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19 novembre 2005
La violence manipulatrice (2)
Le mois dernier, j'ai émis quelques réflexions sur la violence armée visant directement les journalistes afin d'orienter leurs perceptions et leurs récits. La méthode a de nouveau été reproduite hier en Irak, lorsque deux véhicules bourrés d'explosifs ont attaqué un hôtel de Bagdad dans lequel de nombreuses organisations médiatiques avaient leurs bureaux. Ces attentats suicides ne sont pas parvenus à tuer un ou plusieurs journalistes, se contentant de massacrer 6 Irakiens passant malencontreusement par là , mais leur impact ne doit pas en être négligé pour autant.
Il est à cet égard intéressant de lire le récit de Leila Fadel, une journaliste présente dans l'hôtel et bouleversée par l'attaque, pour mesurer à quel point l'effet psychologique de la violence armée peut transformer malgré eux les reporters. Ce phénomène amène à considérer sous un angle différent le problème aigu de la fiabilité médiatique à propos de l'Irak. Inexorablement, qu'ils l'acceptent ou non, les médias sont aujourd'hui des acteurs à part entière des guerres modernes, des cibles légitimes à défaut d'être légales, parce que l'opinion des populations est décisive dans tout conflit de basse intensité.
COMPLEMENT (22.10 1530) : Cette courte colonne de Strategy Page, intitulée "Journalistes contre réalité en Irak", indique pourquoi les militaires américains déployés dans ce pays en viennent à considérer de plus en plus les journalistes comme leurs ennemis. La différence entre leur vécu et les reportages est trop flagrante. Ce qui nous amène à une différence frappante avec la guerre du Vietnam : alors que celle-ci à imposer les images et les textes des médias dans les salons des familles américaines, le conflit en Irak permet aux soldats déployés de voir ces mêmes images et textes, de les comparer avec la réalité et de donner leur avis via les weblogs ou le courriel.
Publié par Ludovic Monnerat le 19 novembre 2005 à 9:44