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23 janvier 2005
Irak : SMS contre insurgents
Cette dépêche d'AP montre une nouvelle facette de la contre-insurrection en Irak : les messages textuels des téléphones portables sont de plus en plus utilisés pour transmettre des informations à la police concernant les activités des insurgents. Depuis quelques mois, un numéro de téléphone pour des appels anonymes avait déjà été mis en place par la 1ère division de cavalerie US à Bagdad, qui a reçu plus de 400 appels, mais les SMS semblent une manière encore plus discrète de contourner les menaces mortelles pesant sur tous les Irakiens, dans le triangle sunnite, qui collaborent avec les forces de sécurité et les troupes de la coalition.
Bien entendu, la dénonciation anonyme - car les réseaux ne semblent pas permettre d'identifier la source - comporte toujours des risques considérables de manipulation, que ce soit pour instrumentaliser les forces de l'ordre en vue de régler des comptes, ou au contraire pour tenter de leur tendre un piège, comme cela s'est produit à la fin décembre. Mais cette méthode s'explique également par l'explosion des communications dans l'après-Saddam : selon l'Iraq Index (document PDF), le nombre d'abonnés au téléphone est passé de 833'000 à 2'152'000, dont un tiers de portables, alors que le nombre d'abonnés à Internet a pour sa part été multiplié par 10 (ils étaient 110'000 en novembre dernier).
Cette évolution modifie très largement les rapports de force dans un conflit de basse intensité : elle permet à la population, aux masses silencieuses et inquiètes, de contribuer sans grand risque aux efforts des forces de sécurité, et donc de réduire l'effet psychologique des assassinats et des attentats terroristes. La montée en puissance de l'individu, en soi un phénomène neutre, aboutit ici à favoriser la grande majorité d'Irakiens qui soutiennent leur Gouvernement provisoire et aspirent à la liberté. Et si l'on ajoute à cela la multiplication des antennes satellites dans les villes irakiennes, on mesure mieux la nature privée des échanges - et l'impossibilité pour les médias, surtout étrangers, de les appréhender.
La guerre en Irak est bien annonciatrice du siècle qui vient. Un conflit de basse intensité qui mêle le courrier électronique, les carnets en ligne (les blogs, quoi !), les sites sur la Toile, les téléphones portables avec SMS puis MMS ou encore les télévisions par satellite génère un environnement nettement différent des conflits précédents. On peut d'ailleurs imaginer qu'un système de vote électronique fiable réduirait drastiquement l'impact des attaques de la guérilla sur les élections à venir, et bien entendu susciterait d'autres actions pour déjouer celles-ci... Une raison supplémentaire pour s'efforcer d'étudier en détail ce conflit.
COMPLEMENT I : Dans un registre différent, les rapports de force après les élections sont remarquablement analysés par Chester, qui indique que la majorité chiite va probablement s'impliquer de manière décisive dans la réduction de la guérilla sunnite.
Publié par Ludovic Monnerat le 23 janvier 2005 à 10:14