28 octobre 2009
De l'inimitié entre les peuples
Pardonnez-moi ce titre pompeux, mais c'est tout ce qui m'est venu à l'esprit pour exprimer mon désappointement suite à certains épisodes malheureux allant dans ce sens. Lors de mon récent séjour à Milan, je n'ai manqué de remarquer un nombre non négligeable (disons une cinquantaine - beaucoup moins qu'à Florence) de vendeurs à la sauvette d'origine africaine, et dont les allées et venues au gré des présences policières tend à démontrer le caractère précaire, sinon illicite, de leur activité. Mais ces vendeurs de sacs à main, jouets pour enfants et autres colifichets font preuve de retenue à l'endroit du chaland, lequel leur reste d'ailleurs pour l'essentiel indifférent. Il n'en va pas de même pour ceux qui vous abordent dans le seul but de vous extorquer de l'argent, sans vraie contrepartie.
Voici quelques années, j'avais vécu à Berne un épisode qui m'avait laissé un goût plutôt amer. Alors que je me promenais dans un parc de la ville, perdu dans mes pensées, je me suis fait aborder par un grand type souriant de toutes ses dents, me serrant la main, me disant qu'il venait de Jamaïque, qu'il était super cool, qu'il me souhaitait une très bonne journée, et qu'il voulait même m'offrir un cadeau pour me porter chance, une sorte de bracelet artisanal. Surpris et naïf en diable, j'ai accepté ce "cadeau". C'est ensuite qu'il m'a expliqué (en anglais) qu'il était dans une situation difficile, que tout le monde n'était pas super cool avec lui, qu'il n'avait pas une très bonne journée, et que comme il venait de me donner un cadeau, je pourrais bien lui donner un cadeau à mon tour. A cet instant, il souriait beaucoup moins, et moi aussi. Pleinement conscient - quoique tardivement - de me faire plumer, mais désireux d'éviter toute algarade, je n'ai pas tardé à lui remettre un billet sans rapport aucun avec la valeur de son colifichet, et à prendre congé de lui.
Du coup, récemment, dans le Castello Sforzesco, lorsqu'un autre type au profil similaire m'a abordé avec un grand sourire en me tendant la main, en me disant "hi man, Africa !", en me donnant un colifichet à peine différent, j'ai immédiatement - et poliment, bien entendu - pris mes distances, refusé de serrer sa main comme de prendre son "cadeau", et poursuivi mon chemin. Et je suis peu à peu entré dans une colère profonde, pour m'être trouvé contraint de ne pas serrer une main tendue, de ne pas montrer la moindre générosité, bref d'avoir à choisir entre être un égoïste et un pigeon. Tout en observant discrètement le manège des quelques Africains tournoyant entre les touristes, sous le regard hyperconcentré d'un guetteur assis au centre de leur dispositif, j'ai tenté de comprendre l'écœurement que m'inspirait un tel gâchis.
Pourquoi faut-il de telles situations, dont il ne peut résulter que de la rancœur et de l'amertume ? Pourquoi ne voit-on pas que l'immigration incontrôlée ne produit que des frustrations de part et d'autre ? Quelle opinion peuvent bien avoir ces vendeurs à la sauvette, ces escrocs de bouts de chandelles, face à cette ville aux visages fermés, aux regards froids, au mépris palpable, qui les contraint à vivre de rapines ? Quelle chance ont-ils de mener une existence digne et reconnue, alors qu'ils n'ont pas reçu l'éducation permettant d'intégrer une société postindustrielle, qu'ils n'ont pour la plupart aucune compétence à faire valoir par ici, sinon un instinct de survie qui leur a permis d'arriver là ? Et que peut en penser l'autochtone qui travaille dur, élève une famille, paie des impôts, bref s'investit pour la collectivité, et qui en même temps voit traîner par dizaines ces hommes à moitié désœuvrés ?
Posted by Ludovic Monnerat at 22h10
18 octobre 2009
Quelques jours d'absence
L'image ci-dessus, prise dans la forteresse des ducs de Milan, explique pourquoi je n'ai pas été actif ces derniers jours par ici... :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 22h13
17 septembre 2009
Un retour longtemps différé
Les activités sur la Toile ont fini par suffisamment me manquer pour avoir envie d'y revenir, à la mesure de ma disponibilité certes problématique. Par bonheur, l'informaticien qui gère ce site - et qui saura apprécier ma patience - est parvenu à résoudre les problèmes techniques majeurs qui ont abouti à la disparition prolongée de l'ensemble. Du coup, les archives dûment sauvegardées ont opéré un retour discret, et sont maintenant disponibles dans leur totalité. Sans exception. Sans autre déformation que quelques problèmes de codage, ça et là.
Les commentaires ne sont toutefois pas activés, et risquent fort bien de ne jamais l'être. Je n'ai guère envie, si tant est que ce blog retrouve sa popularité d'antan parfois surprenante, d'assister derechef à ces passes d'armes bien rôdées et presque mécaniques auxquelles se livraient de plus en plus souvent quelques intervenants. Et comme je ne peux garantir la disponibilité qu'exige la validation individuelle des commentaires, je préfère pour l'heure renoncer à cet espace de dialogue et de réflexion commune qui avait été le mien.
Restent donc le bloc-notes individuel et le courriel pour aller plus avant.
Posted by Ludovic Monnerat at 22h42
1 décembre 2007
Fin de service
Et voilà , un cours de répétition supplémentaire derrière moi ! Pendant les 5 dernières semaines, j'ai en effet commandé pour la deuxième fois mon bataillon, à l'occasion renforcé et porté à 8 compagnies, en vue de l'engagement au profit des Journées de l'Armée 2007. Le cours était une réussite, même si les unités de grenadiers n'ont pas toutes été engagées dans des tâches liés à leur profil, et l'expérience valait indiscutablement le temps considérable qui y a été investi.
Dans l'intervalle, j'ai constaté malgré moi que ce blog se transformait en forum. J'apprécie le fait qu'un espace de réflexion et de dialogue soit utilisé de façon intense, mais je rappelle à présent aux intervenants que le but de ce site reste le partage de connaissances et d'expériences ciblées, selon les thèmes abordés par les billets de mon cru. Merci donc par avance pour votre discipline !
Posted by Ludovic Monnerat at 18h40 | Comments (2) | TrackBack
6 novembre 2007
Un état de situation
Comme vous l'aurez remarqué, le ralentissement annoncé sur ce blog s'est bel et bien matérialisé. Je suis actuellement en service avec mon bataillon et n'ai guère le temps d'écrire des billets. Peut-être certains déplacements m'en donneront l'occasion... En revanche, j'ai bien noté que des spams s'infiltrent depuis quelques jours dans les commentaires, malgré tous les barrages censés prévenir cela. Etrange...
Posted by Ludovic Monnerat at 8h02 | Comments (12) | TrackBack
13 octobre 2007
Un ralentissement durable
Vous l'avez probablement constaté, le rythme des billets s'est sérieusement ralenti depuis quelques temps. Ceci va durer encore quelques semaines. La raison en est très simple : au-delà d'une fonction professionnelle qui reste très prenante, j'ai bientôt le cours de répétition annuel de mon bataillon, et je serai en service pendant environ 5 semaines au Tessin. Et comme le bataillon de grenadiers 30 a été désigné pour appuyer la préparation et la réalisation des Journées de l'Armée 2007, en-dehors de ses missions d'instruction dans le cadre des formations de reconnaissance d'armée et de grenadiers (FRAG), cela génère une charge de travail supplémentaire !
Merci donc par avance pour votre patience ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 17h22 | Comments (5) | TrackBack
8 septembre 2007
Enfin de retour
C'est impressionné par le nombre de commentaires et par l'intensité des débats que je reviens sur mon blog, après de très longues journées consacrées à des tâches diverses et variées. Merci pour votre patience et votre fidélité !
Dans la mesure où j'ai fait ces derniers d'assez nombreuses lectures, cela n'a pas manqué de nourrir mes réflexions et de me donner l'envie de les soumettre par ici ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 11h44 | TrackBack
30 août 2007
Une absence ponctuelle
Une surcharge d'activités professionnelles m'amènent à devoir réduire ponctuellement ma présence par ici. Cela ne m'empêche de suivre les débats, mais il faudra faire preuve de patience avant de lire de nouveaux billets... :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 20h33 | Comments (131) | TrackBack
17 juin 2007
Une présence en diminution
Ces prochains jours, pour des raisons de service, je serai moins présent sur ce site et ne pourrai probablement pas mettre en ligne de nombreux contenus. Je vous remercie par avance pour votre patience et votre discipline :-), tout en espérant que les problèmes techniques qui entachent ce blog (commentaires difficiles, actualités bloquées) soient résolus dans l'intervalle !
Posted by Ludovic Monnerat at 22h25 | Comments (1) | TrackBack
25 mai 2007
De retour chez moi
Après un bref séjour en France et un passage plus long en service, en particulier dans le cadre de nouvelles reconnaissances avec les principaux cadres de mon bataillon, me revoici de retour chez moi. Ce qui signifie aussi une reprise des activités normales de ce site... :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 21h52 | Comments (1) | TrackBack
17 mai 2007
Quelques jours d'absence
Les mises à jour de ce site vont connaître un ralentissement, car je serai absent pendant quelques jours, d'abord pour des motifs privés tout à fait louables (on peut imaginer une devinette à la clef...), et ensuite pour des raisons de service. Merci pour votre patience, et que nul ne profite de mon éloignement pour aller au-delà du raisonnable dans les débats ci-dessous ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 11h34 | Comments (2) | TrackBack
4 mai 2007
Vers la fin du crime inexpiable ?
Tiens, ce soir, en quête de tomates à la Migros, je me suis tout d'abord satisfait de quelques spécimens en provenance du Maroc, à 6.90 le kilo, non sans penser au crime inexpiable que cela représente (et au caractère "fruits & légumes" que ce blog tend à prendre). Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je suis tombé, 3 mètres plus loin, sur des tomates suisses vendues à 3.60 le kilo, moins cher que toutes les autres variétés disponibles dans le rayon ! Ni une, ni deux, j'ai reposé mes rouges marocaines, à la grande satisfaction de ma conscience comme de mon porte-feuille. Non mais !
La belle saison nous enlève un peu de notre culpabilité... :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 21h49 | Comments (6) | TrackBack
16 avril 2007
L'éternel retour du crime inexpiable
Tiens, aujourd'hui, chez Denner, il y avait des bananes du Costa Rica et des tomates de Hollande...
...
Sans commentaire ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 18h34 | Comments (4) | TrackBack
10 avril 2007
Le nouveau retour du crime inexpiable
Tiens, ce matin, à la Migros, il y avait des bananes venant du Pérou...
...
Bon, il faut dire que ces bananes portent à la fois le label Max Havelaar, signe en principe d'un commerce équitable, et le label bio, signe en principe d'une production respectueuse de l'environnement. De plus, il est plutôt difficile de faire pousser des bananes en Europe, et le fruit n'a guère d'équivalent (facile à digérer, sucré, etc.). Enfin, à Frs 3.40.- le kilogramme, c'est une offre qui semble plutôt compétitive...
Devrions-nous donc renoncer à cela pour obéir aux ayatollahs du développement durable ? :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 16h20 | Comments (14) | TrackBack
7 avril 2007
Le retour du crime inexpiable
HIstoire d'en remettre une couche en matière de crime inexpiable, mais de façon factuelle et empirique, j'ai pris la peine de m'enquérir ce matin de l'origine des différents fruits et légumes mis en vente dans le commerce d'alimentation le plus proche de chez moi. Voici le résultat de mon enquête discrète et besogneuse (un type qui griffonne des trucs devant un étal suscitant naturellement quelques interrogations), sous la forme d'une liste pleinement révélatrice de nos inclinations consuméristes, c'est-à -dire criminelles :
- Les poivrons, les courgettes, les mini-tomates, les oranges et les citrons venaient d'Espagne ;
- Les asperges et les tomates du Maroc ;
- Les prunes d'Argentine (argl !) ;
- Le raisin blanc d'Inde (re-argl !) ;
- Le chou-fleur de France ;
- Le fenouil d'Italie ;
- Les bananes de Colombie (re-re-argl !) ;
- Les poires d'Afrique du Sud (re-... ad nauseam) ;
- Les pommes, les carottes et les pommes de terre de Suisse !
Je laisserai les experts en la matière exploiter comme il se doit ces données fragmentaires mais réelles. Pour ma part, je n'ai pris qu'une denrée d'origine extra-européenne. Laquelle ? :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 11h57 | Comments (22) | TrackBack
23 mars 2007
Une brève absence
Dans la mesure où je suis actuellement en déplacement à l'étranger, aucun nouveau billet ne sera mis en ligne d'ici la fin du week-end. Merci pour les débats intéressants en cours, et à bientôt !
Posted by Ludovic Monnerat at 22h12 | Comments (3) | TrackBack
14 février 2007
En reconnaissance bataillonnaire
Un certain amenuisement des mises à jour va se faire sentir jusqu'à la fin de la semaine, car je suis actuellement en service dans le cadre des premières reconnaissances de mon bataillon pour le service de perfectionnement de la troupe 2007. Merci donc pour votre patience... Servir son pays mérite bien quelques sacrifices ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 22h21 | Comments (4) | TrackBack
16 décembre 2006
Apprendre du pire et du meilleur
La gestion optimale des flux d'information est l'une des clefs pour le succès de toute organisation. Cette phrase peut paraître banale et pompeuse, telle que l'on peut en lire à la pelle dans certains manuels de management modernes, mais elle m'est inspirée par certaines réflexions lues récemment sur le commandement militaire, et surtout par une expérience personnelle un brin pittoresque qui m'a montré une cause majeure de dysfonctionnement.
A l'été 2000, j'ai effectué mon service pratique comme commandant d'unité dans l'école de recrues renseignements et transmission 13/213 de Fribourg. J'avais volontairement choisi cette école, après d'assez nombreux mois dans des écoles d'infanterie, afin d'apprendre autre chose. Une unité trilingue et mixte, la compagnie II, m'a été confiée pendant 15 semaines ; je servais sous les ordres d'un team d'instructeurs remarquable, avec une troupe globalement d'un bon niveau, mais en devant subir les affres d'une relation exécrable avec le commandant d'école (dont l'opinion aussi négative que rare sur ma personne a d'ailleurs été rapidement contredite par la suite de ma carrière, soit dit en passant). Bref, des conditions tout à fait normales pour un cadre de milice dans l'armée suisse.
Pendant l'exercice d'endurance effectué en fin d'école, et consistant en une semaine de manœuvres avec ma compagnie et ses 6 sections, les 5 commandants d'unité de l'école - malgré la présence à leurs côtés de leurs instructeurs - ont ainsi été soumis à une exigence particulière : rédiger et transmettre 3 fois par jour un rapport très détaillé sur les activités passées, actuelles et futures de la troupe, son état physique et moral, ainsi que celui de ses équipements et véhicules. A l'époque, j'avais bien tenté de déléguer la chose à ma section de commandement, mais l'évaluation et la communication personnelles du commandant étaient exigées (en plus, il était impossible d'annoncer simplement l'absence de tout changement). Conformément à l'obéissance que l'on exige de tout soldat, je me suis plié pendant 5 jours à cet ordre pour le moins étrange.
Ses conséquences n'ont pas tardé à apparaître, puisque j'ai rapidement dû consacrer une grande partie de mon attention à la rédaction et à l'envoi de ces rapports. Ainsi, au lieu de conduire mon unité, d'être présent aux côtés de mes subordonnés dans leurs activités quotidiennes (selon le programme d'instruction que j'avais établi), je devais passer 4 à 5 heures par jour dans ma tente de commandement à remplir un fichu formulaire de plusieurs pages et à trouver une solution, alors que ma compagnie était paumée dans une forêt au sud de l'Aar, pour le faire parvenir dans les délais prescrits. Evidemment, le commandant d'école à qui ces rapports étaient destinés n'a jamais donné signe de vie (dans le langage OTAN, on parle de « backbrief » pour la quittance et l'évaluation de l'échelon supérieur) et ne s'est montré que le dernier jour de l'exercice, durant la marche finale.
Cette situation absurde m'a longtemps interpellé. Bien sûr, je savais bien à l'époque que la priorité de nombre d'officiers de carrière consistait avant tout à éviter de faire la première page du Blick par quelque incident fâcheux, et que la satisfaction des cadres de milice passait au second plan (et le nombre de volontaires pour le métier d'instructeur par conséquent aussi). Mais la raison principale de ces flux d'information inutiles résidait dans la possibilité qu'ils existent : avec l'avènement des téléphones portables (privés, s'entend), on pouvait matériellement exiger d'un commandant qu'il redouble de rapports aussi détaillés qu'inutiles. Même dans ma forêt coupée de tout réseau Swisscom, je pouvais prendre un véhicule et faire le kilomètre qui me permettait de rejoindre la civilisation électromagnétique. L'occasion faisait donc le larron, et la technologie augmentait la pesanteur administrative.
Les temps et les personnes changent. Plus ou moins. Début 2005, je me retrouvais sur l'île de Sumatra, dans le cadre de la mission humanitaire d'urgence, dans une task force qui devait envoyer un seul « rapport front » complet et détaillé par jour au quartier-général de l'armée, mais où les téléphones portables, sur le mode intercontinental, faisaient sentir leur présence pesante jusque tard dans la soirée (le décalage horaire y était pour beaucoup). Fin 2006, je me retrouvais au Tessin avec mon bataillon, et mon supérieur direct se contentait de rapports quotidiens entre les différentes chancelleries et des informations rapides en cas d'événement important. La technologie et ses dérives potentielles peuvent être maîtrisées avec l'expérience, le bon sens et la confiance.
Néanmoins, je me revois encore dans ma tente de commandement, au son lassant d'une pluie battante, aux côtés d'une lampe à carburant frisant la surchauffe, en train d'écrire le rapport du soir, pour ensuite prendre quelques heures de sommeil et me lancer à l'assaut du rapport du matin! On peut apprendre du pire comme du meilleur.
Posted by Ludovic Monnerat at 16h50 | Comments (5) | TrackBack
27 novembre 2006
L'exploit du jour...
... a été réalisé par le soussigné, qui est parvenu à traverser en plein jour tout le centre-ville de Berne en pleine Zibelemärit sans se faire une seule fois prendre pour cible par les innombrables lanceurs de confettis ! Il a certes parfois fallu ruser et exploiter au mieux le milieu, en termes de camouflage comme de déception, mais cela valait la peine d'être noté !! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 17h29 | Comments (2) | TrackBack
7 novembre 2006
En voyage de noces
Et voilà l'annonce que plusieurs ici n'ignorent pas, mais que j'ai néanmoins grand plaisir à faire : samedi 4 novembre dernier, en présence de nombreux proches et amis (dont plusieurs commentateurs de ce site), j'ai en effet eu la chance d'épouser une femme merveilleuse, avec laquelle je suis actuellement en voyage de noces. Ceci explique tout naturellement le ralentissement de mes activités en ligne depuis quelques mois, ainsi que ma présente absence... A tout bientot !! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 10h09 | Comments (34) | TrackBack
26 octobre 2006
A nouveau absent
Si les raisons de mon absence actuelle ne sont pas difficiles à cerner, cette absence va cependant se prolonger un brin, notamment en vue d'un séjour à l'étranger. Merci par avance pour votre patience et votre fidélité ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 15h34 | Comments (1) | TrackBack
15 octobre 2006
A nouveau en voyage
Pas de surprise si aucun nouveau billet de fond n'apparait ces jours : je suis en voyage privé dans l'une des plus belles villes d'Europe. De quoi souffler apres des services intenses et avant d'autres activites, à la fois professionnelles et privées, qui promettent de l'etre tout autant. Merci pour votre patience ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 8h56 | TrackBack
1 octobre 2006
De retour à la normalité
Le cours de répétition de mon bataillon s'est achevé vendredi, et j'ai savouré ce week-end un certain retour à la normalité. Bien entendu, les activités d'un commandant ne cessent pas au terme du service, et c'est au contraire une dimension méconnue de l'armée de milice que tout le travail d'administration et de planification qui s'effectue en-dehors des cours. Mais le fait d'avoir vu à l'oeuvre les hommes que l'on commande donne une motivation toute différente pour ces travaux... :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 19h12 | Comments (2) | TrackBack
18 septembre 2006
Une charge non négligeable
Pour ceux qui l'auraient deviné, oui, le commandement d'un bataillon ne laisse guère de temps pour rédiger des billets ou même participer aux débats ci-dessous. Tout au plus puis-je faire quelques photos que je diffuserai dès que possible, quand même les principes de la vie militaire réduisent ce que je peux montrer au trivial et au marginal. Merci de votre patience : commander 800 hommes est une expérience bien assez enrichissante pour que je tente d'en distiller quelque relief ça et là ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 13h49 | Comments (10) | TrackBack
8 septembre 2006
En fin de cours de cadres
Le propre de la vie militaire, durant les périodes de service, est d'avoir une dimension temporelle totalement différente : on ne voit pas le temps passer à force d'activités nombreuses et diverses, et pourtant on a l'impression d'être là depuis des semaines, et non depuis 5 jours. Mais mon cours de cadres s'achève cet après-midi, et un week-end de repos bien mérité nous sépare du début du cours de répétition ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 16h17 | Comments (4) | TrackBack
4 septembre 2006
En cours de cadres
Cette fois-ci, mon effacement sur ce site sera de longue durée, puisque j'ai commencé aujourd'hui le cours de cadres précédant les 3 semaines de service avec le corps de troupe que j'ai l'honneur de commander, le bataillon de grenadiers 30. Mais je m'efforcerai de continuer à suivre l'actualité pour ne pas laisser mollir les débats soutenus qui agitent ces pages ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 23h07 | Comments (10) | TrackBack
28 août 2006
De retour en Suisse
Après un week-end prolongé à l'étranger, me voici de retour en Suisse. Mais pas nécessairement avec davantage de temps à disposition, pour cause de service de troupe tout proche...
Posted by Ludovic Monnerat at 22h36 | Comments (2) | TrackBack
25 août 2006
A nouveau en voyage
Histoire de m'accorder un peu de repos entre 2 periodes de service intenses, puisqu'un cours de repetition succede a mon service pratique, je suis actuellement a l'etranger pour de tres breves vacances. J'espere naturellement en tirer une autre petite devinette, peut-etre plus abordable que la precedente ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 14h32 | Comments (1) | TrackBack
10 août 2006
Dans le terrain
Désolé pour mon absence soudaine, mais cela fait partie de mon service. Toute cette semaine, je conduis un exercice tactique nocturne avec un détachement de la taille d'une compagnie, et je passe l'essentiel de mes journées dans le terrain à cette fin. Cela ne m'empêche pas de suivre l'actualité, et je reviendrai sur les événements forts de cette période, mais pour l'heure je me concentre sur ma mission... :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 15h03 | Comments (3) | TrackBack
25 juillet 2006
A nouveau absent
Pour différentes raisons que je communiquerai bientôt, lorsque j'aurai gagné mon lieu de service (militaire), je suis et serai à nouveau largement absent de ce site pour une durée assez longue. Toutefois, cela ne m'empêche pas de suivre les commentaires et de censurer les échanges injurieux, comme ceux qui ont été prononcés hier. Qu'on se le dise ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 8h06 | Comments (27) | TrackBack
2 juillet 2006
Quelques jours de vacances
Que les fideles de ce blog ne s'inquietent pas de mon silence : je prends quelques jours de vacances et ne dispose que d'un acces ponctuel au reseau. Comme l'a souligne yms, le temps me manque pour suivre ce blog au quotidien, car d'autres priorites sont venues au fil des mois... Sinon, l'absence d'accents indique que je suis en Europe de l'Est. De quoi faire bientot une autre petite devinette ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 9h39 | Comments (3) | TrackBack
12 juin 2006
Une nouvelle fois en service
A partir d'aujourd'hui et ces 2 prochaines semaines, le soussigné sera essentiellement absent en raison de ses activités militaires. J'essaierai naturellement de garder le contact avec l'actualité et de poursuivre la réflexion générale qui caractérise ce site, mais sans garantie aucune. Ce qui sera d'ailleurs une habitude : compte tenu de l'évolution de ma carrière de milice (prise de commandement d'un bataillon), je devrai faire plusieurs services cette année qui me tiendront éloigné de l'Internet... Merci par avance pour votre patience ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 7h25 | Comments (6) | TrackBack
10 avril 2006
En direct de nulle part
Comme prévu, ma présence sur ce site connaît une interruption prolongée. Il y a parfois des périodes qui nécessitent un tel engagement que des priorités claires doivent être fixées, et que malheureusement des activités aussi passionnantes que tenir un blog passent au second plan. Merci par avance pour votre patience, qui devra encore être démontrée pour environ 1 semaine, et à bientôt ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 14h03 | Comments (3) | TrackBack
31 mars 2006
Une absence plus marquée
Comme je l'ai brièvement expliqué dans un commentaire ci-dessous, je traverse actuellement une période qui m'empêche d'être vraiment actif sur ce site. La dernière période similaire s'est produite juste avant son lancement, et a d'ailleurs déterminé la date de celui-ci ; il est parfois des exigences professionnelles qui retirent toute marge de manœuvre, surtout lorsqu'en parallèle la vie privée connaît également des évolutions intenses. C'est la raison pour laquelle à partir de la semaine prochaine et jusqu'à la fin de la semaine suivante j'aurai des absences encore plus marquées qu'actuellement.
Merci par avance pour votre compréhension et pour votre fidélité ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 23h46 | Comments (1) | TrackBack
19 mars 2006
De retour en Suisse
C'est aujourd'hui que je rentre au pays, trois jours avant la fin de l'exercice ; j'aurais normalement dû rester jusqu'à son terme, mais une accumulation de travaux importants et d'échéances rapprochées ont rendu ce retour nécessaire. Ce n'est pas sans regret que j'ai quitté samedi soir l'état-major où j'aurai travaillé d'arrache-pied pendant 9 jours, et alors que des actions fort intéressantes étaient en cours ; en même temps, d'un point de vue didactique, cet engagement était suffisant pour me permettre de faire le tour du sujet. Il aurait fallu que j'aille au nord de la Norvège, dans le secteur de Narvik, Bjerkvik, Harstad ou Grov, c'est-à -dire là où ont été engagés pour l'essentiel les quelques 9000 participants à l'exercice, pour apprendre autre chose.
Je survole à l'instant la mer du Nord dans un Fokker 100 de KLM, l'un de ces « cityhopper » qui relie les destinations secondaires telles que Stavanger. Mon siège est situé près du hublot, alors que j'aurais dû être dans le couloir ; en fait, le siège indiqué sur mon ticket de vol a été occupé par un homme âgé, qui m'a gentiment proposé de faire l'échange afin de pouvoir être à côté d'une femme penchée sur lui, et qui me souriait adorablement lorsqu'il me parlait. Du coup, j'ai bien entendu laissé les tourtereaux à leur bonheur ; j'ai failli prononcer quelques mots humoristiques (« I hope you are married together ! », si possible d'un ton sentencieux), mais j'ai préféré y renoncer. Avec mon sac militaire comme bagage à main, un peu de tenue s'imposait ! :-)
Le bilan de ces 10 derniers jours est très positif : j'en aurai appris tout autant que durant « VIKING 05 », de sorte qu'en un peu plus d'une année, entre mon engagement à Sumatra, mes cours à Oberammergau et à Kungsängen, ainsi que plusieurs exercices en Suisse - le prochain est prévu bientôt -, mon niveau d'instruction et d'expertise en matière de planification et de conduite d'opérations militaires aura nettement augmenté. C'est une chance, et je compte bien faire en sorte que l'investissement consenti par l'armée suisse dans ma formation lui revienne sous la forme de prestations de qualité. D'où mon retour anticipé ce dimanche, afin d'être fidèle au poste dès demain au quartier-général.
Posted by Ludovic Monnerat at 20h53 | Comments (4) | TrackBack
16 mars 2006
Une semaine en Norvège
Voici donc 7 jours que j'ai débarqué dans ce pays inconnu, pour un exercice grâce auquel mes journées sont plus trépidantes que jamais. La fatigue commence à se faire sentir profondément, après 6 jours et demi de travail avec des rotations de 14 heures (dont 2 heures dans les chevauchements entre équipe de jour et équipe de nuit), mais l'intérêt pour les thèmes traités ne diminue pas. Je suis bien désolé de ne pouvoir en dire ou en montrer davantage. Cela dit, les réflexions et les idées qui viennent en parallèle et que je note assurent une production renouvelée dès mon retour au pays ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 23h51 | Comments (9) | TrackBack
10 mars 2006
Une journée dans un bunker
De longues heures passées loin de la lumière du jour, sans guère d'accès au monde extérieur, dans les salles climatisées du Joint Warfare Centre de Stavanger : voici mon existence pour ces prochaines journées, en raison de mon engagement dans le cadre de l'exercice "COLD RESPONSE 06". Malheureusement, comme cet exercice est classifié, à la différence de "VIKING 05", je ne suis pas en mesure d'en dire ici quoi que ce soit. C'est bien regrettable, mais on ne plaisante pas avec les règles de sécurité de l'OTAN ! J'espère tout de même être en mesure de mettre en ligne quelques réflexions parallèles, ainsi que des photos du magnifique littoral norvégien, puisqu'une visite est prévue demain après-midi ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 22h28 | Comments (8) | TrackBack
7 mars 2006
Une présence en diminution
Que les fidèles de ce blog me pardonnent ma présence bien plus discrète : je suis depuis hier et jusqu'à demain en travaux d'état-major, et une journée de travail qui s'étend de 0515 à 2100 ne laisse pas beaucoup de temps pour écrire ici quelques lignes. Par ailleurs, cette discrétion risque de se prolonger, puisque je partirai dès jeudi pour 2 semaines à l'étranger dans le cadre de mes activités professionnelles. Naturellement, je tenterai de compenser cette occupation accrue par des récits et des reflets de ces nouvelles et modestes aventures militaires, mais cette période me contraint vraiment à consacrer bien moins de temps à ce site que je ne le souhaiterais - y compris pour notre expérience de planification interactive. Ceci ne durera pas, et je vous remercie par avance pour votre compréhension ! :-)
Posted by Ludovic Monnerat at 17h49 | Comments (3) | TrackBack
21 février 2006
Allez tous aux singes !
Voici une année, je partais pour l'Indonésie afin de rejoindre la task force de l'armée suisse engagée sur l'île de Sumatra dans une mission d'aide humanitaire d'urgence. En arrivant au PC du contingent, situé dans une salle de conférence de l'hôtel Garuda Plaza à Medan, j'ai eu droit - comme le reste du détachement, nommé 3e rotation - à un briefing général sur la situation et sur notre engagement. Mais l'une des choses qui m'a frappées, dans les premières heures de mon séjour, c'est que plusieurs officiers de l'état-major parlaient régulièrement de singes. Un intérêt pareillement manifeste pour cette espèce ne laissait de m'interpeller ; ne sachant trop si mes commensaux parlaient effectivement des animaux en question, ou si l'atmosphère de la mission s'étaient tellement détériorée que le substantif s'appliquait désormais aux autochtones, je me suis abstenu de toute interrogation déplacée.
