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24 avril 2005
Prise de conscience médiatique
Un article publié cette semaine par The Economist montre que les médias traditionnels commencent à comprendre la nécessité de transformer leur manière de gérer l'information et leurs clients. Basé sur un discours fracassant de Rupert Murdoch, prononcé le 13 avril devant l'American Society of Newspaper Editors et invitant ceux-ci à modifier radicalement leurs méthodes de travail, cet article pose plusieurs questions de fond sur le déclin de la presse écrite, l'essor des médias électroniques, mais aussi la démocratisation de la fonction journalistique. Le jugement générationnel montre en particulier qu'une adaptation radicale est inévitable :
The decline of newspapers predates the internet. But the second-broadband-generation of the internet is not only accelerating it but is also changing the business in a way that the previous rivals to newspapers-radio and TV-never did. Older people, whom Mr Murdoch calls "digital immigrants", may not have noticed, but young "digital natives" increasingly get their news from web portals such as Yahoo! or Google, and from newer web media such as blogs.
Fondamentalement, l'Internet est un progrès révolutionnaire qui, à mon sens, aura des effets aussi importants et durables que l'invention de l'imprimerie. On se rappelle que celle-ci, en autorisant une diffusion des idées et notamment des bibles, a créé les conditions pour la réforme de l'Eglise, et toutes les guerres de religions qui ont suivi, mais aussi permis un développement prodigieux du savoir. Aujourd'hui, c'est une véritable épidémie d'idées qui touche la planète, avec des effets potentiels qui dépassent probablement notre entendement. Que les médias se rendent peu à peu compte de l'évolution des rapports de force basés sur l'information est certainement salutaire, à condition de surmonter le conservatisme propre au corporatisme journalistique.
Publié par Ludovic Monnerat le 24 avril 2005 à 12:49
Commentaires
un exemple de l'aspect révolutionnaire d'internet et des blogs est le site de Roger L. Simon (www.rogerlsimon.com). Il poursuit de très près le scandale à l'ONU sur le programme Oil-For-Food. À cette occasion, il a dû être un des tous premiers à rapporter une nouvelle que les médias officiels n'ont rapportée (connues?) que 24 heures plus tard: le fait que deux inspecteurs de la commission Volcker avaient démissionné. (http://www.rogerlsimon.com/mt-archives/2005/04/your_foreign_re.php). Roger L. Simon a d'ailleurs relevé que ces deux personnes n'ont pas quitté la commission parce que le travail aurait été accompli (comme nous ont voulu faire coire des porte-paroles officiels!), mais bien au contraire parce que la commission avait été trop soft par rapport à K. Annan! Cela a maintenant d'ailleurs été rapporté également par l'AP hier.... (http://www.businessweek.com/ap/financialnews/D89LC13O0.htm?campaign_id=apn_home_down) Pour le moment, cette évolution a déjà comme conséquence que l'administration Bush commence à diminuer son soutien officiel à Kofi Annan (http://abcnews.go.com/US/wireStory?id=692422)
Cela montre bien que les nouvelles passent beaucoup plus rapidement, mais qu'également les analyses sont plus rapides à sortir que celles des médias traditionnels. Les blogs sont vraiment une merveille!
Publié par Robert Desax le 24 avril 2005 à 14:08
Les médias électroniques ne durent pas autant que les médias papier.
Panne de courant, un serveur hors service, une copie des dossiers qui s'efface...
Le "réseau" est bien fragile.
Publié par Frédéric le 24 avril 2005 à 15:51
I quote "Le "réseau" est bien fragile" end of quote.
Oui le "réseau" est fragile mais pas pour les raisons exposées. Le réseau est fragile parce qu'il est vecteur du meilleur comme du pire. Un exemple illustratif en est le "Réseau Voltaire". Je veux dire par là que l'internet, en terme de sources, est capable de véhiculer aussi bien la plus nauséabonde des informations (les Juifs ont tous quitté les tours du WTC avant les crashs des avions) que la plus utile d'entre elles.
Le problème est donc principalement d'ordre éducatif: apprendre à la population à croiser ses sources et à confronter les points de vue exprimés tant dans le presse écrite ou audio-visuelle que sur Internet.
