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6 avril 2005
Irak : une planification pénible
L'hebdomadaire spécialisé Inside The Pentagon a publié voici une semaine un récit passionnant sur les difficultés de planification vécues par le commandement de la coalition en Irak. Il montre, bien qu'avec certaines nuances, que la Force Multinationale Irak (MNF-I) ne dispose que depuis février 2005 d'un concept d'opérations adapté à sa mission de contre-insurrection et fournissant des objectifs mesurables à cette fin, et que les plans précédents - datant respectivement d'août et janvier 2004 - étaient trop flous et généraux pour être utiles. En d'autres termes, le commandement militaire chargé de planifier et d'exécuter la campagne de stabilisation du pays depuis plus de 2 ans vient à peine, selon ses propres termes, d'accoucher d'un plan capable d'indiquer si la situation évolue de manière favorable ou non.
Cet article montre à quel point il peut être difficile de traduire des intentions stratégiques claires, comme le rétablissement des outils de sécurité de l'Etat irakien ou le développement démocratique de ses institutions, en missions militaires données à des divisions et à des unités spécialisées. A l'inverse, les missions tactiques des unités et corps de troupe (compagnies, bataillons, brigades) ont une formulation et une conception simples : protéger un périmètre, surveiller une zone, reconstruire un axe de communication ou encore se tenir prêt à mener des raids ciblés. C'est l'essence de la pensée opérative que de parvenir à opérer cette transition entre l'idée de manœuvre stratégique et l'exécution tactique, et le contexte encore inhabituel des conflits de basse intensité prend en défaut les réflexes hérités de la planification de combat :
Casey's earlier plan depicted multinational security operations in Iraq along a military concept for "lines of operation," in which activities are segmented into discrete baskets like civil affairs, counterinsurgency operations, logistics, economic reconstruction and the like, according to defense officials.
"None of these things are connected," one source recalls an officer at Casey's headquarters acknowledging. "They didn't understand the enemy and didn't frame it the right way" in Casey's first plan, said this former officer. "It was many things but it was not a counterinsurgency plan."
The new edition "adds milestones and what we call cradle-to-grave processes," Janke said. It offers "the big picture view" and tells unit commanders, "Now we're going to give you direction," he said. "What you're seeing [is a course] correction, based on ground truth," Janke said.
En lisant entre ces lignes, la version actuelle du plan serait donc parvenue à identifier clairement les objectifs devant être atteints, le centre de gravité qui doit être touché ou préservé pour ce faire, et donc l'articulation des actions en fonction des étapes à franchir afin d'y parvenir. Au-delà des élections, qui ont eu un impact stratégique majeur et dont le succès est largement dû aux actions de la MNF-I à l'automne 2004, la suite des opérations devrait donc poursuivre l'affaiblissement de l'insurrection et le renforcement de l'Etat irakien en fonction de nouvelles étapes, de nouvelles offensives. A suivre!
Publié par Ludovic Monnerat le 6 avril 2005 à 6:08