Après quelques jours, et alors que mon acclimatation était en bonne voie, c'est le commandant du contingent - le colonel EMG Yvon Langel - qui s'est mis à parler avec le plus d'insistance de la chose. « Vous irez aux singes !», disait-il à plusieurs officiers sans leur laisser de réplique ; « avant de partir, aux singes !», rappelait-il à 2 pilotes alors en fin de mission ; « lundi prochain, tu vas aux singes ! », tançait-il son remplaçant ; « déjà allés aux singes ? », demandait-il à d'autres membres du contingent. Ce leitmotiv prenait dans sa bouche un ton comminatoire qui le rendait intriguant. De toute évidence, chacun devait franchir ce passage obligé, cette aventure qui prenait peu à peu dans mon esprit les atours d'un rite initiatique. Monnerat ? Aux singes ! Bolomey ? Aux singes ! Duschmoll ? Aux singes ! Allez tous aux singes !
Eh bien nous y sommes allés, aux singes, et cette excursion dans un parc national où des orang-outangs mènent une vie semi-domestique était en fait la journée de repos organisée par la task force - raison pour laquelle le commandant, qui nous accompagnait, tenait tant à nous y envoyer. J'en ai ramené un T-shirt trois tailles trop petit pour moi, des colliers aux motifs taillés dans la noix de coco que j'ai offerts à des personnes chères à mon cœur, et surtout plein de souvenirs visuels, auditifs, gustatifs et émotionnels. Une journée loin de la mission, loin des vols au-dessus des régions dévastées par le tsunami, sans doute essentielle pour l'équilibre d'hommes travaillant 7 jours sur 7 jours, 14 heures par jour, depuis 1 mois et demi, à 10'000 kilomètres de leurs proches.
Depuis, quand j'entends parler de singes, j'ai un sourire en coin! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 20h28 | Comments (2) | TrackBack
18 février 2006
Une victoire historique
L'équipe de Suisse de hockey sur glace vient de signer un exploit historique aux Jeux Olympiques en battant le Canada par 2 à 0. Cette équipe incroyablement solide, arc-boutée sur ses qualités de cohésion, de discipline et d'énergie, vient de s'offrir le scalp des vedettes de la NHL ! Alors qu'un drapeau suisse géant est déployé dans la patinoire, nos hockeyeurs rappellent à quel point ce pays est capable d'atteindre les sommets lorsqu'il est uni et déterminé. Vive l'Helvétie !! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 18h00 | Comments (9) | TrackBack
31 janvier 2006
Dans la campagne bernoise
En fin de matinée, j'ai eu l'opportunité de pouvoir m'exprimer pendant 45 minutes devant l'état-major de la brigade d'infanterie 2 sur le thème de la menace future. C'est un exposé que j'ai préparé à l'été 2003, et qui fournit plusieurs aperçus novateurs sur les causes, les effets, les acteurs et les méthodes des prochains conflits. Le public - de haut niveau - a exprimé son intérêt, à commencer par le commandant de brigade, avec lequel la discussion s'est prolongée pendant le repas de midi et à son issue. Pour moi, ces conférences sont toujours l'occasion de mesurer des réactions et d'avoir des conversations [et non conservations, ouah le lapsus !] que même les meilleures technologies de l'information ne parviennent à égaler. Tout en me permettant de retrouver des amis, bien entendu !
Posted by Ludovic Monnerat at 13h53 | Comments (2) | TrackBack
26 janvier 2006
Le retour de la réalité
Ce n'est pas le tout de se lancer dans des activités de planification en ligne : de temps à autre, je suis bien lié à mes activités professionnelles en matière de planification d'opérations. Il m'est donc bien difficile entre 0700 et 2200 de me consacrer à ce site, et c'est la raison pour laquelle je me fais si discret jusqu'à demain soir. Mais de grâce, n'en profitez pas comme la dernière fois pour vous lancer dans une polémique indispensable ! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 19h49 | TrackBack
30 décembre 2005
Un souvenir d'octobre
La nuit dernière, les températures sont brutalement tombées en Suisse, atteignant -15°C dans ma région et jusqu'à -35°C à La Brévine, un endroit fort judicieusement surnommé la Sibérie helvétique. Cette information, comme à chaque mention de ce lieu, m'a rappelé une nuit d'octobre 1997 passée dans le secteur, durant l'exercice d'endurance de l'école d'officiers d'infanterie. Un souvenir pas très glorieux, mais qui reste instructif.
Nous avions franchi la moitié de la semaine, passée essentiellement à marcher, à pagayer, à grimper et à tirer autour du Moléson, et des Super Puma nous avaient déployés dans le Jura neuchâtelois pour un exercice avec le Corps des gardes-frontière. Les deux détachements rassemblant la petite centaine d'aspirants avaient été répartis en groupes de quatre le long de la frontière, avec pour mission de signaler par radio au CGFr tout passage de la frontière verte. Mais si certains postes d'observation avaient reçu des équipements de vision nocturne et étaient positionnés à proximité d'axes probables, comme près du Locle, d'autres aspirants n'avaient que leurs yeux et leurs oreilles pour exploiter un poste situé dans des coins complètement perdus. C'était le cas de mon groupe et de quelques autres, près de La Brévine.
La conjonction malheureuse d'une fatigue mortelle et d'une mission absurde ont ainsi amené deux groupes à choisir une interprétation très libérale des ordres reçus, et à favoriser au-delà du raisonnable la discrétion du poste sur sa capacité à détecter des passages ; en clair, on s'est planqué dans la forêt en espérant passer une nuit tranquille. Cependant, si les instructeurs contrôlant le dispositif n'ont jamais trouvé l'un des groupes, ils ont rapidement localisé le second, parce que l'un de mes camarades - dont j'estime bon et charitable de taire le nom - ronflait si fort que l'un des adjudants sous-officiers passant par là nous a découverts. Fort contrits, nous avons donc été amenés à veiller pendant des heures aussi longues que glaciales sur un champ et un chemin où personne n'est passé de la nuit. Heureusement, d'autres groupes ont contribué à intercepter des individus suspectés de trafics divers.
Le jour suivant, lors du rassemblement des aspirants, le soussigné s'est ainsi fait blâmer en termes vifs pour le comportement inqualifiable du groupe dont il avait la responsabilité, et ceci exactement 24 heures après avoir été félicité en termes tout aussi vifs pour ses qualités de conduite ; le contraste était assez amusant, mais c'est la dernière fois que j'ai pris le risque de ne pas remplir une mission dans le cadre du service militaire. Il est d'ailleurs intéressant de relever que les deux chefs de groupe ayant pris cette funeste décision ont également été les seuls aspirants de cette volée à poursuivre leur carrière si vite qu'ils sont aujourd'hui officiers supérieurs, qui plus est d'état-major général (un troisième, plus jeune, le sera également un jour! on se croise les doigts pour lui !). Comme quoi l'obéissance absolue n'est pas nécessairement la qualité primordiale du commandement! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 17h44 | Comments (20)
25 décembre 2005
Le jour du dauphin
Pour le cadeau de Noël de mon neveu, j'avais décidé cette année de frapper un grand coup. Cela n'a pas manqué : je lui ai offert un dauphin en peluche long de 1 mètre, dont la taille l'a d'ailleurs intimidé avant qu'il ne l'adopte comme nouveau - et agréablement doux - compagnon de sa ménagerie florissante. Jusqu'ici, en matière de peluches, je lui aurai donc offert un chien, un pingouin, un renne (made in Sweden !) et un dauphin. Il est bientôt temps de passer aux jeux vidéos pour de simples questions d'espace ! ;)
Posted by Ludovic Monnerat at 19h40 | Comments (10)
12 décembre 2005
Un soleil de retour
Depuis trois jours, le soleil a eu le bon goût de refaire son apparition dans les cieux suédois. Même s'il donne l'impression de constamment vouloir nous quitter, ce qui accorde à ses rais une rougeur touchante, sa brève apparition quotidienne, à travers les rares fenêtres du bâtiment d'instruction (voir ci-dessus) dans lequel je me trouve, est une bénédiction... :)
Posted by Ludovic Monnerat at 11h57 | Comments (2)
11 décembre 2005
En route pour Uppsala
On aurait pu s'attendre que le rythme de l'exercice ralentisse aujourd'hui, mais nous avons au contraire dû appuyer des unités subordonnées pour des actions dans le domaine de l'information. Le 7e groupement de combat a par exemple remarqué que des émeutes dans son secteur étaient coordonnées depuis le port de la ville par des téléphones GSM ; des brouilleurs ont donc été engagés pour interrompre les communications autour du port et mettre un terme aux émeutes. Une brigade a également demandé un appui dans la mise en oeuvre d'un couvre-feu, au sein d'une ville dont les forces de l'ordre ont perdu le contrôle, ce qui nécessite l'emploi de l'information publique et des opérations psychologiques. Par ailleurs, des planifications en cours ont également nécessité une intégration avancée des opérations d'information. Pas le temps de s'ennuyer !
Mais une visite collective à Uppsala va certainement nous changer les idées ! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 12h02 | Comments (8)
10 décembre 2005
Un récit circonstancié
Aujourd'hui, c'est à un récit de mes activités que je vais me livrer. Quelques esprits chagrins pourront peut-être y voir une preuve d'un incommensurable narcissisme, mais je pense que les lecteurs de ce carnet seront intéressés à découvrir quelles activités peuvent être celles d'un officier d'état-major occupant un poste à haute responsabilité dans un vaste état-major. Cette machinerie repose sur de nombreux rouages, et j'ai la chance de me situer à un niveau qui me donne accès à toutes les informations essentielles et qui me permet de travailler directement avec le commandant. Il faut donc prendre ce qui suit comme un témoignage ponctuel au milieu d'un exercice.
Je suis arrivé à mon bureau à 0655 ce matin. Après avoir entré mon code d'accès (les ordinateurs ne sont jamais éteints), j'ai commencé à consulter mon courrier électronique, à parcourir rapidement les extraits de presse ainsi que les rapports arrivés depuis mon départ du QG le soir précédent (vers 2200). Cela m'a permis de mettre à jour le folio que je comptais présenter au briefing du matin. L'entraînement du briefing au centre d'opérations terrestre (LOC) a eu lieu entre 0730 et 0740, et je suis retourné à mon bureau consulter d'autres informations avant de participer au briefing matinal du commandant, de 0800 à 0820. Ce matin, j'avais une demande au commandant (la subordination de deux avions émetteurs Commando Solo), et il m'a ordonné de l'émettre par écrit au nom de son second à destination de l'échelon supérieur.
C'est ce que j'ai fait promptement (on prend vite l'habitude de rédiger des documents en anglais, même les abréviations OTAN deviennent digestes avec le temps), pour la retourner avec signature au LOC, puis partir ensuite au rapport de coordination avec le CEM et tous les SCEM, afin de parler des actions prévues et d'autres questions. La discussion s'est prolongée avec le L2 et le L3 (L pour Land, au lieu de G, afin de ne pas confondre avec les brigades) concernant l'emploi des moyens de guerre électronique. Je suis revenu juste à temps dans ma cellule, à 1000, pour une discussion de 15 minutes avec les observateurs spécialisés dans les opérations d'information. C'est également à cet instant que je me rends disponible pour des contacts téléphoniques avec les Chief Info Ops des autres composantes.
J'ai cependant bien vite été accaparé par une tâche que m'avait confiée le commandant en second le matin : planifier une opération pour parvenir à corriger la couverture assez négative des médias sur la situation dans le pays de l'exercice. Après une appréhension du problème, je lui ai proposé de reprendre l'initiative dans le domaine sémantique en ayant un événement majeur chaque jour, choisi parmi les actions planifiées ou réactives de nos unités subordonnées, pour ensuite l'utiliser comme argumentaire dans l'information publique et dans les opérations psychologiques en vue de montrer que l'on fait quelque chose de concret et de positif dans le pays. J'ai donc utilisé la fin de la matinée pour effectuer une planification rapide, coordonner la chose avec l'officier d'information publique, et avoir un contact avec le Chief Info Ops de l'échelon supérieur. J'ai aussi pris une demi-heure pour aller manger!
Vers 1300, j'étais de nouveau à mon bureau et j'ai passé un certain temps à décrypter des rapports d'interception provenant de nos moyens de détection radio. Parmi les 25 pages des différents systèmes engagés, je n'ai pas trouvé ce que je cherchais : la localisation d'émetteurs radio pirates mobiles diffusant de la propagande contre nous. J'ai également préparé un folio pour résumer ma démarche au commandant au sujet de l'opération projetée, ai participé de 1330 à 1340 à la préparation du briefing, et au briefing lui-même de 1400 à 1415. Par la suite, j'ai pris quelques minutes pour coordonner des activités avec les officiers des opérations psychologiques (un largage de tracts est en préparation, conformément à mes directives 2 jours plus tôt), et je me suis rendu - un brin en retard d'ailleurs - à la vidéoconférence entre le commandant en second, les SCEM et les commandants directement subordonnés, de 1445 à 1515.
A cette heure-là , il est temps pour moi de préparer le groupe de travail quotidien que je dirige (Information Operations Working Group), ce que j'ai fait en 20 minutes environ, et surtout de procéder à la rédaction de l'ordre partiel (FRAGO) concernant l'opération en question (une page A4 seulement, mais en Times New Roman 10!). Cela m'a permis de présenter ce FRAGO durant le rapport, qui rassemble des représentants de presque toutes les cellules, des officiers d'opérations psychologiques et de guerre électronique, ainsi que l'officier d'information publique, et donc d'obtenir les réactions de points de vue très différents. J'ai également discuté un concept OPSEC durant le rapport, ainsi qu'un concept pour une opération psychologique de sensibilisation au danger posé par les mines, concept d'ailleurs créé par un officier de la 1ère brigade située en Suisse.
A l'issue du rapport, qui a duré de 1630 à 1700, j'ai corrigé mon FRAGO et l'ai soumis au commandant en second avant d'aller manger ; quand je suis revenu, un peu avant 1800, le document était approuvé tel quel et j'ai pu le faire envoyer à nos subordonnés. J'ai alors commencé à préparer le bilan de la journée (le « hot wash up », quoi) tout en consultant les rapports de situation ; le mien était d'ailleurs parti peu avant 1630. La discussion avec les officiers des opérations psychologiques - dont un détaché auprès de la CJTF pour un rapport Info Ops - a duré de 1845 à 1930 environ, puis j'ai participé à la critique générale après 2 jours d'exercices, de 1945 à 2045, sous la houlette du général Reinhardt - déjà croisé à Oberammergau - et en présence de tous les personnages-clefs de l'EM. Une critique d'ailleurs très positive : la composante terrestre est très bien jugée.
Revenu au bureau, j'ai préparé mon folio pour le briefing de demain matin, consulté encore quelques rapports et coupures de presse, eu une conversation avec une brigade, et mon travail ici s'est achevé vers 2130. A la suite de quoi j'ai commencé à rédiger ce billet. Il est maintenant 2206, et je pense que j'ai bien mérité une bière finlandaise au mess de la base. Demain dimanche, nous aurons une pause dans l'exercice dès 1300. Ce sera bien apprécié!
Posted by Ludovic Monnerat at 22h07 | Comments (3)
5 décembre 2005
Un début encourageant
Après un voyage sans histoire, la délégation suisse s'est séparée à l'aéroport d'Arlanda pour les deux emplacements principaux de l'exercice "VIKING 05", soit les bases de Kungsängen et Enköping. C'est dans cette dernière que je me trouve à l'instant, devant un ordinateur au quartier-général du commandement de la composante terrestre (LCC), et plus précisément dans la cellule de la force de circonstance multinationale interforces d'opérations psychologiques (traduction militaire suisse romande de Combined Joint Psychological Operations Task Force). Mon rôle durant l'exercice consistera ainsi à planifier, à concevoir et à distribuer des messages-clefs à destination d'audiences-cibles données, en vue d'appuyer la mission d'une force multinationale de maintien de la paix.
Petite déception : il me sera très vraisemblablement impossible de mettre en ligne des images durant mon séjour suédois. Le réseau de la base, que j'emploie à l'instant, ne permet en effet pas l'introduction de données et toutes les entrées des ordinateurs (lecteurs CD et disquettes, ports USB) ont été neutralisées à cette fin. Par ailleurs, il m'est impossible de se connecter avec mon ordinateur portable, puisque l'opérateur local refuse catégoriquement d'inscrire ma carte Swisscom sur le réseau GPRS. Peut-être parviendrai-je à trouver une solution avec la direction d'exercice... En revanche, je serai en mesure jour après jour de décrire mes activités ou de mettre en ligne diverses réflexions, discrètement assis dans la cellule de 5 mètres sur 5 où j'ai pris position.
Cela commence plutôt bien. Vivement que l'on passe aux choses sérieuses ! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 15h13 | Comments (11)
De nouveau en voyage
Dans quelques minutes, je repartirai pour la troisième fois de l'année en Suède, à destination d'Enköping, après être passé par Kungsängen en septembre et Kungsholmen en juin. Cette fois-ci, ce sera pour effectuer un exercice multinational en tant qu'officier d'état-major dans le commandement de la composante terrestre de la force constituée pour l'occasion. Les cours effectués cette année à la NATO School et à SWEDINT étaient d'ailleurs une préparation pour une telle fonction, qui permet ensuite de participer à une mission de maintien de la paix comme celles que remplit l'OTAN au Kosovo ou en Afghanistan. Le vol Swiss à destination d'Arlanda emmène ainsi pas moins de 30 officiers suisses en vue de l'exercice « VIKING 05 ».
Partir pour presque 2 semaines au mois de décembre est également l'occasion de tirer un bilan de l'année écoulée. La seconde moitié de 2005 a été pour moi particulièrement intense, avec des développements inattendus et accélérés qui m'ont amené à m'investir énormément dans plusieurs domaines ; une transition professionnelle occasionnant un dédoublement des tâches, depuis la mi-août, a notamment constitué un défi et une opportunité de taille. Conserver un juste équilibre n'a pas toujours été aisé, mais ce voyage en Suède marque précisément la fin d'un cycle et la poursuite marquée d'une progression. Mon horizon s'élargit, et certaines choses - accomplies ou échues - sont désormais derrière moi. L'année prochaine s'annonce déjà palpitante, avec bien sûr d'autres voyages à la clef !
Dans l'immédiat, j'ignore quelles possibilités de connexion et quelle latitude temporelle me seront laissées dans mon nouveau gîte scandinave. Ne m'en veuillez donc pas si je suis moins présent qu'à l'accoutumée! c'est pour la bonne cause !
Posted by Ludovic Monnerat at 7h24 | Comments (5)
30 novembre 2005
Vol au sud des Alpes
La dernière fois que j'étais monté en Super Puma, c'était à l'occasion de l'ultime vol de nos machines à Sumatra, avec un déplacement entre Banda Aceh et Medan. Aujourd'hui, j'ai eu droit à un transport au sud des Alpes, avec un embarquement au sommet d'une colline enneigée, ce qui laisse imaginer le contraste. Surtout que 10 secondes après la prise de cette photo, l'appareil en question - le T-323 - nous a généreusement aspergés de neige grâce au souffle du rotor. Mais le temps magnifiquement ensoleillé de l'après-midi nous a gratifiés d'un spectacle sidérant de beauté.
Posted by Ludovic Monnerat at 22h50 | Comments (11)
Sur nos monts quand le soleil...
Voilà une image, prise tôt ce matin, qui montre pourquoi le service militaire vous permet de découvrir des endroits magnifiques en des saisons inhabituelles - comme ici la plaine de Magadino.
Posted by Ludovic Monnerat at 13h35 | Comments (16)
25 novembre 2005
Les premières neiges
Une petite couche d'à peine 10 centimètres est tombée hier soir et cette nuit. Elle ne fond pas encore ouvertement, mais s'avère suffisamment humide pour que mes bottes légères la redoutent. Accessoirement, elle donne un air encore plus majestueux aux bâtiments anciens, comme la caserne Mezener ci-dessus. Seuls ceux qui ont encore des pneus d'été ont donc une raison objective de faire grise mine ce matin devant une telle blancheur ! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 8h54 | Comments (3)
24 novembre 2005
Une soirée à Zurich
Après une journée passée à donner de l'instruction frontale à 16 membres d'une fraction d'état-major d'armée, j'ai pris ce soir le train pour Zurich, puisque j'ai été invité par l'Association suisse des officiers de renseignements à présenter un exposé à l'occasion de leur Evaluation de la situation 2006. Ce sont mes réflexions sur les conflits modernes qu'ils ont souhaité voir et entendre, une conférence que je présente depuis 3 ans et demi et que je mets à jour régulièrement. Et comme il s'agit d'une association fédérale, je me suis exprimé en français sur des folios en allemand. Le faire au bord de la Limmat après toute une journée passée à employer la langue de Dürenmatt (comme le dit Sisyphos), voilà qui me réjouissait d'emblée !
Mon exposé s'est fort bien déroulé, et c'était une sensation assez curieuse que de se plonger dès 2015 dans une présentation plutôt dynamique après une journée qui avait commencé aux alentours de 0530 au bureau. Cela m'a rappelé les stages de formation d'état-major général. Le public était fort attentif et visiblement conquis, mis à part un stratège renommé d'outre-Sarine qui n'a manqué d'intervenir au terme de mon exposé pour en contester par la bande une partie des thèses, et qui s'est fait sèchement remettre en place par un conseiller d'Etat zurichois pour cause de manque flagrant de modernité. Un échange de vues un brin animé dont je me suis sagement tenu à distance... :)
Pour le retour, alors que je pensais tranquillement prendre le train, un divisionnaire présent comme orateur m'a gracieusement offert de me ramener à Berne dans sa voiture, et son chauffeur nous a pilotés fidèlement à travers les premières chutes de neige de la saison, qui ont recouvert l'autoroute d'une couche blanche assez inédite, pendant une discussion tout à fait passionnante. Une manière instructive de franchir les kilomètres. Et comme le divisionnaire en question a largement appuyé et confirmé mes thèses durant son exposé de clôture, cela fait toujours plaisir lorsque l'on pense aux longues heures passées sur certains folios pour tirer toute la substance d'une illustration !
Posted by Ludovic Monnerat at 23h54 | Comments (4)
23 novembre 2005
En service à Berne
Dès aujourd'hui et jusqu'à vendredi, je suis en service à Berne pour donner un deuxième cours d'introduction à nos fractions d'état-major d'armée. Avec la dizaine de leçons, d'exposés et d'exercices que j'ai à donner, cela limitera ma faculté à suivre l'actualité et les commentaires sur ce site. Et si mon portable ci-dessus affiche fièrement les couleurs de ce dernier, cela n'est bien entendu que provisoire, vu que je ne vais pas tarder à devoir intervenir. Encore une fois, le hotspot de la caserne est bien pratique !
Posted by Ludovic Monnerat at 10h42 | Comments (12)
17 novembre 2005
Une arme mythique
Depuis cet après-midi, j'ai la chance de posséder une nouvelle arme, mythique qui plus est : un exemplaire flambant neuf du mousqueton 1931 de l'armée suisse, l'arme de service qui a équipé presque tous les soldats jusqu'à l'introduction du fusil d'assaut 1957. Ce fusil remarquable, issu d'une longue lignée, est encore utilisé de nos jours au sein des sociétés de tir ; il offre en effet une précision exceptionnelle à 300 mètres, et sa munition au calibre 7,5 mm reste toujours produite, puisque l'armée l'utilise dans ses mitrailleuses moyennes.
Cette arme m'a été remise par le chef d'état-major du Swiss Raid Commando 2005, le lieutenant-colonel EMG Mathias Tüscher, en remerciement pour mon engagement dans le cadre de cet exercice majeur de l'armée. Un cadeau que j'ai apprécié à sa juste valeur. Naturellement, une telle remise s'accompagnera de documents à signer pour être en conformité avec les règles en usage. Ceci pour la simple et bonne raison que l'arme est en parfait état, prête au tir, le magasin à 6 coups et la culasse parfaitement graissés. Equipé d'une lunette, ce fusil servirait à merveille dans un conflit de basse intensité contemporain.
On peut se demander comment il est possible que de tels fusils soient ainsi disponibles, aptes à l'engagement, en 2005. La stratégie militaire de l'armée suisse, longtemps axée sur la défense totale de la moindre portion de territoire, a exigé des quantités très importantes d'armes et de munitions, entreposées dans les innombrables dépôts et arsenaux du pays, et le fusil que j'ai reçu était très probablement destiné à permettre au citoyen-soldat suisse de pratiquer la guérilla derrière les lignes ennemies, nazies ou communistes.
Tenir un morceau d'histoire à la main est évidemment un honneur. Pénétrer au QG de l'armée avec une arme nécessite en revanche quelques explications préalables ! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 18h49 | Comments (27)
16 novembre 2005
En Coupe du Monde !
Bon, il faut bien parfois s'abandonner à quelques accès de patriotisme... A l'issue d'une partie transformée en combat, sur un terrain devenu champ de bataille et dans un climat d'une hostilité palpable, l'équide suisse de football a obtenu ce soir sa qualification pour la Coupe du Monde 2006 ! De quoi faire honneur au drapeau arboré ci-dessus ! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 21h30 | Comments (10)
13 novembre 2005
La ligne bleue
Les amateurs du genre seront déçus, mais je n'ai aucun lama à leur mettre sous la dent. Ce n'est pas faute d'avoir essayé ; il se trouve simplement que le quadrupède en question n'était pas dans son enclos lorsque je suis passé à proximité avec mon vélo. Pour consoler tout le monde, je livre donc une image prise sur le flanc nord du Moron, non loin de la Tour, et qui montre les montagnes jurassiennes illuminées par un soleil déclinant. On notera que l'on aperçoit la fameuse "ligne bleue des Vosges" au loin...
Posted by Ludovic Monnerat at 18h06 | Comments (3)
12 novembre 2005
Dans la carrière
Pas d'image de lama cette fois-ci (mais l'animal en question ne perd rien pour attendre !), simplement une vue de la carrière de Vermes, ce ravissant petit village du Val Terbi - aussi appelé Terre Sainte - dont je suis originaire, et que je traverse régulièrement sur mon destrier à roues. D'ailleurs, la photo a été prise sur celui-ci, histoire de respecter une tradition un brin acrobatique :)
Posted by Ludovic Monnerat at 16h06 | Comments (6)
9 novembre 2005
Helvetia dans la brume
Pris dans la brume matinale, le Palais fédéral dégage encore plus de sérénité et de solennité qu'à l'accoutumée. Je m'y suis rendu peu après 0700 afin d'aller au studio de la SSR pour l'émission Radio Public. A chaque fois, il m'est difficile d'entrer dans un tel lieu sans éprouver le respect qu'inspire une nation aussi stable et démocratique que la Suisse. S'engager à son service va dès lors de soi...
Posted by Ludovic Monnerat at 12h52 | Comments (3)
6 novembre 2005
Un peu de poésie...
Afin de trancher avec les rimes belliqueuses alignées ci-dessous, je viens de sillonner le web à la recherche de quelques blogs poétiques. Je vous propose un florilège de ce que j'ai modestement trouvé, sur des sites connus ou découverts tout à l'heure.
Commencez par "La vie à la cour" de l'ami Variable ; c'est de la prose, certes, mais c'est aussi une allégorie aux remarquables qualités évocatrices, et qui peut être sans danger méditée. Continuez par les haïkus de Pikipoki, dont le seul défaut est d'être trop rares, comme les sushis dans les apéros classy, avant de passer aux lignes plus nombreuses de Denis Heudré sur ...infiniment infime, comme "amour de dune" ou "ton pas nu", délicatement sensuels. Arpentez les compositions de Shakti, comme ces "Couleurs..." pleines d'éclats et d'ardeur, esquissez les traits caressés par christb dans "Couture" avec ses mots finement tissés, riez aux évocations de La cigale dans cette chanson humoristique, avant de terminer par une perspective lointaine offerte par Laminoir dans "May Be".
Charmant voyage, non ? Et en plus c'est gratuit ! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 21h49 | Comments (3)
5 novembre 2005
Une soirée à la SNO
Ce soir, j'étais invité par la Société neuchâteloise des officiers afin de donner une conférence à l'issue de son assemblée générale annuelle, au Landeron. Il s'agissait de mon quatrième exposé privé en l'espace de 2 semaines, cette fois-ci sur le thème de la puissance ; à chaque fois, c'est pour moi une excellente occasion de diffuser mes idées, en l'occurrence mon quadrant stratégique, et surtout d'avoir de vive voix des réactions à ces concepts - tout en faisant connaissance avec des personnes de qualité, venant de milieux divers, ce qui reste l'un des immenses avantages du système de milice. Généralement, le retour est très positif, et cette soirée n'y a pas fait exception. Le nombre d'heures investies sur mon fichier PauvrePoint semble justifié! :)
Il est intéressant de relever que les deux sujets les plus débattus suite à la conférence, durant l'apéritif ou pendant le repas, ont été la situation en Irak et les violences urbaines en France. Ce dernier en particulier suscite du grandes inquiétudes, par la remise en cause qu'il constitue de nos sociétés au sens le plus large, et par la perspective d'une guerre civile inévitable. En se demandant bien sûr dans quelle mesure une telle situation peut se reproduire en Suisse.
Posted by Ludovic Monnerat at 22h57 | Comments (4)
4 novembre 2005
Une tranche de calme
Parce que le monde n'est pas fait que de menaces génocidaires, de guérillas urbaines, de subversions terroristes, de liquidations ciblées ou de catastrophes naturelles, voici une image toute simple, prise voici 3 semaines non loin de là où je vis. Histoire d'apprécier une tranche de calme avant une journée animée...
Posted by Ludovic Monnerat at 7h20 | Comments (4)
1 novembre 2005
Une caserne automnale
La caserne Mezener date du XIXe siècle, mais sa rénovation récente lui donne une infrastructure de première qualité : ce n'est pas tous les jours que l'on peut travailler et instruire dans un environnement en réseau, avec 2 beamers dans la salle, un visualiseur (projetant des documents écrits) et toute une installation audio/vidéo. Vu de l'extérieur, on ne pourrait s'en douter! surtout avec le charme de cette saison.
Posted by Ludovic Monnerat at 12h56 | Comments (2)
31 octobre 2005
Trois journées d'instruction
Jusqu'à mercredi, je serai peu présent sur ce carnet : il se trouve en effet que la fraction d'état-major d'armée dont je suis responsable est actuellement en service pour un cours d'introduction de 3 jours, et que j'ai environ 15 heures d'instruction frontale à donner. Cela me laisse donc bien peu de temps, même si l'excellente caserne de Berne dispose d'un hotspot bien pratique...
