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12 juillet 2005
La tentation de la normalité
Il n'est pas facile de faire face à un spectre anonyme, multiforme et sanguinaire. Il est bien plus tentant de nier son existence ou de l'expliquer par nos fautes supposées, afin de pouvoir se réfugier dans le confort rassurant de la normalité, de fuir le constat effrayant d'une haine fanatique dirigée contre nous. Passé le choc des attentats, la Grande-Bretagne connaît les mêmes mécanismes qui se sont mis en place en d'autres lieux. La BBC a par exemple exclu le mot terroriste de son vocabulaire pour parler des auteurs des attaques de Londres. L'intellectuel islamiste Tariq Ramadan va donner une conférence dans cette ville, partiellement financée par la police. On transforme les djihadistes en criminels et le djihad en frustration sociale pour s'éviter le poids d'une guerre à mener.
Pendant ce temps, les enquêtes de la police britanniques indiquent que les attentats ont été commis par un petit nombre de terroristes, utilisant des explosifs militaires de forte puissance, peut-être originaires des Balkans ; la minorité islamiste et extrémiste de la communauté musulmane se félicite des attentats et appelle d'autres victoires sur les infidèles. Partout en Europe, même si Londres est aujourd'hui sous les feux de l'actualité, émergent et se développent de petites cellules combattantes, des réseaux fanatisés visant à détruire et conquérir les sociétés qui les entourent. Des tumeurs fascistes qui se métastasent dans les corps las de nos démocraties.
Cet aveuglement face à la réalité d'aujourd'hui et plus encore de demain ne touche pas nécessairement les populations touchées, puisque le premier sondage après les attentats a montré une nette augmentation du soutien pour Tony Blair et son action contre le terrorisme islamique. Mais les oeillères imposées par une partie de la classe médiatique et politique finissent tôt ou tard par avoir un effet palpable sur les perceptions publiques. Et les services de sécurité restent finalement les seuls à pleinement comprendre l'ampleur de la menace et les enjeux qui la sous-tendent - lorsqu'ils le font. A imaginer le conflit qui peut un jour déchirer nos villes, nos sociétés, nos valeurs.
En définitive, la tentation de la normalité est aussi une crainte du lendemain, du changement, de la perte, de la disparition. Un réflexe dicté par l'âge et le souvenir de temps jugés meilleurs. Un refus de prendre les risques que nécessite la construction de l'avenir. Bref, une fatigue de la vie qui constitue peut-être la plus grande menace imaginable.
Publié par Ludovic Monnerat le 12 juillet 2005 à 9:39
Commentaires
Le piège de la sociologie moderne:
1) déni
2) explication du problème par la lutte des classes, la mondialisation et tout un fatras de lieu-communs
3) culpabilisation à outrance du comportement supposé de la population locale
4) élaboration de solutions coûteuses, inefficaces, qui ménagent la chèvre et le choux
5) constat d'échec général, foire d'empoigne politico-médiatique, lynchage de quelques tête qui dépassent puis retour au point 1.
Publié par fingers le 12 juillet 2005 à 11:44
cette situation est d'autant plus dangereuse qu'un jour il risque d'y avoir réaction excessive face à la menace islamiste. Et plus les médias leurrent le peuple, plus la réaction sera excessive.
Voir à ce sujet le dernier billet de Wretchard:
http://fallbackbelmont.blogspot.com/2005/07/two-points-of-view.html
Ah, je vois qu'il y a un captcha maintenant! En plus il est lisible, ce qui n'est pas le cas sur certains sites (je ne plaisante pas: je n'arrive pas à en lire la moitié!)
