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15 janvier 2005
La malédiction du terrorisme
Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour vérifier l'impact limité des élections palestiniennes : non seulement leur participation modeste a montré la puissance des groupes terroristes ayant appelé à son boycott, contrairement aux louanges unanimes des médias, mais ces groupes se sont manifestés jeudi soir par un attentat suicide qui a abouti à la mort de 6 civils israéliens, et qui a nécessité une préparation considérable. Et l'on retrouve immédiatement les rôles traditionnels : Israël qui affirme avoir la preuve que l'Autorité palestinienne est liée à l'attentat, celle-ci qui condamne officiellement l'attentat sans s'attaquer à ses auteurs, et la majorité des médias qui refusent d'appeler le terrorisme par son nom.
Le conflit israélo-palestinien se poursuit donc, et la décision immédiate d'Ariel Sharon de fermer les points de passages de la bande de Gaza et de suspendre ses contacts avec Mahmoud Abbas montre bien que la tolérance visant à faciliter la campagne électorale a cessé. C'est simplement une nouvelle phase d'une guerre que la société palestinienne ne peut plus s'empêcher de mener : le fanatisme diffusé dans les écoles, la réécriture de l'histoire et la haine systématique ont fait du djihad l'exutoire à toutes les frustrations d'une population jeune, démunie et jalouse. Continuer à se battre est plus important que gagner. Quitte à prendre en otage tous ceux qui aspirent à une vie normale.
Le favoritisme choquant des journalistes occidentaux pour la cause palestinienne ne doit pas nous aveugler : le terrorisme palestinien est un chancre maudit qui menace bien plus que la sécurité des Israéliens. Il représente l'archétype de la fanatisation idéologique, à la fois nationaliste et religieuse, qui aboutit à justifier et à célébrer les pires horreurs. Et comme l'Etat d'Israël a pris des mesures radicales pour en limiter les effets sur son territoire, tout en admettant progressivement que le retrait des colons est inévitable, les groupes palestiniens finiront par mettre en cause la stabilité - ou l'existence - d'autres Etats.
On voit mal comment le Proche-Orient pourrait trouver une paix durable sans l'élimination du Hamas et du Djihad islamique, et sans l'intervention armée d'un Etat arabe pour ce faire. Voilà des mois que l'Egypte est sollicitée pour prendre en charge la Bande de Gaza, ce que ni Israël, ni la communauté internationale ne seraient en mesure de faire. Peut-être une solution négociée entre Etats offre-t-elle de meilleures chances qu'une feuille de route partant du principe utopiste que tout le monde souhaite la paix...
COMPLEMENT I : Le problème de la participation modeste aux élections palestiniennes sera-t-il admis par les médias qui ont clamé une mobilisation massive ? L'annonce de démissions dans la commission électorale palestinienne, suite aux pressions du Fatah pour artificiellement augmenter la participation, confirme en tout cas la manipulation survenue le 9 janvier.
COMPLEMENT II : L'attentat de jeudi soir a été célébré par les groupes terroristes palestiniens comme une victoire. Voilà qui en dit long sur leur volonté d'accepter une solution négociée. Et les membres du Fatah ont récemment exécuté deux "collaborateurs" présumés sans autre forme de procès. Les Palestiniens semblent condamnés à poursuivre une existence misérable...
Publié par Ludovic Monnerat le 15 janvier 2005 à 9:48
Commentaires
On pourrait peut-être encourager les américains à mettre de l'ordre dans la région, comme ils l'ont fait pour l'Irak... Des tonnes de bombes, mais partout !
Publié par rikly le 15 janvier 2005 à 18:13
Etrange vision de l'opération militaire américaine en Irak que de la résumer par des tonnes de bombes... Les élections du 30 janvier ne montrent-elles pas une autre facette ?
Publié par Ludovic Monnerat le 15 janvier 2005 à 19:13
Concernant l'opération US, c'est surtout le fait de l'associer à « une remise en ordre » qui me semble étrange, quel que soit le résultat.
Sinon, j'ai du mal à m'expliquer en quoi la rupture des relations diplomatiques (ou l'équivalent local de telles « relations ») va permettre concrètement d'améliorer la sécurité d'Israël sur le terrain... Ces relations étaient opportunes et, seulement dans le pire des cas, inconséquentes. Le gain pour Israël me semble nul, ce qui est mauvais signe quand on souhaite montrer au monde que l'on est rationnel (pour les Palestiniens, on est fixés depuis longtemps).
Publié par anybody le 15 janvier 2005 à 23:06
Je pense qu'il faut interpréter cette rupture des relations comme orientée avant tout vers l'opinion publique israélienne. Effectivement, le gain pour Israël est nul, mais peut-être que la perte l'est aussi : le Gouvernement Sharon s'efforce de conserver le soutien majoritaire pour sa stratégie axée sur l'usage de la force et l'imposition unilatérale de la paix. Peut-être souhaite-t-il également montrer que les folies d'Oslo ne vont pas recommencer...
Publié par Ludovic Monnerat le 16 janvier 2005 à 9:46
« Les folies d'Oslo » restent les meilleurs exemples des risques qu'une paix durable provoque à l'intérieur même de ces nations. L'époque du processus de paix, à fait apparaître les tensions et troubles intérieurs les plus marquant des 2 régimes. Le président Arafat était ouvertement menacé d'assassinat et accusé de trahison par la rue, même constat en Israël, avec les conséquences néfastes que l'on connaît. La Paix « juste » est une volonté politique, qui mène(ra) principalement aux troubles internes, en décuplant les risques d'implosions et de guerres civiles (les tensions internes des 2 sociétés sont très nombreuses, sans oublier les fondements d'une identité nationale qui divergent d'un extrême à l'autre). Il est donc « favorable » de conserver « une nation unie », qui fait front commun contre un ennemi extérieur, plutôt que de multiplier les troubles internes! Les politiques des deux partis sont plus le résultat d'une routine bien rodée, que de la révolution attendue.
Publié par ZC le 17 janvier 2005 à 0:53
C'est un aspect effectivement à garder en mémoire : l'assassinat de Rabin, les menaces qui pèsent actuellement sur Sharon dans le camp israélien, et le fait - mentionné dans ce carnet - que Mahmoud Abbas n'a probablement guère d'espoir de survivre longtemps s'il s'attaque aux groupes terroristes.
Cependant, il est aujourd'hui clair que le Gouvernement Sharon a décidé de s'attaquer aux colons les plus radicaux et donc à réduire l'unité de la nation israélienne, même dans les rangs de l'armée, pour accomplir des objectifs stratégiques essentiels. D'où le besoin de conserver une majorité stable, d'avoir un Gouvernement d'unité nationale, etc.
En d'autres termes, Sharon est en train de faire ce que peu ont fait avant lui, et son action offre la meilleure perspective d'avenir pour les deux populations.
Publié par Ludovic Monnerat le 17 janvier 2005 à 9:05