Posted by Ludovic Monnerat at 12h55
29 octobre 2005
Le grand retour du lama
Histoire de taire définitivement les rumeurs sur de possibles hallucinations concernant l'apparition de quadrupèdes velus des Andes sur mon passage, voici une preuve irréfutable : l'animal en question, cette fois-ci dans un espace grillagé, broutant tranquillement alors que je sortais à vélo du village de Perrefitte cet après-midi. Bien entendu, il peut fort bien s'agir d'un alpaga, puisque mon seuil de compétence est outrageusement dépassé en la matière. Mais la bête existe bel et bien, et je n'attendrai pas qu'elle me crache dessus pour en avoir une conviction encore plus tangible ! ;)
Posted by Ludovic Monnerat at 18h12 | Comments (6)
26 octobre 2005
L'aube à la fenêtre
Tout récemment, un membre éminent de mon entourage m'a fait remarquer que mes billets sont trop longs et trop nombreux, du moins à ses yeux, et que du coup il n'arrive plus à suivre. Partant du principe qu'une image vaut davantage que 1000 mots, j'ai donc décidé de commencer la journée par cette vue de l'aube prise de ma fenêtre. Les textes interminables suivront plus tard... :)
Posted by Ludovic Monnerat at 6h51 | Comments (8)
24 octobre 2005
Le choc des cultures
Ce matin, j'ai donné pendant près de 2 heures un exposé à la bibliothèque nationale devant deux douzaines d'étudiants américains séjournant à Genève. Une expérience comme toujours fort intéressante, dans une salle de réunion (voir ci-dessus) plutôt confortable, et avec plein de questions pertinentes parmi un public captivé par le thème - l'opération humanitaire suisse à Sumatra et son environnement multinational.
Ce qui était amusant, par ailleurs, et la raison pour laquelle j'en parle, c'est que le bâtiment de la bibliothèque nationale est également utilisé par l'office fédéral de la culture, et que les gens qui y travaillent n'ont de toute évidence pas l'habitude de voir un militaire en uniforme se promener en ces lieux. Non seulement la réceptionniste m'a jeté un regard écarquillé lorsque j'ai eu l'outrecuidance de lui demander l'emplacement de la salle où avait lieu la rencontre, mais chaque personne croisée par la suite me regardait comme si je débarquais de Mars, voire même d'un autre système solaire.
Le plus fort, c'est que durant l'exposé j'ai distinctement vu plusieurs personnes venir guigner à travers la porte vitrée de la salle pour s'ébaubir devant cette vision d'un officier donnant un exposé dans le temple national de la culture. Autant dire que je suis prêt à y retourner sur l'heure... :)
Posted by Ludovic Monnerat at 18h20 | Comments (8)
15 octobre 2005
Une escapade automnale
Voici presque 6 mois, je m'étais accordé une escapade printanière qui m'avait mené sur le Moron et ramené via Champoz. Cet après-midi, en poursuivant sur la lancée de mes vacances, j'ai effectué le même parcours avec un plaisir intact. Naturellement, la transformation de la nature offre une différence assez saisissante, même si l'automne est tout aussi charmant dans le Jura que dans le Pays d'Enhaut. Autres différences, anecdotiques celles-là : j'ai cette fois croisé une ribambelle de randonneurs suisse-allemands, j'ai été accompagné par les détonations venant du stand de tir de Perrefitte, et j'ai mis une demi-heure de moins. Je vais maudire l'hiver... :)
Posted by Ludovic Monnerat at 17h47
14 octobre 2005
La fin des vacances
Les meilleures choses ont toujours une fin : mes brèves vacances s'achèvent à l'instant, alors que je patiente à la gare de Lausanne pour le train qui me ramènera dans mon Jura natal. Afin de lever le maigre suspense lié à la question, j'étais de dimanche à aujourd'hui dans le charmant village de Château d'Oex (voir ci-dessus), dans le Pays d'Enhaut, une localité qui offre beaucoup de charmes aux promeneurs - comme son église réformée (ci-dessous), dont le clocher est en fait une ancienne tour de garde. Le temps magnifique a largement contribué à la réussite de ces vacances... mais le retour au bureau, lundi, s'annonce déjà rude !
Posted by Ludovic Monnerat at 12h16 | Comments (6)
13 octobre 2005
Près de la zone militaire
L'une des ballades effectuées cette semaine m'a amené à passer au-dessus du lac de l'Hongrin, que l'on voit ici avec son barrage. Curieusement, malgré ma carrière militaire plutôt fournie dans les rangs de l'infanterie, et même ponctuellement dans ceux des troupes mécanisées et légères, je n'ai jamais effectué de service sur la place de l'Hongrin, alors que celle-ci représente l'un des rares endroits où la troupe peut engager librement un large éventail d'armes et mener des exercices à munitions réelles sans crainte exagérée des nuisances. Raison de plus pour être satisfait de passer par là ...
Posted by Ludovic Monnerat at 22h14 | Comments (3)
La chose et la place
Au moins, le message a l'avantage d'être clair, n'est-ce pas? Cette pancarte se trouve sur la porte d'un atelier de mécanique dans le village où je séjourne actuellement. Une manière de rappeler en permanence au personnel que l'ordre règne en ce coin de pays... :)
Posted by Ludovic Monnerat at 22h07
12 octobre 2005
La vue du sommet
Cette semaine connaît un temps décidément superbe, et j'en ai encore une fois profité pour faire aujourd'hui une belle balade dans la nature automnale. C'est la première fois que je vais en montagne à cette saison, et je ne le regrette pas un seul instant ! :)
COMPLEMENT (14.10, 1225) : La vue ci-dessus a été prise au sommet des Monts des Chevreuils, au cours d'une randonnée de 16 km à partir de Château d'Oex.
Posted by Ludovic Monnerat at 22h14 | Comments (6)
11 octobre 2005
Noir comme l'encre
Il s'est rué sur moi sans hésiter, venant se frotter, se refrotter et se rerefrotter sur mes jambes, Monsieur Chat Noir.
Il a ronronné compulsivement sous mes caresses, fermant les yeux à demi, levant le crâne pour en avoir d'autres, Monsieur Chat Noir.
Il m'a regardé avec une pointe de tristesse, avant de se retourner et de remonter le chemin lorsque je suis parti, Monsieur Chat Noir.
Et je profite de mon retour en train de la capitale pour le montrer, en attendant de peut-être le retrouver, Monsieur Chat Noir.
Posted by Ludovic Monnerat at 20h01 | Comments (3)
Dans l'air automnal
Lundi après-midi dans les Préalpes. Le soleil éclatant fait briller la nature dans toute sa majesté. Le vent souffle doucement et tempère la chaleur de l'automne. Les souliers sur le sentier font rouler de petits cailloux blancs. Des troupeaux au loin font entendre leurs cloches. On marche avec entrain. Tout est beau. Tout est prenant.
J'avais oublié combien les vacances pouvaient être reposantes... ;)
Posted by Ludovic Monnerat at 18h32 | Comments (3)
Dans la brume matinale
Dimanche matin à Morteau. La brume coulisse lentement le long de la vallée, caressant légèrement ses flancs rougis. Le ciel forme une toile azur que de rares nuages viennent toucher. L'air est frais, à peine humide. Le Doubs chuchote discrètement. Tout est calme. Tout est serein.
J'avais oublié combien les vacances pouvaient être agréables... :)
Posted by Ludovic Monnerat at 18h21 | Comments (2)
10 octobre 2005
Go Trabi Go
C'était un soir d'octobre 1992. Je vaquais tranquillement à mes occupations, dans ma bonne ville prévôtoise, lorsque 2 de mes meilleurs amis ont débarqué chez moi sans prévenir, au volant de la voiture ci-dessus. J'avais de quoi être surpris : ils avaient tout bonnement effectué le jour même le trajet Berlin - Moutier dans une Trabant modèle 1963, rachetée à un troisième ami qui terminait un séjour linguistique dans la ville. Nous sommes allés manger illico, et ils ont passé la nuit à la maison. Le lendemain, nous avons fait une série de photos dans la zone industrielle, avec la Trabi comme vedette, avant de nous quitter. Et cet engin mythique sommeille depuis dans un garage de la banlieue de Bienne.
C'est pour retrouver ce souvenir unique que nous nous sommes retrouvés les quatre samedi dernier dans le garage en question, en constatant que si la Trabi s'est peu à peu recouverte de poussière, un effort somme toute limité pourrait lui permettre de reprendre la route. Une automobile capable d'atteindre le 120 km/h sur l'autoroute (à la descente) et qui doit être secouée après avoir fait le plein (pour mélanger l'huile et l'essence) mériterait bien une nouvelle jeunesse ! En tant que voiture de collection, naturellement!
Posted by Ludovic Monnerat at 22h01 | Comments (3)
9 octobre 2005
Encore des lamas !
Il y a des semaines comme cela : après avoir croisé un lama durant une séquence de course à pied, non loin de chez moi, j'ai aperçu aujourd'hui 2 spécimens adultes lors de mon passage à la Vue des Alpes. Inutile d'insinuer cette fois-ci que la pratique intensive du sport provoque des hallucinations ! Ces quadrupèdes cracheurs étaient bel et bien là , sous les yeux d'une foule nombreuse, et j'ai les images pour le prouver ! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 23h04 | Comments (9)
A la Vue des Alpes
Le panorama offert ce midi à la Vue des Alpes était à la hauteur de la réputation dont jouit ce lieu : un spectacle magnifique, avec suffisamment de brume pour dissimuler le Plateau et suffisamment de visibilité pour dévoiler tous les sommets alpins. Une occasion à ne pas manquer pour s'emplir le regard et les poumons d'une perspective saisissante...
Posted by Ludovic Monnerat at 22h41 | Comments (3)
8 octobre 2005
En route pour les vacances
Tout vient à point pour qui sait attendre : c'est par un temps magnifiquement ensoleillé que j'entame aujourd'hui une petite semaine de vacances, que fort modestement j'estime entièrement méritée ! Bien entendu, j'emmène plusieurs dossiers avec moi et j'ai été contraint de caser trois séances à la suite mardi prochain à Berne, mais ces prochains jours ne m'en verront pas moins au vert, en bonne compagnie, dans une nature préservée, et à laquelle l'automne donnera des couleurs inspiratrices. Cela ne signifie pas que je renoncerai à garnir ce carnet, bien entendu ; les images seront peut-être davantage présentes que les mots! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 14h01 | Comments (3)
6 octobre 2005
Un lama sur ma route
Hier après-midi, alors que j'effectuais un parcours de course à pied après un parcours à vélo (il y en a encore qui vont me prendre pour un cinglé...), j'ai eu la surprise de croiser sur ma route, à la sortie du village de Perrefitte, un lama adulte en liberté. J'ai immédiatement regretté de ne pas avoir d'appareil photo sur moi, malgré certains commentaires ironiques qu'un tel équipement m'a déjà valus voici 2 semaines ; je me suis ensuite méfié, ayant en tête les mésaventures du capitaine Haddock avec les lamas, et finalement j'ai croisé l'animal en me tenant prudemment à l'écart et en maintenant une foulée constante. Du coup, il s'est contenté de me jeter un regard dédaigneux tout en mastiquant l'herbe qu'il venait de brouter.
Qui eût cru que le Jura abritait de tels animaux? :)
Posted by Ludovic Monnerat at 14h11 | Comments (4)
2 octobre 2005
La fin du Raid 05
Après une nuit particulièrement courte, voire sans le moindre repos pour certains membres de l'état-major, le Swiss Raid Commando 05 s'est achevé aujourd'hui par la cérémonie de clôture et la remise des prix. Un effort considérable a été fourni pour établir le classement, les dernières données étant parvenues au quartier-général tard dans la soirée, et le soussigné s'est par exemple retrouvé à 5 heures ce matin à cet endroit pour procéder à l'attribution des prix. Une fois encore, c'est une patrouille suisse qui l'a emporté, en l'occurrence une équipe d'officiers de la compagnie d'éclaireurs-parachutistes 17, qui appartient aux formations de reconnaissance d'armée et de grenadiers. La tradition est respectée.
Avec la fin du Raid et du cycle de 18 mois qui aboutit à sa mise sur pied survient immanquablement une période de décrue, une retombée de l'adrénaline. C'est en général dans ces conditions qu'il s'agit de jeter les bases de la prochaine édition, ce à quoi nous avons commencé à nous atteler - y compris à titre personnel, puisque j'occuperai la même fonction dans la version 2007 du SRC. Encore une nouvelle aventure qui se prépare !
Posted by Ludovic Monnerat at 17h10 | Comments (5)
29 septembre 2005
Un Raid sous la pluie
La météo n'est guère clémente avec le Swiss Raid Commando, et un crachin recouvre l'Ajoie depuis le début de l'après-midi. Qu'à cela ne tienne : les derniers préparatifs de l'édition 05 vont bon train, les participants entrent en service à peu près normalement (il y a toujours des gens qui arrivent au milieu de la nuit...), les postes finissent d'être montés dans le terrain (j'ai passé 3 heures à en visiter et contrôler un tiers pour la phase sélection)... et je profite d'un bref instant de répit pour mettre quelques lignes sur ce carnet. Je serai en effet très peu disponible ces prochains jours. Mais le site du SRC mérite le détour !
Posted by Ludovic Monnerat at 16h41 | Comments (5)
28 septembre 2005
Le retour en Suisse
Après une journée rondement menée, et consacrée au centre d'opérations multinational interforces, me voici dans l'Airbus A319 de Swiss qui me ramène à Zurich. Les dernières activités étaient passionnantes ; j'ai eu la chance de pouvoir diriger l'un des trois groupes formés pour les tâches du CJOC - un insigne honneur pour un officier suisse, tranchant qui plus est par son très jeune âge parmi les 33 participants - et ainsi d'assurer la production et la présentation d'un rapport de situation qui, dans la réalité d'une force de l'OTAN, aurait été envoyée au SACEUR. Le travail consistant à traiter une masse énorme d'informations, provenant des composantes subordonnées comme d'autres organisations, est un défi qu'impose la conduite des opérations. Et distinguer les événements les plus importants dans cette masse, et ceux qui peuvent soudain le devenir, exige une expérience considérable.
Ce cours de 10 jours s'est finalement révélé très positif, et mes camarades suisses partagent mon avis. Ceci étant, il est toujours agréable de rentrer chez soi et de retrouver les êtres qui vous manquent. Malgré les messages électroniques, les SMS et les coups de téléphones, la distance est une chose parfois difficile à gérer. Cela reste d'ailleurs une chose étonnante que de pouvoir se parler par-delà 1500 kilomètres avec un téléphone portable comme si de rien n'était. Plusieurs personnes m'ont appelé pour raisons professionnelles et ont été bien surprises d'apprendre que j'étais en Suède ; un journaliste de La Première m'a même proposé une interview téléphonique préenregistrée pour l'émission Forums, vu la qualité du son, et c'est mon indisponibilité qui m'a contraint à y renoncer. Cette connectivité galopante a quelque chose de fascinant.
Mon retour en Suisse ne signifie toutefois pas un retour à la normale. Bien au contraire : le Swiss Raid Commando 05 se déroule cette semaine, et j'arrive juste à temps pour prendre au bond ma fonction et ainsi contribuer à la conduite de cette opération passionnante. Pas le temps de s'ennuyer ! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 21h27 | Comments (4)
27 septembre 2005
La main et le nez
S'il fallait une preuve que les Suédois ne manquent pas d'humour, cette sculpture flottant près du pont central de Stockholm en est une. Le doigt pointé et le visage à moitié immergé suggèrent bien entendu mille autre choses que le rire, mais c'est ce dernier qui m'est venu aux lèvres le premier ce week-end. Même si un nez à la Couchepin aurait peut-être eu un effet plus grand encore... :)
Posted by Ludovic Monnerat at 6h59 | Comments (1)
26 septembre 2005
A l'hôtel de ville
L'édifice que je préfère à Stockholm reste l'hôtel de ville, le Stadshuset : avec sa tour magistrale de solennité et de brillance, sa cour intérieure toute empreinte de dignité séculaire et son revêtement de briques rouges tellement marquant, cette construction des plus célèbres mérite que l'on s'y attarde. C'est ce que j'ai fait hier matin, au début d'une journée consacrée à plusieurs musées, afin d'avoir d'emblée le coeur et l'esprit gorgés de perspectives majestueuses.
Posted by Ludovic Monnerat at 22h01 | Comments (3)
Le verrou de l'archipel
Voici une vue nocturne de la forteresse de Vaxholm, une puissante position défensive qui constitue depuis des siècles le verrou de l'archipel en contrôlant le passage des navires qui se rendent à Stockholm. C'était le point le plus éloigné de notre croisière samedi soir, et une bonne manière de voir comment la Suède a construit sa défense face à ses ennemis, à commencer par la Russie. Une visite de cette forteresse s'impose un jour...
Posted by Ludovic Monnerat at 6h43
25 septembre 2005
Au départ de l'archipel
Hier soir, l'encadrement du cours a organisé une croisière dans l'archipel sur le MS Enköping, un bateau âgé de plus d'un siècle qui n'a jusqu'ici coulé que deux fois (!). On voit ici une image du départ du port de Stockholm (le grand navire à droite effectue la liaison jusqu'à Helsinki). En fait, tout le bateau avait été loué pour la trentaine d'officiers et accompagnants présents, et le chef du navire - M. Arnaud, de France comme il se doit - a préparé un buffet typique suédois absolument superbe. Une excellente manière de passer une soirée tout en faisant plus ample connaissance avec des officiers que l'on peut être amené un jour à rencontrer dans une opération.
Posted by Ludovic Monnerat at 19h03 | Comments (4)
Sur les quais de Stockholm
La capitale suédoise est fameuse pour ses quais bordés de bâtiments tellement typiques, comme le Nybrokajen ci-dessus. Avec les nombreux bras de mer qu'elle connaît, la ville de Stockholm a des quais qui occupent une vaste surface et permettent à maints promeneurs de déambuler tranquillement. Et lorsque le soleil déclinant accorde ses plus belles couleurs à la scène, le spectacle est magnifique.
Posted by Ludovic Monnerat at 9h41
24 septembre 2005
En route pour Stockholm
La première semaine du cours s'est achevée vers 1230 aujourd'hui, après une matinée consacrée aux trois outils employés pour la planification et la conduite des opérations : le JOC (centre d'opérations interforces, responsable des activités immédiates et jusqu'à 3 jours, qui émet notamment des ordres partiels - les FRAGO), le JCB (bureau de coordination interforces, responsable des activités de 3 à 10 jours ainsi que du ciblage, qui émet notamment des ordres de coordination interforces - les JCO) et le JOPG (groupe de planification opérative interforces, responsable des activités au-delà de 10 jours, qui émet notamment les plans d'opérations - les OPLAN). Une matière donc très simple ! :)
Pour la suite, le centre SWEDINT a organisé pour ses étudiants une activité plus récréative, cet après-midi et ce soir, avec un déplacement en car jusqu'à Stockholm, une visite assez libre de la ville ainsi qu'un repas pris sur un bateau effectuant un tour de l'archipel. Si les accus de mon appareil digital me le permettent, je mettrai donc en ligne quelques belles images, car le temps est ici magnifique - ciel presque entièrement bleu et 19 degrés à l'ombre !
Posted by Ludovic Monnerat at 12h41
22 septembre 2005
Une église suédoise
Avec une pensée pour Francois (désolé, je ne suis pas encore parvenu à trouver les cédilles sur les claviers des ordinateurs locaux), voici une image prise hier sur mon parcours de course à pied, qui montre une charmante église, assez représentative de ce que l'on peut trouver dans la campagne suédoise. Dans ce pays qui alterne les vastes forêts, les étendues herbeuses et les petites bourgades, dont les maisons arborent souvent un teint grenat avec les traditionnelles fenêtres blanches, ce type de bâtiment surprend par sa hauteur et par sa couleur. De quoi, je l'espère, faire oublier certaines déceptions ci-dessous... :)
Posted by Ludovic Monnerat at 20h38 | Comments (5)
21 septembre 2005
Chose promise, chose due
Pour répondre à la demande de Robert, voici donc ci-dessus le panneau avertisseur que l'on retrouve à peu près partout sur la place d'armes où je me trouve actuellement. J'ai pris la peine d'emmener mon appareil photo dans ma course délassante pour immortaliser cet écriteau stupéfiant, ce que le principal satisfait saura apprécier à sa juste mesure! :)
J'en profite d'ailleurs pour corriger mon erreur, due à mes connaissances scandaleusement lacunaires en suédois : le mot "Stridsfordon" signifie véhicule de combat, et non char de combat comme je l'ai fort imprudemment écrit. Ce ne sont donc pas seulement des Leopard qu'il s'agit de redouter, mais bien toute la gamme de véhicules blindés de l'armée suédoise...
Posted by Ludovic Monnerat at 21h56 | Comments (11)
20 septembre 2005
Des journées studieuses
Les horaires ultraréguliers de la vie militaire ont un côté à la fois rassurant et déresponsabilisant : il suffit de suivre l'ordre du jour pour parvenir au terme des séquences d'instruction, ce qui peut générer une passivité toute consumériste. Une autre manière de voir les choses, et celle que je tente d'adopter, consiste à employer une telle période pour se cultiver au mieux, pour acquérir par l'écoute et la discussion un maximum de connaissances. Même si tous les exposés et toutes les activités ne sont pas nécessairement une découverte ou une révélation, un cours de formation reste une chance à saisir, une opportunité de développer ses compétences dans l'art et la science militaires. Les livres qui m'accompagnent en sont également garants !
Une journée standard de ce cours CJTF commence par le déjeuner (j'emploie bien entendu les vocables suisses pour les repas), pris entre 0620 et 0730, ce qui est plutôt tardif par rapport aux horaires de l'armée suisse. L'instruction du matin se déroule de 0800 à 1130, avec une pause café de 15 minutes ; le dîner est donc pris entre 1130 et 1235, avant de reprendre les travaux l'après-midi jusqu'à 1630. Et c'est à cet instant que le souper est censé être pris, dans une tranche qui s'étend jusqu'à 1730, ce qui est furieusement précoce pour l'estomac des participants helvétiques. Lesquels préfèrent profiter de leur temps libre - les heures du soir étant à la disposition des stagiaires pour étude - et retardent le dernier repas jusqu'à une heure davantage compatible avec leurs habitudes.
Le contenu du cours est de bonne qualité, malgré quelques redondances ; il est vrai que la structure et le fonctionnement de l'OTAN ne peuvent avoir diamétralement changé depuis mon dernier cours. De toute manière, la complexité de l'Alliance justifie pleinement un rafraîchissement des connaissances. Des travaux de détail sont ensuite effectués en groupe et présentés en plénum ; le contenu est intéressant, car entièrement lié au scénario utilisé pour le cours, mais les exigences générales sont assez faibles par rapport à l'école d'état-major général suisse. Comme toujours, chaque participant ne retire du cours que ce qu'il est prêt lui-même à y investir. Les prochaines journées, toujours plus axées sur le travail pratique, devraient toutefois permettre de prolonger la courbe d'apprentissage initiée aujourd'hui.
Après les cours, j'ai renoncé cette fois-ci à aller courir, notamment parce que le ciel grisâtre me semblait plutôt menaçant. J'en ai profité pour aller faire quelques achats au centre commercial du coin, histoire de ramener du crabe en boîte à ma famille (!), et aussi de prendre en photo (voir ci-dessus) le principal écriteau de la base. Une image qui n'est pas des plus avenantes, je le reconnais sans peine! Patience ! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 20h07
19 septembre 2005
L'OTAN et les forêts
Le cours a connu sa première journée, réussie de l'avis général. Ce cours vise à fournir aux officiers d'état-major présents une connaissance détaillée du concept de Combined Joint Task Force (force de circonstance multinationale et interforces en langage militaire suisse) développé par l'OTAN, en vue de leur engagement dans l'exercice VIKING 05, qui aura lieu durant la première moitié du mois de décembre. Concrètement, il s'agit d'une formation de 10 jours qui contribuera au succès de cet exercice, en fournissant à des officiers d'un rang parfois élevé - les 3 commandants de composantes de forces suédoises, des brigadiers-généraux, font ainsi partie des étudiants - les connaissances nécessaires à leur fonction, dans l'exercice comme dans la réalité. Un cours taillé sur mesure, et à ce titre plutôt intéressant.
Le cadre général du cours est fourni d'une part par les structures, les principes et la doctrine de l'OTAN en matière d'opérations de soutien à la paix (qui vont de l'aide humanitaire à l'imposition de la paix), et d'autre part par un scénario fictif modifiant la géographie de l'Afrique orientale en faisant de l'île de Madagascar une péninsule artificielle, divisée en plusieurs pays dont 2 d'entre eux sortent d'un conflit armé (le scénario GEM, employé durant ALLIED FORCE 03, pour ceux qui le connaissent). Aujourd'hui, l'essentiel du temps de travail a été consacré à une mise à niveau des connaissances générales de ces deux aspects, ainsi qu'à la formation des groupes. Il est assez intéressant de constater que sur la grosse trentaine d'officiers présents, tous sont suédois à l'exception des 6 Suisses détachés à cette occasion. Ce qui illustre l'intensité de la collaboration militaire entre les deux nations.
Ce cours se tient dans les locaux de SWEDINT, l'organisation de l'armée suédoise spécialisée dans la formation des militaires individuels et des états-majors prévus pour être engagés dans des missions de soutien à la paix. Nous séjournons donc à la base de Kungsängen, renommée pour le régiment des Royal Life Guards qu'elle abrite, à environ 20 minutes de route de Stockholm. Après la fin des cours et avant le dîner officiel qui a cloturé la première journée, j'ai profité d'une heure et demie de temps libre pour aller courir sur le périmètre de la base, en essayant de suivre l'un des parcours mesurés qui sont paraît-il tracés, et qui en fait ne sont pas du tout indiqués. Bilan des courses : j'ai couru presque une heure, me suis repéré par rapport à la position du soleil (le temps est ici magnifique, 20° en milieu d'après-midi), ai interrogé trois recrues qui passaient pour m'assurer du chemin du retour, et suis arrivé juste à l'heure pour le début de la soirée.
Il est vrai que les paysages aux alentours de Stockholm, avec leurs immenses forêts, sont particulièrement propices aux amateurs à la fois de sport et de nature. Avec une particularité supplémentaire : ce n'est pas partout que l'on trouve des panneaux avertisseurs affichant « Attention chars de combat ». Il est vrai qu'une base abritant des unités mécanisées présente certains dangers. Ayant failli à deux reprises me faire écrabouiller par des Léopard sur la place d'armes de Bure, je ne peux que redoubler de prudence sur un terrain dont j'ignore tout ! En tout cas, ce séjour ici s'annonce tout à fait profitable. Surtout lorsqu'une organisation met à disposition de chaque participant un ordinateur portable avec une connexion à large bande dans les salles de travail comme dans les chambres. Une performance dont l'armée suisse pourrait s'inspirer!
Posted by Ludovic Monnerat at 22h00 | Comments (4)
18 septembre 2005
Waiting for the boarding
Comme d'habitude, je suis nettement en avance, et je dois attendre trois quarts d'heure avant de pouvoir embarquer. Tant mieux : cela me donne le temps de potasser les documents envoyés par le commandement du cours et dont la lecture préalable est sanctionnée par un test. Le cadre de l'opération sur laquelle nous travaillerons est décrit en plus de 120 pages A4. Charmante formalité...
Voici presque 3 mois, je partais également pour la Suède par la grâce de mes fonctions militaires. Il est stupéfiant de constater parfois combien un trimestre peut amener des développements imprévus ; il y a des portes qui s'ouvrent et d'autres qui se referment, des opportunités passionnantes qui se dessinent et des impasses irrémédiables qui se démasquent, des relations anciennes qui se renforcent et des liens intenses qui se déclinent au passé. Sans que finalement on puisse y faire grand chose.
Mais l'important ne réside pas dans ce constat. Comme le symbolise le Jumbolino de Swiss qui vient de se ranger 20 mètres devant moi, et dans lequel je monterai tout à l'heure, c'est le mouvement qui compte. Garder le cap malgré les louvoiements de l'instant. Avancer, grandir, construire, réaliser - l'esprit ouvert, le coeur généreux, l'âme grand-voile. Accepter les vicissitudes de notre voyage terrestre et en tirer le meilleur parti possible.
Posted by Ludovic Monnerat at 14h30 | Comments (3)
En route pour le Nord
L'appel du voyage me reprend : je suis en ce moment même en partance pour la Suède, afin d'y suivre un cours militaire de 10 jours. Une nouvelle occasion d'apprécier ce pays magnifique, et tout spécialement sa capitale dont nous serons à proximité, tout en complétant les connaissances et le savoir-faire acquis ce printemps à l'école de l'OTAN à Oberammergau. Bien entendu, les billets devraient à nouveau se faire plus rares, ou alors être directement liés à mes activités (dans le cadre d'une opération de maintien de la paix : bis repetita). Mais cela devrait être compensé - si j'ose dire - par quelques photos ravissantes! en espérant que je n'ai pas oublié le chargeur de mon appareil digital ! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 13h10
16 septembre 2005
Un tour à l'arsenal
Ce matin, j'ai fait ce que je n'avais plus fait depuis longtemps : une visite à l'arsenal pour une question d'équipement personnel. C'est évidemment l'une des particularités de l'armée de milice que ces arsenaux dans lesquels les citoyens-soldats peuvent venir en tout temps échanger leurs affaires militaires, compléter leur équipement ou en faire réparer certaines pièces. En ce qui me concerne, je souhaitais obtenir une deuxième tenue de sortie en vue d'un prochain service à l'étranger, avec une petite réserve supplémentaire de chemises. La couturière de l'arsenal de Berne s'est gentiment affairée à me trouver des pantalons à ma taille - avec une grande bande noire sur le côté, bien entendu! - et m'a promptement préparé une nouvelle veste 95. J'en ai d'ailleurs profité pour toucher un nouveau béret noir, le mien, portant le vert de l'infanterie, ayant plutôt fait son temps!
Il est bon de souligner que le service, dans les arsenaux contemporains, se fait avec le sourire et dans le souci de satisfaire le client - en l'occurrence le militaire individuel. J'aurais pu venir avec n'importe quel problème, des souliers à ressemeler, un sac de combat à recoudre ou une arme à contrôler, je pense que l'accueil aurait été identique. Evidemment, on peut me rétorquer qu'un officier supérieur est forcément mieux accueilli qu'un soldat, mais les quelques hommes du rang qui étaient servis en même temps que moi ne semblaient pas spécialement déconsidérés. Je pense tout simplement que l'atmosphère dans les arsenaux a beaucoup changé depuis l'époque de l'Armée 61. Les mauvaises langues diront que la réduction drastique des places de travail et des établissements dans ce domaine explique en partie cette approche nouvellement avenante!
