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9 mars 2005

Le début de la fin

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MEDAN - Le redéploiement du contingent suisse à Sumatra se poursuit ; l'Antonov AN-124 qui transporte nos 3 Super Puma atterrit tantôt à Kloten, après avoir fait escale à Karachi, et les préparatifs sont achevés pour les prochaines étapes du repli. Les modalités de la reddition des cantonnements - pour prendre le terme militaire traditionnel - sont définies, et des cérémonies d'adieu auront encore lieu avec le propriétaire du hangar loué à l'aéroport de Medan et avec les principaux responsables de l'hôtel qui abrite la Task Force SUMA. L'état-major de la TF a d'ailleurs distribué cet après-midi aux membres du contingent les ordres du jour de jeudi et vendredi, qui fixent tous les délais devant être observés avant notre départ par avion de ligne. Les bagages se font, le matériel est centralisé, les comptes sont réglés ; une ambiance de fin de service empreinte d'une certaine nostalgie.

La fatigue se fait évidente parmi les militaires suisses, et le médecin du contingent mène chaque jour plusieurs consultations. La moitié d'entre eux sont ici depuis environ 1 mois, un grand tiers depuis 2 semaines et le reste depuis presque 2 mois ; un officier est même arrivé avec le détachement précurseur, le 9 janvier dernier. En comparaison des missions à l'étranger menées sur une base régulières par l'armée suisse, soit 6 mois dans un contingent et 12 mois comme observateur militaire, ces durées sont assez modestes. Mais la chaleur et l'humidité pèsent constamment sur les organismes, alors que l'éloignement et le décalage horaire provoquent une usure psychologique indéniable. Je suis persuadé que le principal opérateur de télécommunication indonésien, Telkomsel, a fait des affaires en or ces derniers temps !

Je ne connais pas un membre de la TF SUMA qui ne se réjouit pas de rentrer au pays. Depuis la fin des opérations aériennes en Super Puma, la motivation des uns et des autres est avant tout liée au voyage retour. Le volume de travail est resté important, aussi bien pour le personnel des Forces aériennes (préparation des cargaisons) et de la sécurité militaire (surveillance des installations) que pour l'état-major, qui a procédé à l'évaluation de l'action et tiré les principales leçons de l'opération "SUMA", tout en conduisant de près l'ensemble des activités. Mais l'intensité connue durant les premières semaines appartient bel et bien au passé, et les seules incertitudes portent désormais sur des formalités administratives, des horaires de vols réguliers ou des plans de chargement. Bientôt, nous serons tous à l'aéroport de Medan pour embarquer en direction de Kloten - bronzés, légèrement vêtus, portant notre chapeau emblématique, et diablement heureux.

Il est un brin regrettable de quitter un pays sans avoir vraiment eu le temps de le découvrir, mis à part notre expédition dans la jungle en quête de singes amateurs de bananes. Le seul angle que j'aurai vraiment pratiqué reste celui de la nourriture, puisque aucun plat traditionnel ou presque de l'Indonésie n'aura échappé à mon appétit. Les plaisirs de la table ne sont pas un vain mot à Sumatra. Pourtant, et à ma grande surprise, ce sont les restaurants japonais qui me laisseront le meilleur souvenir : les sushis et autres spécificités de la cuisine nippone sont nettement meilleurs ici qu'en Suisse, et qui plus est à un prix totalement abordable. Bien entendu, déguster des nouilles au curry avec des baguettes reste un exercice particulièrement délicat, et l'un de mes T-shirts en conservera peut-être longtemps certaines traces. Nul n'est parfait !

Ce que je ne regretterai pas, en revanche, c'est le trafic intense de Medan (voir la photo ci-dessus, prise par l'un de mes camarades), une ville qui est passée en 60 ans de 45'000 habitants à plus de 3 millions, et dont les rues génèrent une pollution perceptible dans le brouillard qui nimbe fréquemment les immeubles les plus élevés. En même temps, séjourner dans une telle ville était une chance, car les mégapoles forment certainement l'un des environnements opérationnels les plus complexes à maîtriser - et en même temps les plus fréquents dans les conflits futurs. Vivre dans une petite ville helvétique est une chance que j'apprécierai pleinement dans quelques jours, même si la neige redouble d'intensité!

Publié par Ludovic Monnerat le 9 mars 2005 à 12:11

Commentaires

Depuis quelques jours, je vous lis avec un certain plaisir...

Je ne peux que vous souhaiter un bon retour au pays et rassurez-vous, il n'y a plus de chutes de neige de prévue, on parle même de soleil ! Tout arrive !

Merci pour ces récits, vos points de vue sur la situation, pour ce dépaysement... j'espère que vous continuerez à écrire après votre rentrée...

Publié par Scalea le 9 mars 2005 à 17:40

Merci pour vos compliments. Si le soleil revient en Suisse, tous les espoirs sont permis! Je me rappelle l'an dernier avoir commencé ma saison de VTT vers cette époque...

Et oui, je continuerai à écrire !

Publié par Ludovic Monnerat le 10 mars 2005 à 13:09