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3 novembre 2005
Attaquants contre attaquants
Le Washington Institute for Near East Policy vient de publier un article visant à contredire la notion selon laquelle les attentats terroristes ont généralement des coûts modiques. La conclusion de l'auteur est de dire que toute dépense, même relativement basse, laisse néanmoins des traces plus fiables que les renseignements de source humaine, et donc susceptibles d'être exploitées. Une affirmation tout à fait pertinente dès lors que les circuits financiers modernes sont utilisés.
Cette analyse est cependant passée à côté d'un élément central, à savoir la relation entre les coûts d'une action et sa modalité. Même s'ils sont généralement sous-évalués, ces coûts restent en effet modestes :
There are few reliable data on the cost of attempting terrorist attacks. One account from terrorists themselves is the Jordanian Islamic Action Front (IAF) statement that Hamas's July 31, 2002, bombing of Hebrew University cost $50,000. An attempt to estimate the cost of major terrorist attacks was made in an August 2004 UN Monitoring Team Report on al-Qaeda and the Taliban. Consider its estimate for the costs of various terrorist attacks:
.Madrid train bombings, March 11, 2004: $10,000
.Istanbul truck bomb attacks, November 15 and 20, 2003: $40,000
.Jakarta JW Marriot Hotel bombing, August 5, 2003: $30,000
.Bali bombings, October 12, 2002: $50,000
.USS Cole attack, October 12, 2000: $10,000
.East Africa embassy bombings, August 7, 1998: $50,000
Le raisonnement de l'auteur, selon lequel les préparatifs indirects et les mesures d'accompagnement aboutissent à multiplier les dépenses ci-dessus, omet de considérer le caractère offensif - sur le plan tactique du moins - de l'attentat terroriste. Par définition, les auteurs des attaques ont en effet l'initiative, choisissent l'instant et le lieu de leur action, et donc peuvent focaliser leurs ressources sur l'objectif retenu. Au contraire, et même en ayant des renseignements très précis, se prémunir contre un attentat terroriste exige des mesures protectrices de grande envergure, des dispositifs systématiques qui ont un coût élevé. L'environnement médiatique fournit gratuitement à l'attaquant l'essentiel des effets recherchés, alors que le défenseur doit multiplier les actions préventives.
Ce déséquilibre s'exprime certainement par une disproportion financière, même si les vies humaines n'ont pas de prix : les 600 milliards de dollars perdus dans le monde suite aux attentats du 11 septembre, dont la préparation et l'exécution ont coûté 500'000 dollars, sont certes une justification pour des mesures de sécurité renforcées ; celles-ci n'en sont pas moins un fardeau financier et moral. Au fond, ce n'est pas la modicité des dépenses qui fait de l'attentat terroriste un mode d'action aussi tentant, mais bien son mode de pensée, ce targeting sociétal qui outrepasse toutes les frontières traditionnelles. S'en défendre entièrement est tout bonnement impossible.
Il ne reste donc que la contre-offensive, la déstabilisation de l'attaquant par l'attaque de ses propres bases, à la fois géographiques, financières et sémantiques. Nul besoin d'être grand clerc pour remarquer que la stratégie américaine de l'après-11 septembre s'en rapproche étroitement. Le bouclier reste vain sans le glaive - et la volonté de s'en servir.
Publié par Ludovic Monnerat le 3 novembre 2005 à 21:57
Commentaires
Article intéressant.
Il est important de noter le rôle prépondérant du renseignement financier dans la lutte contre le terrorisme ainsi que dans d'autres opérations.
(certains analystes all-source passeraient la majeur partie de leur temps à surveiller des mouvement de fonds)
Les différentes agences de renseignement occidentales communiquent peu à ce sujet alors que (parceque ?) le renseignement financier est à la base de la surveillance de certains réseaux terroristes.
Il faut espérer que les services de renseignement européens disposent des effectifs et des crédits nécessaires à la collecte et à l'exploitation du renseignement financier.
Publié par Mugon le 3 novembre 2005 à 22:49
Le terrain financier n'est qu'une des composantes du theatre des operations. Je suis totalement d'accord avec vous: la guerre contre le terrorisme ne peut etre qu'offensive. LEs succes, sur le terrain, d'Israel, contre le Hamas en particulier, le montre bien, meme si l'opposition de gauche a Sharon pretend le contraire. Le harcelement, base sur un renseignement sans faille, doit etre soutenu, applique a tous les plans, qu'ils soient les acteurs personels, a tous les niveaux de l'organisation, qu'ils soient financiers, ou autres ressources (materiel, planque, armement). C'est une forme de guerre qui releve de la guerre d'usure, bien loin de la guerre eclaire. Il faut donc preparer les troupes et les populations a un effort de longue halleine, d'actions de petite envergure, de frappes precises avec le minimun de degats lateraux.
Il faut utilisee la "tactique de l'eau" selon la conception des arts martiaux: l'eau qui s'egoutte et au fil des ans creuse la pierre la puls dur, l'eau qui travaille dans les profondeurs de la terre et jaillit soudain avec violence
Publié par Ram Zenit/Tel Aviv le 4 novembre 2005 à 7:03
Je vous voudrait juste savoir les sources pour les
"les 600 milliards de dollars perdus dans le monde" à cause des attentats aux USA. Je pensais que cela tourner autour de 20 à 30 MM$.
Publié par Frédéric le 4 novembre 2005 à 10:07
Il faut que je retrouve la source : c'est un chiffre que j'ai intégré à une présentation faite fin 2001 - début 2002... Un peu de patience, SVP !
Publié par Ludovic Monnerat le 4 novembre 2005 à 11:09
Bon, je n'ai pas trouvé la source que je cherchais, et une défaillance de la carte graphique de mon ordinateur de bureau m'empêche d'accéder à mes archives. Je ne suis donc pas en mesure de confirmer ces 600 milliards de dollars de pertes dans le monde (et, NON, ce n'est une excuse bidon d'un type pris en flagrant délit de divagation!).
Maintenant, j'ai tout de même retrouvé les pertes pour la seule ville de New York, qui oscillent entre 85 et 93 milliards de dollars (http://www.comptroller.nyc.gov/press/speeches/association_for_better_ny.shtm). Un chiffre qui tend à confirmer ce volume global de 600 milliards, sur lequel je reviendrai dès que possible... :)
Publié par Ludovic Monnerat le 4 novembre 2005 à 19:39