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22 février 2005
Dans une piscine géante
MEDAN - Avec un brin de retard, dû à une impressionnante file d'attente d'avions de ligne à Singapour, le détachement est arrivé vers 0900 ce matin à Medan, la ville géante (2,5 millions d'habitants) où est basée la Task Force SUMA. Les formalités administratives ont été réglées assez rapidement, largement grâce aux contacts sur place du responsable de la logistique du contingent (NSE : National Support Element), mais aussi parce que les militaires suisses en Indonésie font l'objet d'un accord entre Gouvernements qui leur confère un statut diplomatique. Ensuite, c'est le déplacement de l'aéroport à l'hôtel qui loge le contingent, le briefing d'introduction donné par le commandant - colonel EMG Yvon Langel - et son état-major (dont je fais désormais partie), puis 3 heures de sommeil bien méritées pour encaisser le décalage horaire. Et le travail commence !
L'arrivée à Medan produit immanquablement un choc. En premier lieu, la chaleur : même si elle avoisine seulement 30°, l'humidité épaisse génère en permanence un effet de sauna, ou plus exactement de piscine ; la même impression qu'autour de bassins surchauffés, l'odeur du chlore en moins. Ensuite, la circulation totalement chaotique, rendue déconcertante par le fait que les Indonésiens roulent à gauche (en règle générale) et ne respectent aucune priorité ; en même temps, le trafic est très fluide et les accidents miraculeusement rares. Sur le bref trajet depuis l'aéroport (environ 10 minutes), notre véhicule a failli en emboutir 2 autres, mais cela ne semble troubler personne. Enfin, la présence toute proche d'une mosquée produit à intervalle réguliers les mélopées caractéristiques du monde musulman : les appels des muezzins, qui se croisent et rebondissent au gré des hauts-parleurs.
Comme l'a annoncé le Conseil fédéral, la mission de l'armée suisse à Sumatra touche à sa fin : les vols s'arrêteront le 27 février. Cela dit, les Super Puma font quotidiennement des navettes dans toute la partie nord de l'île, à raison de 2 appareils engagés - l'un à partir de Medan, l'autre à partir de Sabang, au nord de Banda Aceh, en rotation afin de maximiser la capacité de transport - pendant que le 3e Puma subit des travaux de maintenance. Comme chaque hélicoptère vole en moyenne environ 8 heures par jour, dans des conditions climatiques difficiles pour les machines (pour les hommes aussi, évidemment), cela impose une attention particulière aux équipages et au personnel basé au sol. Limitée à 50 militaires, la TF SUMA emploie pleinement chacun d'entre eux. L'esprit de corps bénéficie naturellement du rythme élevé des activités.
L'hôtel utilisé par le contingent suisse a l'immense avantage d'être partiellement climatisé : le poste de commandement et les chambres permettent de travailler et de vivre dans des conditions normales dès lors que l'on reste dans son périmètre. J'attends naturellement de sortir de celui-ci pour m'exprimer au sujet des conditions dans leur ensemble. En revanche, un point semble d'ores et déjà évident : les Indonésiens sont dans leur grande majorité amicaux, souriants et curieux. Déjà , les comportements - verbaux ou non - à l'aéroport de Singapour montraient un intérêt bien plus grand pour ces militaires suisses qui défilent avec des uniformes verts, bruns et noirs, et le vol Silk Air pris de Singapour à Medan a encore renforcé cette impression. Le personnel à Singapour n'a d'ailleurs pas été très rigoureux dans son contrôle, puisque chaque membre du détachement ne cessait de biper au contrôle individuel ! Apparemment, le petit pansement individuel (PPI) est un objet particulièrement dangereux : j'ai dû m'expliquer quelque peu au sujet de sa fonction!
La suite dans quelques heures.
Publié par Ludovic Monnerat le 22 février 2005 à 12:28