Publié par lmae le 12 juillet 2005 à 12:28
ftp://ftp.ajm.ch/pub/Attentats_Londres_Islamisme_1.mp3
ftp://ftp.ajm.ch/pub/Attentats_Londres_Islamisme_2.mp3
Interview sur Radio Courtoisie de plusieurs spécialistes français sur les attentats de Londres. Dans le contexte de ce blog, il faut relever la participation de Stéphane Berthomet, capitaine de police à Paris, coauteur de «Le jour où la France tremblera: Terrorisme islamiste : les vrais risques pour l'Hexagone»
(http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2841147258/qid=1121166759/sr=1-1/ref=sr_1_24_1/171-1134295-3993026),
sur le deuxième fichier, à partir de la 35e minute.
Publié par ajm le 12 juillet 2005 à 13:19
" !Un refus de prendre les risques que nécessite la construction de l'avenir!"
La personne humaine, une matière abusable, consommable, renouvelable et sans valeur. pour la bête immonde assurément mais aussi pour l'Occident qui ne fait que se gargariser de démocratie pour garder son confort, ses biens matériels, sa routine et d'accord pour sacrifier sur l'hôtel de l'aveuglement sa part de chaire humaine, de corps broyés sans aucune pudeur pour les victimes. Cette attitude nous ravale au rang de nos bourreaux dans le non respect de la vie.
Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 12 juillet 2005 à 13:49
"cette situation est d'autant plus dangereuse qu'un jour il risque d'y avoir réaction excessive face à la menace islamiste. Et plus les médias leurrent le peuple, plus la réaction sera excessive."
Je pense de plus en plus que c'est justement cette réaction excessive qu'espèrent les poseurs de bombes. Je ne peux m'empêcher de penser aux méthodes du FLN algérien.
Publié par fingers le 12 juillet 2005 à 13:59
http://www.intelligence.org.il/eng/sib/7_05/london.htm
In an analysis of the bombings in London, published on the evening of July 7 in a Jihadi web site by one of the leading Saudi supporters of Al-Qaeda, the effect of the bombings was anticipated to be in the medium and long run, not the short one. The analyst, is a man calling himself "Barbarosa,"-probably Abu Abd al-Aziz, a Saudi who commanded the brigades of the Arab Jihadi volunteers in Bosnia and returned to Saudi Arabia in the mid-1990s. In the article, "Barbarosa" reveals an important target of the global strategy of Al-Qaeda, namely the attempt to widen the gap between the United States and its European allies, with the aim of isolating the U.S. administration in the war against global terror. The London attacks were meant to bring the issue of the war in Iraq once again to the core of the public debate, even though the elections in the UK were over. The attacks were also designed to shake a situation in the European unity that has become increasingly fragile in recent months, in particular following the referendum on the European constitution in France , which rejected the planed charter. Finally, the attacks were timed to occur in the midst of the meeting of the leaders of the G-8 in the UK itself. Above all, the bombings came to remind the Arab Muslim world, not only the West, that global Jihad has a long-range strategy, where its leaders choose the targets and the timing, according to a clear strategy.
(!)
According to "Barbarosa," the next chapter in this story will take place in Italy, and affect Prime Minister Berloscuni, and the forthcoming Italian election campaign.
(!)
On the background of the war in Iraq, an important element to note is that it seems that the leaders of global Jihad, in Iraq or elsewhere, reached the conclusion that their only hope in affecting the behavior of European governments is by making an impact on their publics. Affecting the publics according to the strategy of global Jihad can only occur through major blasts. The Jihadists believe that another attack in Europe - be it in Rome or Warsaw - will have a growing influence on the continent.
(!)
The war in Iraq is the second major turning point of global Jihad following the 9/11 attacks. The next phase of the export of the war in Iraq to Europe may be in the form of martyrdom operations, which could be followed by other modus operandi currently used by the Jihadi insurgency in Iraq. There is no reason why Jihadists would not blow themselves up in the heart of Europe in the future, or kidnap hostages in order to behead them. From their point of view, the historical dimension of their struggle has a dynamic of its own, and is developing in stages.
