« Pensées de Noël | Accueil | Raz-de-marée et vacanciers »
26 décembre 2004
Barrière et autonettoyage ethniques
Un bref compte-rendu d'un divisionnaire israélien fournit une perspective intéressante sur l'efficacité future de la barrière de séparation destinée à empêcher le terrorisme palestinien. En s'appuyant sur son expérience de la bande de Gaza entre 2000 et 2003, le major-général Almog affirme en effet que les quelque 400 tentatives d'infiltration palestiniennes ont déjouées à 30% par la barrière qui entoure Gaza et à 70% par les actions offensives des Forces de défense israéliennes.
Ces chiffres rappellent une vérité stratégique ancienne : les lignes fortifiées ne sont jamais un but en soi, une panacée durable, mais doivent avoir pour effet principal de libérer des forces et de favoriser des actions offensives ponctuelles. Se contenter d'attendre derrière ses murailles aboutit inévitablement au contournement ou à la rupture de celle-ci, comme le rappellent les lignes Maginot et Bar-Lev. Ceinturer l'Etat d'Israël d'une barrière de 720 km améliorera les conditions de sécurité à l'intérieur, mais pas davantage :
« As the fence prevented terrorists from leaving Gaza, they decided to change tactics - developing rockets and initiating focused attacks on Israeli settlements. When we finish the fence around the West Bank, the Palestinian terrorism model may change there as well and follow the same pattern. »
L'exposé du major-général Almog est cité par l'éditorialiste Caroline Glick dans le Jerusalem Post pour contester le plan de retrait de la bande de Gaza défendu par Ariel Sharon : à son avis, l'évacuation des implantations juives privera les militaires israéliens des bases de départs indispensables aux raids aéroterrestres menés pour juguler la menace terroriste. Elle établit ainsi un parallèle avec la situation vécue au Sud Liban jusqu'en 2000, lorsque les offensives de Tsahal restaient impuissantes, pour contester la justification sécuritaire de ce plan.
La perspective de voir la bande de Gaza se transformer en une paradis islamiste, en une enclave taliban située à quelques kilomètres de villes et d'infrastructures majeures, suscite des craintes palpables parmi les dirigeants israéliens. Mais Caroline Glick va plus loin et affirme que cette évacuation constitue un exemple unique et funeste d'autonettoyage ethnique :
« Israel is the first Western state to call for the forced removal of Jews from their homes, simply because they are Jews, since the Holocaust and [!] there is something morally atrocious about the notion that for peace to come -- to Israel and to those bombing Israel -- it is necessary for entire regions to be rendered Judenrein. »
Ces réflexions ne peuvent être écartées à la légère par les groupies des différents processus de paix. Elles montrent que l'inclination aux compromis peut être une incitation à une extension ou à une prolongation des hostilités, surtout lorsque le successeur de Yasser Arafat a la tête du Fatah proclame son refus de tout compromis. Aussi longtemps que les Palestiniens crieront haut et fort leur intention de détruire l'Etat d'Israël par les armes ou par la démographie, même si leurs supporters feignent d'ignorer ces intentions, aucune paix n'est possible dans cette région.
Publié par Ludovic Monnerat le 26 décembre 2004 à 10:26