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1 avril 2005
Un retour à Beyrouth?
Est-ce que la France et la Grande-Bretagne se tiennent prêtes à intervenir militairement au Liban? C'est en tout cas la supposition que l'on peut trouver sur StrategyPage.com, après avoir annoncé qu'un navire britannique avait rejoint un navire français en Méditerranée orientale (voir ici la première information), et que tous deux avaient la capacité d'appuyer des opérations spéciales, dont le spectre très large comprend certes l'évacuation de ressortissants nationaux, mais aussi des actions offensives. Autrement dit, Paris et Londres ont apparemment positionné des navires et du personnel spécialisé capable de leur fournir des options au cas où la situation tendue que connaît le Liban depuis 40 jours venait à s'aggraver soudainement.
Il est difficile d'évaluer la pertinence de cette analyse côté français. Le navire en question, le bâtiment de commandement et de ravitaillement Var, a en effet la particularité de pouvoir abriter un état-major important - 50 hommes - et de donc de disposer de toutes les liaisons nécessaires à la planification et à la conduite d'une opération, en plus de ses fonctions logistiques. Il a déjà été engagé au profit de l'opération Héraclès, dans l'Océan Indien, apparemment déjà en appui des forces spéciales françaises. Il constitue en effet une base opérationnelle avancée valable, susceptible d'accueillir des moyens de transport aériens et qui possède l'immense avantage de pouvoir rester dans les eaux internationales - avec la sécurité et la discrétion, physique et donc politique, que cela suppose.
Cela dit, la Marine nationale annonce que le BCR Var était à Toulon fin mars. Aucun communiqué récent le concernant n'est disponible. On peut supposer qu'il s'agit de mesures standardisées visant à assurer la sécurité opérationnelle, mais peut-être que l'information de StrategyPage.com est périmée ou simplement fausse. A priori, il devrait être facile de savoir si le Var est à Toulon, même s'il a des sisterships...
Au niveau britannique, cela semble plus clair. Le bâtiment concerné est le HMS Albion, un navire d'assaut amphibie spécialement conçu pour un spectre d'engagement comprenant aussi les opérations spéciales, et qui peut abriter un contingent assez important (plus de 600 militaires). Récemment entré en service, ce navire a déjà été envoyé au large des côtes ivoiriennes en novembre dernier pour appuyer l'évacuation des ressortissants britanniques et européens. Aucun communiqué officiel ne mentionne ses activités cette année, ce qui renforce la présomption d'un déploiement opérationnel d'importance.
Que conclure de ces spéculations? Si les deux principales armées européennes n'ont plus que très partiellement la capacité d'exécuter des opérations de grande envergure (comme l'opération Telic des Britanniques en Irak), elles ont en revanche développé des outils flexibles et polyvalents permettant de fournir des réponses adaptées aux événements de leur environnement stratégique. Le déclin de l'Europe militaire n'est pas une fatalité, ni totalement une réalité.
Publié par Ludovic Monnerat le 1 avril 2005 à 15:30
Commentaires
Je signale cette article apparut sur des forums (militaryphoto pour ici) avec un titre accrocheur a 200%, dont la credibilite de la source est plus que suspecte,et alors que personne n'en parle dans le pays concerné (Lemonde, TF1, Le figaro etc)
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France Threatens Military Action Against Syria over Lebanon!
France has reportedly warned the Assad regime against playing procrastination games to sabotage the process of change in Lebanon, saying "otherwise, all doors will be flung open for all eventualities against Syria," including military action.
The London-based Asharq Al Awsat on Saturday quoted a French official as saying the report of the U.N. fact-finding mission on ex-Premier Hariri's assassination "is the message we wanted to address to Syria to refrain from preventing the change in Lebanon."
The newspaper quoted the French official as saying in a harsh language that reflects a French ultimatum: "France has long resisted calls for directly attacking Syria. So do not push us into a situation where we have to change our stance."
"If the Syrians fail to understand this or if they try to manipulate and procrastinate, they will lose their last chance" the French official said, according to the Saudi-owned newspaper.
Publié par Frédéric le 1 avril 2005 à 17:56
On se demande si l'échelon politique français se souvient des paras français assassinés, lors d'une mission de paix, par le Hezballah?
On se demande si ces politiciens se rendent compte de ce que ça pourrait signifier en terme de "feed back" (attentats) que de se refrotter avec une alliance Iran-Syrie-Hezballah?
On se demande si ces politiciens iront jusqu'au bout de leurs actions ou bien laisseront des hommes et femmes se sortir tout seuls de situations sanglantes, sans moyens de riposter.
Se frotter à l'axe Iran-Syrie-Hezballah comporte "un peu plus" de risque par rapport à tirer sur des exités à Abidjan (et justifier les tirs par "viols de blanches" dignes des lynchs anti-"nègres" de l'Alabama).
Une action contre les interrêt de l'axe Iran-Syrie-Hezballah implique en assumer les conséquences.
Publié par Mikhaël le 1 avril 2005 à 20:18
Désolé pour une question qui vous apparaitra peut-ête naïve ...
Mais je dois dire que la sortie d'une telle info laisse un peu perplexe le novice des choses militaires et stratégiques que je suis ...