Publié par ajm le 12 juillet 2005 à 15:38
Pour ajm:
Le second interview exprime absolument toutes les conclusions auquelles je suis arrivé avec tous les arguments que je n'aurais jamais les moyens d'élaborer.
Puis-je le diffuser?
Publié par fingers le 12 juillet 2005 à 15:59
Bien sûr. C'est là pour cela.
Publié par ajm le 12 juillet 2005 à 16:11
Evidemment, le schéma médiatique moderne refait son apaprtition: minimisation de la menace, et explications douteuses. Bien sûr, les cellules dormantes ne sont pas composées de groupement de cetaines 'individus, c'estc e qui rend leur détection pratiquement impossible. Bien sûr, ce ne sont pas des terroristes, ce sont des personnes défavorisées en manque de repères sociaux.
Il faut arrêter de se voiler la face. Bien que l'attitude au pays de l'oncle Sam soit diamétralement opposée, avec une diabolisation des terroristes, leur réaction est bien un signe d'auto-praservation. L'Europe ne fait montre que d'acceptation et d'une forme de déterminisme qui appelle un comportement passif. Evidemement, à ce petit jeu là , on devine où les terroristes vont s'en donner à coeur joie. Je vois bien Bruxelles comme prochaine cible possible, cette ville abrite le SHAPE, l'OTAN, une ambassade US, entre autres, et il faut dire que les contrôles aux frontières en Belgique ayant disparu depuis belle lurette, l'introduction d'armes ou d'explosifs s'y fait plus qu'aisément...
Wait and see...
Publié par Ares le 12 juillet 2005 à 17:28
Je me demande si une section de combattants islamiques pourra défiler au 14 juillet avec leurs ceintures pour nous offrir un beau feu d'artifice de circonstance.
Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 12 juillet 2005 à 17:56
Hugues Kéraly fait l'éloge de la manière dont Saddam "tenait" l'Irak, et Olivier Pichon est dupe de la propagande serbolchévique. Alors comment prendre au sérieux les "experts" qui passent à Radio Courtoisie ?
(Sauf votre serviteur, bien entendu.)
Publié par François Guillaumat le 12 juillet 2005 à 20:35
Je ne sais si ce site a déjà été référé ici. Je viens de tomber dessus et il me semble intéressant à première vue. Qu'en pensez-vous ?
Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 12 juillet 2005 à 21:30
"Passé le choc des attentats, la Grande-Bretagne connaît les mêmes mécanismes qui se sont mis en place en d'autres lieux. La BBC a par exemple exclu le mot terroriste de son vocabulaire pour parler des auteurs des attaques de Londres. L'intellectuel islamiste Tariq Ramadan va donner une conférence dans cette ville, partiellement financée par la police. On transforme les djihadistes en criminels et le djihad en frustration sociale pour s'éviter le poids d'une guerre à mener."
on retient:
- "exclu le mot terroriste de son vocabulaire"
[- le mot "islam" ? c'est blasphématoire dans cette circonstance]
- "islamiste Tariq Ramadan va donner une conférence"
- "djihad en frustration sociale"
Ils vont organiser:
- des "activités de quartier" pour bruler des drapeaux USA , anglais et israëliens
- des réunion tupperware pour la conversion du voisinage
- le tout pour arriver finalement à des "quart d'heure de la haine" comme dans le libre 1984 de Orwell.
... et finalement St Paul devrindra une des plus grandes mosquées d'Europe, après la Grande mosquée d'Istanbul
- la Turquie est en Europe
- le jihad c'est la paix
- l'amour c'est tuer
- le mépris c'est l'espoir
- Ben Laden nous aime tous
- je suis un dhimmi
(NOVLANGUE) à répéter avant de se coucher
Publié par Mikhaël le 12 juillet 2005 à 22:34
"Il n'est pas facile de faire face à un spectre anonyme, multiforme et sanguinaire. Il est bien plus tentant de nier son existence ou de l'expliquer par nos fautes supposées, afin de pouvoir se réfugier dans le confort rassurant de la normalité, de fuir le constat effrayant d'une haine fanatique dirigée contre nous."