Actuellement tout est fait pour décerveler l'individu. Il est grand temps que nos enfants apprennent la notion du doute et la libre pensée.
Quant à la problématique économique de l'opposition entre presse "papier" versus presse "électronique" je n'y crois pas beaucoup. La presse "papier" est de plus en plus électronique et l'avenir sera au tout électronique. La véritable concurence sera entre presse "classique" papier/audio/tv et la presse "alternative" (toutes tendances politiques ou philosophiques confondues") électronique. La présence de blogs de la qualité de celui de notre hôte en est la meilleure preuve.
Bonne soirée à tous.
Publié par Bernard le 24 avril 2005 à 21:03
En effet, ce nouveau média souffre pour le moment de quelques défauts majeurs: sa volatilité ( qui demeure un problème réel et représente un défi auquel il faudra bien trouver une solution sous peine de devoir transférer en permanence les informations de supports de stockage en supports de stockage au fur et à mesure que les technologies qui permettent de les lire deviennent caduques ) et sa dépendance intrinsèque à la technologie, aux ordinateurs et aux systèmes d'exploitations et, par conséquent, aux considérations purement économiques ( j'allais dire vénales, mais bon... ) .
Les qualités les plus révolutionnaires sont la démocratisation des fournisseurs et des sources d'informations et son indépendance de toute idéologie, de toute morale et de tout diktat, ce qui d'ailleurs irrite profondément les moralisateurs, les dictateurs et tous les "éducateurs idéologiques" de tous acabits.
Publié par fingers le 24 avril 2005 à 21:16
LA VOLONTE DES GRANDS MEDIAÂ :
Paul Mirengoff, POWERLINE BLOG, 24Â April 2005 [http://powerlineblog.com/archives/010262.php]
George Will traite [http://www.indystar.com/apps/pbcs.dll/article?AID=/20050424/OPINION/504240334/1002] de la baisse de consommation des nouvelles sur papier et sur les grandes chaînes. On doit en partie celle-ci, écrit-il, au fait que la jeune génération experte en médias rejette le journalisme traditionnel.
La question-clé est de savoir pourquoi ladite jeune génération experte en médias le rejette, ce journalisme traditionnel. Une explication est que c'est un public qui préfère passer son temps sur le net. Cependant, dans la mesure où ce serait là que se trouve le problème, les Médias officiels peuvent parfaitement réagir - et c'est ce qu'ils font - en mettant leurs produits en ligne. Le plus dur est de trouver comment faire de l'argent dans ces conditions.
Cependant, comme George Will le laisse entendre, ce n'est pas à cause de la nature du support dont ils se servent que les Médias officiels perdent du terrain. Ils en perdent parce qu'ils combinent la partialité avec l'aveuglement. Ce dernier trait apparaît aux yeux de tous dans la citation que Will fait d'un dirigeant de CBS s'adressant à Terry Eastland du WEEKLY STANDARD :
"Le temps travaille pour nous, dans la mesure où plus on avance en âge, et plus on s'intéresse au monde qui vous entoure"
En d'autres termes, ce que le représentant des Médias officiels suppose, c'est que les jeunes laissent tomber ceux-ci parce qu'ils se ferment aux événements de la politique et du monde. (il ou elle ne voit pas non plus que, s'il est certain que les jeunes qui méprisent les Médias officiels finiront par vieillir, il n'est pas moins certain que les plus âgés, qui consomment ceux-ci aujourd'hui, finiront par mourir et par être remplacés par de plus jeunes).
Cependant, quelle preuve a-t-on (à part le déclin des "Grands médias" que les jeunes experts ès médias d'aujourd'hui ne s'intéressent pas au monde extérieur ? Ma fille et ses amis sont aussi bien informés, voire mieux, que les enfants avec qui j'ai grandi - la seule différence est qu'ils vont chercher leur information auprès d'autres genres de sources.
Will conclut que l'avenir des Grands médias est incertain. il semble néanmoins assuré qu'ils ne reprendront pas leur place d'arbitre des choses telles qu'elles sont, pas plus que l'intégralité de leurs parts de marché. Je n'en pense pas moins que pour eux, il existe une niche, là où ils ont toujours prétendu se situer : en tant qu'intermédiaires honnêtes et impartiaux. Ce qui me frappe, c'est à quel point on peut douter que les grands médias aient la volonté de se placer sur ce créneau-là .
