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15 octobre 2005

Irak : un vote essentiel

Le référendum constitutionnel irakien se déroule aujourd'hui, avec ses inévitables violences, mais aussi avec son importance majeure dans la construction d'un Etat raisonnablement stable et démocratique. Les inscriptions massives montrent que le principe même du scrutin est prisé par les Irakiens, ce dont il a toujours été incongru de douter ; quant aux craintes qu'inspire le texte, et l'Etat fédéral qu'il fonde, il est bien trop tôt pour savoir si elles sont justifiées ou si elles relèvent du scepticisme et du pessimisme maladifs qui entourent la perception de la situation en Irak depuis 2 ans et demi.

Il devient presque trivial de rappeler, comme l'a fait Ivan Rioufol dans son dernier bloc-notes, que la plupart des commentateurs jugeaient impossible en 2003 et 2004 la mise sur pied d'un tel référendum, sur un texte rédigé par un Parlement élu. En fait, ce processus confirme que le vote est bel et bien ce que j'ai appelé avec un brin d'ironie une arme de légitimation massive, dans le sens où elle permet une expression populaire majoritaire (selon la participation, naturellement) qui s'oppose explicitement aux actions violentes minoritaires. Une manière de redonner un gigantesque coup de fouet à tous ceux qui croient servir un nouvel Etat.

Les perspectives en Irak restent pourtant contrastées. Derrière les attentats et attaques en cascade, derrière la criminalité très répandue et les règlements de compte internes, une nation sans équivalent au Moyen-Orient est en train de se dresser. La perception qui en est aujourd'hui donnée par les médias occidentaux reste avant tout celle d'un bourbier pour les Etats-Unis, alors même que le rôle de ceux-ci ne cesse de diminuer dans le pays ; les violences de basse intensité et le terrorisme ne vont certes pas cesser comme par enchantement avec un règlement politique des antagonismes propres à l'Irak, mais leur impact souffre des scrutins électoraux. Ceci étant, cette vision d'un Etat en proie au chaos ne pourra pas très longtemps être aussi détachée de la réalité.

Face au développement assez spectaculaire des forces armées irakiennes et de l'économie nationale, on peut ainsi penser que l'Irak aura dans quelques années une position de force sur le plan régional. A cet instant, il sera temps d'accuser les Etats-Unis d'avoir trop armé, trop militarisé ou trop favorisé ce pays... et ainsi de corriger un excès par son exact opposé.

COMPLEMENT (15.10, 1830) : Il semblerait que ce vote se soit globalement bien déroulé, avec une participation annoncée à 61%. Naturellement, outre le résultat, la participation selon les provinces sera un indice important pour voir si la population a suivi le Gouvernement.

COMPLEMENT II (16.10, 1145) : De manière tout de même surprenante, le scrutin n'a connu qu'un nombre minime de violences. De plus, la participation semble avoir été élevée dans la totalité du pays, y compris dans les provinces à majorité sunnite. En d'autres termes, un succès qui confirme la force et l'élan d'un processus démocratique, même imparfait.

COMPLEMENT III (16.10, 1850) : Il vaut la peine de lire l'analyse de Wretchard à ce sujet. Pour lui, ce vote représente la fin du début, et la preuve de l'échec total des tactiques terroristes employées par la guérilla sunnite.

Publié par Ludovic Monnerat le 15 octobre 2005 à 10:30

Commentaires

Il est vrai que l'Irak est un pays qui n'a pas d'équivalent dans la région et qui (re)deviendra très probablement un des acteurs majeurs du moyen-orient. Certains observateurs qualifiaient d'ailleurs l'Irak "d'Allemagne du moyen-orient", en raison du caractère citoyen et responsable de ses habitants.
Il faut noter que le développement des forces armées irakiennes doit beaucoup à l'OTAN qui joue un rôle majeur en matière de formation des officiers, avec assez peu de médiatisation.

