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13 janvier 2005
Asie : soldats armés ou non ?
Le Temps a annoncé ce matin que les soldats suisses déployés en Indonésie ne seraient pas armés, affirmant que Berne avait initialement prévu le contraire. Le texte laisse en effet penser que les quelque 50 soldats suisses, qui devaient initialement être armés pour leur propre protection, laisseront finalement leur fusil à domicile et seront protégés par l'armée indonésienne durant toute leur mission.
Il s'agit ici d'un contresens du à une mauvaise compréhension de la protection des forces. Imagine-t-on des soldats travaillant à des tâches logistiques ou sanitaires au profit d'une population civile et portant l'arme en bandoulière, prêts à prendre la position de contact à la moindre alerte? Non : la majorité au moins des soldats suisses travailleront sans la moindre arme sur eux. Mais si les conditions de sécurité devaient brusquement se dégrader, ce qui est tout à fait possible, les armes maintenues sous clef dans un conteneur dédié seront rapidement distribuées à la troupe.
Cette disposition est absolument normale : les Australiens ont certainement adopté une pratique identique, alors que les Marines débarquant en Indonésie ont laissé leurs armes à bord de leurs navires. Toutefois, ce qui est logique pour un soldat suisse ne l'est pas nécessairement pour un militaire australien, et moins encore pour un Marine américain : les islamistes désireux de "faire un carton" sur leurs ennemis trouveront des cibles nombreuses en Indonésie, et la présence d'un porte-avions au large ne peut en aucun cas les dissuader.
Dans ces conditions, est-il permis d'espérer que les ennemis des puissances occidentales fassent la différence entre un soldat américain, français, australien, hollandais ou suisse ? Déployer un contingent militaire helvétique en terre musulmane, même pour une mission d'aide humanitaire absolument limpide, rappelle que nous ne sommes pas indifférents au monde - et réciproquement. Dans une planète qui rapetisse au fur et à mesure que l'effet de la distance s'amenuise, la solidarité implique également la similarité.
COMPLEMENT I : Eh bien, les conditions ont changé le temps de mon bref déplacement ! Le contingent suisse sera effectivement dépourvu de toute arme, et le conteneur spécifique prévu initialement - et jusqu'il y a peu - restera bel et bien en Suisse. L'exigence très précise du Gouvernement indonésien ne laisse pas de choix. Et l'article du Temps était tout à fait correct, même si la politique suisse n'a aucun rapport avec cette décision.
En revanche, plusieurs autres contingents auront bel et bien leurs armes à disposition en-dehors du territoire national indonésien, et donc le plus souvent sur des bateaux croisant dans les eaux internationales.
Publié par Ludovic Monnerat le 13 janvier 2005 à 22:30