Posted by Ludovic Monnerat at 14h26 | Comments (15)
11 septembre 2005
Une embuscade chevaline
Hier matin, alors que je terminais avec satisfaction mon escalade quasi hebdomadaire de la Montagne de Moutier, j'ai eu la surprise de tomber sur un barrage établi par 5 chevaux d'aspect a priori peu amène (voir ci-dessus). Comme je me suis arrêté, ils ont commencé à me regarder bizarrement, et je me suis demandé s'ils n'allaient pas me faire payer le fait d'avoir mentionné, sur ce carnet, mon goût prononcé pour les steaks de cheval. Lorsqu'ils se sont élancés vers moi (voir ci-dessous), j'ai bien cru qu'une confrontation était inévitable. Mais ces braves bêtes étaient finalement animées des meilleures intentions, et elles m'ont sagement entouré ; l'une d'entre elles, un brin plus hardie, est allée jusqu'à lécher de sa langue râpeuse mon bras couvert de transpiration. Rien de bien méchant, donc !
Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner si je continue à consommer de la viande chevaline :)
Posted by Ludovic Monnerat at 15h37 | Comments (4) | TrackBack
Quatre ans après
Voici donc 4 ans qu'ont eu lieu les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. Je me souviens encore parfaitement de la manière avec laquelle je les ai vécus. J'étais à Thoune, dans le bâtiment de l'Office fédéral des armes de combat, en train de mettre la dernière main à une étude prospective - les engagements de combat à l'horizon 2020 - lorsqu'un officier supérieur est entré dans mon bureau pour m'annoncer qu'un avion s'était écrasé dans le World Trade Center. Nous sommes montés dans une salle équipée d'une télévision et avons rejoint un petit nombre de personnes, juste à temps pour voir le deuxième impact. Nous y sommes restés jusqu'à l'effondrement des tours jumelles, parmi un aéropage de fonctionnaires fédéraux stupéfaits.
Mes premiers mots face au petit écran ont consisté à exprimer mon espoir que les problèmes de sécurité allaient peut-être enfin être pris au sérieux. Les images de cette journée m'ont ensuite accompagné jusqu'à la nuit tombante, dans une salle reculée du bâtiment, et j'avais une peine immense à m'en détacher, à ne pas m'immerger dans l'instant pour en saisir la dimension. J'en ai tiré une leçon : l'environnement déstructuré et instable que je décrivais dans mon étude - hélas classifiée! - était déjà largement réalité. L'articulation des champs d'engagements et les principes d'emplois que j'avais énoncés avec doutes et prudence recevaient une confirmation. La compréhension des acteurs en situation d'asymétrie devenait une urgence. Le temps de l'action était donc venu.
C'est dans les semaines qui ont suivi le 11 septembre 2001 que je me suis livré à une réflexion de fond sur les conflits armés de notre époque, aboutissant notamment à cerner 12 caractéristiques qui les distinguent du passé. J'en ai tiré un texte publié dans Le Temps, le premier d'une collaboration qui se poursuit, un article diffusé dans la Revue Militaire Suisse, ainsi qu'une conférence présentée pour la première fois en mai 2002. Ce travail stratégique et prospectif a contribué à la réorientation de mon site d'information créé fin 1997, CheckPoint, et mené à la confection d'autres articles et conférences prolongeant cette réflexion. En parallèle, ma bibliothèque a gonflé démesurément, pour dépasser aujourd'hui les 400 ouvrages. Mon prochain déménagement s'annonce laborieux !
Ceci n'est cependant qu'un début. Ce carnet s'est révélé une nouvelle étape marquante dans ce processus de réflexion, en constituant un laboratoire d'idées favorable au mûrissement de certains concepts. Une autre étape sera nécessairement l'écriture d'un livre de stratégie, dès que mes activités actuelles m'en laisseront le temps. Quoi qu'il en soit, le chemin encore à parcourir et la complexité du sujet incitent à la plus grande modestie, et le débat argumenté reste probablement l'une des meilleures manières de rester ancré dans la réalité. Quatre ans après ces attentats, je remercie donc toutes celles et ceux qui contribuent à mon enrichissement intellectuel et à ma maturation conceptuelle, en espérant qu'à mon tour j'apporte quelque chose de vraiment utile.
Posted by Ludovic Monnerat at 11h35 | Comments (6) | TrackBack
9 septembre 2005
Au sommet du Niesen
Cette semaine, en marge de travaux d'état-majors intensifs menés dans les locaux du centre de compétence ABC de l'armée à Spiez, nous avons effectué une petite escapade au sommet du Niesen, une majestueuse montagne de forme pyramidale qui culmine à 2362 mètres d'altitude. Après une ascension par funiculaire et avant une descente à pied, je n'ai manqué de prendre quelques images du magnifique panorame qui s'offrait, à peine obscurci par quelques nuages. La vue ci-dessus montre à gauche le lac de Thoune et le lac de Brienz, avec la ville d'Interlaken entre deux ; à droite, la grande montagne avec cette face nord si caractéristique est l'Eiger.
Il était également intéressant de visiter cette région peu après les inondations qui l'ont frappée. La vie a bien entendu repris de plus belle, mais les traces des crues restent encore évidentes, et plusieurs routes demeurent impraticables. Un souvenir marquant...
Posted by Ludovic Monnerat at 20h34 | Comments (3) | TrackBack
6 septembre 2005
Sur les routes du pays
Lorsque l'on s'engage à servir son pays, il faut également accepter de le sillonner pour se rendre en différents lieux de service. Je suis ainsi basé toute la semaine à Spiez, pour des travaux d'état-major, mais je me rends à l'instant à Lucerne pour une journée de cours de cadres en vue du stage de formation d'état-major général IV et V. C'est donc à l'arrière d'une limousine gracieusement mise à ma disposition par l'armée, et en venant de redescendre le col du Brünig, que je vous adresse mes salutations et que je justifie par avance la diminution ponctuelle de mes contributions à ce carnet. Et comme en plus j'ai oublié le cable reliant mon appareil photo à mon portable, il faudra patienter pour avoir de belles images ! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 7h22 | TrackBack
5 septembre 2005
Sur le seuil de l'au-delà
Une musique qui fait vibrer le corps et l'âme, reçue comme un cyclone dans l'église presque déserte. L'organiste, dos tourné, concentré sur le morceau qu'il répète avec inspiration, ne voit pas les quelques personnes que son orgue ont attirées. Il se penche et se redresse au gré des harmonies, pendant que des notes à la fois graves et aiguës se propagent et entourent les visiteurs inopinés qui les reçoivent.
Une musique qui fait vibrer le corps et l'âme, qui hérisse la peau et élargit les sens, répandue par dix, vingt, quarante fuseaux métalliques aux accents tutélaires. Un souffle puissant, issu de la terre comme des cieux, un hymne à la foi qui emporte les êtres et leurs croyances, qui les amène à se confondre lentement avec l'endroit qu'ils découvrent, hésitants, au bord de l'au-delà . Une voie entrouverte.
Posted by Ludovic Monnerat at 23h16 | Comments (4) | TrackBack
29 août 2005
La capitale et les eaux
L'image ci-dessus a été prise voici une semaine, vers 1800, depuis le pont situé près de la fosse aux ours à Berne (merci à l'un de mes excellents camarades pour m'avoir autorisé à la mettre en ligne ; s'il désire un brin de publicité, je la lui fais immédiatement) [en fait, comme signalé ci-dessous, le pont de Kirchenfeld]. Elle montre à quel point l'Aar a pu sortir de son lit, et illustre assez bien l'ampleur parfois surprenante des inondations subies dans le pays en général et dans le canton de Berne en particulier, y compris dans des zones a priori peu susceptibles d'être touchées. De quoi méditer sur la violence de la nature, qui amène les hommes à relativiser la leur...
Posted by Ludovic Monnerat at 18h54 | Comments (8) | TrackBack
28 août 2005
Au bord des pâturages
Les chevaux sont l'un des symboles bien connus du Jura. Ces quelques spécimens ont été aperçus au loin lors d'une ballade en vélo qui m'a mené du côté de Bellelay. Une bien belle perspective que de rencontrer ces nobles et fiers animaux, même si j'étais un brin indisposé à leur endroit par le souvenir du steak de cheval que j'ai vivement englouti au repas de midi... De quoi faire hurler les défenseurs de la gent chevaline! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 19h41 | Comments (3) | TrackBack
Un convoi militaire
Alors que la polémique sur la vente de 180 M-113 à l'Irak a été discutée ci-dessous, et rebondit également dans la presse dominicale, voici une image d'un convoi militaire que j'ai croisé vendredi à Granges Nord. On y voit précisément des M-113 de l'armée suisse, en l'occurrence des chars lance-mines 64/91, dans un convoi qui comptait 18 exemplaires de cet engin, 4 véhicules de transport chenillés 68 (sur châssis M-113) et 2 véhicules pour commandants de tir 00 Eagle en plus de quelques véhicules légers à roues (je l'ai machinalement jaugé). Un train probablement destiné à une école ou un cours de reconversion en direction de Bure...
Posted by Ludovic Monnerat at 15h28 | Comments (11) | TrackBack
26 août 2005
Souvenir de vacances
Le lac artificiel de Moiry constitue un décor de choix pour une petite randonnée tranquille. Une excellente manière de se creuser l'estomac pour ensuite déguster une fondue dans le restaurant sis au bord du barrage! Et comme il est bon de ne pas laisser les souvenirs lentement se flétrir, comme la distance et le silence les y condamnent, mon meilleur ami et moi avons décidé hier d'y retourner en automne ! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 20h19 | Comments (4) | TrackBack
22 août 2005
Une carte plutôt désirée
Le mardi 9 août dernier, j'ai acheté au Swisscom Shop de Lausanne une carte Mobile Unlimited en version EDGE. Il s'agit a priori de la meilleure solution pour avoir une connexion utilisable dans la plupart des endroits habités du pays (et même inhabités : je me suis rendu compte durant mes vacances que le col de Torrent bénéficiait d'une couverture réseau parfaite! J'en ai d'ailleurs profité pour narguer un personnage fort travailleur de mes amis et resté à Berne...). Après quelques essais pratiques, montrant un débit oscillant entre 8 et 20 Ko/secondes avec la norme EDGE, cela semble se confirmer. L'abonnement de 1 giga-octet par mois à 79 francs est un brin coûteux, mais cela dépend des besoins.
En revanche, les services de Swisscom semblent nettement moins bons que leurs équipements. Normalement, l'enregistrement de la carte aurait dû se faire en l'espace de 24 heures. Après quelques jours, comme rien ne fonctionnait, j'ai appelé la hotline pour savoir ce qu'il en était ; et apparemment, le contrat que j'avais signé au magasin n'avait jamais été répertorié. J'ai donc dû faxer une copie du contrat et patienter quelques jours de plus ; après 10 jours, ne voyant toujours rien venir, j'ai une 2e fois faxé ce satané contrat, à une personne différente cette fois. Et ce matin, j'ai appris que le fax n'était jamais parvenu à son destinaire - alors que j'avais la quittance de l'envoi - si bien que j'ai dû m'y reprendre une 3e fois pour faire enregistrer la carte SIM et accéder au réseau.
Franchement, peut mieux faire serait un jugement exagérément tolérant...
Posted by Ludovic Monnerat at 21h44 | Comments (4) | TrackBack
17 août 2005
Un mot du Tessin
Les journées de travail qui s'étendent de 0700 à 2230 ne laissent guère de temps pour aller en ligne et rédiger des billets. Je profite cependant d'un accès sans fil dans l'hôtel où je loge, au coeur de cette magnifique ville de Bellinzone, pour saluer chaleureusement les visiteurs de ce carnet et leur donner rendez-vous dès samedi pour une reprise des activités normales. A bientôt!
Posted by Ludovic Monnerat at 23h30 | Comments (3) | TrackBack
16 août 2005
A nouveau en mouvement
Ce carnet connaîtra à nouveau un ralentissement cette semaine, puisque je suis en Suisse centrale et au Tessin pour différentes activités. Ainsi, je redescends à l'instant le Gotthard à l'arrière d'un véhicule militaire, après avoir franchi le col puisqu'un camion accidenté a entraîné la fermeture du tunnel... J'espère néanmoins prendre quelques belles photos de la magnifique région que je traverse! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 11h01 | Comments (1) | TrackBack
13 août 2005
Entre deux portables
Comme j'ai acheté aujourd'hui un nouvel ordinateur portable, afin de mieux répondre aux exigences de ma fonction professionnelle (un bon alibi pour justifier un coup de tête et un coup de coeur...), je serai ponctuellement indisponible sur ce carnet. Le temps de résoudre toutes les complications liées à l'installation de x nouveaux programmes, à la configuration de périphériques dont on égare les CD d'installation et aux transferts des données nécessaires pour utiliser confortablement la bécane! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 18h54 | Comments (10) | TrackBack
12 août 2005
Dans le lointain
Une image prise tout à l'heure, près de la piscine de Malleray-Bévilard, en descendant la route de Champoz aux commandes de mon fier destrier à roulettes. Un horizon tout simple, dans une humble vallée, qui tranche sur les temps intéressants que nous semblons condamnés à vivre... :)
Posted by Ludovic Monnerat at 20h21 | Comments (4) | TrackBack
10 août 2005
Le long de la Foule
Non loin de mon modeste logis coule un ruisseau nommé la Foule, qui avant de se jeter dans la Birse longe au cœur des bois un petit chemin bordé de quelques bancs. C'est un lieu calme, modérément fréquenté, presque intime, que j'aime sillonner en écoutant le chant discret de l'eau et le bruissement des feuilles. Une oasis où parfois je me repose, en méditant plus ou moins profondément sur le sens de l'existence au regard des mille détails élémentaires de la nature. Une parenthèse de distance, de silence et de solitude qui permet de se recueillir, de se retrouver, de clarifier les situations et les relations. Une absence quelquefois nécessaire, difficile à comprendre ou à accepter pour les êtres chers, mais qui est aussi la promesse d'un lien retrouvé, d'une affection renouvelée!
Posted by Ludovic Monnerat at 20h41 | Comments (2) | TrackBack
1 août 2005
Un drapeau en gros plan
Avec cette image de mon couteau suisse, modèle militaire réglementaire, je souhaite une bonne fête nationale à tous mes concitoyens et à tous ceux qui aiment mon pays. Les symboles sont là pour être utilisés à de bonnes occasions, non? :)
Et pour une réflexion sur l'avenir de la Suisse, et notamment sur sa dégradation progressive, je conseille le billet mis en ligne aujourd'hui par Stéphane sur le Meilleur des Mondes. "Y en a point comme nous", certes, mais à force de ressembler aux autres, cela finira par ne plus être le cas... Une pensée à conserver et à mijoter entre lampions, pains de sucre, fusées et discours. On n'est pas encore sorti du tunnel, même s'il y a un sapin devant! ;)
Posted by Ludovic Monnerat at 14h37 | Comments (8) | TrackBack
31 juillet 2005
Sur la montagne
Certes, le mot de montagne est un bien grand mot lorsqu'elle culmine modestement à 1100 mètres. Ceci étant, escalader la Montagne de Moutier reste toujours très plaisant, et mon VTT ne s'en plaint pas le moins du monde! Le ciel assez chargé de cet après-midi a réduit le charme de ces menus plateaux qui ornent les sommets jurassiens, mais le calme qui y règne, à peine troublé par les meuglements du bétail ou les hennissements des chevaux, reste appréciable... avant un retour éclair par la route (voir ci-dessus) qui me ramène chez moi! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 18h36 | Comments (2) | TrackBack
30 juillet 2005
Au service de parc
Il était inutile de reculer plus longtemps : mon arme de service avait un besoin urgent d'un bon service de parc (terme militaire suisse désignant un entretien régulier), ce que je lui ai administré cet après-midi sur la pergola, face à un jardin régulièrement survolé par une demi-douzaine de mésanges. Retrouver l'odeur de la graisse à fusil éveille automatiquement des souvenirs que mes camarades officiers partagent, tout comme les gestes nécessaires à la manipulation du pistolet 75 que j'ai reçu voici 8 ans (un SIG 220, pour être plus précis).
J'ai noté avec intérêt que la voisine qui m'a salué durant le remontage de mon arme ne m'a pas paru autrement surprise d'une telle activité. Voilà bien une caractéristique helvétique... :)
Posted by Ludovic Monnerat at 17h54 | Comments (25) | TrackBack
24 juillet 2005
Retour de vacances
Je suis rentré aujourd'hui de mes vacances à Grimentz (ce qui me permet de divulguer le nom de cette localité, et même celui de l'excellent Hôtel Alpina où j'ai logé depuis lundi). Une semaine pleine de distractions diverses - dont toutes ne peuvent être décemment relatées ici! :) - qui m'a permis de prendre un immense bol d'air, de me ressourcer au contact d'une nature préservée et d'affiner le cap de mes activités régulières. Bien entendu, une telle semaine reste diablement courte, mais j'ai bien trop de travail pour me permettre de m'éloigner plus longtemps!
Ce matin, je me suis accordé un dernier plaisir intense sous la forme d'une randonnée solitaire comme je les préfère : une ascension très rapide d'un sommet ou d'un col, suivie d'une descente au pas de course (oui, il faut être un peu ravagé pour aimer cela... ;)). Je me suis donc levé à l'aube et j'ai quitté discrètement mon hôtel pour grimper jusqu'au Roc d'Orzival, qui à 2816 mètres offre un magnifique panorama donnant jusqu'à la plaine du Rhône (voir photo ci-dessus), avant de regagner ma chambre 3 heures plus tard. Pour tout dire : le pied total ! :)
Je reprendrai dès demain le fil de ce carnet, en apportant le fruit de plusieurs réflexions sur son contenu, et en revenant sur l'actualité intense de ces derniers jours.
Posted by Ludovic Monnerat at 18h44 | Comments (2) | TrackBack
22 juillet 2005
Le long d'un glacier
L'un des symboles du secteur alpin demeure ses glaciers, comme celui de Moiry (voir ci-dessus). Ils ont certes rétréci ces dernières décennies, mais ils continuent de suggérer l'ère glaciaire qui a largement façonné les reliefs du pays. Il est assez fascinant de s'imaginer un temps où un tel décor était généralisé! et de se dire finalement que nos priorités stratégiques et nos soucis quotidiens ne sont que peu de choses.
Posted by Ludovic Monnerat at 23h29 | Comments (5) | TrackBack
21 juillet 2005
Un drapeau au sommet
L'amour du pays est de nos jours une notion largement décriée, du moins en Suisse. Pour ma part, je ne peux dissimuler un élan de fierté et d'affection à voir le drapeau à croix blanche flotter au sein d'un panorama époustouflant, entre un ciel immaculé, des montagnes enneigées et un glacier majestueux. Les événements tragiques de n'importe quelle journée s'inclinent devant cette permanence et cette sérénité...
Posted by Ludovic Monnerat at 21h39 | Comments (13) | TrackBack
20 juillet 2005
Un lac en montagne
Au gré des sentiers qui mènent aux cols du Valais, on trouve ça et là des lacs dont l'eau glaciale et adamantine suscite un ravissement permanent. C'était encore le cas ce matin, lors de ma randonnée quotidienne, avec le lac des Autannes (voir ci-dessus) que surplombe le col de Torrent. Une image qui illustre pleinement la beauté de cette région magnifique - même si d'autres cantons recèlent également des trésors... :)
Posted by Ludovic Monnerat at 17h39 | TrackBack
19 juillet 2005
Au fil des torrents
Un torrent tempétueux est toujours un spectacle fascinant, qui rappelle la permanence de la nature, souligne la finitude des êtres humains et suggère l'enchevêtrement foudroyant de leurs pensées. C'est un véritable privilège que de pouvoir sillonner une contrée qui regorge de telles métaphores rafraîchissantes, et ainsi se ressourcer au contact de ce qui ne change jamais... même si une météo un brin capricieuse peut doucher inopinément les esprits rêveurs! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 18h13 | Comments (2) | TrackBack
17 juillet 2005
En route pour les vacances
A chaque jour suffit sa peine : je pars bientôt pour prendre une semaine de vacances en Valais, dans le val d'Anniviers, afin de me ressourcer en arpentant la nature et en goûtant les plaisirs de la table. De ce fait, ma présence sur ce carnet par rapport à l'actualité sera certainement réduite. J'espère compenser cela par de belles images! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 16h20 | Comments (5) | TrackBack
16 juillet 2005
Une parenthèse au soleil
Il n'y a pas que le terrorisme, l'islamisme ou l'insécurité dans la vie! Cette semaine, j'ai profité du soleil pour arpenter en fin de journée quelques chemins menant à de modestes sommets et offrant des vues aussi paisibles que vivifiantes, comme l'indique cette vue ci-dessus de la petite route menant de Champoz à Moutier. Une plongée dans les forêts, entre les champs et sur les plateaux qui tranche agréablement avec les perspectives assombries de notre monde...
Posted by Ludovic Monnerat at 11h03 | Comments (3) | TrackBack
11 juillet 2005
Dix ans après l'ER
C'est aujourd'hui que commencent en Suisse les écoles de recrues d'été, durant lesquelles près de 8400 jeunes hommes et femmes vont accomplir 18, 21 voire 25 semaines d'instruction avant d'être incorporés dans leurs unités régulières. Voici 10 ans, c'est moi qui commençais ma propre formation militaire de base, à l'ER inf 202/95 de Colombier ; je me souviens encore aisément de cette journée ensoleillée de juillet, durant laquelle un lieutenant patient enseignait à un groupe d'adolescents mal dégrossis la manière de parler, de saluer, de s'habiller et de marcher. Dans l'intervalle, ce chef de section est devenu un ami (on peut sans autre révéler qu'il s'agit de Beat Burger, pilote de ligne au civil, et que ce dernier a réussi l'exploit de faire en sorte que les deux tiers de sa section de quelque 27 recrues se porte volontaire pour l'avancement) et j'ai passé des années sous l'uniforme, mais il est bon de se rappeler cette époque.
C'était alors une autre armée, en l'occurrence la première année de l'Armée 95 ; les différents équipements acquis au début des années 90 - tenue de camouflage 90, fusil d'assaut 90, lance-roquettes Panzerfaust, etc. - étaient introduits, et l'arrivée des simulateurs portables au laser commençait à transformer pour le mieux les exercices de combat, notamment en zone urbaine. Dans l'infanterie de plaine qui se trouvait alors à Colombier, l'usage des véhicules était alors strictement limité : j'ai passé les 7 premières semaines sans mettre le pied dans un seul d'entre eux. Le contraste ne saurait être plus brutal avec ce que j'ai vécu par la suite, notamment comme commandant d'une compagnie d'infanterie mécanisée, où j'avais à ma disposition un char de commandement pour les manœuvres et le combat, un Puch pour les petits déplacements usuels, une Opel pour les reconnaissances et une moto - avec son chauffeur, tout de même - pour les mouvements plus discrets. Sans oublier un vélo ! :)
C'était une autre armée, avec encore bien des traces de l'Armée 61, notamment sur le plan de la discipline (les chicanes y étaient ouvertement pratiquées, mais dans un esprit narquois plus que punitif). C'était aussi une époque où l'on se donnait le temps de travailler la cohésion, l'esprit de corps et la résistance psychologique, notamment par l'entremise d'une semaine d'endurance passée en forêt, entièrement sous la pluie (à croire qu'elle avait été commandée), avec des escarmouches et des déplacements toute la journée, qui obligeait les uns et les autres à s'entraider au sein du groupe ou de la section. Il en sortait non pas un amas d'individus toujours reliés à leur milieu civil par l'entremise du téléphone portable (les Natels commençaient à peine à apparaître), mais un ensemble soudé, solide et fier de jeunes hommes prêts à faire beaucoup - c'est-à -dire à combattre. Je ne suis pas sûr que de nos jours on accorde la même priorité à cette dimension pourtant indispensable, à savoir l'affermissement des volontés.
L'une des grandes choses qui a disparu avec la nouvelle armée reste la formation des officiers. Dans l'Armée 95, le chef de section effectuait son service pratique avec une section de recrues, après avoir lui-même gravi les différents échelons - école de recrues, école de sous-officiers, service pratique comme caporal, école d'officiers - et il se retrouvait 3 semaines seul avec en général 20 à 30 recrues. Personnellement, j'ai adoré cette période avec ma propre section, au printemps 1998, même si les journées de travail étaient à peu près interminables. De nos jours, les futurs officiers n'accomplissent qu'un tronc commun de 6 semaines - ou 7, je ne connais plus le système par cœur! - comme recrues et manquent donc nettement d'expérience et de maturité à l'instant de conduire leur section. On retrouve de ce fait le syndrome si fréquent dans d'autres armées du tout jeune lieutenant (équivalent à sous-lieutenant en France) plein de connaissances théoriques et peinant à commander.
Ce qui me rassure, c'est que l'armée a autant changé en 10 ans que le monde qui l'entoure. Et elle continue de le faire.
Posted by Ludovic Monnerat at 8h19 | Comments (12) | TrackBack
9 juillet 2005
A l'assaut de la colline
La température étonnamment fraîche de cette journée a été mise à profit pour un sympathique tour à vélo qui m'a amené à gravir la colline au sud de Courtételle (le village à gauche sur l'image, alors que Delémont est au milieu) pour passer à la Montagne de Moutier et redescendre chez moi. J'aime beaucoup cette ascension plutôt longue (pas très loin d'une heure, tout de même), parce qu'elle se termine dans des pâturages qui donnent l'impression d'être dans les Alpes. Et terminer le parcours par une descente d'une dénivellation de 500 m est toujours bien agréable!
Posted by Ludovic Monnerat at 19h28 | Comments (1) | TrackBack
3 juillet 2005
Un séjour au Tessin
Les voyages n'en finissent pas de se succéder : je suis parti aujourd'hui de bonne heure pour le Tessin, en vue d'un exercice d'état-major au début de la semaine prochaine. Venir en Suisse italienne en été est toujours un ravissement, tant l'atmosphère de vacances - plages, palmiers, touristes - y est forte. Certes, la plupart parlent suisse-allemand... :)
Posted by Ludovic Monnerat at 21h58 | TrackBack
30 juin 2005
Un départ au matin
Nous avons quitté la forteresse de Kungsholmen en début de matinée, et donc entamé notre assez long retour vers la Suisse (9 heures, en tenant de l'heure de retard prise par le Jumbolino de Swiss). C'était une vue saisissante que celle offerte par le navire de transport militaire qui nous a ramenés à la base de Karlskrona, comme le montre l'image ci-dessus. Et c'était également un instant chargé - déjà - de nostalgie, à force de faire ses adieux à ce lieu majestueux après avoir quitté nos camarades suédois. C'est une chose que l'on sous-estime de façon systématique : les coopérations militaires internationales sont toujours l'occasion de tisser des liens et des amitiés qui sont aussi enrichissants qu'appréciables. Surtout avec les partenaires chaleureux, ouverts et modestes que l'on trouve souvent dans les pays scandinaves.
Ce voyage ne m'a toutefois pas ramené à mon Jura natal, puisque je donne demain matin un exposé à l'école d'état-major général à Lucerne. De quoi éprouver dans une chambre chauffée toute la journée par le soleil quelque relief des températures de la semaine...
Posted by Ludovic Monnerat at 20h13 | Comments (1) | TrackBack
29 juin 2005
Le silence des canons
La forteresse où je réside était durant la guerre froide un élément défensif important de la Suède, notamment en protégeant la base navale principale de Karlskrona. Les canons qui y étaient disposés, comme celui sur la photo ci-dessus, dataient cependant de la Première guerre mondiale ; les pièces les plus modernes, sous tourelle autour de casemates bétonnées, aux calibres 15,2 et 7,5 cm, ont été placées plus tard sur les îles voisines. L'importance du lieu a d'ailleurs été soulignée par un incident grave survenu en 1981, lorsqu'un sous-marin russe de la classe Whisky s'est échoué non loin de là , à l'intérieur des eaux suédoises, et a failli précipiter une escalade militaire avec l'Union soviétique. L'un des officiers suédois avec lequel nous travaillons était d'ailleurs aspirant dans un bataillon amphibie à l'époque, et a lui-même pris part au face-à -face tendu que l'événement a déclenché.
De nos jours, cependant, les canons sont largement réduits au silence. Les formations d'artillerie côtière ont été dissoutes, et la base de Kungsholmen ne joue plus qu'un rôle dans la formation. La drastique réduction de volume des forces armées suédoises, poursuivie pour des raisons financières et non stratégiques, génère d'ailleurs un climat morose dans les rangs, au fil de la disparition des régiments, du licenciement des officiers et de la réduction des capacités opérationnelles. Cette forteresse majestueuse et élégante, qui conserve des traditions séculaires, symbolise malgré elle le déclin des armées conventionnelles, des gros bataillons et des gros canons, du combat symétrique et de la guerre classique. Une tristesse indéniable entoure ces lieux, tout comme elle entoure les officiers qui y ont servi en des temps perçus comme meilleurs.
Posted by Ludovic Monnerat at 19h14 | Comments (2) | TrackBack
28 juin 2005
Un port en eaux calmes
L'image ci-dessus montre l'entrée du petit port circulaire utilisé par la forteresse de Kungsholmen jusqu'à la moitié du XIXe siècle. C'est un lieu absolument magnifique, dans lequel les sons vont et viennent doucement, mais qui était à l'époque un piège mortel pour tout agresseur potentiel : deux canons et les embrasures permettant de braquer une vingtaine de fusils étaient à même d'ouvrir le feu à bref délai. La porte en bois du port, qui a disparu, était levée uniquement lorsque les arrivants chantaient en suédois les mots demandant l'ouverture. Non loin de là , un chemin de ronde magnifique, sur une muraille épaisse de près de 3 mètres, fournit une vue splendide sur la mer, les îles environnantes et les quelques bateaux qui se rendent à Karlskrona ou en reviennent. Un lieu idéal pour méditer quelques instants, s'abandonner à des évocations agréables et apprécier le soleil, qui permet de maintenir une température agréable, en rien caniculaire! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 22h34 | TrackBack
Au coeur du donjon
Nos partenaires suédois ont le chic de trouver des installations pittoresques pour les travaux d'état-major en commun. Comme au mois d'août dernier, nous sommes sur une île qui fait également office de base militaire, mais il s'agit cette fois d'une forteresse en service, en l'occurrence Kungsholmen, au large de la grande base navale de Karlskrona. Malheureusement, la sensibilité des installations en question réduit notre liberté de mouvement, ainsi que notre aptitude à prendre des photos. Lundi matin, après un trajet en train de Copenhague à Kristianstad puis en bus jusqu'à Karlskrona, nous avons ainsi eu la chance d'apercevoir au moins un exemplaire de la plupart des navires de guerre modernes de la marine suédoise, à commencer par leurs sous-marins à propulsion anaérobie. Tout appareil photo étant interdit dans le périmètre de la base, je ne peux en fournir aucun relief, mais découvrir ce type d'installation reste particulièrement intéressant. Même si l'accès aux frégates furtives de la classe Visby est vraiment restreint !