Publié par François Guillaumat le 25 avril 2005 à 1:55
La jeune génération n'est pas plus experte en médias que ne le furent, avant elle, toutes les jeunes générations auquelles elle succède. Depuis plus de 50 ans, notre société a toujours bien su profiter des aspirations de la jeunesse à des choses qui soient en rupture avec celles de la génération précédente. (On se serait probablement tous gavés d'épinards si nos parents nous avaient interdit d'en manger!)
Les grands groupes dits "de presse" arrivent déjà très bien à faire en sorte que ces jeunes rebelles dépensent de fortes sommes en frais de communication afin de voter pour le prochain groupe de casse-pieds du petit écran ou pour mettre sur leurs téléphones une "sonnerie" issue d'une "chanson" de la dernière chèvre à bouclette à la mode. Je ne serait pas autrement étonné qu'in fine, ils sortent fort bien leur épingle du jeu. Pour le meiller et pour le pire.
Publié par Laurent Zimmerli le 25 avril 2005 à 4:22
Les nouveaux médias ne rendent pas les jeunes générations plus intelligentes ou plus perspicaces , elles en maitrisent juste mieux les codes et les us et sont par conséquent plus influencées que les "vieux" par les avantages et les inconcénients de ces nouvelles technologies.
Les médias traditionnels semblent avoir quelques petites inquiétudes quand à leur position privilégiée de "fournisseurs officiels d'informations" et du pouvoir d'influence qu'elle leur octroie face à cette concurrence diffuse, incontrôlable ( jusqu'à quand?.. ) et, somme toute, déloyale.
Un problème semblable doit se poser pour une très grande majorité de gouvernements, dont les accointances avec les grands médias vont de la petite coucherie discrète à la mise sous tutelle absolue.
L'information et toutes les formes de pouvoirs ont toujours fait ménage commun; le web vient foutre un peu en l'air cette idylle passionnelle.
(j'attends d'ailleurs impatiemment la "minute de haine" de ce soir: j'ai un peu les nerfs, le lundi )
Publié par fingers le 25 avril 2005 à 10:09
Pouvez indiquez ce qu'est cette "minute de haine" ?
Une émission TV ?
Publié par Frédéric le 25 avril 2005 à 23:14
Juste une boutade à propos de La minute de haine d'Orwell en rapport avec le contenu de certaines émissions tv.
Publié par fingers le 26 avril 2005 à 8:24
Woaw !
Suis étonné par la qualité des réflexions parues sur le sujet. Bien que ce vecteur électronique est en soit une révolution, il n'est pas forcément synonyme de crédibilité. Une émission TV l'a rappelé en décortiquant le lancement d'une rumeur : le 11 septembre n'a pas eu lieu (voir notamment http://www.asile.org/citoyens/numero13/pentagone/erreurs.htm). Le succès commercial du livre de Thierry Meyssan (L'Effroyable imposture) aurait notamment utilisé Internet pour semer le doute et propager sa vision du 11 septembre.
Alex
Publié par Alex le 26 avril 2005 à 14:22
Pour ceux qui n'ont pas entendu, une émission à propos des blogs sur RSR La Première, hélas un peu en surface, mais pas inutile.
http://www.rsr.ch/view.asp?Domid=14&clickedDate=04/26/2005#mardi
C'est quoi un blog ?
"Blog story, Emily Turrettini et Cyril Fievet, Editions Eyrolles
De façon très synthétique, un blog (ou weblog) est un type de site Web composé essentiellement d'actualités publiées au fil de l'eau et apparaissant selon un ordre antechronologique (les plus récentes en haut de la page), le plus souvent enrichies de liens hypertextes externes. Sous cette forme, la définition paraît peu attrayante. Elle rend surtout peu compte de la diversité - et de l'intérêt - du concept de blog. Mais il est aussi difficile de décrire ce que sont les blogs ou ce qu'ils ne sont pas, que d'expliquer ce qu'est le Web en une phrase...
(...)"
Le lien audio:
Publié par fingers le 26 avril 2005 à 17:21