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24 décembre 2004
L'opinion et la Turquie
La revue en ligne Polémia, dans un texte bref mais incisif, soulève la question de la gestion des perceptions publiques européennes quant à l'adhésion de la Turquie à l'Union. Car les dirigeants politiques de celle-ci ont fait un pari : entériner une adhésion qui pour l'heure semble susciter un rejet au sein de la population, et donc parvenir à convaincre celle-ci du bien-fondé de leur choix.
Pour Guillaume Bénec'h de Polémia, plusieurs messages ont déjà réussi à être imposés au public : la possibilité, les conditions et l'inéluctabilité de l'entrée de la Turquie. Mais il montre ainsi que l'influence des perceptions - ce qu'il nomme le formatage de l'opinion - passe par une concentration médiatique sur des points de détail pour mieux laisser de côté l'essentiel, et le débat qu'il devrait générer.
D'un point de vue helvétique, la chose ne pourrait être tranchée - et le débat imposé - qu'avec un référendum général, à double majorité, dans toute l'Union européenne - suivant en cela la suggestion autrichienne. Le déficit démocratique de l'UE est l'une de ses principales faiblesses, et une question aussi centrale que l'entrée de la Turquie ne peut à mon sens qu'être résolue dans les urnes. Y compris en Turquie, naturellement.
L'électorat européen doit ainsi obtenir des réponses claires sur les conséquences de l'adhésion turque, par exemple dans le domaine politique (poids de la Turquie dans les décisions), économique (immigration et investissements) et sécuritaire (extension de l'espace Schengen, proximité des conflits du Moyen-Orient). A l'heure actuelle, les discours sur le sujet ont davantage trait au passé qu'à l'avenir.
Publié par Ludovic Monnerat le 24 décembre 2004 à 8:15