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24 mai 2005
Les précautions allemandes
Séjourner dans un petit village bavarois ne produit pas vraiment de dépaysement : l'ordre, le calme, la propreté et l'élégance coquette d'Oberammergau sont largement équivalents à ce que l'on trouverait en Suisse. Le coût de la vie aussi, hélas ! En revanche, une différence frappante réside dans cette sorte de paternalisme infantilisant qui apparaît ça et là . On sent que l'on vit dans un environnement voué à minimiser les risques, à chaperonner l'individu. Je ne connais pas assez l'Allemagne pour savoir si cela est exclusivement imputable à la société germanique, ou si une influence américaine - l'OTAN reste encore largement, au fond, une affaire germano-américaine - s'est faite sentir à certains égards.
Je m'explique. Devant les maisons qui abritent les familles des militaires stationnés ici, on trouve un panneau avertissant des chutes de neige provenant du toit et des possibles stalactites de glace. La vie est vraiment pleine de dangers. Au restaurant, j'ai constaté que la carte des boissons mentionnait quel breuvage comptait de la caféine ou des colorants artificiels. Essentiel pour tout consommateur. L'interdiction de fumer est considérée comme prioritaire dans tous les locaux du complexe, et ne pas la respecter provoque une amende de 60 € censée couvrir les frais de désodorisation. Une dissuasion caractérisée. Enfin, un petit parc de jeux pour enfants arbore un panneau assez surprenant (voir ci-dessus), par lequel les autorités ont jugé bon de rappeler aux parents leurs responsabilités. Parce qu'ils risqueraient sinon de les oublier ?
Je suis ici depuis 2 jours seulement ; c'est un peu trop tôt pour en tirer des conclusions qui risqueraient d'être hâtives. Peut-être que l'Etat-providence provoque une déresponsabilisation rendant ensuite nécessaires de telles directives! Mais je préfère laisser cela à la sagacité des commentateurs ! ;)
Publié par Ludovic Monnerat le 24 mai 2005 à 21:34
Commentaires
Identique au Québec, je me demande même si l'on ne prend pas sa douche avec un casque sur la tête :)))
C'est peut-être ce qui explique la vogue des sports extrêmes ici et ailleurs !
Le problème est que si vous êtes anticonformiste vous devenez un paria de la société...quelqu'un de dangereux que l'on doit rééduquer.
Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 25 mai 2005 à 3:23
Parfaitement! Il y a trop de stroumpfs à lunettes par ici, et ça en incite d'autres à se promener tout le temps avec un gourdin.
Publié par ajm le 25 mai 2005 à 7:14
L'état providence signifie que la santé de chacun est partiellement supportée par la collectivité, donc que tout ce qui a un impact sur la santé d'un individu concerne, partiellement, l'ensemble de la collectivité. Il est donc obligé que la société contrôle, partiellement, la vie de chacun. L'individu ne se possède plus, n'a plus la liberté ni la responsabilité de faire ce qu'il veut de sa santé, de sa vie : c'est la collectivité qui doit décider pour lui (en France, les grandes campagnes de "sensibilisation" sur le déficit de la Sécurité Sociale le prouvent jour après jour).
Dans ce cadre, le terme "responsabilité" est souvent employé mais il est dévoyé de sorte à maintenant signifier : "agissant dans le sens imposé par la collectivité". Est "responsable" non pas celui qui agit librement en en supportant les conséquences, mais celui qui respecte les obligations collectivistes sous risque de punition par la collectivité.
Un tel changement de sens, si anti-naturel (perte de contrôle, qui est à l'origine d'une bonne part des dépressions et autres "maladies du siècle"), a besoin d'être rappelé en permanence.
Publié par Evoweb le 25 mai 2005 à 8:12
Bonjour,
j'habite la Bavière depuis 30 ans très près d'ailleurs d'Oberammergau, sur le lac du Chiemsee. Ludovic ne devrait pas se laisser tromper par des impressions fugaces. Les Bavarois sont la tribu germanique la plus débonnaire et de loin et ils pratiquent un laisser faire/laisser vivre tout à fait étonnant qui surprend toujours les allemands non-bavarois et qui fait le charme de cette région. Bien sûr l'arrivée massive ces 30 derniéres années de gens originaires d'autres provinces qui recherchaient le mieux vivre, la proximité des montagnes et de l'Italie a laissé des traces dans les mentalités mais surtout dans les grandes villes certainement beaucoup moins dans les petites villes et villages de Haute-bavière où la vie continue à rester relativement traditionnelle.
Par contre Oberammergau est certainement la destination, la ville la plus gatée par l'arrivée permanente de touristes et on ne pas considérer cette ville comme représentative de la Bavière.
Roland
Publié par Roland Milelli le 25 mai 2005 à 8:40
Une fois j'ai vu un type qui roulait sans casque. J'ai eu vraiment très peur: il allait probablement se tuer. Une autre fois aussi, je me suis fait prendre à rouler à 57 km/h dans un lieu limité à 50 - mais par miracle, personne n'est mort.
Bon, je vous laisse, je vais de ce pas déjeuner d'un repas calculé pour minimiser les risques d'accident cardio-vasculaire.
Publié par Stéphane le 26 mai 2005 à 13:38
Je doute que ces panneaux soient destinés directement aux usagers, en tout cas personne n'y prête attention en France. C'est sans doute seulement un moyen de limiter la responsabilité de la municipalité en cas d'accident (et d'actions judiciaires qui sont bien engagées à l'initiative de « citoyens individuels » et pas par l'abominable collectivité).
Plutôt qu'une dérive de nos « état socialisants » (citation libre), cela ressemble donc plutôt à une conséquence de la judiciarisation de nos sociétés, phénomène qui est plus typique du monde anglo-saxon que de la vieille Europe socialiste (Les « gauchistes » ont donc parfois bon dos)...
Publié par nobody le 26 mai 2005 à 14:37
" l'abominable collectivité " c'est un peu comme l'abominable homme des neige...ça laisse de grosses traces mais on ne le voit jamais. Gauche, Droite ça ne veut plus dire grand chose même si en Europe on en parle souvent. L'abominable collectivité est plus cette pensée politiquement correcte et fascisante qui s'installe lentement mais sûrement avec le contrôle de la santé, des armes et... dites moi, reste-t-il quelque chose qui ne soit pas contrôlée !
Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 26 mai 2005 à 18:10