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28 avril 2005
Chars, boue et poussière
La place d'armes de Bure est l'une des trois grandes zones d'exercice utilisées par les formations de chars et d'infanterie de l'armée suisse. Comme l'a écrit l'ami Robert dans un des commentaires ci-dessous (nous y avons servi ensemble, dans la compagnie d'infanterie mécanisée que je commandais comme lieutenant au printemps 1998), la boue ou la poussière constituent la seule alternative qu'offre le terrain en temps normal. Il m'a fallu y débarquer dans la première semaine de janvier 2001 avec ma brave compagnie jurassienne pour découvrir que la neige glacée et un vent sibérien formaient un climat encore plus redoutable. Le chauffage des véhicules blindés était du coup particulièrement apprécié. Je me souviens d'un petit déjeuner pris sur le coup des 0630 dans mon char de commandement, au beau milieu de la forêt ajoulote, au cours duquel l'air chaud semblait presque l'unique source de vie !
Ce matin, avant de revenir dans la capitale pour une séance liée à l'évaluation de l'opération à Sumatra, j'ai pris quelques minutes pour aller longer les vastes halles de Bure. Histoire de satisfaire une indéniable nostalgie (les périodes de commandement restent les plus beaux souvenirs des officiers), mais aussi pour voir de plus près le bataillon de grenadiers de chars 20, qui suit actuellement un cours de reconversion sur le nouveau chars de grenadiers 2000. C'était une bonne occasion pour voir de plus près ce CV-9030 dont l'achat de 186 exemplaires pour près d'un milliard de francs, voici 5 ans, avait déjà donné lieu à des débats politiques animés. Les modèles pris en photo ci-dessus, dont le camouflage gris-vert s'est transformé en livrée désertique sous la boue séchée, ne seraient sans doute pas disponibles aujourd'hui si le même Parlement existait alors!
Avec ses 3 compagnies montées sur char gren 2000 et sa compagnie de chars de combat 87 Leopard 2, sans parler de sa compagnie de chars lance-mines 63/89 (des M-113 qui emmènent des tubes de 120 mm), ce bataillon aligne une puissance de feu absolument dévastatrice. Il est juste regrettables que les « jaunes » (les membres de l'arme blindée) soient encore persuadés que leur mission consiste à déchaîner cette puissance dans d'irrésistibles contre-attaques à l'échelon de la brigade blindée, alors que les engagements de combat modernes exigent un usage précis, proportionnel et dissuasif de la force, avec des formations panachées à l'échelon du groupe ou de la section. Reste le fait que des véhicules blindés très performants sont aujourd'hui introduits dans l'armée. C'est toujours ça !
Publié par Ludovic Monnerat le 28 avril 2005 à 19:47