La forteresse de Kungsholmen est en soi une chose unique. Construite à partir de 1680 et constamment modifiée par la suite, elle mesure 450 m du nord au sud et 226 m d'est en ouest ; plusieurs de ses éléments portent des noms en français (la redoute, le fort demi-lune, le donjon, le corps de garde), puisque le roi de Suède a ordonné sa construction et son développement à une époque où le français était la langue de référence. En plus de 3 siècles d'existence, cette bâtisse défensive n'a jamais été attaquée une seule fois. Son surarmement l'explique très largement : nous logeons par exemple au donjon, qui était un bâtiment en forme de promontoire initialement garni de 42 canons. D'autres emplacements étaient littéralement truffés de pièces, et plus de 1000 hommes au fil du temps défendaient l'ensemble des ouvrages. Aujourd'hui, la base continue d'être exploitée pour l'instruction des éléments de sécurité navale, et pour d'autres activités sur lesquelles un voile pudique demeure.
J'aurai tout de même quelques photos saisissantes à mettre en ligne, grâce à la visite guidée faite lundi soir ! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 6h44 | Comments (6) | TrackBack
27 juin 2005
Au-dessus de l'Europe
Les vols en avion peuvent parfois dévoiler une beauté irréelle. Blotti près de l'aile du Boeing 737-700 qui m'a emmené de Kloten à Copenhague (on ira demain en Suède), j'ai eu le privilège de pouvoir alterner la lecture d'un ouvrage de stratégie stimulant et l'observation d'une Europe sans cesse plus nordique, entre les couches vagabondes des nuages. A 12'000 mètres d'altitude, les villages deviennent de petits éclats de vie humaine entre les taches sombres que forment les forêts et les damiers des champs cultivés ; le soleil s'inclinant fait parfois briller comme autant de bâtonnets dorés des essaims d'éoliennes, dont on devine les lentes rotations. Tout un spectacle lointain et émouvant, propice à la réflexion et à l'inspiration, sur lequel se superpose l'image des êtres chers, le plaisir du voyage et les promesses du lendemain!
Posted by Ludovic Monnerat at 0h45 | Comments (1) | TrackBack
26 juin 2005
A nouveau en voyage
Mes activités professionnelles comprennent des travaux à l'étranger, et c'est la raison pour laquelle je pars aujourd'hui à destination de la Suède. Quelques jours de travaux d'état-major en vue d'un exercice multinational qui aura lieu à la fin de l'année font partie des préparatifs à mener avec nos partenaires suédois, qui alternativement viennent en Suisse. Au-delà des missions spécifiques attribuées à chaque officier, ces voyages sont d'ailleurs l'occasion renouvelée de découvrir des régions inconnues, des cultures différentes, des paysages captivants ; j'espère d'ailleurs fournir sur ce carnet quelque relief de ces derniers. En plus, les officiers suédois avec lesquels nous travaillons sont chaleureux, sympathiques et pleins d'humour, ce qui rend la perspective encore plus agréable !
Mon absence scandinave va naturellement réduire un brin ma présence sur ce site. Elle me permettra aussi d'échapper à la canicule qui s'annonce ces prochains jours! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 16h50 | TrackBack
Une vue sur le Plateau
La pluie m'a momentanément dissuadué d'enfourcher mon vélo, hier après-midi, mais j'ai fini par profiter d'une accalmie d'ailleurs trompeuse pour repartir à l'assaut de paisibles sommets. Une jolie ballade de 42 km qui m'amené via Court et la Binzberg au pied du Hasenmatt (1317 m), d'où l'on aperçoit le plateau mais pas les Alpes en raison des nuages (voir photo ci-dessus, où le cours sinueux de l'Aar est bien visible, avec le village d'Arch au centre de l'image, derrière le pont de l'A5), puis au Weissenstein par le chemin solaire avant de rentrer chez moi par St-Joseph (enfin, Gänsbrunnen dans l'idiome alémanique), en un peu plus de 2 heures. La chaleur et la moiteur de l'air n'étaient pas des plus agréables, mais la pluie a eu le bon goût de ne tomber qu'à la montée, alors que la route était sèche pour la descente du Weissenstein.
Posted by Ludovic Monnerat at 9h33 | TrackBack
22 juin 2005
Souvenir de Sumatra
Voici 4 mois que j'ai débarqué à Medan pour faire partie du contingent envoyé en Indonésie pour aider les victimes du tsunami. Le peu que j'ai vu de l'île de Sumatra, de sa population, de ses paysages, de ses dévastations aussi, reste toujours bien présent dans mon esprit. J'y repense tout naturellement lorsque je suis amené à parler de l'opération de l'armée suisse, ce que je fais régulièrement sous l'angle des leçons apprises, et plus ponctuellement pour la présenter lors d'un exposé spécifique. C'est exactement ce que je vais faire ce soir à Lausanne, auprès de la Société vaudoise des officiers, au nom du commandant de la task force suisse à Sumatra (qui est submergé de demandes analogues!).
La photo ci-dessus a été prise par mes soins le 25 février à Meulaboh, en début d'après-midi. Je me tenais à bord du Super Puma T-314, et l'instant avait ceci d'étonnant que les deux hélicoptères suisses engagés ce jour étaient simultanément en train de charger du personnel et du matériel, rotors en marche pour gagner du temps, dans cette place d'atterrissage. Le mécanicien que l'on voit sur l'image veille à ce que personne ne s'approche dans la zone dangereuse autour de l'appareil. Avec le nombre d'enfants qu'attirait le ballet aérien, c'était une nécessité permanente.
Lorsqu'un Super Puma passe au-dessus de moi, c'est invariablement des images telles que celles-ci qui me reviennent à l'esprit. Le professionnalisme et la générosité des militaires suisses dans des lieux désolés, face à une population démunie, mais souriante et optimiste. Défendre, protéger et aider : les missions de l'armée ne changent pas au fil des réformes structurelles, des pressions budgétaires et des caprices politiques, parce qu'elles sont au coeur de l'existence des sociétés. L'ultima ratio, le dernier rempart, le seul garant, en définitive, de la normalité - qu'il s'agisse de la préserver ou de la restaurer.
Posted by Ludovic Monnerat at 17h19 | TrackBack
20 juin 2005
Par monts et par vaux
Comme la météo s'est montrée exceptionnellement clémente ce week-end, et que j'avais tout naturellement des fourmis dans les jambes, je me suis offert deux tours en vélo, courts mais délassants, hier et avant-hier. A chaque fois, j'ai grimpé au-delà de 1000 mètres et obtenu quelques aperçus prenants (ci-dessus la vue depuis la Binzberg sur Welschenrohr et la vallée qui mène à Balsthal), avant d'effectuer une descente vivifiante, la gifle de l'air superposée au bruissement métallique de mes freins à disque. Des sensations pures... :)
Posted by Ludovic Monnerat at 9h09 | Comments (1) | TrackBack
18 juin 2005
Une escale à Lucerne
J'ai pris en quatrième vitesse cette photo vendredi matin, sur le débarcadère de Lucerne, peu avant de prendre mon train pour Berne. Le soir précédent, j'avais donné de 1930 à 2240 une instruction sur le thème des opérations d'information aux participants du stage de formation d'état-major général III (que j'ai accompli voici une année). Un horaire d'ailleurs modeste pour les participants, puisque durant la semaine ils avaient déjà deux fois travaillé au-delà de minuit - un peu comme si l'école d'état-major général connaissait une autre dimension temporelle!
Posted by Ludovic Monnerat at 9h46 | Comments (1) | TrackBack
16 juin 2005
D'une place à l'autre
La nouvelle place fédérale inaugurée l'an dernier est un paradis pour enfants, petits et grands, lors des journées ensoleillés : le ballet des jets d'eau forme un ravissement et un rafraîchissement permanents. J'y étais peu avant midi, et je ne peux résister au plaisir d'en partager quelque relief - tout en me déplaçant en train vers Lucerne, en vue d'une séquence d'instruction presque nocturne que je vais donner à l'école d'état-major général. A l'attention des non-helvètes qui fréquentent ce site, je tiens à préciser que le bâtiment figurant sur la photo est le Palais fédéral, qui est le siège à la fois du Gouvernement et des deux chambres du Parlement. On n'y entre plus vraiment comme dans un moulin, depuis le massacre de Zoug en 2001, mais les mesures de sécurité sont bien différentes de ce que l'on peut trouver ailleurs!
Posted by Ludovic Monnerat at 16h24 | TrackBack
14 juin 2005
De nouveau dans le bain
Ce qui est bien, avec les retours de l'étranger, c'est qu'ils se ressemblent tous : la boîte aux lettres s'est remplie de courrier, le compte utilisateur a été bloqué, le code d'accès aux imprimantes m'est sorti de la tête, et lorsque j'ai enfin accès à mon ordinateur, le mail est complètement surchargé de messages le plus souvent inutiles. En d'autres termes, l'atterrissage a pris plusieurs heures. En même temps, j'ai directement alterné avec une semaine de service qui a commencé dimanche déjà - on n'est jamais plus tranquille que le week-end pour travailler! - et qui se poursuit ces jours à Berne. Raison pour laquelle ma présence sur ce site se réduit quelque peu actuellement. Les horaires de travail sont diamétralement opposés entre l'OTAN et l'état-major de conduite de l'armée suisse !
Posted by Ludovic Monnerat at 17h54 | Comments (1) | TrackBack
11 juin 2005
Souvenir d'Oberammergau
Cette image montre une partie du village d'Oberammergau, avec en arrière-plan les nombreux bâtiments de la NATO School - et de l'école d'administration de la Bundeswehr, qui en occupe d'ailleurs la plus grande partie. Elle montre assez bien, du moins je l'espère, le charme de cette région à l'approche de l'été. Un tel cadre est remarquablement adapté à des cours allant de 1 à 3 semaines et consacrés à des thèmes autrement plus alarmants. Il rappelle surtout que l'un des dangers menaçant les professionnels de la défense consiste à peindre en permanence le diable sur la muraille, à sentir constamment le ciel nous tomber sur la tête. Peut-être parfois à tort!
Posted by Ludovic Monnerat at 10h42 | TrackBack
10 juin 2005
Un retour en ICE
C'est une nouvelle transhumance ferroviaire dans laquelle je me suis lancé en début d'après-midi : plus de 8 heures de trajet, avec 6 trains différents, pour quitter la Haute-Bavière et regagner mon Jura. En fait, j'aurais dû rentrer en voiture avec l'un des officiers suisses ayant suivi ce cours, mais une urgence privée a contraint ce dernier à partir hier déjà d'Oberammergau. En même temps, il est plutôt agréable d'effectuer - comme maintenant - un trajet dans une rame ICE allemande, dont les sièges 1ère classe très spacieux sont judicieusement équipés d'une prise électrique. Rien de tel pour soulager un portable dont les batteries sont à l'agonie ! Evidemment, avec les tonnes de bagages que je trimballe, l'accès à ma place dûment réservée a été un brin compliqué, mais j'ai encore presque 2 heures jusqu'à Stuttgart pour profiter de cette situation bien commode. Et goûter ce retour bienvenu au pays.
La fin officielle du cours s'est faite sans grande pompe, ce matin, par une remise de diplômes promptement expédiée. Auparavant, nous avons eu droit à un exposé très intéressant sur la situation actuelle en Afghanistan et l'expansion des activités de l'OTAN dans ce pays (dont la distance avec l'Atlantique Nord ne laisse de surprendre!), puis une présentation du Joint Forces Training Center, un nouveau centre d'entraînement de l'Alliance destiné aux états-majors des composantes de forces, situé en Pologne, dans une ville à l'orthographe tellement absconse que j'ai renoncé à la mémoriser. Les participants ont ensuite pris congé les uns des autres, quelquefois avec une émotion non feinte, car les formations de ce type permettent de tisser des liens d'amitié et de camaraderie, entre professionnels de la défense, qui vont au-delà des différences de culture et de doctrine. Cette dimension humaine revêt d'ailleurs une importance au moins égale au contenu didactique de la formation.
Au final, ce cours s'est révélé tout à fait passionnant. Je n'ai pas pu confier à ce carnet toutes les réflexions qu'il m'a inspirées ni toutes les informations que j'en ai tirées, pour des raisons évidentes, mais j'ai exploité ces 3 semaines au maximum ou presque pour augmenter mes connaissances et élargir mes horizons. Le livret noir qui ne me quitte jamais, que je porte l'uniforme ou non, a vu ses pages être littéralement recouvertes de notes diverses, de faits marquants, de déductions à creuser ou d'idées à mémoriser. Je n'ai lu que 4 des 7 livres qui alourdissent notablement ma valise, préférant avec raison explorer le paysage et la culture de la région, mais l'essentiel n'était pas là . Et je me réjouis déjà de la prochaine formation que je suivrai à l'étranger, en septembre prochain si les planifications en cours sont respectées. Ce sera aussi l'occasion de publier d'autres images agréables sur ce site !
Posted by Ludovic Monnerat at 16h25 | Comments (1) | TrackBack
5 juin 2005
La dernière randonnée
C'est par un temps couvert et assez froid que j'ai accompli tout à l'heure la dernière randonnée de mon séjour bavarois ; la semaine prochaine, l'horaire des cours ne me permettra pas de repartir à l'assaut d'une nouvelle montagne, et le retour pour la Suisse aura lieu vendredi après-midi. Le Laberberg est un petit massif à l'est d'Oberammergau dont le sommet, le Laberjoch (1685 m), est le point d'arrivée d'un télécabine dont la station est située tout près de l'école. La vue offerte est absolument magnifique, et l'on aperçoit très bien les Alpes bavaroises au pied desquelles apparaît Garmisch-Partenkirchen (voir ci-dessus ; mes chers tremplins sont tout à fait visibles sur l'image haute résolution, juste pour préciser). L'enthousiasme suscité par ce panorama grandiose m'a d'ailleurs amené à finir l'escalade en courant et à redescendre de même par un autre itinéraire, si bien que les 12 km de cette randonnée serpentant parfois les cimes - avec 800 m de dénivellation - ont été avalés en 2h30. Cette fois-ci, mon appareil photo m'accompagnait ! ;)
Posted by Ludovic Monnerat at 15h58 | TrackBack
4 juin 2005
Un hymne à la démesure
La pluie qui s'est abattue sur la Bavière la nuit passée et une bonne partie de la journée m'a empêché d'accomplir la première partie de mes plans personnels : une marche matinale en vue de fouler les sommets de l'une des montagnes environnantes. Ce n'est que partie remise, puisque le ciel semble à présent se dégager. Cela dit, la deuxième partie de ces plans - frappés du sceau du bon sens, vous en conviendrez - a pu être accomplie sans aucune friction : la visite du château de Neuschwanstein. Ne pas avoir pris part à la visite organisée par l'école m'avait donné des regrets, surtout en entendant les descriptions prenantes qu'une amie m'en a faites, et j'ai pris en milieu de matinée un bus pour débarquer à Hohenschwangau. Et ainsi découvrir l'un des châteaux les plus impressionnants qui soit, non par sa beauté architecturale ou sa valeur militaire, mais parce que cette demeure de contes de fées incarne à merveille le romantisme allemand.
Ordonnée par Louis II de Bavière en 1868, la construction du château a pris 16 ans pour être achevée, et l'a été peu après la mort mystérieuse du souverain. Aujourd'hui fréquenté par plus de 1,3 millions de touristes chaque année, cet édifice transporte ainsi le visiteur dans les rêves d'un homme dont les aspirations à l'absolu ont précipité le destin tragique, et qui avait conçu une demeure dans laquelle une royauté toute religieuse et mythique pourrait être concrétisée. L'ombre de Wagner, dont Louis II était le mécène, plane naturellement sur tout le bâtiment, notamment sous la forme des héros de légende dont il a tiré des opéras célèbres. D'autres illustrations sont tout aussi saisissantes ; la salle du trône - dont l'architecture évoque une église - arbore ainsi une fresque représentant le roi Ferdinand lors de la Reconquista qui illustre la filiation désirée par ce château, et son anachronisme à la fin du XIXe siècle.
La photo ci-dessus n'a pas été prise par mes soins ; elle provient d'un CD-ROM acheté dans une échoppe près du château, et je n'ai aucun scrupule à la mettre en ligne puisque j'ai payé 14 euros ce qui finalement s'est révélé être un conglomérat de pages HTML entourant 8 malheureuses images haute résolution. Une jolie arnaque pour touriste naïf. Cela dit, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, puisque j'ai oublié stupidement mon appareil photo ; mais le temps pluvieux n'aurait de toute manière pas permis de belles images, et celles faites avec mon smartphone me l'ont montré avec éloquence. Ce qui somme toute n'est pas très grave : c'est bien l'atmosphère de ce château, cet hymne à la démesure et ce rappel mélancolique de la finitude humaine qui forment à mon sens l'essentiel de Neuschwanstein.
Posted by Ludovic Monnerat at 19h04 | Comments (3) | TrackBack
1 juin 2005
Au pied du tremplin
La NATO School nous a accordé aujourd'hui un après-midi de congé, après une matinée consacrée au jeu de guerre ; l'idée était de permettre aux étudiants de prendre part à une visite organisée d'un magnifique château des environs, dont le nom hélas m'échappe, avant de partager un repas traditionnel au sein dudit château. Un programme facultatif qui bien entendu n'a guère trouvé grâce à mes yeux, puisque j'ai préféré me consacrer à des problèmes d'ampleur stratégique (dénicher un commerce susceptible de laver ma garde-robe militaire, afin d'avoir du linge propre la semaine prochaine) et à une nouvelle randonnée à vélo. Cette fois-ci, j'ai choisi d'aller à Garmisch-Partenkirchen, une petite ville distante d'environ 20 km. Profitant d'un temps maussade tout à fait propice aux efforts, je m'y suis rendu ventre à terre pour effectuer un tour de la localité, avant de faire près de ce qui m'intéressait le plus : les tremplins de saut à ski (voir ci-dessus). A force d'observer pendant des années et depuis tout jeune les concours de la tournée des quatre tremplins, cette destination était incontournable. Et franchement impressionnante !
Il est vrai que brûler quelques calories n'était pas un luxe. Hier soir, le cours a en effet eu droit à sa « soirée culturelle », un repas en commun durant lequel les différentes nations participantes présentent sur un stand des denrées typiques. Sans surprise, la délégation suisse a monté l'étal le plus réussi de tous, grâce aux efforts du colonel EMG Melchior Stoller et du major EMG Christoph Fehr (votre serviteur s'étant pour sa part chargé de préparer et de présenter le jour précédent un bref exposé sur la Suisse, autre tradition du cours) : avec des plats contenant 4 fromages différents (Emmental, Gruyère, San Gottardo et Sbrinz), de la viande séchée et des rondelles de saucisse, arrosés de Chasselas vaudois et d'un remarquable Pinot gris du Vully, sans oublier bien sûr nombre de petits chocolats, nous avons remporté un succès retentissant. D'autres spécialités méritaient cependant le détour, et j'ai testé avec un plaisir non dissimulé du saumon et du renne finlandais, des brochettes macédoniennes, une part de quiche lorraine, une tranche de gouglopf autrichien, un morceau d'apple pie américain, des friandises et une grappa croates, pour ne citer que l'essentiel.
Du coup, le démarrage de la matinée a été un brin poussif pour certains!
Posted by Ludovic Monnerat at 19h49 | Comments (1) | TrackBack
29 mai 2005
Une virée dans le Tyrol
J'étais parti aujourd'hui pour une journée passée à admirer les profondeurs insondables qui caractérisent l'écran 15,4" de mon portable, en raison de dossiers professionnels à faire avancer (partir 3 semaines ne se fait pas en 2 coups de cuiller à pot !), lorsque les événements en ont décidé autrement. Bénéfice inattendu de l'air pur des montagnes bavaroises ou non, j'ai fait des pas de géant dans l'univers conceptuel de mes travaux, si bien que j'avais atteint en milieu d'après-midi les objectifs ambitieux fixés la veille. Ni une, ni deux, oubliant mes jambes plutôt raidies par les pérégrinations du samedi, je suis allé louer un vélo auprès de l'officine afférente de la NATO School (cette organisation fournit des appuis nombreux dans le domaine des loisirs sportifs, une chose que l'on gagnerait à développer en Suisse). Bien entendu, le VTT en question n'est qu'une sombre plaisanterie à l'aune de la merveille qui m'attend patiemment dans mon garage. Mais une petite machine simple et solide suffit pour les routes un brin heurtées de la région.
J'ai donc décidé de suivre les suggestions du guide acheté vendredi après-midi, et je suis parti en direction du Tyrol autrichien afin de contempler le Plansee (voir ci-dessus). Le parcours, très facile avec seulement 700 m de dénivellation, m'a tout de même amené à accomplir près de 60 km en environ 2h20, en sillonnant des vallées bordées de montagnes majestueuses. Et l'arrivée près du lac, après une descente modérée mais tout de même assez grisante, valait vraiment le déplacement : cette surface aquatique verte et bleue, dans laquelle les sommets environnants hésitent à se refléter, était d'une beauté et d'un calme ineffables - comme dirait une amie très chère. Les photos que j'en ai prises ne rendent pas justice à la splendeur de l'endroit. Mon comportement sur place non plus, puisque je me suis empressé d'acheter à boire et à manger avant que le kiosque le plus proche du parking ne ferme. J'en avais rudement besoin, à vrai dire. Et le retour, effectué pour moitié avec un braquet maximal, m'a ponctuellement épuisé.
Il faut cependant souligner que ces dépenses énergétiques sont rendues nécessaires par la nourriture particulièrement copieuse que l'on vous sert dans ce coin de pays. Aujourd'hui, à midi, j'avais tenté de rester raisonnable en commandant dans un restaurant très rustique un bouillon tyrolien et un filet de saumon ; ce que je n'avais pas prévu, c'est que l'on m'a servi en plus l'entrée de l'entrée, bien davantage nourrissante que mon brave bouillon, puis l'entrée du plat principal - une salade mêlée qui en ferait aisément office - avant l'arrivée stupéfiante de celui-ci : un filet large comme une très grande assiette et épais de 2 centimètres, avec un grand bol plein d'épinards et un autre rempli de pommes de terre à la vapeur. Comme le tout était excellent, je me suis fait un plaisir de n'en laisser aucune miette, mais j'ai sagement choisi de renoncer au dessert - chose rarissime me concernant. Et c'est une fois de plus l'estomac bien lourd que j'ai regagné ma chambre studieuse.
Je ne suis pas persuadé que les 8000 calories dépensées dans mes excursions dominicales, selon les calculs savants de mon pulsomètre, suffisent à compenser ces abus manifestes!
Posted by Ludovic Monnerat at 22h03 | TrackBack
28 mai 2005
Une randonnée bavaroise
Comme prévu, et grâce à la météo exceptionnelle de ce samedi magnifique, j'ai accompli aujourd'hui une marche délassante sur les montagnes situées au sud d'Oberammergau. Après être parti à 0600, j'ai commencé par gravir le sommet rocheux qui surplombe le village (le Kofel, qui culmine modestement à 1342 m) avant de longer le flanc du massif et d'aller prendre un petit-déjeuner bien mérité à la Pürschlingshütte (1566 m). Je suis ensuite revenu par les crêtes, passant notamment à la Sonnenspitze (voir l'image ci-dessus, 1622 m), et j'ai regagné la NATO School fourbu mais heureux, après 5 heures de marche pour un parcours d'environ 20 km et une dénivellation supérieure à 800 m. Certes, le rythme d'ensemble était moins élevé qu'autour de ma bonne ville, mais plusieurs passages étaient suffisamment raides pour exiger le recours à un câble métallique ou à des échelons - ceci expliquant cela !
Cette journée confirme à quel point la Bavière est une région magnifique, largement comparable à nos Préalpes suisses. A plusieurs reprises, j'ai d'ailleurs croisé des bancs de neige le long des sentiers, et le panorama rappelle que les Alpes sont toutes proches. De nombreux randonneurs, allemands dans leur presque totalité, arpentaient les chemins souvent remarquablement entretenus de la montagne. Malheureusement, au fur et à mesure que l'heure avançait et que le « ! Morgen ! » devenait moins adapté, une grande partie d'entre eux m'ont adressé des saluts - probablement en dialecte bavarois - que j'avais du mal à comprendre. Du coup, mes « Grüss Gott » sonores - puisque cela semble la règle par ici - me désignaient automatiquement comme un marcheur étranger. Je ferai davantage couleur locale cet été, durant mes vacances sportives au Val d'Anniviers !
Posted by Ludovic Monnerat at 19h06 | TrackBack
26 mai 2005
Une soirée bavaroise
Or donc, j'ai sacrifié à la tradition du lieu. Tous les jeudis, la NATO School organise en son sein une soirée bavaroise à laquelle il serait particulièrement discourtois de se soustraire. J'ai naturellement réussi à réduire celle-ci à son strict minimum, ce qui ne surprendra guère ceux qui connaissent mon penchant limité pour les distractions rustiques, en prétextant un travail urgent auquel je me suis d'ailleurs bel et bien attelé. Non sans encore subir les effets lénifiants de ma courte exposition aux turpitudes locales.
D'abord, j'avais pensé pouvoir m'en tirer à bon compte en me calfeutrant dans ma chambre sitôt la fin des cours, pour ensuite subrepticement m'esquiver en direction du village ; mais un SMS de l'un des 2 autres Helvètes présents ici a souligné la futilité de cette tentative. Je me suis donc résigné, et j'ai reçu de plein fouet les effets de la soirée en question. Une bière lourde et amère qui râpe les gorges sensibles. Une soupe aux knödel et aux raviolis qui donnerait des haut-le-corps à une méduse. Un plat principal constitué de choucroute, de chou rouge sucré, de spätzlis, de knödel, de tranches d'un cochon de lait ou de jambon fumé, et dont il est clairement malvenu de ne pas se gaver. Un dessert fait d'apfelstrudel à la crème fouettée. Le tout sous les rengaines d'un accordéoniste volubile, dont les airs pittoresques amènent une partie de l'assemblée - indubitablement germanique - à balancer en chœur leurs chopes dorées. Quel grand spectacle !
Mine de rien, je suis tout de même parvenu à m'extraire de cette soirée bavaroise en à peine plus d'une heure. Mes camarades suisses-allemands étant d'ailleurs bien plus réceptifs que moi à ces tentations teutonnes. Malgré cela, avec un estomac aussi léger qu'une ancre de pétrolier, ce sera un miracle si je parviens à m'assoupir avant le petit matin. Au moins, j'ai déjà donné pour la semaine prochaine et la suivante!
Posted by Ludovic Monnerat at 22h21 | Comments (4) | TrackBack
Un blog à suivre
Faites-moi confiance : ce blog mérite d'être lu et d'être suivi. Il illustre parfaitement la richesse sémantique, la diversité littéraire et la profondeur émotionnelle que le réseau met à la disposition de tous. Il s'agit bien entendu de savoir où celles-ci se trouvent... et donc de mémoriser l'adresse ci-dessus.
Posted by Ludovic Monnerat at 18h41 | Comments (4) | TrackBack
24 mai 2005
Les précautions allemandes
Séjourner dans un petit village bavarois ne produit pas vraiment de dépaysement : l'ordre, le calme, la propreté et l'élégance coquette d'Oberammergau sont largement équivalents à ce que l'on trouverait en Suisse. Le coût de la vie aussi, hélas ! En revanche, une différence frappante réside dans cette sorte de paternalisme infantilisant qui apparaît ça et là . On sent que l'on vit dans un environnement voué à minimiser les risques, à chaperonner l'individu. Je ne connais pas assez l'Allemagne pour savoir si cela est exclusivement imputable à la société germanique, ou si une influence américaine - l'OTAN reste encore largement, au fond, une affaire germano-américaine - s'est faite sentir à certains égards.
Je m'explique. Devant les maisons qui abritent les familles des militaires stationnés ici, on trouve un panneau avertissant des chutes de neige provenant du toit et des possibles stalactites de glace. La vie est vraiment pleine de dangers. Au restaurant, j'ai constaté que la carte des boissons mentionnait quel breuvage comptait de la caféine ou des colorants artificiels. Essentiel pour tout consommateur. L'interdiction de fumer est considérée comme prioritaire dans tous les locaux du complexe, et ne pas la respecter provoque une amende de 60 € censée couvrir les frais de désodorisation. Une dissuasion caractérisée. Enfin, un petit parc de jeux pour enfants arbore un panneau assez surprenant (voir ci-dessus), par lequel les autorités ont jugé bon de rappeler aux parents leurs responsabilités. Parce qu'ils risqueraient sinon de les oublier ?
Je suis ici depuis 2 jours seulement ; c'est un peu trop tôt pour en tirer des conclusions qui risqueraient d'être hâtives. Peut-être que l'Etat-providence provoque une déresponsabilisation rendant ensuite nécessaires de telles directives! Mais je préfère laisser cela à la sagacité des commentateurs ! ;)
Posted by Ludovic Monnerat at 21h34 | Comments (7) | TrackBack
22 mai 2005
Une destination bavaroise
Après 8 heures de train qui sont passées à la vitesse de l'éclair (le temps n'est pas le même lorsque l'on est concentré sur quelque chose de passionnant), en passant par Bâle, Karlsruhe et Munich, je suis arrivé en fin d'après-midi dans la charmante petite bourgade d'Oberammergau, blottie non loin des Alpes bavaroises et possédant un sympathique air de villégiature. Les contrôles d'entrée à la NATO School sont certes un peu moins sympathiques, mais la procédure est remarquablement efficace : mon inscription et ma réservation ont été traitées promptement, et j'ai mis moins de 20 minutes pour toucher mon dossier de cours et la clef de ma chambre. On voit que cette organisation accueille plus de 5000 participants à ses différents cours durant toute l'année!
Le cours que je suis portera avant tout sur les opérations de maintien de la paix, ce qui est assez logique compte tenu de l'orientation et de la provenance des membres. Les horaires sont typiques de l'Alliance atlantique ; autrement dit, la plupart des journées commencent à 0815 et s'achèvent à 1700, avec 1 heure et demie pour le repas de midi et 1 heure de pause répartie durant le jour. En guise de comparaison, les stages de formation en Suisse comptent généralement 2 fois plus d'heures de travail par jour, voire encore davantage pour les officiers d'état-major général - de 0700 à 2300 est la moyenne... Il est vrai que le rythme d'une armée de milice obligée de mettre sur pied ses cadres durant des périodes aussi brèves que possible n'est pas à comparer avec celui d'une armée de métier, où il s'agit d'avoir un travail réparti sur toute l'année !
