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6 avril 2005
Darfour : la justice ou la vie
The Economist a publié un commentaire pertinent sur la décision de déférer devant le Cour Pénale Internationale 51 suspects de crimes de guerre au Soudan, dont des dirigeants politiques et militaires de premier plan, pour les massacres commis au Darfour. Mais cette abdication du pouvoir politique devant une institution judiciaire internationale, largement louée comme une décision historique du Conseil de sécurité, restera sans effet sur le nettoyage ethnique qui, selon certains chiffres, a déjà fait 300'000 morts :
[L]eading human-rights bodies concurred that the United Nations Security Council's vote, on Thursday March 31st, to refer 51 suspected war criminals in Sudan's Darfur region to the International Criminal Court (ICC) was an historic step. [...] But though the chances that the worst culprits may eventually be brought to justice have improved, there are few signs as yet that the state-sponsored campaign of murder, rape and torture in the troubled region is coming to an end.
Il paraît tout de même surprenant que le sort des populations victimes des milices pro-gouvernementales soit jugé tellement moins important que l'avènement d'une cour érigée en outil politique. Les habitants du Darfour peuvent bien mourir par milliers chaque mois, les principaux suspects de leur triste sort seront patiemment attendus à La Haye, comme le sont Mladic et Karadzic depuis presque 10 ans, et la justice finira par être rendue, fût-ce par contumace. Quant à essayer d'arrêter le massacre aujourd'hui, en envoyant - quelle horreur! - l'une de ces armées occidentales présentes dans les points chauds du globe, il ne faut même pas y penser. C'est bien connu, aucune action militaire ne peut résoudre quoi que ce soit.
Je me demande combien de vies ont déjà coûté de tels raisonnements...
Publié par Ludovic Monnerat le 6 avril 2005 à 20:23
Commentaires
" Je me demande combien de vies ont déjà coûté de tels raisonnements..."
Le général DALLAIRE pourrait répondre en parti à cette question et combien d'autres militaires dont on ne connait pas les noms...
Roméo Dallaire, J'ai serré la main du diable. La faillite de l'humanité au Rwanda, Éditions Libre Expression, 2003.
Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 7 avril 2005 à 0:15
Après le Rwanda (et la Bosnie, et la Somalie, et le Congo, et ...), je me demande si le blocage est encore psychologique. Les événements récents (le Kosovo, bien que ce soit un mauvais exemple), ou mieux les plans médias déployés pour le Tsunami, ont rendu l'opinion plutôt favorable aux interventions militaro-humanitaires. En témoigne le millier de militaires Français au Tchad qui semblent plutôt prépositionnés dans l'optique d'un franchissement de la frontière que pour faire de l'accueil de réfugiés.
Le blocage parait essentiellement politique, la Chine ayant une attitude de plus en plus nuisible en Afrique ces derniers temps (Darfour, subventions massives en Cote d'Ivoire qui on limités l'impact des pressions de l'ONU sur le camp Gbagbo, etc.). Les différents intervenants, EU, USA, UA, sont conscients de la nécessité d'une intervention (l'Union Africaine avait même fait des propositions dans ce sens), mais puisque rien ne sera fait en dehors du cadre de l'ONU (hors CPI) cela conduit également à l'immobilisme.
Si les succès de Thabo Mbeki en Cote d'Ivoire se confirment, une solution dans le cadre d'une l'Union Africaine crédible pourrait être imaginée, ce qui plairait forcement aux USA et éviterais le parasitage de la Russie ou de la Chine. L'Union Européenne ou les USA pourraient même avantageusement réaliser une partie du financement, qui est habituellement assuré par l'ONU au profit de l'UA. Je fais peut être preuve d'un excès d'optimisme, mais la situation ne me parait pas relever de l'ignorance volontaire ou du désintéressement, nos diplomates devraient pouvoir trouver une solution innovante... à terme.
Publié par nobody le 7 avril 2005 à 4:01
Faudrait aussi demander au Général Morillon et au Colonel Karremans !
Srebrenica 95 : 7000 victimes ?
Rwanda 94 : Annan/Dallaire/Force françaises : 800 000
Quand on pense aux misères qu'on a fait a Sharon pour la tragédie de Sabra et Chatila (1000 ou plus ? en 82) ... !
A quand la CPI pour... l'ONU ?
Publié par jc durbant le 7 avril 2005 à 14:35
"""Quand on pense aux misères qu'on a fait a Sharon pour la tragédie de Sabra et Chatila (1000 ou plus ? en 82) ... ! """
Moui... Il me semblait que les fameux massacres avaient plutôt été commis par les Chrétiens libanais, alliés d'Israël il est vrai. Cette confusion, néanmoins, n'est à mon sens pas souhaitable.
Publié par Ruben le 7 avril 2005 à 18:26
Oui, mais les misères ont BIEN été faites à ... Sharon ! (qui a d'ailleurs plus tard regretté de pas avoir été plus vigilant, non ... ?) ...
Publié par jc durbant le 7 avril 2005 à 19:14
Effectivement.
A l'époque, c'était un brave type, Arik, un peu emporté peut-être. Il est certain qu'il aurait du faire plus attention à ses alliés.
J'ai infiniment plus de peine à comprendre sa politique actuelle en revanche.
Je crois que les héros vieillissent mal.
Publié par Ruben le 7 avril 2005 à 19:20
Pas de problème si vous trouvez mieux pour réussir le retrait de ... Gaza ?
Publié par jc durbant le 8 avril 2005 à 17:29
Je ne vois absolument aucun avantage à se retirer de de Gaza avant d'avoir détruit les assassins.
Gaza, c'est un cadeau, pas un du. Et un cadeau, ça se mérite.
Publié par Ruben le 8 avril 2005 à 21:42
"Je ne vois absolument aucun avantage à se retirer de de Gaza avant d'avoir détruit les assassins"
Dans ce cas, étant donné la culture mafieuse qui s'y est installée depuis des décennies sous le parrain Arafat, on risque d'attendre... longtemps !
Voir le (toujours aussi pertinent !) papier de Ludovic hier (La menace immanente) et http://www.stuff.co.nz/stuff/print/0,1478,3242343a12,00.html ...
Publié par jc durbant le 9 avril 2005 à 8:18