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2 février 2005

Entre police et armée

Le Temps publie aujourd'hui (accès gratuit) une réflexion de Pierre Aepli, l'ancien commandant de la police cantonale vaudoise et coordinateur suisse pour la sécurité du Sommet du G8 d'Evian, sur la collaboration entre police et armée. Il n'aborde pas vraiment la polémique aiguë lancée par certains syndicalistes policiers, qui affirment envers et contre tout que la sécurité intérieure est une affaire purement civile (l'armée vient d'engager 4700 soldats pour le WEF...), mais propose plusieurs solutions pour harmoniser les forces. Extraits :

La Suisse a un déficit dans sa capacité de maintien de l'ordre. [...] Comme on ne saurait faire intervenir l'armée contre les citoyens, il en découle logiquement, si l'on veut éviter de faire appel à l'aide extérieure, que les polices soient renforcées et qu'à cette fin on convienne d'une réattribution organique des moyens de l'armée, budgétaires et en personnel, à leur profit.
[...]
Le développement d'une force mixte composée de militaires et de policiers pouvant être engagée dans ce cadre [maintien de la paix à l'étranger] mériterait d'être examiné; l'armée y jouerait un rôle prépondérant.
[...]
D'autres convergences sont envisageables entre armée et police [...] pour permettre à des membres professionnels de la sécurité militaire de rejoindre, au terme de leur engagement, les rangs de la police ou à des soldats accomplissant un service long de le faire comme gendarmes auxiliaires dans une police cantonale.

Les arguments de Pierre Aepli ont l'immense mérite de dépassionner le débat et de montrer que des solutions sont possibles. Maintenant, si je vois bien - comme l'armée d'ailleurs - l'intérêt à un rapprochement dans le domaine de l'instruction, je vois mal comment l'armée accepterait de transférer à la police sa sécurité militaire, puisqu'elle en a besoin (et à quelle police, fédérale ou cantonale ?), alors qu'une unité civilo-militaire à l'étranger sera tiraillée entre les chaînes de commandement civiles et militaires - au Kosovo, les policiers CIVPOL sont aux ordres de la MINUK, alors que les militaires - y compris les policiers militaires de la MSU - sont aux ordres de la KFOR.

Il faut se rendre à l'évidence : on ne fera rien d'autre que du bricolage aussi longtemps qu'il n'y aura pas un nouveau Rapport sur la Politique de Sécurité pour définir une stratégie adaptée à notre époque.

Publié par Ludovic Monnerat le 2 février 2005 à 7:50

Commentaires

« Il faut se rendre à l'évidence : on ne fera rien d'autre que du bricolage aussi longtemps qu'il n'y aura pas un nouveau Rapport sur la Politique de Sécurité pour définir une stratégie adaptée à notre époque. » La messe est dite ! Le manque de clarté des missions confiées (et la multiplication de celle-ci), le manque de renouvellement des effectifs (leurs qualifications, disponibilités, interopérabilités, souplesses, !), les moyens/crédits en baisses et les éternelles querelles de services. Sans oublier le manque de volontés/intérêts politiques et publics de ce genre de questions. Sans oublier, que LA question de la sécurité en amène d'autres et que personne n'est prêt à les assumer. Le « luxe » de la question sécuritaire semble très éloignée des priorités de la grande majorité. L'avenir semble donc tourné vers le prolongement « du bricolage dans le brouillard ».

PS : La convergence de « nos » moyens devient une question cruciale, pour ne pas dire une priorité ! A cela s'ajoute, le 9 novembre 1932, qui nous rappel, qu'une unité de milice mal encadrée (utilisée dans une mission inhabituelle) à ses limites et qu'elle ne remplace pas une unité de professionnels aguerris. D'où l'importance de rappeler/fixer les missions « civils et militaires ».

Publié par ZC le 3 février 2005 à 0:06

Cette collaboration armée/police n'est qu'un prélude à l'éventuel évolution, qui mènera à une intégration à une armée/police européenne ou/et internationale, voir à un développement autarcique de nos moyens. De nouveaux défis en perspective.

Publié par ZC le 3 février 2005 à 0:34