Publié par Mugon le 15 octobre 2005 à 13:27

Bien vrai concernant la discrétion de l'OTAN ! Je me souviens par exemple que 2 officiers irakiens participaient au cours que j'ai suivi au printemps dernier à Oberammergau, à l'école de l'OTAN, et que cette présence faisait l'objet de certaines mesures de sécurité opérationnelle. De manière plus générale, plusieurs pays membres de l'OTAN se sont tellement opposés à l'opération militaire en Irak qu'il leur est difficile, même aujourd'hui, de souligner publiquement leur contribution à son succès...

Publié par Ludovic Monnerat le 15 octobre 2005 à 14:15

Il est vrai que les pays membres de l'OTAN clairement opposés à l'intervention en Irak se montrent extrêmement discrets quant à leur contribution sur place (tout de même près de 1000 officiers irakiens formés pendant l'année dans le pays et en dehors).

Les observations des officiers français au sujet de l'intervention en Irak sont tout de même moins tranchées que celles des officiels. Ils jugent l'opération américaine comme tout autre opération alliée et se gardent généralement de remarques politiques sur la légitimité de l'opération. Ils restent très critiques et très intéressés par les tactiques et modes opératoires américains (notamment la réduction du temps des boucles) et s'étonnent de la façon dont les américains gèrent leurs contacts avec les civils, notamment au niveau des patrouilles.

Publié par Mugon le 15 octobre 2005 à 14:43

Critiquer l'idée d'intervention en Irak des Américains et préciser sa pensée montrent que nous sommes attachés en Occident au processus démocratique. Ceci étant dit, le choix de ne pas être aux côté des Américains comme l'a décidé la France et dans une moindre mesure le Canada restera une grave erreur de jugement. Le fait de faire le travail par la porte de derrière démontre que ces pays influencés par les groupes de pression " alter mondialistes " sont des gouvernements " corrompus moralement " pour ne pas dire plus.

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 15 octobre 2005 à 17:04

Voyez plus large. Même des pays européens engagés pendant une période (Espagne, Italie) ont fini par céder sous la pression du politiquement correct. La Belgique a fait simple: aucun support d'aunce sorte, et une critique ouverte de l'intervention alliée. On croit rêver.
Les Etats-Unis, assument pleinement leurs responsabilités sur les plans médiatiques et politiques, mais ne se gardent pas d'agir quand il faut. Les gouvernements européens, au lieu de leur claquer la porte au nez, devraient plutôt s'inspirer de la franchise de la démarche américaine.

Publié par Ares le 15 octobre 2005 à 17:17


IMMENSE CLAQUE:
http://billroggio.com/archives/2005/10/the_constitutio_1.php
Honneur aux Irakiennes et aux Irakiens, qui ont fait preuve d'un courage que bien des votants occidentaux devraient leur envier!!!
Claque aux anti-guerres, aux islamo-fascistes, aux cyniques, aux sceptiques, aux belles-âmes, aux tremblotants du statu quo, aux amoureux des totalitarismes.
Honneur aux forces armées irakiennes et américaines, qui ont fait don de leur sang et ont assuré un presque sans faute en ce jour mémorable, au président des État-Unis, qui n'a jamais dévié de ses buts malgré l'opposition farouche du monde entier, au contribuable américain, qui a financé tout ça et réélu Bush sans broncher en sachant qu'on allait taper dans son portefeuille, et à Ludovic Monnerat, qui n'a jamais douté
http://www.checkpoint-online.ch/. Hosanna! Allélouilla! Youpiieee! Hourrah!!!! Allah Akbhar!!!!!

Publié par al le 15 octobre 2005 à 20:47

Plus de 61 % des 15 millions d'électeurs irakiens ont participé au référendum sur le projet de Constitution. Le scrutin s'est déroulé de façon assez calme.

À force de prendre des claques, le groupe sois disant pour la paix devrait se renouveler dans d'autres domaines que celui des prédictions. Sois dit en passant, on ne vit en paix que parce que d'autres ont fait la guerre, la font ou la feront!

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 17 octobre 2005 à 4:32

Il est à noter que les résultats de élections est différé pour controles.

Cela montre que si cette élection n'est pas parfaite, les autoritées locales font de leur mieux pour que les résultats ne soient pas contesté par tel ou tel groupe.

Publié par Frédéric le 18 octobre 2005 à 13:52