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29 avril 2005
La guerre des réseaux
La violence armée prend une telle place dans les reflets médiatiques, et donc influence tellement les perceptions par le façonnement de l'espace sémantique, que l'on risque parfois d'oublier ou de sous-estimer l'autre dimension dans laquelle l'information joue nouvellement un rôle central : l'espace cybernétique. A en croire cet article, les Etats-Unis ainsi ont mis sur pied une unité spécialisées dans les opérations des réseaux informatiques, nommée Joint Functional Component Command for Network Warfare, et chargée aussi bien de la défense des réseaux du Pentagone que de l'attaque et de l'exploitation des réseaux pris pour cibles :
[former U.S. Marine intelligence officer Dan] Verton said the Defense Department talks often about the millions it spends on defending its networks, which were targeted last year nearly 75,000 times with intrusion attempts. But the department has never admitted to launching a cyber attack - frying a network or sabotaging radar - against an enemy, he said.
Verton said the unit's capabilities are highly classified, but he believes they can destroy networks and penetrate enemy computers to steal or manipulate data. He said they may also be able to set loose a worm to take down command-and-control systems so the enemy is unable to communicate and direct ground forces, or fire surface-to-air missiles, for example.
Comme le souligne ce texte avec raison, les capacités et le savoir-faire des armées dans le cyberespace sont strictement classifiées dans chaque pays. Rien ne serait davantage contre-productif que rendre public les échecs et les succès vécus en la matière. Du coup, les informations qui filtrent régulièrement sur les unités et les actions mises en œuvre laissent toujours un doute profond : s'agit-il de poudre aux yeux ou d'authentiques révélations ? Dans le cas des Etats-Unis, on peut a priori être tenté de croire à la réalité de leurs capacités ; le rôle joué par les attaques des réseaux informatiques durant la guerre du Kosovo a un trop grand degré de probabilité pour se défier spontanément de l'article cité. Malgré cela, l'espace cybernétique a ceci de caractéristique qu'un seul individu peut mettre en échec ou défier avec succès la première puissance mondiale. La quantité perd face à la qualité.
Le spectre d'un Pearl Harbour digital a bien perdu de son lustre depuis le 11 septembre, mais la vulnérabilité des sociétés post-industrielles aux opérations des réseaux informatiques reste une caractéristique de notre époque, et l'interconnexion croissante des objets les plus courants ne contribue surtout pas à l'amoindrir.
Publié par Ludovic Monnerat le 29 avril 2005 à 17:59