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14 mars 2005
L'Iran, cible des exercices
Le Times de Londres a publié hier un reportage stupéfiant sur un entraînement à échelle 1 :1 des Forces armées israéliennes, simulant un raid aéroterrestre sur une installation d'enrichissement d'uranium située à Natanz, au sud de l'Iran. Il décrit avec de nombreux détails l'action offensive de forces spéciales israéliennes effectuant une entrée en force dans l'installation pour y placer des explosifs, en partie déguisés par les uniformes des Pasdaran iraniens, avant de quitter le secteur dans des camions placés au préalable par des agents des services de renseignements israéliens, puis de guider les bombes antibunkers larguées par des chasseurs-bombardiers F-15. Un exercice apparemment très réaliste, mené dans le désert du Néguev, dont le seul détail curieux semble l'emploi de chiens portant des explosifs pour s'infiltrer au plus profond de l'installation (ce qui suppose des plans complets).
Le premier réflexe analytique consiste naturellement à interpréter le tout comme un signal politique clair, enrobé dans une déception militaire. Effectuer une répétition d'une opération spéciale avec la présence ouverte de journalistes, qui plus est en identifiant les unités et les moyens utilisés, ne peut a priori avoir d'autre but que de dévoiler à la cible une partie des préparatifs en cours pour altérer ses décisions et son dispositif dans un sens favorable à une attaque complètement différente. Le plan décrit est d'ailleurs suffisamment classique dans sa conception pour ne pas entamer la sécurité opérationnelle d'une action vraiment fondée sur la surprise, et utilisant ces révélations comme une couverture. Un écran de mensonges pour protéger une vérité trop précieuse ; un grand spectre brandi à l'horizon pendant que des ombre se faufilent ailleurs!
En même temps, toute déception repose avant tout sur le doute, et rien ne permet d'exclure avec certitude que les préparatifs révélés ainsi au public ne sont pas une action militaire en préparation, ou du moins une variante opérationnelle en cours d'évaluation. Les Israéliens ont à réitérées reprises pratiqué la déception avec succès ces 50 dernières années, notamment avant la Guerre des Six Jours ou lors de l'opération spéciale menée sur l'aéroport d'Entebbe, et ils ont également subi les effets de la déception arabe lors de la Guerre du Yom Kippour. Leur maîtrise de l'acte consistant à tromper les autorise parfaitement à divulguer une vérité pour faire croire à un mensonge. Ce qui est certain, c'est que la pression exercée sur le régime des mollahs ne diminue pas !
Publié par Ludovic Monnerat le 14 mars 2005 à 14:47
Commentaires
La difficulté me semble étre l'extraction du commando aprés une telle opération, cela demanderait une lourde logistique.
Dans un roman ecrit en 1996, Larry Bond dans "L'ennemi intérieur" à décrit de façon réaliste un raid de Delta Force visant à décapiter l'état major iranien en plein coeur de Téhéran, les pertes étaient extremement lourdes.
Publié par Frédéric le 14 mars 2005 à 23:28
Eh oui, l'inconvénient ave les démocraties, c'est qu'on a jamais eu beaucoup de... kamikazés !
Mais moi je note surtout un certain courage (en grande partie OBLIGÉ, naturellement !) d'un petit pays isolé comme Israël ...
à côté de celui de la Patrie (auto-proclamée) des droits de l'Homme (sic) qui ...
"Interrogée sur les conséquences de l'adoption de la loi (ANTISÉCESSION) chinoise sur l'intention de l'UE de lever son embargo, la porte-parole adjointe du Quai d'Orsay, Cécile Pozzo di Borgo, a répondu que Paris ne voyait...
"pas de lien entre les deux éléments" !
Publié par jc durbant le 15 mars 2005 à 6:09
Il faut se souvenir que la réflexion sur de possibles attaques des installations nucléaires iraniennes est vieille de quelques décennies en Israël: le programme nucléaire iranien (ou du moins son ambition affichée) est antérieur au régime des mollahs.
Ainsi, je vois cette opération médiatique d'Israël plutôt comme la réponse à cette «source diplomatique» de Téhéran qui, la semaine passée, annonçait que le Hezbollah était en mesure d'atteindre, avec des missiles à moyenne portée, 180 objectifs situés sur territoire israélien.
C'est une sorte de guerre des nerfs, pour l'instant.
Publié par ajm le 15 mars 2005 à 7:53
Bonjour,
Sans vouloir vous donner des lecons je constate que vous avez oublié de traduire le mot deception en francais.
Bien à vous
Publié par Roland Milelli le 15 mars 2005 à 9:13
Non, monsieur Mielli, je peux vous confirmer que l'on parle bien de "déception" en français.
Publié par Ruben le 16 mars 2005 à 1:59
Dans le vocabulaire militaire, la déception existe en Français avec le même sens qu'en Anglais:
Mesures visant à induire l'ennemi en erreur, grâce à des truquages, des déformations de la réalité ou des falsifications, en vue de l'inciter à réagir d'une manière préjudiciable à ses propres intérêts.
Le mot déception existe depuis longtemps en Français mais sans cette signification particulière. Ce nouveau sens est un anglicisme. Il a été introduit en 1991 (source: Le Grand Dictionnaire Terminologique).
Publié par Stéphane le 16 mars 2005 à 9:00
Bravo
j'ai perdu une occasion de me taire. J'aurais dû jeter un coup d'oeil dans le Dictionnaire Général de la Langue Francaise d'Hatzfeld et Darmesteter paru en 1871. Déception: anciennement veut dire trahison, menterie. Je prends donc acte que ce mot a été réactualisé dans le vocabulaire militaire.
Néanmoins je suis sûr que la majorité écrasante de vos lecteurs ne l'ont pas compris dans ce sens.
Nichts für ungut.
Roland Milelli
Publié par Roland Milelli le 16 mars 2005 à 17:36
eh bien, j'avoue que moi aussi, je viens d'apprendre du nouveau... ;-)
merci à Ruben et Stéphane
Publié par Robert Desax le 16 mars 2005 à 19:05