Nous verrons bien quelle sera l'intensité des leçons. Dans l'immédiat, je me réjouis déjà de mieux connaître cette splendide région du sud de la Bavière. J'ai bien fait de prendre mon équipement de marche et de course ! ;)
Posted by Ludovic Monnerat at 20h41 | Comments (3) | TrackBack
Bientôt en Germanie
Les voyages forment la jeunesse! C'est ce que je me dis à quelques minutes de mon départ pour l'Allemagne. Je dois en effet me rendre à la NATO School d'Oberammergau afin d'y suivre un cours de 3 semaines qui constitue un prérequis pour la plupart des activités au sein de l'Alliance. Les officiers suisses participent à ce type de formation par le biais du Partenariat pour la Paix, qui garantit en général une diversité déroutante d'origines, de fonctions et de niveaux... Nous verrons bien!
De ce fait, il est probable que ma présence sur ce carnet soit un brin réduite ces prochaines semaines. Ce ne sont pas les accès à Internet qui vont manquer, mais peut-être le temps à disposition - compte tenu des nombreuses lectures que je me suis promis de faire, et qui font que ma valise pèse une tonne! J'essaierai toutefois de prendre des photos de cette région bavaroise paraît-il charmante... Même si mon superbe vélo ne sera pas de la partie!
Posted by Ludovic Monnerat at 8h35 | TrackBack
8 mai 2005
Sur les routes du Jura
J'ai passé plusieurs heures cette semaine à apprivoiser mon deux-roues flambant neuf, le plus souvent sous une pluie glaciale qui n'a pas réussi à doucher mon enthousiasme. Comme aujourd'hui la météo a daigné être plus clémente, j'en ai profité pour faire un tour sympathique : départ en direction des Ecorcheresses, halte à Bellelay (la splendide abbatiale ci-dessus en témoigne), puis retour par la vallée de Tavannes après s'être rabattu par Le Fuet et Saicourt. Beaucoup de route, et parfois quelques chemins arpentés de façon improvisée, pour une boucle fort agréable de 44 km, accomplie sous un soleil jouant à cache-cache dans les nuages. De quoi prendre une ample respiration, en cette fin de ce week-end prolongé, pour une semaine qui s'annonce plus que remplie!
Posted by Ludovic Monnerat at 18h15 | TrackBack
3 mai 2005
Une merveille sur roues
Après des semaines d'attente parfois fébrile, heureusement traversées par un temps maussade ou passées au tréfonds de la terre, j'ai fini par obtenir mon nouveau VTT. Une petite merveille d'aluminium et de carbone, qui pèse à peine 11,1 kg et arbore de superbes freins à disque. Bravant avec autant d'enthousiasme que de stupidité la pluie printanière, je n'ai pas pu résister à l'envie de l'essayer illico, sur la route et en forêt, amortisseurs bloqués ou actifs, et éprouver le plaisir à chevaucher une machine légère, pointue, sensible et souple. Le tout pour rentrer une lumineuse demi-heure plus tard, aussi mouillé que comblé.
Ne soyez pas surpris ces prochaines semaines de voir les analyses être entrecoupées de textes contant mes pérégrinations sur deux roues, comme le fait Charles Johnson. Il est certainement aussi passionnant de sillonner le Jura que la Californie!
Posted by Ludovic Monnerat at 20h17 | Comments (6) | TrackBack
30 avril 2005
Une escapade printanière
Cet après-midi, j'ai profité du magnifique soleil qui illuminait ma contrée jurassienne pour aller marcher un peu. C'était un plaisir de remettre mon équipement classique, utilisé l'été dernier lors de vacances sportives à Arolla : bottes de combat 90 (l'usage de certaines pièces d'équipement militaire est autorisé en-dehors du service), chaussettes de trekking, pantalon de marche (le même que je portais dans la jungle de Sumatra !), t-shirt en lycra, baluchon à la ceinture, lunettes de soleil et casquette. Seule nouveauté : j'avais avec moi mon smartphone, histoire de maintenir le contact en cas d'événement majeur (j'ai dû répondre à un téléphone important en pleine montée), et mon appareil photo. Une tenue légère, idéale pour marcher en terrain difficile et pour courir !
J'ai promptement escaladé le Moron, une modeste montagne qui porte depuis peu une tour assez remarquable, pour ensuite redescendre sur le charmant village de Champoz et revenir dans ma bonne cité prévôtoise. La température presque estivale et le soleil furtivement voilé par d'innocents nuages formaient un environnement idéal pour un délassement énergique. De plus, j'ai toujours adoré le sommet des montagnes jurassiennes, ces modestes plateaux sillonnés de chemins rarement fréquentés (voir photo ci-dessus) et respirant la sérénité. Les résidences secondaires qui y ont été construites doivent réserver à leurs propriétaires des fins de semaines particulièrement agréables.
Au total, j'ai passé 2h30 à faire une jolie ballade de 15 km, avec 550 m de dénivellation. C'est encore loin de la forme nécessaire pour refaire les 100 km de l'école d'officiers, comme l'un de mes camarades me l'a suggéré cette semaine, mais cela augure une année sportive. Surtout lorsque j'aurai reçu mon nouveau vélo tout-terrain, en cours de montage après des semaines d'attente impatiente !
Posted by Ludovic Monnerat at 21h41 | Comments (2) | TrackBack
28 avril 2005
Chars, boue et poussière
La place d'armes de Bure est l'une des trois grandes zones d'exercice utilisées par les formations de chars et d'infanterie de l'armée suisse. Comme l'a écrit l'ami Robert dans un des commentaires ci-dessous (nous y avons servi ensemble, dans la compagnie d'infanterie mécanisée que je commandais comme lieutenant au printemps 1998), la boue ou la poussière constituent la seule alternative qu'offre le terrain en temps normal. Il m'a fallu y débarquer dans la première semaine de janvier 2001 avec ma brave compagnie jurassienne pour découvrir que la neige glacée et un vent sibérien formaient un climat encore plus redoutable. Le chauffage des véhicules blindés était du coup particulièrement apprécié. Je me souviens d'un petit déjeuner pris sur le coup des 0630 dans mon char de commandement, au beau milieu de la forêt ajoulote, au cours duquel l'air chaud semblait presque l'unique source de vie !
Ce matin, avant de revenir dans la capitale pour une séance liée à l'évaluation de l'opération à Sumatra, j'ai pris quelques minutes pour aller longer les vastes halles de Bure. Histoire de satisfaire une indéniable nostalgie (les périodes de commandement restent les plus beaux souvenirs des officiers), mais aussi pour voir de plus près le bataillon de grenadiers de chars 20, qui suit actuellement un cours de reconversion sur le nouveau chars de grenadiers 2000. C'était une bonne occasion pour voir de plus près ce CV-9030 dont l'achat de 186 exemplaires pour près d'un milliard de francs, voici 5 ans, avait déjà donné lieu à des débats politiques animés. Les modèles pris en photo ci-dessus, dont le camouflage gris-vert s'est transformé en livrée désertique sous la boue séchée, ne seraient sans doute pas disponibles aujourd'hui si le même Parlement existait alors!
Avec ses 3 compagnies montées sur char gren 2000 et sa compagnie de chars de combat 87 Leopard 2, sans parler de sa compagnie de chars lance-mines 63/89 (des M-113 qui emmènent des tubes de 120 mm), ce bataillon aligne une puissance de feu absolument dévastatrice. Il est juste regrettables que les « jaunes » (les membres de l'arme blindée) soient encore persuadés que leur mission consiste à déchaîner cette puissance dans d'irrésistibles contre-attaques à l'échelon de la brigade blindée, alors que les engagements de combat modernes exigent un usage précis, proportionnel et dissuasif de la force, avec des formations panachées à l'échelon du groupe ou de la section. Reste le fait que des véhicules blindés très performants sont aujourd'hui introduits dans l'armée. C'est toujours ça !
Posted by Ludovic Monnerat at 19h47 | TrackBack
26 avril 2005
On the road again
Les ordres de marche ne se discutent pas : ce matin, j'ai pris mon uniforme et me suis préparé à passer un peu plus de 2 jours à Bure pour la planification du Swiss Raid Commando. Autrement dit, ma présence en ligne restera intermittente, sauf si j'ai un autre récit ironique à l'endroit de nos excellents concitoyens alémaniques. Vu qu'un bataillon mécanisé - pardon, de grenadiers de chars, on fait simple dans l'armée nouvelle - est en service sur la place d'armes de Bure, cela n'est pas nécessairement impossible!
Posted by Ludovic Monnerat at 9h03 | Comments (8) | TrackBack
25 avril 2005
Une barrière bien utile
Les fractures linguistiques du pays, et en particulier celle que l'on désigne par le terme pittoresque de barrière des röstis (pour les non-Helvètes : il s'agit d'une ligne imaginaire censée séparer les Alémaniques des Romands), offrent parfois des opportunités qu'il s'agit de saisir. En séjournant ou travaillant dans la capitale, et notamment près de sa gare centrale, on est en effet régulièrement abordé de façon plutôt vive par des jeunes gens bien portants qui exigent une obole en pratiquant une mendicité presque prédatrice. Exactement le genre de chose qui m'insupporte puissamment. Je rechigne rarement à faire preuve de générosité envers ceux qui sont visiblement dans le besoin, et j'ai d'ailleurs bien du mal à dire non dans certaines circonstances, mais les profiteurs ne méritent pas une once de générosité.
La solution s'est assez rapidement imposée d'elle-même : une grande part de ces hurluberlus ne parlant pas un traître mot de français, la langue de Molière se transforme bien souvent en un rempart infranchissable. Je l'ai encore constaté ce soir ; un grand escogriffe arborant un curieux bonnet en laine et une veste griffée m'a abordé alors que je sirotais pensivement un jus d'orange au kiwi (sans commentaire) et m'a demandé, en dialecte alémanique naturellement, si j'avais un ou deux francs à me délester au profit de son escarcelle. Spontanément, et en essayant de prendre à la fois un air décontenancé et une voix étonnée, je lui ai sorti un « Pardon ? » qui l'a laissé comme deux ronds de flan. Ma réaction a même provoqué une brève éruption de borborygmes gutturaux qui, somme toute, symbolisent à merveille les différences culturelles de la Suisse.
Ni une, ni deux, mon mendiant douteux s'en est allé exercer son factieux ministère auprès de proies moins réfractaires. J'ai pu me replonger illico dans la lecture d'un document militaire consacré à plusieurs aspects liés au traitement de l'information. En hochdeutsch, bien entendu. Et en me levant pour aller prendre mon train, quelques minutes plus tard, je n'ai manqué de répondre poliment à la serveuse me souhaitant une bonne soirée. En schwytzerdütsch, bien entendu.
Les petites victoires sur la bêtise humaine donnent du sel à la vie ! :)
Posted by Ludovic Monnerat at 22h47 | Comments (10) | TrackBack
22 avril 2005
Un retour bienvenu
Tout vient à point à qui sait attendre : c'est sur les 12 coups de midi, peu après mon licenciement, que j'ai pu sortir de l'installation qui m'hébergeait depuis lundi. Un soleil magnifique, dans un ciel sans nuage, a célébré ce retour fort bienvenu à l'air libre. Une véritable libération pour le regard et le souffle, avec le plaisir de contempler un véritable espace - quelles que soient les dimensions exceptionnelle de la construction souterraine dont j'émergeais. Je ne crois pas que l'être humain soit fait pour vivre dans des espaces reclus...
Cette émergence ne m'a cependant pas dissuadé de retourner au bureau, avec plusieurs camarades, pour régler quelques affaires urgentes. Avec 14 SMS et 4 messages sur la combox, mon smartphone m'a obnubilé pendant de très longues minutes (ce type d'appareil est naturellement interdit dans les installations classifiées, puisqu'il comprend un appareil photo et un micro...). Ce n'est qu'en fin d'après-midi que je me suis décidé à regagner mon domicile et reposer pour quelques jours mon uniforme. En espérant que le week-end me permette de goûter au mieux l'air libre!
Posted by Ludovic Monnerat at 20h15 | Comments (2) | TrackBack
21 avril 2005
Le décompte des jours
Ce qui frappe à la longue, lorsque l'on fait service dans une installation protégée blottie au coeur d'une montagne, ce sont les bruits particuliers qui accompagnent la vie quotidienne. Le bruissement profond de l'aération, le souffle des ordinateurs, les éclats des portes hydrauliques, l'écho des pas et des voix, ou encore le cliquetis frénétique émis par les officiers arc-boutés sur leur clavier. On finit par se faire à un tel environnement. Mais je suis persuadé que rares, très rares sont ceux qui en viennent à le regretter. Je conçois mal la nostalgie pour une tranche de vie sous terre...
Les dernières heures ont défilé sans crier gare, par la grâce d'un exercice d'état-major plutôt dense et complexe. Et comme tous les militaires présents dans l'installation pourront quitter celle-ci demain, cela génère une ambiance plutôt joyeuse et détendue dans l'assemblée. En même temps, il y a un caractère un peu surréaliste à planifier des opérations militaires en-dessous du seuil de la guerre dans une construction souterraine à même d'affronter sans dommage les conflits de la plus haute intensité. Une impression de guerre froide résiduelle autour de soi, tout en devant s'attaquer aux défis des menaces et risques asymétriques.
Il est grand temps de mettre un terme à ce décalage et de refaire surface dans notre époque!
Posted by Ludovic Monnerat at 23h02 | Comments (2) | TrackBack
20 avril 2005
Sur un air d'accordéon
Les soupers facultatifs sont une institution de l'armée suisse : ils permettent à la troupe, une fois par semaine, d'aller manger en-dehors de son cantonnement et de passer du temps, entre amis, loin de la pression propre à la vie militaire. Une manière de décompresser souvent agréable, et qui bien entendu réjouit suprêmement les restaurateurs environnants. Lorsqu'une unité de l'armée séjourne dans une localité donnée, en s'appuyant sur un cantonnement de fortune, les autorités communales ne manquent jamais de louer les bienfaits des soupers facultatifs...
Les travaux d'état-major au sommet de l'armée dérogent un brin à cette tradition : puisque chacun est condamné - le mot est à peine trop fort - à rester dans le bunker jusqu'au licenciement, le souper en question se transforme en repas festif qui ravit la plupart de nos camarades suisse-allemands, avec en prime une fondue, quelques verres de blanc, un conteur schwytzois et son accordéon. Mais si les Romands apprécient hautement le fromage et le vin, les émissions sonores qui l'accompagnent ont plutôt tendance à les laisser de marbre. Ce sont d'ailleurs les seuls qui ne rient pas à la fin des "witz" en dialecte, puisqu'ils ne les comprennent pas!
En ce qui me concerne, j'ai profité de la première opportunité pour m'esquiver subrepticement, avec l'un de mes camarades EMG, afin de consacrer mon temps libre à des activités plus enrichissantes dans un calme retrouvé. Comme le fait de décrire ceci aux fidèles de ce carnet, que je remercie d'ailleurs pour leur fidélité, en établissant ainsi un contact qui me rapproche de mon retour à l'air libre!
Posted by Ludovic Monnerat at 21h55 | Comments (3) | TrackBack
19 avril 2005
Une morale de troglodyte
Il est assez particulier de séjourner dans une installation de conduite blottie au coeur d'une montagne (et inutile d'essayer de deviner laquelle : la Suisse regorge littéralement de telles constructions!). Nous ne sommes pas coupés du monde, comme le prouve naturellement ce billet ; les informations les plus importantes sont parfaitement disponibles, même si nous ne leur prêtons qu'une attention restreinte. C'est plutôt le fait de ne pas apercevoir la lumière du jour, et de parfois se demander si l'on ne va pas éclater à force de rester sous terre, qui forme un sentiment spécifique. Les troupes de forteresse doivent avoir un coeur bien accroché pour supporter ainsi des journées dont le rythme semble presque artificiel. Il neige sur la Suisse. Et alors, pourrais-je dire?
En général, les activités imposées aux officiers d'état-major ne leur laissent guère le temps de gamberger. Cela fait partie d'une conduite adaptée du personnel! Pourtant, les heures passées sous l'éclat des néons ou face au défilé des folios PowerPoint ont tendance à prendre une valeur virtuelle. La notion du temps n'est plus exactement la même. Privés de ces rappels circadiens que sont le lever et le coucher du soleil, le corps humain a tendance à adopter un rythme différent, axé sur des journées plus longues. C'est presque amusant à noter. Les horloges électroniques semblent presque une indication superflue, n'était-ce le besoin de ne pas arriver en retard aux séquences d'instruction...
Les tendances troglodytes de l'armée suisse restent une caractéristique rare. La visite de l'installation a révélé la minutie et la précision toutes helvétique avec lesquelles de tels outils sont construits. Une oeuvre d'art architecturale, mécanique, hydraulique, électronique et informatique que la population pourra découvrir dans 30 ans... peut-être !
Posted by Ludovic Monnerat at 22h30 | Comments (3) | TrackBack
18 avril 2005
Loin sous la montagne
Comme annoncé la semaine dernière, ce site connaîtra ces prochains un ralentissement marquant. Il se trouve en effet que je suis en service dans une installation protégée de l'armée, un bunker finement ouvragé dans la meilleure tradition helvétique, et l'horaire de travail bien rempli - de 0700 à 2200 environ - me laisse bien peu de temps pour d'autres tâches. Ou bien peu d'énergie, ce qui assez rapidement revient au même. L'armée de milice n'a pas pour principe de convoquer ses officiers en vue de les laisser inactifs...
Il m'est bien entendu impossible de décrire le lieu où je réside temporairement, sinon pour dire qu'il se trouve loin sous une montagne et que passer 5 jours sans voir la lumière du soleil fait partie des joies que l'armée suisse cultive avec assiduité depuis fort longtemps. Le secret entoure toutes les autres descriptions que je pourrais émettre. Quiconque à déjà visité le fort de Dailly ne peut cependant guère douter de l'architecture pharaonique qui se cache sous certains reliefs innocents!
Les recherches du Pentagone sur les armes bunker buster ont encore quelques décennies de retard... :)
Posted by Ludovic Monnerat at 22h57 | Comments (13) | TrackBack
14 avril 2005
Une absence inévitable
Des travaux d'état-major menés ces jours-ci dans la capitale m'ont empêché de contribuer aujourd'hui à ce carnet. Ce changement de rythme durera quelques temps, vu que les prochaines semaines me verront fréquemment éloigné de mon domicile ou de mon bureau, en raison de services effectués dans plusieurs lieux reculés du pays. Servir ce dernier ne va pas sans quelques absences prolongées, dans le monde réel ou virtuel...
Posted by Ludovic Monnerat at 23h24 | TrackBack
10 avril 2005
Un dimanche enneigé
J'ai pris un peu de distance aujourd'hui avec le monde, l'actualité et ce site. Des préoccupations personnelles ont eu la priorité. J'ai cependant profité de la neige qui est tombée hier et cette nuit pour aller faire une promenade matinale, au soleil printanier, et arpenter le flanc d'une modeste montagne de ma vallée jurassienne pour réfléchir à différents sujets, penser à différentes personnes. Il est bon parfois de retrouver le calme de la nature, d'observer les traces laissées par les renards dans la neige fraîche, d'admirer la forêt toute de blanc vêtue. Un cadre apaisant pour les êtres humains agités de notre époque.
Au demeurant, ce site attire désormais suffisamment de participants pour que l'intérêt des commentaires dépasse nettement celui des billets. Je remercie tous ceux qui viennent ici échanger des idées et des réflexions, et qui souvent mettent des liens pour appuyer leurs dires et permettre leur vérification ou leur approfondissement. Et je souhaite une bonne soirée à tous les visiteurs !
Posted by Ludovic Monnerat at 18h15 | TrackBack
4 avril 2005
Comme un lundi!
Il arrive parfois que les semaines commencent mal, toutes proportions gardées bien entendu. En montant dans le train ce matin pour me rendre à mon bureau dans la capitale, je me suis rendu compte avec consternation que j'avais oublié de renouveler mon abonnement général. Ce n'est pas trop grave, me suis-je dit in petto, car un client régulier des Chemins de Fer Fédéraux, porteur d'un tel abonnement depuis des années, devrait bénéficier d'un minimum de mansuétude. Monumentale erreur : le contrôleur alémanique qui s'est immédiatement planté devant moi pour me demander un titre de transport valable (je suis quasiment persuadé que l'absence d'icelui l'avait attiré) était l'un des plus revêches, taciturnes et méfiants que j'ai rencontrés en 18 ans d'utilisation régulière des transports ferroviaires. C'est dire !
Un malheur ne venant jamais seul, en ouvrant mon porte-monnaie pour entamer une explication un brin contrite - et en français : le multilinguisme des CFF doit être cultivé - j'ai également constaté avec une surprise encore plus grande que mis à part 3 pièces de 2 francs qui me narguaient au sein de quelques sous, mes ressources en argent liquide ne me permettaient en aucun cas d'acquérir in extremis le billet nécessaire. Fronçant les sourcils, le contrôleur ne l'a guère entendu de cette oreille, s'est moqué avec morgue de ma gêne financière très relative et a immédiatement exigé une pièce d'identité. Relative, car j'avais plus de 200 dollars sur moi, un reliquat non changé de mon périple indonésien, mais il en fallait plus pour le dérider. Cela n'a d'ailleurs fait que renforcer sa méfiance.
Avec l'air d'un surveillant de cour d'école prenant un enfant en faute, mon contrôleur a pesamment rempli le formulaire jaune adapté à ma situation et me l'a fait signer. Il s'est juste contenté de préciser que tout était expliqué au dos de la feuille, ce qui me faisait une belle jambe, si j'ose dire ; décrypter le tout m'a bien pris 5 minutes par la suite. Il s'en est donc allé sans mot dire, me laissant le double d'une déclaration par laquelle j'ai reconnu, toute honte bue, être en infraction à la loi sur le transport, articles 16 et 51. Et logiquement une amende me sera infligée, pour un retard de 4 jours dans le renouvellement d'un abonnement qui coûte 2990 francs. Je n'ai pas de rapport conflictuel avec l'autorité, mais je ne suis pas sûr que ce comportement soit la marque d'une entreprise reconnaissante envers ses clients !
Les lundis sont vraiment des jours particuliers!
COMPLEMENT I (4.4 2030) : Merci pour les commentaires de solidarité ! L'affaire a été réglée par une conversation sereine à la caisse de la gare de Berne, parallèlement à la prolongation de mon abonnement (effectivement valable pour toute la Suisse), et une surtaxe de 5 francs sera la punition de mon oubli coupable. Je respire !
Posted by Ludovic Monnerat at 15h46 | Comments (4) | TrackBack
28 mars 2005
Evacuations à Sumatra
Un tremblement de terre d'une magnitude estimée à 8.2 a eu lieu au sud de Sumatra en fin soirée, heure locale. Même si aucun tsunami n'a été constaté, des évacuations ont été ordonnées dans les régions touchées le 26 décembre dernier, et des scènes de panique ont été constatées à Banda Aceh. Ce type de tremblement de terre n'est pas une surprise, puisque des scientifiques ont annoncé récemment que la région était plus susceptible de connaître des séismes particulièrement violents que par le passé. Durant ma présence à Medan, plusieurs tremblements de terre atteignant 5 sur l'échelle de Richter s'étaient produits durant la nuit. Il faut donc constater que la nature s'acharne sur une population déjà éprouvée - la BBC venant d'annoncer des morts dans des îles indonésiennes...
COMPLEMENT I (29.3 1100) : Apparemment, le séisme aurait provoqué une vague haute de 3 mètres et coûté la vie à au moins 300 personnes sur l'ile de Nias, bien que les chiffres de 1000 à 2000 morts soient également avancés. Moins que ce que l'on pouvait redouter.
Posted by Ludovic Monnerat at 19h54 | Comments (1) | TrackBack
13 mars 2005
La fin de la mission
Hier soir à minuit, la Task Force SUMA a été dissoute après avoir rempli sa mission. C'est ce que ses membres rentrés au pays ont pu entendre hier, lors d'une cérémonie brève et solennelle au musée de l'aviation à Dübendorf, tout en recevant chez eux un courrier leur confirmant la chose. Le divisionnaire Christian Josi, chef de l'état-major de conduite de l'armée, a chaleureusement remercié et félicité les quelque 35 participants de la mission présents, la plupart avec leur famille. Pendant toute la cérémonie, un projecteur diffusait sur un grand écran des images fixes et des séquences vidéo prises en janvier dernier. L'instant le plus prenant a été celui durant lequel le commandant de la TF a remis au divisionnaire le drapeau suisse qui flottait à côté de notre hangar à Medan, symbolisant par là même la fin de la mission. Un drapeau qui sentait le kérosène et la sueur, mais qui représentait 63 jours d'une opération marquante.
La fin du voyage en avion était plus agréable que le début : les turbulences ont été moins intenses, et les passagers - désireux de se dégourdir les jambes - ont à plusieurs reprises engagé la conversation avec nous, en exprimant ouvertement leur gratitude sur notre engagement et en posant des questions précises sur ce que nous avons vu. Une ravissante hôtesse de l'air a même engagé une conversation prolongée avec moi, ce qui était loin d'être désagréable. Et bien plus stimulant que le GameBoy, que j'ai fini par battre au tennis même au niveau le plus élevé ! L'atterrissage s'est révélé particulièrement sportif, avec des embardes assez monumentales en raison d'un vent de travers plutôt délicat à gérer, au point que plusieurs passagers ont applaudi les pilotes lorsque le freinage s'est achevé. Depuis mon siège situé au dernier rang de l'avion, et permettant donc d'encaisser au maximum ses mouvements, j'ai trouvé l'expérience plutôt intéressante !
Les membres de la TF étaient d'une humeur euphorique en débarquant vers 0630 à l'aéroport de Zurich-Kloten, et le fait de passer outre les formalités administratives s'est pleinement accordé à notre humeur (pas de contrôle des passeports, pas de contrôle des bagages : voyage dans une formation militaire a des avantages certains !), même si j'ai été un brin déçu de voir le peu de réaction que suscitait auprès des fonctionnaires de la police et des douanes mon salut en indonésien (« selamat pagi !»). Après un accueil pour le moins réduit et glacial, nous avons été pris en charge et conduits à Dübendorf pour un débriefing et un questionnaire médical, frissonnant légèrement dans le froid d'une matinée zurichoise (4° C de température, avait annoncé le commandant de bord de Singapore Airlines lors de la descente). Puis la cérémonie s'est déroulée, et nous nous sommes séparés pour rentrer à notre domicile.
Le fait de se retrouver chez soi, dans un paysage enneigé, provoque naturellement un contraste presque irréel. L'esprit peine à admettre que la transition entre l'opération à Sumatra et le retour au quotidien le plus banal se fasse en si peu de temps. Je me souviens comme si c'était hier de la cérémonie d'adieu qui s'est déroulée le 27 février à Banda Aceh (voir photo ci-dessus ; le troisième type debout derrière le drapeau suisse, à gauche de la croix, n'est autre que votre serviteur), et durant laquelle nous avons pris congé de l'armée indonésienne, du HCR et de la DDC. J'entends encore le bruit des rotors émis par les Super Puma dans leurs incessantes rotations pour transporter passagers et cargaisons. Chaque fin de mission produit certainement un sentiment analogue à celui-là . Je serai demain à Berne, mais il me faudra un peu plus de temps avant de reconnaître que la vie normale a repris ses droits.
Posted by Ludovic Monnerat at 19h26 | Comments (2) | TrackBack
12 mars 2005
Un long retour dans la nuit
QUELQUE PART AU-DESSUS DU CAUCASE - Le voyage retour ne ressemble guère à l'aller : je suis à l'instant même dans le dernier siège - 66G - du Boeing 747-400 de Singapore Airlines qui nous ramène à Zurich. La Task Force SUMA effectue en effet son dernier vol en classe économy, et non business comme c'était jusqu'ici la règle, de sorte que les 26 militaires suisses rentrant au pays par ce vol, mission accomplie, sont dispersés dans des sièges où ils passeront les 15 dernières heures de leur engagement (3 officiers rentrent par Malaysian Airlines). En ce qui me concerne, je suis tout à l'arrière de l'avion en compagnie du quartier-maître et de l'officier de la sécurité militaire, lesquels ont d'ailleurs mis à profit les premières heures de vol pour contrôler ensemble la comptabilité de la TF. En soi, les conditions de voyage ne sont pas trop désagréables, mais le fait que l'avion ait traversé pendant 2 heures des turbulences très violentes, au-dessus du sous-continent indien, n'a pas arrangé les choses. Je suis heureux de ne pas avoir le mal de l'air.
L'embarquement s'est fait sans histoire (voir photo ci-dessus, le rassemblement devant l'aéroport), sans les discussions rituelles avec les fonctionnaires de l'aéroport de Medan qui tentent à chaque fois de percevoir des taxes d'aéroport alors même que l'accord signé avec le Gouvernement indonésien exclut la chose (les militaires suisses sont venus pour participer à une opération multinationale d'aide humanitaire, pas pour prendre du bon temps!). C'est donc l'esprit léger que nous sommes montés dans un Airbus A319 de SilkAir, la petite compagnie régionale de Singapore Airlines, pour un vol de 50 minutes à destination de Singapour. Parvenu à notre but, nous avons immédiatement procédé au boarding pour le vol vers Zurich, en compagnie de voyageurs suisses un peu étonnés d'apercevoir les uniformes de notre armée (j'ai même rencontré un gars que j'ai eu comme recrue voici 7 ans à Bière, et que j'ai reconnu au premier coup d'œil!). Nous nous sommes ensuite répartis dans les longues rangées du Boeing.
Faute d'un livre restant à lire (j'ai bien essayé de farfouiller une grande librairie à Medan, mais sans trouver d'ouvrage intéressant en anglais), j'ai commencé par explorer l'ordinateur à disposition de chaque passager, son écran fixé à l'arrière du siège qui précède, et qui propose des films (dont certains sortis ces derniers jours dans les salles), des séries TV, de la musique (un grand nombre de CD) mais aussi des jeux. Faute de mieux, je me suis rabattu sur l'émulateur GameBoy et son jeu de tennis plutôt distrayant. Un voyage retour n'exerce en effet pas la même évocation poétique que l'aller. Pas de plongée vers l'inconnu dans une nuit complice : au contraire, un retour que l'on espère le plus rapide possible, dès lors que la mission s'est achevée dans le secteur d'engagement, vers un connu dont on se réjouit. Dans ces conditions, le fait que l'avion de ligne affronte un vent de face dépassant parfois les 200 km/h semble presque une mauvaise plaisanterie.
L'heure n'est pas encore à la nostalgie ou au bilan de ces 3 dernières semaines. Il est 0210 en Suisse, mais 0810 à Medan, et je suis toujours calé sur l'heure de cette mégapole ; avec quelques rares minutes d'un sommeil heurté derrière moi, et une journée complète dans la torpeur tropicale, je pense de plus en plus à une bonne douche et à un bon lit - où quand les besoins vitaux réduisent drastiquement la capacité de réflexion et de projection (les militaires suisses sont très adeptes de la pyramide des besoins de Maslow, qui décrit à merveille les priorités de l'être humain). Et j'ai bien envie de voir ce qu'il reste de la neige qui s'est abattue massivement sur le pays !
