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16 mars 2005

L'agonie du Darfour

L'ONU a annoncé, dans l'indifférence presque générale, de nouveaux chiffres concernant le conflit au Darfour : ce sont à présent 180'000 personnes qui sont mortes depuis octobre 2003, et 10'000 autres décèdent chaque mois en raison des combats, de la maladie et de la famine. Une autre estimation parle de 380'000 morts. Le chef des urgences humanitaires de l'ONU, Jan Egeland, ne traite pas pour autant de "pingre" la communauté internationale, alors que celle-ci ne fait rien pour mettre un terme à un conflit prenant une dimension génocidaire.

Cette inaction a un caractère d'autant plus choquant lorsque l'on constate les efforts considérables déployés en Asie du Sud, et notamment à Sumatra, pour venir en aide aux victimes du tsunami. De facto, s'opposer aux excès de la nature exige bien moins de courage moral que faire face à ceux de l'homme, et pareille pétrification planétaire face aux crimes de milices stipendiées - et face aux menaces de veto chinoises - montre bien que le statu quo le plus désastreux reste souvent préféré aux risques du changement. Peut-être des images particulièrement fortes, c'est-à -dire insoutenables, obligeront-elles les Gouvernements à intervenir.

C'est dire que le pouvoir des médias pour inciter à l'action stratégique a une valeur neutre : tout dépend de son emploi.

COMPLEMENT I (18.3 1930) : Et voilà que l'ONU doit évacuer une partie du Darfour face aux menaces des milices janjaweed. L'impuissance finit immanquablement par se conjuguer à la honte.

Publié par Ludovic Monnerat le 16 mars 2005 à 20:06

Commentaires

La situation au Darfour est particulièrement choquante. Je me demande ou restent toutes les bonnes âmes qui tiennent tant au respect des droits de l'homme et du droit international. Ceux qui interjettaient un véto au Conseil de Sécurité par souci de "légalité" et de "légitimité". Ou encore ceux qui aiment passer leurs jours à manifester dans les rues pour n'importe quelle cause "humaniste", "solidaire" ou "anti-néo-libérale".

Ce sont probablement les images qui manquent. Mais c'est aussi moins en vogue de critiquer un régime lointain comme celui du Soudan. On préfère se ruer sur de vieilles connaissances comme Bush et Sharon et les associer aux pires maux que le monde ait jamais connus (sans être bêtement anti-américain ou anti-sémite, bien sûr...). Voilà ce qui s'appelle une perception bien sélective. Les médias et les politiciens en sont les premiers coupables.

Publié par Robert Desax le 17 mars 2005 à 9:28

Il n'y a aucun problème au Darfour! L'ONU a soupesé les morts, compté les cadavres, lancé une commission d'equête. Pendant le massacre, les diplomates se sont succédés à la tribune pour exprimer leur "profonde inquiétude", leur "soutien à la paix", leur "volonté de soutenir l'arrêt des hostilités", leur "angoisse", leur "anxiété", leur "préoccupation" et mille autres expression de leur contrariété. Et puis le couperet est tombé.

La commission d'enquête de l'ONU a conclu: CE N'EST PAS UN GENOCIDE. Ce sont juste quelques dizaines ou centaines de milliers de morts qui, par hasard, appartiennent à la même ethnie.

Tout va donc pour le mieux, et je ne comprends pas pourquoi on s'agite autour de cette histoire de Darfour puisque l'ONU, organisme compétent entre tous, a jugé qu'il n'y avait pas de quoi s'agiter. Il est vrai qu'au Darfour il n'y a pas de prétrole, et pas de présence Américaine à critiquer (ce qui explique aussi l'absence de manifestants dans nos rues).

Publié par Stéphane le 17 mars 2005 à 9:41

Et si, il y un peu de pétrole au Soudan, exploiter par des sociétés Chinoines, donc si l'Occident s'en méle, on vas ressortir les pancartes des manifs "No blood for oil"...

Je signale aussi que l'ONU à déclarer que la Région des Grands Lacs est aujourd'hui la pire des catastrophes humanitaires, malgré la présence de 11 000 Casques Bleus qui ont eu des pertes et qui font ce qu'il peuvent, la situation dans cette région ne cesse de ce dégrader.

En Ituri, l'année derniére, l'Union Européenne avait envoyer un contingent pour sécurisé la région mais aussitot partit, les innombrables parties en conflits ont recommancé leur jeu de massacres.

Publié par Frédéric le 17 mars 2005 à 20:41