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4 janvier 2005
Démonstration militaire en Asie
Les ravages apocalyptiques du tsunami asiatique qui se révèlent chaque jour davantage forment une scène médiatique que les militaires américains - et australiens - exploitent avec brio. Alors que les survivants du cataclysme sont éparpillés et à la merci des éléments, sur l'île de Sumatra, ce sont les hélicoptères de la marine américaine qui sauvent des vies et qui le montrent au monde entier. De nombreux reporters des grandes chaînes de TV occidentales et des journaux - y compris des vedettes, certes parfois en bout de course - accompagnent les troupes et illustrent une conjonction d'intérêts qui sert l'image des armées.
Alors que l'ONU continue de détacher des fonctionnaires occupés en premier lieu à mettre en place leurs propres structures de fonctionnement, une coalition de nations conduite par les Etats-Unis et comptant également l'Australie, le Japon, l'Inde, le Canada ou encore les Pays-Bas se charge du travail de sauvetage et, avec le labeur inestimable des ONG déjà présentes sur place, des tâches d'aide sanitaire. Le contraste ne saurait être plus saisissant entre ceux qui discourent et ceux qui agissent. Les ambitions supranationales de l'ONU en pâtissent.
Cette perception n'a bien entendu rien d'innocent, et il est certain que l'administration Bush a rapidement vu tout le bénéfice qu'elle pouvait tirer d'une opération militaire majeure en Asie. Un temps critiqués pour la modestie de leur aide financière, les Etats-Unis démontrent que ce sont les moyens disponibles sur place et non les promesses de dons qui comptent pour l'instant. Et que ces moyens aujourd'hui applaudis sont les mêmes que ceux engagés en Irak ou en Afghanistan.
Ce message fort, cette démonstration militaire sous les yeux de la planète suscitent un certain agacement, et plusieurs médias tentent déjà de leur donner une coloration négative. De plus, ils aboutissent à relativiser la contribution d'autres nations, comme la Chine, qui mesure encore le chemin à parcourir avant d'atteindre un vrai statut de puissance. Mais il faut également inscrire l'impact de cette opération dans la cadre de la guerre contre le terrorisme, afin de prendre conscience à quel point les islamistes illustrent chaque jour davantage leur incapacité à sauver, à aider et à protéger.
En rappelant que le séisme s'est produit le 26 décembre et que les porte-avions US ont levé l'ancre le 28 pour effectuer cette opération, on conviendra que le commandement stratégique américain n'a pas tardé à saisir cette opportunité. Reste à savoir s'il parviendra à maintenir le contrôle de son message.
Publié par Ludovic Monnerat le 4 janvier 2005 à 22:36
Commentaires
En France, des médias critiquent déja les USA car ils font de " l'humanitaire politique" pour se faire bien voir et placer des points en Asie...
Franchement, ce qui importe au gens sur place, c'est que l'aide leur arrive le plus vite possible, non de savoir par qui elle arrivent.
Ce type de mesquineries et de contreverse m'irrite dans des moments pareils :(
Publié par Frédéric le 4 janvier 2005 à 23:39
En même temps, la compétition entre nations pour savoir qui donne le plus ou engage le plus de moyens n'est pas nécessairement la meilleure chose qui soit ! Sans parler de la compétition entre l'ONU et les Etats-Unis pour savoir qui "dirige" l'opération...
Publié par Ludovic Monnerat le 5 janvier 2005 à 20:53