PS : Comme ce billet est mis en ligne à partir de mon ordinateur de bureau, cela signifie que je suis bel et bien rentré chez moi!
Posted by Ludovic Monnerat at 13h49 | Comments (4) | TrackBack
11 mars 2005
Les dernières heures
MEDAN - L'heure du départ est maintenant toute proche : dans moins de 20 heures, les derniers éléments du contingent suisse à Sumatra seront de retour au pays. Nous sommes sur le point de quitter l'hôtel qui héberge la Task Force SUMA depuis plus d'un mois ; je peux donc à présent dire qu'il s'agissait du Garuda Plaza Hotel, un établissement plutôt ambitieux situé non loin de l'aéroport, et qui peine grandement à tenir ses promesses. En Suisse, cet hôtel serait tout juste l'équivalent d'un 2 étoiles, alors même qu'il propose plusieurs prestations de qualité (service dans des chambres équipées de toilettes, douches, TV et minibar ; connexion Wi-Fi, avec bureau entièrement équipé pouvant être loué ; grandes salles de conférence climatisées et équipées de l'appareillage audio-visuel moderne ; etc.) : la propreté souvent insuffisante, le délabrement de certaines pièces montrent que la maison a connu des jours meilleurs, même si elle semble remonter la pente (un ascenseur neuf a été installé durant notre séjour).
Ce qui est certain, c'est que le contingent suisse a choisi - avec la probité qui honore l'Helvète normal - le cantonnement offrant l'un des meilleurs rapports qualité/prix de la ville. Les autres contingents militaires ne se sont pas embarrassés de tels scrupules et ont directement choisi le Novotel, l'un des établissements les plus luxueux de la ville, suivant en cela la plupart des agences de l'ONU. Les Français n'ont pas immédiatement pris leurs quartiers dans cet hôtel (même si la chaîne est en mains françaises!), alors que les Américains ont tout de suite loué un étage du bâtiment pour établir un grand centre de commandement à même de conduire toutes leurs actions en Indonésie, complètement équipé avec des écrans géants, une myriade d'ordinateurs et des moyens de transmission redondants. Toutes proportions gardées, les Australiens ont d'ailleurs fait de même dans un autre hôtel de la ville.
Pendant que le quartier-maître établit la facture de notre séjour, le reste du contingent vaque à des activités diverses et individuelles, à l'exception de l'état-major qui termine certains travaux d'archivage et de communication (comme la finition d'un exposé PowerPoint de 70 folios décrivant, photos et vidéos à l'appui, l'opération "SUMA" du point de vue de la troupe engagée). Cependant, une partie de l'EM - dont votre serviteur - a pris ce matin une heure pour accompagner le commandant de la TF SUMA (voir photo ci-dessus) dans une boutique d'artisanat proposant des objets traditionnels en bois ou en argent, et tenue par une famille d'origine chinoise particulièrement affairée. Ce détour m'a permis de trouver quelques cadeaux originaux à ramener en Suisse, en espérant que le trajet en avion ne leur inflige aucun outrage fatal. Il était aussi important de se départir de nos dernières roupies avant de quitter l'hôtel!
Nous avons également pris notre dernier repas sur place, dans un restaurant oriental proposant une formule particulièrement réussie : le client ne commande rien (à l'exception des boissons, ou s'il souhaite un menu précis), mais choisit parmi les différentes victuailles que le personnel présente en boucle à la centaine de personnes attablées. Autrement dit, l'apparence même des plats - relevant de la gastronomie chinoise pour la plupart - amène les gourmands de mon acabit à tenter de goûter à tout ce qui semble délicieux, au risque d'avoir de mauvaises surprises (presque tout était excellent, mais un plat à l'origine douteuse était immangeable). Et ainsi de suite jusqu'à en être rassasié, tout en évitant les temps d'attente qui sont le propre des restaurants. Voilà une formule que je souhaiterais retrouver au pays, et qui a su nous contenter pendant les dernières heures de notre séjour indonésien - et de la mission de l'armée suisse à Sumatra.
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10 mars 2005
Le retrait du matériel
MEDAN - L'avant-dernier transport du contingent suisse a eu lieu ce matin : un deuxième avion de transport Antonov AN-124 a atterri peu avant l'aube pour embarquer les quatre containers et les nombreuses caisses de matériel dont la Task Force SUMA a eu besoin pour remplir sa mission. Mis à part les lenteurs et blocages administratifs coutumiers de l'aéroport de Medan, le chargement s'est bien déroulé, et l'avion vole à présent vers la Suisse - après une escale sans histoire à Madras. Comme pour le premier AN-124, avant-hier, trois militaires suisses accompagnent notre cargaison et assurent son bon traitement jusqu'à son déchargement. Je doute que leur retour se fasse dans des conditions agréables, mais la valeur brute des équipements justifie une attention particulière - sans même parler de leur classification éventuelle.
Egalement dans la matinée, nous avons rendu à son propriétaire - la société de charters locale SMAC - le hangar que la TF SUMA occupait depuis 2 mois, après le contrat de location pour toute la durée de la mission conclu en janvier par le détachement précurseur (voir photo ci-dessus, après le démontage des hélicoptères). Ce hangar relativement grand a abrité en permanence un Super Puma, celui qui faisait l'objet d'une maintenance pendant que les deux autres volaient, et a permis d'effectuer dans des conditions assez favorables - quoique difficiles, avec une température atteignant 40° C - des travaux d'entretien très pointus (le contrôle des 100 heures, selon l'expression utilisée par les Forces aériennes). Les containers suisses dans lesquelles étaient entreposés les équipements pour la maintenance, mais aussi le centre de transmission du dispatch, se trouvaient devant le hangar et fonctionnaient sur des génératrices.
Ce sont ainsi les éléments d'une base opérationnelle avancée qui ont été établis sur l'aéroport de Medan ; seuls manquaient les cantonnements pour le contingent, dans l'hôtel que nous quitterons demain (et dont la direction nous offre un barbecue ce soir !), et le poste de commandement occupé par l'état-major de la TF dans une salle de conférence sans fenêtre dudit hôtel. Un tel déploiement est sans précédent en termes de projection, et de nombreuses leçons ont été tirées de l'opération "SUMA". Le transport du matériel et des hélicoptères, à lui seul, a exigé la location d'un AN-124 et de trois IL-76 pour l'aller, et de deux AN-124 pour le retour. Devant les coûts engendrés par cette location, il faut espérer que la classe politique suisse voit l'intérêt à participer à un pool de transport militaire européen - ce qui nous renvoie à l'achat des petits avions de transport demandés à l'armée!
Le renvoi de tout le matériel du contingent signifie naturellement que les équipements encore disponibles ici, en particulier les ordinateurs et l'unique imprimante laser de l'état-major, feront partie des bagages des militaires individuels. Cependant, au vu des nombreux achats que certains ont effectué durant leur temps libre, ce matériel sera certainement inférieur en poids et en volume aux cadeaux ramenés au pays ! Ce qui me ramène à ma propre liste de cadeaux, imaginée depuis plusieurs jours, et pas encore pleinement réalisée : je mettrai à profit la dernière journée à Medan pour écumer ses centres commerciaux et ses marchés traditionnels, et ainsi dénicher ce que j'offrirai à ceux que j'aime - et que je me réjouis de me retrouver en cette fin de semaine !
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9 mars 2005
Le début de la fin
MEDAN - Le redéploiement du contingent suisse à Sumatra se poursuit ; l'Antonov AN-124 qui transporte nos 3 Super Puma atterrit tantôt à Kloten, après avoir fait escale à Karachi, et les préparatifs sont achevés pour les prochaines étapes du repli. Les modalités de la reddition des cantonnements - pour prendre le terme militaire traditionnel - sont définies, et des cérémonies d'adieu auront encore lieu avec le propriétaire du hangar loué à l'aéroport de Medan et avec les principaux responsables de l'hôtel qui abrite la Task Force SUMA. L'état-major de la TF a d'ailleurs distribué cet après-midi aux membres du contingent les ordres du jour de jeudi et vendredi, qui fixent tous les délais devant être observés avant notre départ par avion de ligne. Les bagages se font, le matériel est centralisé, les comptes sont réglés ; une ambiance de fin de service empreinte d'une certaine nostalgie.
La fatigue se fait évidente parmi les militaires suisses, et le médecin du contingent mène chaque jour plusieurs consultations. La moitié d'entre eux sont ici depuis environ 1 mois, un grand tiers depuis 2 semaines et le reste depuis presque 2 mois ; un officier est même arrivé avec le détachement précurseur, le 9 janvier dernier. En comparaison des missions à l'étranger menées sur une base régulières par l'armée suisse, soit 6 mois dans un contingent et 12 mois comme observateur militaire, ces durées sont assez modestes. Mais la chaleur et l'humidité pèsent constamment sur les organismes, alors que l'éloignement et le décalage horaire provoquent une usure psychologique indéniable. Je suis persuadé que le principal opérateur de télécommunication indonésien, Telkomsel, a fait des affaires en or ces derniers temps !
Je ne connais pas un membre de la TF SUMA qui ne se réjouit pas de rentrer au pays. Depuis la fin des opérations aériennes en Super Puma, la motivation des uns et des autres est avant tout liée au voyage retour. Le volume de travail est resté important, aussi bien pour le personnel des Forces aériennes (préparation des cargaisons) et de la sécurité militaire (surveillance des installations) que pour l'état-major, qui a procédé à l'évaluation de l'action et tiré les principales leçons de l'opération "SUMA", tout en conduisant de près l'ensemble des activités. Mais l'intensité connue durant les premières semaines appartient bel et bien au passé, et les seules incertitudes portent désormais sur des formalités administratives, des horaires de vols réguliers ou des plans de chargement. Bientôt, nous serons tous à l'aéroport de Medan pour embarquer en direction de Kloten - bronzés, légèrement vêtus, portant notre chapeau emblématique, et diablement heureux.
Il est un brin regrettable de quitter un pays sans avoir vraiment eu le temps de le découvrir, mis à part notre expédition dans la jungle en quête de singes amateurs de bananes. Le seul angle que j'aurai vraiment pratiqué reste celui de la nourriture, puisque aucun plat traditionnel ou presque de l'Indonésie n'aura échappé à mon appétit. Les plaisirs de la table ne sont pas un vain mot à Sumatra. Pourtant, et à ma grande surprise, ce sont les restaurants japonais qui me laisseront le meilleur souvenir : les sushis et autres spécificités de la cuisine nippone sont nettement meilleurs ici qu'en Suisse, et qui plus est à un prix totalement abordable. Bien entendu, déguster des nouilles au curry avec des baguettes reste un exercice particulièrement délicat, et l'un de mes T-shirts en conservera peut-être longtemps certaines traces. Nul n'est parfait !
Ce que je ne regretterai pas, en revanche, c'est le trafic intense de Medan (voir la photo ci-dessus, prise par l'un de mes camarades), une ville qui est passée en 60 ans de 45'000 habitants à plus de 3 millions, et dont les rues génèrent une pollution perceptible dans le brouillard qui nimbe fréquemment les immeubles les plus élevés. En même temps, séjourner dans une telle ville était une chance, car les mégapoles forment certainement l'un des environnements opérationnels les plus complexes à maîtriser - et en même temps les plus fréquents dans les conflits futurs. Vivre dans une petite ville helvétique est une chance que j'apprécierai pleinement dans quelques jours, même si la neige redouble d'intensité!
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8 mars 2005
Le départ des Super Puma
MEDAN - La Task Force SUMA a accompli une étape décisive de son repli la nuit passée et ce matin : le chargement de ses 3 Super Puma et du matériel qui les accompagne dans un transporteur géant Antonov AN-124 loué à la société russe Volga-Dnepr. L'avion a atterri aux alentours de 0300 sur l'aéroport de Medan, conformément à l'horaire prévu, et en provenance de Corée du Sud (en-dehors des périodes de maintenance, les 20 avions privés de ce type volent constamment) ; avec ses dimensions massives, il dominait aisément tous les avions de ligne rangés près des terminaux, et a rapidement constitué une attraction pour les fonctionnaires de l'aéroport arrivant peu à peu au travail. D'ailleurs, la grande majorité du contingent suisse était également présente, pour travailler au chargement bien sûr, mais aussi pour prendre de nombreuses photos de l'événement à la lumière des projecteurs (voir ci-dessus l'entrée du premier Puma peu avant 0700) !
Ce type d'avion géant, qui possède une envergure de 73 m et peut transporter jusqu'à 150 tonnes de fret, nécessite une assez grande précision dans le chargement. Ce dernier a duré plus de 4 heures, ce matin, en raison notamment de discussions parfois intenses entre le chef de soute russe et le chef mécanicien suisse - via un interprète, un officier des Forces aériennes qui connaît aussi bien la langue que la mentalité russes - sur l'emplacement exact des hélicoptères et du matériel. Le plan de charge initialement prévu, et basé sur les directives de la société Eurocopter (concepteur du Super Puma par l'entreprise française Aérospatiale), a finalement été nettement modifié et adapté à la situation. Et il est clair que louer un avion privé russe pour un transport lourd exige la présence permanente d'un spécialiste en langue russe et d'un juriste pour aplanir rapidement les différends et les malentendus qui ne manquent pas de se produire.
Lorsqu'il se pose, l'AN-124 ressemble à n'importe quel avion de transport - à l'exception de sa taille (voir photo ci-dessus) ; en revanche, pour procéder au transfert de la cargaison, son train avant s'escamote et son train central s'affaisse, de manière à abaisser son nez gigantesque, à l'ouvrir et à installer la rampe composite qu'il abrite, tout en ouvrant la soute arrière. L'avion comporte également une puissante grue qui lui permet de hisser et de tirer des charges par les deux ouvertures ; pour les Super Puma, les quelque 10 hommes d'équipage russes ont ainsi utilisé cette grue pour soulever les pales des hélicoptères à l'arrière de l'avion et tirer les hélicoptères eux-mêmes de l'avant. Cependant, les 2 petits monte-charges de la TF SUMA ont permis de déplacer le reste du matériel avec rapidité et précision. Une équipe de mécaniciens rôdés à la manœuvre est indispensable, et les hommes qui ont chargé les hélicoptères en Suisse sont venus spécialement à Sumatra pour refaire le même exercice.
L'intérieur de l'AN-124 ressemble en lui-même à un petit tunnel (voir photo ci-dessous), à travers lequel 2 voitures de tourisme peuvent se croiser, large de 6,4 m et long de 36,5 m. De ce fait, il est capable de transporter des camions-remorques complets, des locomotives, des turbines hydrauliques ou d'autres charges normalement réservées au transport maritime. Les 3 Super Puma ont été engloutis sans difficulté par sa soute, même si l'inclinaison de celle-ci laisse une marge de quelques centimètres seulement avec le sol durant le chargement. Autrement dit, à peu près n'importe quelle charge militaire classique peut être déplacée avec ce type d'appareil, ce qui explique pourquoi les armées y ont régulièrement recours - et pourquoi ces avions sont peu disponibles dans une situation de crise. Seules les Forces armées américaines ne sont pas contraintes de louer ces géants des airs, puisque leurs transporteurs lourds C-5 Galaxy sont presque équivalents, et bien entendu l'armée russe qui en possède 28 exemplaires.
Je n'ai pas assisté au décollage de l'AN-124, qui mettra environ 15 heures - avec une escale dans le sous-continent indien - pour rejoindre la Suisse. Voir cette masse s'élever dans les airs est paraît-il un spectacle impressionnant.
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7 mars 2005
La coopération nationale
MEDAN - Avant de venir ici, je ne connaissais qu'indirectement la Direction pour le Développement et la Coopération (DDC), puisque je m'étais simplement intéressé à leurs activités dans une perspective de coordination civilo-militaire en consultant leurs divers sites Internet. A Sumatra, j'ai eu la chance de faire mieux connaissance avec leurs représentants sur place, avec lesquels la Task Force SUMA a noué une collaboration très fructueuse. Le fait que l'un des coopérants soit un officier d'exploration dans l'armée a naturellement favorisé la prise de contact, et permis rapidement de voir comment la DDC planifie et conduit ses activités d'aide humanitaires dans une zone de crise aiguë.
La collaboration entre les deux entités doit beaucoup aux personnes présentes sur place, et à l'action de l'ambassadeur suisse en Indonésie (M. Martin). D'une part, la TF SUMA a mis sa capacité de transport aérien à disposition de la DDC, dans la mesure de sa disponibilité, notamment en transportant des personnes et du matériel entre Medan et Banda Aceh. En retour, la DDC a offert l'hospitalité aux militaires suisses dans la grande maison dont elle loue une partie, à Banda Aceh, (j'ai par exemple pu à deux reprises y prendre le repas de midi, au demeurant excellent, préparé par la famille propriétaire de la demeure), en fournissant également des connaissances et des contacts précieux pour la coordination des action du contingent suisse.
Le coopération civilo-militaire (CIMIC) joue bien entendu un rôle central dans une mission d'aide humanitaire. Pourtant, les rapports avec la DDC sont allés plus loin qu'une simple coordination d'activités parallèles, et ont permis de montrer concrètement la complémentarité qui existe entre l'action ponctuelle de l'armée en cas de crise majeure et l'action à long terme de la DDC dans toute zone touchée par une telle crise. Pour l'armée, les membres de la DDC offrent tous les avantages d'une présence prolongée dans de nombreuses régions du monde, avec des installations et des contacts sur lesquels on peut s'appuyer pour la mise en place d'une action militaire. Pour la DDC, l'armée offre l'avantage de moyens considérables disponibles gratuitement lorsque les circonstances exigent une réaction massive de la communauté internationale.
Il ne faut pas pour autant en déduire que l'antenne de la DDC à Banda Aceh était démunie. Malgré des moyens somme toute limités, elle disposait de communications fiables avec la Suisse et d'un accès permanent à Internet, lequel constitue l'outil de fusion des informations lors d'une crise humanitaire. Le personnel employé sur place et les véhicules à sa disposition permettent à ses membres de se déplacer dans la zone touchée par le tsunami et de mener à bien des projets d'aide divers. Alors que les militaires sont venus et repartis en l'espace de 2 mois, les coopérants de la DDC accomplissent des missions de longue durée qui les amène à connaître bien mieux la situation locale. Pouvoir s'appuyer sur eux est une chance pour chaque contingent de l'armée.
Une collaboration plus étroite, dans le sens d'une stratégie suisse d'ensemble à l'étranger, offre des perspectives intéressantes. On peut d'ailleurs noter que l'agence pour le développement britannique (DFID) a étroitement travaillé avec les Forces armées de sa Majesté dans l'opération d'aide humanitaire en Asie du Sud (c'est-à -dire avant tout au Sri Lanka), alors que l'agence USAID arrive pratiquement dans les bagades des Forces armées américaines. Cette intégration stratégique, consistant à planifier et à mener des actions interdépartementales, représente certainement l'avenir des Etats-nations. Un grand nombre de susceptibilités sont soulevées par une telle idée, mais les expériences contemporaines montrent que l'aide humanitaire d'une nation ne peut pas être dissociée des valeurs qui caractérisent cette nation, et que celles-ci sont devenues des casus belli - sinon des armes.
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6 mars 2005
Un gigantisme commercial
MEDAN - L'un des édifices les plus célèbres et prisés de Medan est le Sun Plaza, un énorme centre commercial qui, dit-on, rassemble quelque 2000 boutiques. Cet après-midi, je m'y suis rendu en compagnie de quelques officiers supérieurs pour découvrir ce dont on m'avait parlé depuis mon arrivée. Et je n'ai pas été déçu : sur 5 étages littéralement bondés (voir la photo ci-dessus) s'étendent à perte de vue des magasins de vêtements, des cafés et restaurants, des commerces d'électronique et d'électroménager, des boutiques vendant des CD-ROM et des DVD piratés, ou encore des parfumeries et des bijouteries. Une destination de visite idéale pour un dimanche après-midi alangui, comme des milliers de personnes - Indonésiens et Chinois - l'ont montré aujourd'hui, même si la climatisation du centre reste d'une efficacité limitée.
Les prix affichés au Sun Plaza sont certainement inabordables pour la grande majorité des Indonésiens, puisqu'ils correspondent grosso modo à ce qu'ils sont en Suisse : des chemises à manche courte pour 30 à 45 francs, des parfums pour 50 à 80 francs, des ordinateurs portables pour 1500 à 2500 francs. On trouve quelques exceptions marginales, quelques articles qui ponctuellement ont un prix inférieur du tiers ou de moitié à ce qu'il serait au pays. En revanche, les films et logiciels piratés sont vendus ouvertement et officiellement à des prix défiant toute concurrence, aux alentours de 3 francs pour un CD-ROM et un peu plus pour un DVD. Et les derniers produits sont disponibles, souvent avec les étiquettes originales, voire les codes d'accès pour débloquer les programmes livrés en version normale. J'imagine que Microsoft ne doit guère apprécier de voir Office 2003 professionnel - avec ses 11 applications - vendu pour 20'000 roupies, le prix d'un sandwich à notre hôtel!
Naturellement, la grande attraction du centre commercial n'est autre que la patinoire juchée au 4e étage. Il s'agit certes d'une petite patinoire, probablement 40% de la surface qu'aurait son équivalent suisse, et la glace a furieusement tendre à arborer ça et là des plaques d'eau, mais dans une température ambiante qui approche les 30° son existence constitue un petit exploit - et une furieuse consommation d'électricité. Malheureusement, cette distraction n'est guère appropriée au contingent suisse : d'une part, les patins disponibles sont des modèles conçus pour le patinage artistique, et l'ancien praticien de hockey que je suis ne les apprécierait guère ; d'autre part, la taille des patins pouvant être loués reste largement inférieure à la pointure qui caractérise habituellement les Occidentaux - à partir de 42, leur port devient franchement difficile.
C'est un aspect qui se reproduit naturellement dans les boutiques de vêtements : trouver un habit de taille XL relève presque de l'exploit, et le XXL que recherchent certains militaires particulièrement costauds devient carrément un mythe. La petite taille des Asiatiques en général et des Indonésiens en particulier possède certes ses avantages, puisqu'elle permet à un Helvète de taille moyenne - comme le soussigné, qui culmine à 1,78 m - de voir loin dans la foule et de repérer immédiatement l'un de ses compatriotes. Malgré cela, les membres du contingent ramèneront probablement davantage de cadeaux pour leurs enfants et leurs épouses que d'objets pour eux-mêmes, au moins en matière de vêtements. Une générosité un peu contrainte, mais que nul n'ébruitera à l'excès !
En ce qui me concerne, j'en conclus que l'heure à disposition pour écumer le Sun Plaza était totalement insuffisante, et qu'une autre visite s'impose avant mon départ.
Posted by Ludovic Monnerat at 18h18 | TrackBack
L'ombre de la Chine
MEDAN - L'omniprésence des citoyens chinois dans les commerces et les restaurants les plus coûteux de Medan est révélatrice de l'essor qui caractérise la Chine et de l'ombre croissante qu'elle jette sur toute l'Asie. Le repli sur soi de l'Empire du Milieu, intervenu voici presque 6 siècles après une période de grandes découvertes que l'Occident a longtemps ignoré, appartient finalement au passé : les Chinois vivent une croissance économique telle qu'ils affichent désormais une aisance et une arrogance de nouveaux riches, tout en infiltrant tous les rouages de l'économie indonésienne et en effectuant des investissements qui leur permettent discrètement d'en prendre les commandes. C'est bien à une conquête que j'ai l'impression d'assister, une expansion patiente et raisonnée qui répond à une obligation intérieure.
Il est difficile d'appréhender les sentiments des Indonésiens à cet égard. L'influence chinoise s'exerce depuis très longtemps, et les traits sinisés d'une partie d'entre eux témoignent des flux migratoires vécus les siècles passés - et de la mosaïque ethnique que représente la société indonésienne. En même temps, il est certain que le pouvoir d'achat très élevé dont disposent les Chinois - sans doute équivalent à celui des Occidentaux et des Japonais - ainsi que leur présence systématique suscitent des réactions mitigées au sein des Indonésiens : les investisseurs sont les bienvenus, dans ce pays qui dépend largement des ressources naturelles, mais l'expansion de la Chine alimente les craintes d'une hégémonie régionale. Après avoir vécu la colonisation hollandaise et l'occupation japonaise, l'Indonésie ne doit guère considérer avec indifférence la perspective d'un protectorat économique chinois.
Il est vrai que l'île de Sumatra possède une valeur stratégique en Asie : ses réserves en pétrole et en gaz naturel suscitent les convoitises, alors que le détroit de Malacca qui la sépare de la Malaisie constitue tout bonnement l'artère économique principale des grandes nations en Asie orientale. Dans l'immédiat, le domaine économique est plus sujet à évolution que le domaine politique et surtout que le domaine militaire, puisque la Chine - comme l'Inde - s'est lancée dans une modernisation de ses Forces armées qui prendra du temps avant d'être efficace, si elle parvient à l'être un jour. Comme l'Europe est actuellement contrainte de l'apprendre, le soft power est un complément et non un substitut au hard power ; et comme la Chine devra à son tour l'apprendre de l'Occident, l'efficacité militaire à terme pour un Etat est de nos jours indissociable des valeurs démocratiques et libérales, seules à même de mobiliser et de fédérer les individus.
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5 mars 2005
La coopération militaire
MEDAN - Un aspect important de l'opération "SUMA" résidait dans la coopération avec les autres contingents militaires engagés dans l'aide humanitaire à Sumatra. Pas moins de 18 armées différentes ont en effet déployé des moyens sur et autour de l'île, et une grande partie d'entre elles ont encore des éléments présents - ne serait-ce que des détachements arrières chargés d'achever le repli. La Task Force SUMA commence d'ailleurs à avoir un statut similaire : avec le départ voici 2 jours de la moitié des mécaniciens - le démontage des Super Puma était achevé et la préparation des containers avance rapidement - la TF ne compte plus que les deux tiers de son effectif normal. Même si elle a reçu aujourd'hui même le dernier renfort, en l'occurrence un officier des Forces aériennes spécialiste en langue russe !
Le principal partenaire, pour le contingent suisse, était le détachement français engagé dans le cadre de l'opération Béryx : un contrat de prestations a ainsi été signé entre la Suisse et la France pour régler l'échange de prestations logistiques entre les 2 contingents. Les militaires français de l'Armée de Terre ont par exemple côtoyé la TF SUMA à Medan au début de la mission, avant d'installer un camp militaire à Sabang où nos équipages de Super Puma ont systématiquement passé une nuit dans le cadre des rotations au-dessus de Sumatra. Des contacts ont également eu lieu avec les navires de la Marine nationale, dont la Jeanne d'Arc, pour convenir d'arrangements techniques spécifiques. Par ailleurs, les éléments de l'Armée de l'Air stationnés à Medan ont accompli des transports d'aide humanitaire à bord de leur Transall C-160.
Ce sont ces aviateurs que le commandant de la TF SUMA a invité hier soir pour une raclette bien helvétique, avec 2 Valaisans aux commandes des meules, dans l'hôtel où loge le contingent. Une manière bien agréable de prendre congé officiellement de nos partenaires et de les remercier pour leur bonne coopération. Cela d'ailleurs nous a permis d'assister aujourd'hui à leur travail de réparation : le Transall cloué au sol depuis plus de 2 semaines avait en effet été endommagé en atterrissant à Meulaboh, sur une piste en très mauvais état, par un caillou qui a démoli une hélice en fibre de carbone avant de percer le fuselage et de passer très près d'un membre d'équipage ; les mécaniciens français ont aujourd'hui procédé au remplacement de cette hélice (voir photo ci-dessus) par un exemplaire en métal qui venait d'être livré - une opération pour le moins délicate.
Des contacts fructueux ont également été noués dans le terrain avec les contingents allemand, espagnol et américain, sans compter des contacts informels avec nombre d'autres Forces armées. Dans une opération de ce type, le fait qu'aucun structure militaire établie n'assure le commandement et le soutien des contingents internationaux confronte en effet ceux-ci à leur isolement, et donc renforce l'intérêt pour un échange ponctuel ou prolongé de prestations diverses. Disposer d'une capacité de transport aérien, de matériel performant ou de personnel spécialisé permet par exemple d'avoir en quelque sorte une monnaie d'échange, et donc d'aider les autres afin de bénéficier au besoin de leur aide. Et les petites nations ne sont pas nécessairement les plus démunies à Sumatra - bien au contraire !
C'est un constat qui a surpris les Suisses : les principales Forces armées européennes ont des problèmes de projection considérables sur une distance aussi grande, et le sens stratégique de certains engagements reste à ce jour plutôt nébuleux. On ne peut pas se départir de l'impression que certaines nations ont décidé de déployer des contingents en Asie du Sud uniquement après avoir vu à quel point les Etats-Unis transformaient leur aide humanitaire d'urgence en une démonstration de force aux avantages diplomatiques évidents. Cela ne change rien à l'importance de la coopération militaire sur place, mais montre que les perceptions subjectives jouent probablement un rôle supérieur aux prestations objectives dans les réponses au tsunami.
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4 mars 2005
Vers des soldats médiatiques
MEDAN - C'est une réflexion que j'ai cernée depuis plusieurs années, mais que mon déploiement ici m'a permis de vérifier : les militaires contemporains sont tous des journalistes en puissance, des individus capables de transmettre au-delà des océans les reflets et échos de leur activité et du secteur dans lequel ils sont engagés. Une telle réalité existe en Irak depuis 2003, comme les nombreux récits et images disponibles sur Internet le prouvent, et se généralise rapidement ; les billets disponibles ci-dessous ne sont qu'un exemple encore limité - en raison de sa nature individuelle - des capacités offertes par les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Nous entrons dans une ère où la polyvalence et l'omniprésence des individus mis en réseau forme une source de puissance au potentiel redoutable.
Tous les militaires suisses ou presque, à Sumatra, possèdent un appareil photo numérique et un téléphone portable, et tous utilisent leur accès à Internet pour consulter et envoyer des messages électroniques. Dès qu'une occasion se présente, les membres du contingent prennent des photos - d'eux-mêmes, du paysage, des destructions causées par le tsunami ou de la population locale ; l'état-major de la Task Force SUMA a déjà rassemblé plus de 5000 photos - et quelques vidéos - prises par les membres du contingent. Les officiers d'état-major qui travaillaient au nord de Sumatra prenaient des photos de manière systématique ; les mécaniciens embarqués dans les Super Puma étaient collés aux ouvertures pour photographier les régions survolées ; même les pilotes s'arrangeaient entre eux pour se passer les commandes et tranquillement prendre leurs images - en profitant des ouvertures du cockpit !
