerat le 24 février 2006 à 9:24
Commentaires
@ Ludovic:
A t'il été question, ne serait ce qu'en conclusion, dans un soucis d'élargissement, des relations entre population française et troupes italiennes d'occupation dans l'extrême Sud-Est du pays ?
Le sujet n'est pas sans intérêt, et en rapport avec le précédent relatif aux invasions allemandes de la France. Il présente un modèle "original", ou pour le moins différent d'occupation et de contact avec la population...
Publié par Winkelried le 24 février 2006 à 20:08
Non, le sujet n'a été abordé que pour annoncer qu'il serait délibérément laissé de côté. Je crois cependant qu'il avait été au moins en partie traité voici 2 ans, lors du précédent symposium ; ceci explique peut-être cela.
Publié par Ludovic Monnerat le 24 février 2006 à 23:39