Faut-il traiter ça comme de l'intox, un vrai signal pour la Syrie que les chancelleries européennes (?) ne plaisantent pas ou comme une ... vraie info, auquel cas sa divulgation ne risque-t-elle pas de... compromettre les chances de réalisation de l'action envisagée ?
Publié par jc durbant le 2 avril 2005 à 5:54
Pour jc, il est exact que si cette info correspond à la réalité, en principe les Gouvernements concernés souhaiteraient qu'un minimum de publicité lui soit accordé. Maintenant, l'envoi d'un navire au large d'un pays est toujours un signal politique, et un signal est fait pour être entendu, pas trop fort certes, mais entendu tout de même. Et un navire de commandement et de ravitaillement français n'est pas un signal politique trop agressif (je dirais différemment d'un navire d'assaut amphibie britannique, même si ce n'est pas un porte-avions).
En même temps, dans le cas du Liban, on voit une progression par rapport à la politique de la canonnière des années 80, lorsque l'administration Reagon avait déployé un cuirassé et fait tirer des obus de 406 mm sur les collines surplombant Beyrouth pour "calmer" les belligérants !
Ce qui me permet de répondre à Mikhaël en disant que, oui, je suis persuadé que les attentats d'octobre 1983 sont encore dans les mémoires des dirigeants. Déployer un contingent sur un navire est mieux que le mettre à la merci des attentats suicides (à condition que le navire soit protégé et alerte, pas comme l'USS Cole en octobre 2000).
Publié par Ludovic Monnerat le 2 avril 2005 à 7:25
Que la mémoire porte encore des trace de l'assassinat des paras français du poste Dakar, j'en suis sûr: celle des familles et celle des forces armées.
Celle de la "classe" politique j'en doute; et s'il s'en souviennent ça ne doit pas les déranger plus que la mémoire des harkis abbandonnés aux massacres du FLN.
J'en n'aurais jamais assez de comparer la réaction de l'échelon politique francais en Côte d'Ivoir avec celle au Liban; d'un côté on riposte sans hésitation et on tire sans trop d'état d'âme sur des civils (et oui c'était des civils ... comme ceux du Hamas, mais on l'oublie vite) de l'autre côté on plie le drapeau et on s'en va sans trop de bruit, sauf, 20 ans après, avoir des problèmes à déclarer le Hezballah organisation terroriste.
Publié par Mikhaël le 2 avril 2005 à 13:46
A propos de Beyrouth, du massacre des soldats en mission de paix par le Hezballah pro-iranien et de son influence sur le terrorisme des années suivantes
Publié par Mikhaël le 2 avril 2005 à 16:36
Et si cela était tout simplement un poisson d'avril, sur Air et Cosmos, on bien écrit un article sur le fait que le France acheterait 10 A 380 transports de troupes convertible en bombardier lourds en 24 h ;)
From Strategypage:
April 1, 2005: The British amphibious ship Albion has joined the French commando support ship Var off the Lebanese coast. Although operating independently of the French vessel, it's been conducting evacuation exercises and acting like it's preparing to support commando operations in Lebanon. Like the French ship, the Albion can also support troops, serve as a headquarters and, in general, allow for intervention if Lebanon collapses into civil disorder. Unlike France, Britain does not have a large number of its citizens living in Lebanon. Many Lebanese believe that Syria, and their Lebanese allies, will not allow an anti-Syrian government to gain control in Lebanon. It's feared that the Syrians are willing to risk another civil war in Lebanon in order to maintain Syrian economic advantages in Lebanon. The United States (and many European nations, and the UN) are telling Syria that this won't work, and would result in military action against Syria.
Publié par Frédéric le 2 avril 2005 à 18:40
la politique de la canonnière est bien antérieur aux années 80. Pour ne citer que quelques cas comme le bombardement des ports africains par les Portugais qui accéléra la chute d'un grand empire de l'est, bombardement des barbaresque d'Alger par les Américains qui ne furent plus inquiétés en méditerranée, présence d'une canonnière allemande au large d'Agadir dans le partage des protectorats , bombardement du port d'un émirat insoumis par les Anglais, re-canonnière mais cette fois espagnole au large d'Agadir, j'étais présent et je peux témoigner que les gens ordinaires sont très sensibles à ce genre de menace car leur mobilité est limité et leur connaissance de la chose militaire est très faible. Je pense que les canonnières ont eu plus d'effets que la présence de troupes en sol " ennemi " surtout quand celle-ci sont confinées dans des lieux sans protection ( hôtel à Beyrouth si je me souviens bien...) .
Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 3 avril 2005 à 16:42
Politique des cannonière qui fut précédée par la politique des galères turques et arabes qui pillèrent et terrorisèrent le bassin de la méditeranée, effectuant des raïds contre des civils pacifiques vaquants à leurs affaires, capturants des civils infidèles pour les vendre comme esclaves ou les rançonner, attaquant les navires marchands civils ... parler des cannonières c'est devoir parler des galères qui les précédèrent!
A moins de vouloir jouer les alterislamistes à la "Tareq et les indigènes de la république" et oublier la conquête de l'Afrique du nord au fils de l'épée et le viol des populations ainsi conquises.
... et vous étiez présent où?
Publié par Mikhaël le 4 avril 2005 à 23:19