- faire l'autruche
- s'abrutir face à un écran télé
- s'abrutir avec de l'alcool (boir pour oublier)
- s'abrutir avec des drogue illicites (get stoned)
- s'abrutir avec des drogue licites, pour ça vous passez chez le médecin et en suite chez le pharmacien
- s'abrutir tout court
bref, faire semblant de rien
Bien sûr nos dirigeants savent ce qu'ils font, ils ont un plan derrière la tête, ils sont en avant de deux ou trois mouvements par rapport à nous masse de demeurés tout juste bon à leur payer le salaire et les "frais de bouche" bla bla bla
Blair est en train de prendre la maladie qui a déjà touché la classe politique française.
Moore avait raison à 90% dans son fil "Farenhiet 911", hélas!
Publié par Mikhaël le 12 juillet 2005 à 22:44
Pour prendre le contre-pied de ce qui a été écrit ici (parfois tout est n'importe quoi), je dirais qu'il faut arrêter de fantasmer. Les attentats de Londres peuvent également être interprétés par le public comme une concrétisation de la menace islamique. Donc amener une prise de conscience, par rapport à cette menace terroriste qui frappe aveuglément.
D'autre part, il est compréhensible que certains médias ne jettent pas d'huile sur le feu pour éviter que l'ensemble de la communauté musulmane soit pris pour cible par une population en colère. Un tel scénario pourrait d'ailleurs être exploité par les fondamentalistes. Autrement dit, cette situation exige une réaction forte mais différentiée.
Alex
Publié par alex le 13 juillet 2005 à 10:49
[quote]Et les services de sécurité restent finalement les seuls à pleinement comprendre l'ampleur de la menace et les enjeux qui la sous-tendent [quote]
Oui, enfin, il faut aussi rappeler qu'il y a exactement 20 ans, les services secrets français minaient le Rainbow Warrior et que dans leur idiotie, ont condamné jusqu'à maintenant tous les projets nucléaires, notamment en Suisse (et vu les pannes des CFF, on les remercie bien).
J'ai franchement plus confiance en eux pour saborder les efforts de lutte contre le terrorisme par une action spéctaculaire complètement absurde (type l'enlèvement d'un dignitaire religieux en Italie et le faire transiter par Genève) que croire qu'un attentat pourrait faire basculer les masses dans l'islamisme...
Publié par X. le 13 juillet 2005 à 10:55
Il ne s'agit pas de phantasmes mais du risque évident (d'autres ont parlé d'"oeillères imposées") de justification et légitimisation du terrorisme qui à quelques jours de distance, avant même que toutes les victimes ne soient identifiées, n'est plus grâce à un exploit de novlangue ni terroriste, ni islamique, ni jihadiste. Les conséquences d'une telle manipulation sont soit une réelle explosion civile ou la soumission progressive de la société aux exactions du jihad.
Donc si le faiseurs d'opinion n'expliquent pas aux électeurs contribuables qui sont les responsables de ces carnages et quel est la matrice idéologique des terroristes, le pays ne pourra pas réagir concrètement.
Imaginez pour un instant si des groupes s'applant à une quelconque doctrine chrétienne (et là il faudrait vraiment inventer les versets justifiant les actes) avaient commis les mêmes attentats un peu à Istanboul, au Caire, à Téhéran ...
Quelles auraient été les réactions des gouvernements turque, égyptien, iraniens, de leurs autorités religieuses, des populations, quelles auraient été les conséquences pour les population (résiduelles) chrétiennes (pogroms, conversions forcées, expulsions?), les excuses des gouvernements des pays chrétiens ... je vous laisse imaginer le scénario.
Il y a sûrement un juste milieu entre la réaction de Blair et celle des imams et commence par appeler les choses par leur nom.
Publié par Mikhaël le 13 juillet 2005 à 12:52