Les téléphones portables sont utilisés avec une certaine modération, en raison des coûts imposés par les opérateurs indonésiens pour les appels internationaux ; en revanche, les SMS sont fréquemment employés pour rapidement et simplement donner de ses nouvelles aux siens, alors que les MMS ont encore une qualité insuffisante et un coût trop élevé pour être envoyés régulièrement. D'ailleurs, la mise à disposition de téléphones satellitaires, le soir et pour des appels inférieurs à 10 minutes, a permis à tout un chacun de communiquer gratuitement. Les connexions Internet plutôt asthmatiques de l'hôtel ont certes réduit les possibilités d'échanges de fichiers, mais ce n'est qu'une question de temps avant que des accès à large bande soient disponibles à toute heure du jour et de la nuit dans la plupart des villes du monde. L'envoi de quelques centaines de kilo-octets d'images ne posera dès lors aucun problème.
Les conséquences d'un tel phénomène doivent être appréhendées. En premier lieu, le contrôle de l'information est une chose à peu près impossible pour tous les acteurs traditionnels des opérations militaires - les armées, les gouvernements et les médias. Les contingents militaires peuvent être déployés dans des zones où aucune télécommunication privée n'est disponible, mais les photos prises par leurs membres finissent tôt ou tard par être distribuées - quel que soit leur contenu ; si le scandale des maltraitements dans la prison d'Abu Ghraib par une compagnie de police militaire américaine n'aurait pas intéressé les médias sans la publication d'images choquantes, la réalité des opérations militaires en Irak - et notamment le quotidien motivant que vivent la majorité des soldats américains - n'aurait jamais été communiquée à la population américaine sans l'accumulation de témoignages individuels issus du rang.
La perte du monopole des médias sur l'information internationale fait l'objet progressivement d'une prise de conscience. Il se trouve encore des esprits réactionnaires pour penser que seul un journaliste dûment encarté, dépêché par une rédaction et évoluant indépendamment sur un secteur de conflit est la seule garantie de la qualité de l'information ; cette croyance corporatiste est contredite par le fait que les journalistes incorporés aux formations de combat occidentales sont répartis à tous les échelons de commandement, et donc offrent collectivement une perspective globale qu'un reporter isolé n'aura jamais. Mais la prolifération des journalistes-combattants dans les conflits modernes ruine définitivement ces assertions, et le pathos suscité par l'enlèvement de reporters français ne peut pas dissimuler les distorsions que ces professionnels de l'information apportent à leur travail. L'accumulation des témoignages de soldats, via les photos, les weblogs, les SMS ou d'autres moyens, offre une fiabilité plus grande que bien des médias traditionnels.
Pour les gouvernements, enfin, la présence de milliers de témoins potentiels au sein d'opérations militaires augmente automatiquement les exigences morales réciproques : il devient de plus en plus difficile pour un gouvernement démocratique d'entreprendre une action armée éthiquement condamnable, et de plus en plus difficile pour les armées de dissimuler les déviances commises dans leurs rangs. Cette transparence, qui aboutit à compresser les hiérarchies, impose une vision stratégique claire et unique à tous les échelons engagés. Elle transforme également la fonction des commandants militaires, en leur attribuant de facto des compétences politiques et diplomatiques - voire économiques - dès qu'ils sont engagés au-delà des frontières. C'est une expérience que le commandant de la TF SUMA a vécue depuis son arrivée en Indonésie.
Une autre conséquence est la disparition des différences entre soldats et reporters sur un théâtre d'opérations, qui s'explique aussi bien par la neutralité perdue des journalistes-combattants que par la démocratisation de leurs outils au sein de la troupe. Pour reprendre l'exemple de l'Irak, plusieurs formations US scandalisées par la couverture médiatique occidentale de leurs actions ont décidé de fabriquer leur propre couverture en achetant des appareils photos et des ordinateurs portables, et en rédigeant des articles ensuite distribués aux familles et aux camarades, donc indirectement au public. Ces pratiques, naturellement, existent depuis longtemps au sein des groupes irréguliers tels que guérillas et réseaux terroristes. Dès lors que le combat des armes est supplanté par la concurrence des idées, l'espace médiatique devient par définition un terrain-clé - le lieu où se gagne et se perd la guerre du sens.
Voilà plus de 50 ans que les médias sont devenus des acteurs autonomes et indépendants des conflits armés. A une ère où ceux-ci se sont élargis à l'ensemble des sociétés, et où les mots comme les images sont des armes au même titre que les obus et les bombes, il est temps de prendre conscience de la notion classique de "non combattant" est totalement périmée - et que de nouvelles règles sont chaque jour davantage nécessaires.
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3 mars 2005
Le rôle troublé de l'ONU
MEDAN - La question a été posée voici quelques jours sur ce carnet quant à mon avis sur le rôle de l'ONU dans l'aide humanitaire en Indonésie, notamment au vu des critiques que j'ai émises et relayées dès la fin du mois de décembre à ce sujet. J'ai essayé d'en savoir autant que possible à ce sujet ; j'en ai parlé longuement avec le responsable de la coopération civilo-militaire au sein de la Task Force SUMA, qui a participé à tous les rapports de coordination CIMIC conduits par l'ONU à Banda Aceh ; j'ai également eu des conversations avec plusieurs responsables de l'ONU, notamment le responsable logistique du HCR qui a géré l'emploi de nos Super Puma ; j'ai même brièvement visité le QG de l'ONU à Banda Aceh, malheureusement un dimanche (jour de repos pour l'ONU). Cela m'a permis une vue d'ensemble suffisante pour en parler aujourd'hui.
En premier lieu, il faut relever que mes affirmations critiques sur ce carnet - et le fait que l'ONU a revendiqué une importance qu'elle n'avait pas - ont été entièrement confirmées par les gens présents sur place dès le début janvier : ce sont bel et bien les militaires américains, et dans une moindre mesure australiens et singapouriens, qui ont mis en place la colonne vertébrale de l'aide humanitaire d'urgence et créé les conditions autorisant les activités qui se déroulent actuellement. La contribution des hélicoptères de la Marine américaine a par exemple été décisive dans la livraison des biens de première nécessité, alors que c'est la coordination militaire multinationale mise sur pied par le Combined Support Group 536 qui a permis un emploi efficace des moyens militaires. Ces derniers ont fait sentir de manière croissante leur impact tout au long du mois de janvier ; le pic d'activité à Banda Aceh a ainsi été vécu le 31 janvier, avec un total de 450 mouvements d'hélicoptères.
Les prétentions des hauts fonctionnaires onusiens étaient par conséquent bel et bien destinées à sauvegarder les apparences, avec la complicité de médias abandonnant tout sens critique au sujet de l'organisation, alors que la situation sur le terrain démontrait de manière criante la lenteur et l'inefficacité de sa structure bureaucratique. Pourtant, le contingent suisse a fait une expérience très positive en travaillant directement avec le HCR : celui-ci a mis sur pied à Sumatra une équipe réduite et flexible, capable de s'adapter à la capacité de transport considérable des Super Puma (en raison des 7 heures de vol quotidiennes par appareil engagé) et de remplir ceux-ci jusqu'à atteindre souvent la pleine charge. Le partenariat avec le HCR, conjugué au concept opérationnel développé par la TF SUMA, a même permis au transport aérien suisse de battre un record : le taux de charge moyen des hélicoptères s'est élevé à 92% dans les dernières semaines de l'opération.
J'ai constaté moi-même comment le HCR fonctionnait. Sur chaque place d'atterrissage utilisée pour le transport de personnes et de marchandises, un responsable du HCR officiait en permanence et décidait rapidement, en liaison téléphonique avec ses collègues et en discutant personnellement avec le pilote suisse, du chargement de l'hélicoptère venant d'atterrir. Un plan de vol général était établi par le HCR pour chacun des 2 Super Puma engagés, puis adapté constamment durant la journée en fonction de besoins urgents (comme la livraison de médicaments pour l'OMS) ou d'événements inattendus (comme un incident technique réduisant l'efficacité d'un hélicoptère). Avec un effectif moyen de 5 cadres et un dépôt principal à Banda Aceh, le HCR parvenait à réagir en quelques minutes à l'évolution de la situation, et donc à employer au mieux la capacité de transport que la Suisse a déployé pendant 7 semaines à son profit.
C'est un responsable du HCR qui me l'a expliqué : l'ONU et son agence spécialisée dans la logistique (UNJLC) ont mis sur pied une structure trop grosse et trop lente à Sumatra, avec 20 personnes employées uniquement à la planification des opérations aériennes effectuées avec des moyens mis en commun, et nécessitant des délais de préparation supérieurs à une demi-journée. Cette gestion des ressources a abouti soit à des retards dans l'exécution, soit à des appareils volant à mi-charge ou moins. Le principe d'un rapport de coordination quotidien pour communiquer les besoins et les offres n'est tout simplement pas adapté aux exigences d'une aide humanitaire en situation de crise. De plus, l'absence de moyens propres a rendu l'ONU dépendante des armées occidentales (les Etats-Unis, l'Australie, mais aussi plusieurs pays européens n'ont pas témoigné d'une grande volonté de répondre aux demandes onusiennes), tout en l'amenant à faire pression sur les contingents militaires pour mettre leurs ressources sous le contrôle de l'UNJLC, peindre en blanc leurs hélicoptères et inscrire "ONU" sur leur carlingue.
Confrontée à son impuissance, l'UNJLC a conclu des contrats de location avec des sociétés privées pour jouir d'une capacité de transport autonome. Mais ces contrats, toujours selon le responsable du HCR, étaient au mieux dangereux, au pire inutiles. D'une part, l'ONU a loué 2 hélicoptères Mi-8 [et au moins 1 Puma, voir ci-dessus] à une société sud-africaine, qui s'est rendu compte qu'il était plus intéressant pour ses pilotes de faire acte de présence à Banda Aceh en volant le moins possible (le paiement n'était pas lié aux heures de vol) ; j'ai vu et entendu moi-même ces hélicoptères décoller le matin vers 0700 de Sabang (afin de prendre les meilleures places à Banda Aceh!) puis passer l'essentiel de la journée à attendre (voir la photo ci-dessus). D'autre part, l'ONU a loué des avions de transport Il-76 effectuant tous les 2 jours des rotations entre la Jordanie et Banda Aceh pour livrer du matériel (notamment des tentes), mais ces avions sont dans un état tellement délabré (pneus usés jusqu'à la corde, etc.) qu'ils représentent un risque certain.
Un élément, en revanche, m'a surpris en arrivant à Sumatra : il existe entre les agences de l'ONU une concurrence féroce qui contribue sans aucun doute à réduire l'efficacité de leurs activités. Ainsi, le fait que le contingent suisse appuie directement le HCR a suscité certaines récriminations, même si cette solution a démontré son efficacité. Entre OCHA, UNJLC, UNHAS, UNHCR, WHO, WFP et j'en passe, l'ONU tend à importer ses propres divisions dans une zone de crise. Son rôle troublé à Sumatra devrait l'inciter à une réforme structurelle en profondeur.
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2 mars 2005
Le démontage des Puma
MEDAN - Depuis lundi, l'activité principale du contingent tourne autour du démontage des Super Puma, de la préparation des containers pour le matériel et de la coordination du transport aérien pour le retour en Suisse ; accessoirement, l'état-major procède également à l'évaluation de l'opération (after action review) et identifie les premières leçons devant être tirées. Cette période de repli se déroule très bien, entièrement en accord avec le plan horaire défini, et présage favorablement de la suite des activités. Pourtant, alors que la Suisse connaît un mois de mars incroyablement froid (-33,7° à La Brévine la nuit passée, ai-je appris voici quelques minutes par SMS), le climat à Medan s'est encore réchauffé ces derniers jours, au point que les travaux de démontage s'effectuent dans une température qui dépasse désormais les 40°. Malgré cela, la motivation des mécaniciens ne faiblit pas, d'autant qu'une partie d'entre eux ne sont qu'à quelques jours de leur retour en Suisse.
Ce démontage consiste essentiellement à retirer des Super Puma le rotor principal dans sa totalité ainsi qu'une partie du rotor arrière avec le stabilisateur horizontal, afin de réduire les dimensions en hauteur et en largeur de l'appareil et donc pouvoir le faire entrer dans la cale d'un avion de transport. Des éléments internes sont également enlevés, dont le plus important est le réservoir supplémentaire. Il s'agit d'un travail exigeant, qui nécessite plusieurs outils spécifiques comme une grue pour le rotor, et qui prend un peu plus d'une journée de travail pour une équipe comptant une dizaine de mécaniciens expérimentés. Les spécialistes des Forces aériennes, qui commencent le travail dès 0645 pour profiter de la température un peu moins élevée, exécutent cette tâche à un rythme constant, chacun affairé à une partie précise de l'appareil en cours de traitement.
Naturellement, il faut un avion de transport d'une taille énorme pour ainsi "avaler" des hélicoptères moyens et les ramener en Suisse. Pour le trajet aller, c'est un avion géant de type Antonov AN-124 qui avait été utilisé, ce qui constituait une première pour l'armée suisse ; par la suite, trois vols avec des Iliouchine Il-76 ont été affrétés pour livrer les grandes quantités de matériel nécessaires à la conduite et à la logistique des opérations aériennes. En fait, presque toutes les armées européennes présentes en Asie du Sud pour contribuer à l'aide humanitaire ont eu recours à la location d'avions d'origine russe - même si l'état de ceux-ci laisse parfois sérieusement à désirer. On peut notamment citer le cas de la France, qui malgré son levier aérien militaire à base de Transall C-160 et d'Airbus A-310 a dû payer des rotations par Antonov pour déployer son contingent de l'Armée de Terre à Sumatra. Il est vrai qu'un Transall en panne stagne depuis 2 semaines sur l'aéroport de Medan !
La planification exacte du vol retour doit encore être coordonnée au niveau du trajet, ce qui implique potentiellement des démarches légales en raison des escales - mais le conseiller juridique (ou legal adviser) de la TF SUMA est revenu hier, après une absence de 2 semaines, notamment pour régler ces questions. Les complications avec les services indonésiens des douanes imposent d'ailleurs la présence continue d'un avocat. En revanche, le plan de chargement a été précisément défini sur place, et la TF n'attend plus que l'arrivée d'un officier des Forces aériennes maîtrisant parfaitement le russe pour être prête à charger les Super Puma et les containers. Concrètement, cela signifie que le retrait d'un contingent déployé à plus de 10'000 kilomètres du pays avec 50 militaires, 3 hélicoptères et plusieurs dizaines de tonnes de matériel est simple dans la conception et complexe dans l'exécution. Les difficultés administratives sont d'ailleurs plus importantes que les difficultés techniques.
Au retour de la TF SUMA, et après l'aboutissement du processus d'évaluation, cette méthode de chargement pour le déploiement sera parfaitement rôdée et susceptible d'être déclenchée en quelques jours pour une autre opération imposant un déploiement rapide à l'étranger. En venant à Sumatra, l'armée suisse a considérablement augmenté son savoir-faire en matière de projection, et aussi sa réputation à pouvoir intervenir de manière efficace dans une situation de crise se déroulant sur un autre continent. Cela signifie que la probabilité de voir une telle opération se reproduire dans un avenir proche s'accroît dans l'exacte proportion du succès obtenu ici. La décision du Conseil des Etats de réitérer son appui à l'achat de deux petits avions de transport Casa C-295, prise lundi avec une majorité renforcée, montre sans aucun doute que la classe politique a été sensible à ce succès.
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La gestion des émotions
MEDAN - C'est un point qui mérite réflexion et circonspection, raison pour laquelle je n'en parle qu'aujourd'hui : la gestion des émotions et du stress pour le personnel militaire exposé à la situation dans la province d'Aceh. Les équipages et passagers amenés à travailler et à séjourner dans une zone de catastrophe majeure ont naturellement reçu une préparation préalable à la manière de gérer l'impact des scènes auxquelles ils ont assisté ; mais rien ne prépare entièrement un homme ou une femme à atterrir, à travailler et à évoluer dans une zone pleine de cadavres en putréfaction. A plusieurs reprises au début de l'opération, des pilotes ont ainsi fondu en larmes durant leur débriefing quotidien et exprimé les émotions accumulées durant leur journée de travail. Pour ma part, je n'ai pas constaté de réaction similaire depuis mon arrivée, parce que les équipages alors engagés avaient rejoint une opération dont le rythme de croisière avait été atteint, dans une situation humanitaire nettement améliorée. Cet aspect humain n'en reste pas moins présent, bien que rarement évoqué.
Avant et pendant le vol, les équipages ne témoignent en fait d'aucune émotion particulière au sujet de leur engagement : ils se concentrent sur leur travail, appliquent les procédures réglementaires, maintiennent entre eux un dialogue normal et traversent avec calme des journées pleines d'imprévu. Peut-être parlent-ils d'ailleurs davantage entre eux, en échangeant des plaisanteries et des anecdotes, tout en maintenant des contacts ouverts et détendus avec les Indonésiens (lorsque les rotors sont à l'arrêt !) ainsi qu'avec les militaires d'autres armées. J'en ai parlé avec l'un des pilotes, qui a eu un entretien avec un journaliste suisse portant avant tout sur des questions émotionnelles ; pour lui, les émotions sont tout simplement interdites durant le travail : piloter un Super Puma souvent à pleine charge dans un environnement inhabituel et délabré est déjà suffisamment délicat comme cela. C'est bien entendu après le travail, lorsque les images et les odeurs reviennent en tête, que les problèmes commencent.
Le commandant de la Task Force SUMA a dès le début identifié l'importance de cet aspect de la mission, et plusieurs mesures ont été prises pour gérer au mieux celui-ci, et donc éviter des cas de stress post-traumatique au retour en Suisse. Le dialogue joue d'abord un rôle essentiel : des contacts informels et des échanges de points de vue ont lieu toute la journée, au hangar qui sert de base ou dans l'hôtel qui sert de cantonnement. Le débriefing des pilotes, mené chaque jour par le chef des opérations, est ainsi complété par des débriefings improvisés qui se déroulent souvent au lobby de l'hôtel, et qui permettent aux militaires de parler et de communiquer en-dehors de leur branche spécialisée. Il ne se passe ainsi pas un jour sans que le commandant ne s'asseye avec des pilotes, des mécaniciens ou des policiers militaires pour les écouter. C'est également une manière traditionnelle de prendre le pouls de la troupe, et de savoir au mieux comment évolue l'humeur, la motivation, la fatigue et donc l'efficacité de celle-ci.
Le rythme de travail a également été conçu pour préserver dans la durée cette efficacité. En alternant deux jours de vol (dont une nuit passée dans un camp militaire à Sabang) et un jour de congé, et en interdisant la sortie de l'hôtel autrement qu'en groupe et en civil (ceci aussi pour des raisons de sécurité, respectivement d'accord entre Gouvernements pour la question de l'uniforme), des conditions favorables ont été créées pour un rapprochement entre les membres d'un équipage donné (dont le personnel provient de plusieurs places d'aviation - Alpnach, Dübendorf, Payerne, Sion ou encore Meiringen - et travaille rarement ensemble) et des heures délassantes qui permettent de discuter et de digérer les émotions vécues. En même temps, l'utilité évidente de la TF SUMA pour les conditions de vie - voire de survie - locales a fait beaucoup pour réduire le stress lié à la mission. Le pire aurait été d'être confronté à une situation catastrophique sans avoir la moindre possibilité de contribuer à son amélioration. Les militaires suisses sont des sauveurs à Sumatra, et ils le savent.
Le choix des emplacements a aussi contribué à résoudre ce problème. Durant une journée de travail, les équipages faisaient généralement une courte pause de midi sur l'aéroport de Banda Aceh, où ils mangeaient des rations de secours de l'armée suisse (avec biscuits, fruits secs, pâté, chocolat, chili, bœuf au curry, riz, thé, café, etc.) ; le premier soir, ils logeaient à Sabang et partageaient le repas de l'excellente cuisine du 3e régiment d'hélicoptères de combat, avant de loger sous tente, exposés à la chaleur et entourés de moustiques (les filets ne protègent jamais intégralement). Un cantonnement rustique où bien des pilotes ont passé des nuits difficiles. En revanche, la vie à l'hôtel de Medan les sortait totalement du secteur touché par le tsunami, et leur permettait de dormir dans des chambres climatisées, de prendre un bain à la petite piscine de l'hôtel, d'échanger des courriers électroniques au café Internet, de communiquer gratuitement avec leurs proches par téléphone satellite, et bien entendu de profiter de leur congé pour sillonner la ville et ses nombreuses attractions. En bref, de se changer complètement les idées.
Conjuguées aux qualités des militaires déployés, ces mesures ont permis de maintenir une capacité opérationnelle optimale au sein du personnel navigant. Le retour en Suisse a certes été difficile pour les membres de la première rotation, car l'opération avait à cette époque une intensité émotionnelle maximale, et la routine quotidienne de l'administration militaire ou des Forces se situe à l'exact opposé de ce qu'implique un engagement en situation de crise. Il est toutefois certain que des expériences utiles ont été faites dans le domaine psychologique, et que les leçons tirées de cette opération aboutiront à renforcer la prévention, la gestion et le suivi des cas de stress liés à un traumatisme donné. Les futures opérations de l'armée pourront en bénéficier.
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1 mars 2005
Voler en Super Puma
MEDAN - Pour le contingent suisse, cette journée est synonyme de séparation : le détachement de pilotes des Forces aériennes a quitté ce matin Medan pour rentrer en Suisse, avec une escale à Singapour. Vu que le démontage des hélicoptères s'effectue à un très bon rythme (un Super Puma presque entièrement démonté le premier jour), et que les débriefings internes ainsi qu'avec le commandant ont été effectués, les pilotes n'ont en effet plus rien à faire ; après un mois de présence dans le secteur d'engagement, ils ont bien mérité de rentrer au foyer. Tous sont très satisfaits de leur expérience, d'avoir prouvé leur capacité à voler longtemps dans des conditions difficiles, et d'avoir contribué à l'aide humanitaire internationale dans la province d'Aceh. D'autres missions d'ailleurs attendent certains d'entre eux ces prochains mois, en-dehors des vols réguliers en Suisse, que ce soit au Kosovo ou en Bosnie. Les engagements de l'armée suisse à l'étranger comprennent désormais de manière régulière une composante de transport aérien.
Pour mieux cerner le travail des pilotes, il est bon de décrire comment un vol se déroule au-dessus de Sumatra. J'ai ainsi eu la chance d'être assis dans le siège arrière du poste de pilotage (le "jump seat") durant le vol retour de Banda Aceh à Medan, dimanche dernier, avec le T-314 et les pilotes dont j'avais déjà partagé les activités pendant 2 jours (je peux sans autre révéler qu'il s'agissait des capitaines Lukas Rechsteiner et Jarno Benz ; la photo ci-dessus a ete prise le 27.2). Le vol a duré moins de 2 heures, en suivant une trajectoire aussi rectiligne que possible, et donc en survolant les collines verdoyantes de l'île ; la vitesse oscillait autour des 130 nœuds (soit environ 240 km/h) et l'altitude variait de 300 à 1000 pieds (d'environ 90 à 300 mètres). Abrégée en raison de la cérémonie décrite ci-dessous, et qui d'ailleurs est passé à la télévision indonésienne comme dans plusieurs journaux du pays, la journée de l'équipage a compté en tout 6 heures de vol. Dans l'hélicoptère se trouvaient 5 passagers, c'est-à -dire 5 militaires en plus de l'équipage et d'un professionnel de la sécurité militaire.
Le décollage à Banda Aceh, comme d'habitude, a permis de constater les difficultés du contrôle aérien exploité par l'armée indonésienne, puisque les pilotes ont dû s'y reprendre à plusieurs fois avant de faire comprendre leur intention - décoller, effectuer une boucle puis refaire un passage au-dessus de l'aéroport en guise d'adieu. Le fait qu'un autre Super Puma - le T-318 - nous accompagnait ne simplifiait pas les choses. Ensuite, les pilotes ont mis le cap sur la côte et progressé tranquillement le long des points de passage déterminés au préalable - en communiquant régulièrement leur position et leur intention aux différents aéroports, civils ou militaires, approchés en cours de vol. Le trafic aérien très ralenti au nord de l'île, par rapport notamment au mois de janvier, a contribué à réduire le volume des communications sur les fréquences utilisées. C'est autant d'attention supplémentaire que les pilotes peuvent porter sur leur environnement, et notamment sur le paysage qu'ils survolent ; à la fois pour les nécessités du vol (points de repère, dangers potentiels, etc.), mais aussi pour le plaisir (endroits de toute beauté, population qui fait signe, etc.).
Après déjà 8 à 9 heures de travail, les pilotes doivent en effet veiller à renouveler leur concentration, et donc à faire des pauses pour faire des mouvements d'élongation bienvenus, manger quelques friandises (fruits secs et biscuits militaires ont la cote!) et bien entendu boire abondamment - presque 1 litre par heure pour certains ; il faut dire que la température dans la cabine a oscillé entre 32° et 34° durant tout le vol, malgré l'aération due aux ouvertures du cockpit. Voler en duo avec un autre hélicoptère implique également une attention permanente lorsque l'on est en seconde position. Une fois, pendant environ 15 minutes, les pilotes ont donc engagé le pilote automatique (qui gère notamment le cap et l'altitude) afin de se restaurer, de discuter, de rigoler aussi, notamment avec le reste de l'équipage, tout en continuant à observer attentivement le paysage. Parfois, ils se signalent entre eux - ou entre hélicoptères - des éléments du décor méritant d'être notés, comme un lac miraculeusement transparent ou un pipeline visiblement détruit. Le plus souvent, ce sont les cerfs-volants qui font l'objet d'annonces !
La répartition des rôles entre le pilote et le co-pilote permet naturellement de réduire la charge de travail individuelle, mais être aux commandes d'un Super Puma implique de constamment régler différentes choses tout en observant les instruments. Il faut voir la fatigue des pilotes au terme d'une journée de vol pour mesurer à quel point ces heures passées dans l'hélicoptère sont épuisantes. Dans tous les cas, il est évident que le personnel navigant des Forces aériennes démontre un professionnalisme à toute épreuve : quelle que soit la situation, et les transports de personnes à Sumatra ne manquent pas d'imprévu, je n'ai vu personne perdre son calme et sa concentration, ou même un sens de l'humour bienvenu. Le fait par exemple d'atterrir à Sabang, de passer une nuit sous tente dans l'île et de redécoller le matin sans tout l'environnement d'une place d'aviation en Suisse est une preuve d'efficacité et de flexibilité à la fois du personnel et du matériel. Cela n'a pas toujours été facile, mais le succès a toujours été au rendez-vous.
En guise de conclusion, il faut relever que les Super Puma sont vraiment d'excellents hélicoptères, solides, fiables, performants, avec une vitesse et une capacité d'emport qui forment un bon compromis. Pendant 2 mois, des dizaines de milliers de personnes dans la province d'Aceh n'ont survécu que grâce au transport aérien mis en place par les armées déployées - d'abord les Américains, les Australiens et les Singapouriens, avant que les contingents européens ne soient également à pied d'œuvre. Les pilotes suisses qui rentrent aujourd'hui au pays ont su exploiter au mieux un matériel remarquable, et démontré que les armées restent en cas de crise les seuls recours immédiats des Gouvernements.
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28 février 2005
La colline des singes
MEDAN - Une partie du contingent a pris aujourd'hui sa première journée de congé depuis belle lurette, et j'ai eu le plaisir de prendre part à celle-ci : un déplacement en car au sud de Medan, à l'intérieur des terres, pour aller dans la jungle et observer des orangs-outangs. Sur la cinquantaine de membres de la Task Force SUMA, onze ont participé à cette journée récréative, pendant que les mécaniciens et techniciens des Forces aériennes travaillaient au démontage des Super Puma ; toutefois, une partie d'entre eux ont déjà vécu une journée récréative entièrement identique, puisque celle-ci a été jugée la meilleure manière de recharger les accus et de changer les idées des militaires suisses. Le commandant du contingent et son remplaçant étaient ainsi du voyage, qui a ravi tous ses participants. Ce d'autant plus que quitter la mégapole de Medan pour voir l'Indonésie des villes moindres et des villages était une occasion unique pour se faire une idée plus juste et plus complète du pays.
Partis à 0700 dans un bus presque trop fraîchement climatisé à mon goût (l'acclimatation se poursuit : une température de 22° commence à me donner froid), nous avons effectué un périple de 86 kilomètres en 3 heures et demie environ ; autant dire que les embouteillages matinaux sont absolument monstrueux, au point d'ailleurs qu'il plane sur les villes indonésiennes une pollution considérable, mais aussi que les routes hors des grandes villes atteignent rapidement un état assez déplorable. Pourtant, la circulation en Indonésie est très fluide : les règles usuelles du trafic ne sont respectées que dans la mesure où elles ne ralentissent pas le trafic, alors que les policiers de la route ont davantage une fonction symbolique qu'autre chose. Le véritable flot de deux-roues et de taxis collectifs (des minivans jaunes de marque Daihatsu ou Mitsubishi) est tout simplement impossible à canaliser autrement que par des constructions ; rouler sur le trottoir n'a rien de déplacé, et la priorité échoit toujours à celui qui la prend - ou à celui qui a le véhicule le plus grand et le plus lourd.
Nous avons effectué deux arrêts sur notre itinéraire afin de mieux mesurer deux activités économiques essentielles pour l'Indonésie : la récolte de l'huile de palme, et accessoirement le travail sur les feuilles de l'arbre pour en faire des balais, et la récolte du latex qui permettra de produire du caoutchouc. Ce sont des plantations gigantesques qui bordent les routes, avec des arbres alignés à perte de vue et des travailleurs - masculins et féminins - qui vont de l'un à l'autre. D'un autre côté, traverser l'arrière-pays indonésien nous a permis de voir que même les plus petits villages ont tous des marchés florissants, dont les étals regorgent de victuailles, de maisons équipées d'antennes pour la télévision, et de petits commerces bien achalandés. Un curieux mélange de modernité, notamment par le biais des téléphones portables (plusieurs opérateurs se disputent la clientèle, même dans des régions peu peuplées) et d'ancienneté, avec le lavage du linge et la baignade à la rivière.
La visite des singes a pris la forme d'une randonnée de 2 heures dans la jungle, sur et autour de collines formant un parc national, sous la conduite de deux guides expérimentés et suffisamment anglophones pour saisir leurs explications amusées. La jungle est définitivement un milieu à part, dans lequel le néophyte est immédiatement perdu : la chaleur et l'humidité extrêmes, les bruits totalement déroutants, l'étouffement dû à la végétation sont très particuliers - et je n'ai jamais autant transpiré de ma vie que cet après-midi. Les 5 singes que nous avons vus, et qui mènent une existence semi-domestique, auraient presque pu vivre dans un zoo : la présence de l'homme ne les dérange absolument pas, bien au contraire, et j'ai eu le petit plaisir de pouvoir donner à manger (quelques bananes, voir la photo ci-dessus) à une femelle orang-outang portant son petit avec force et adresse. Des instants bien sympathiques, et qui permettent d'oublier les images de destruction qui nous ont marqués les jours passés.
Le retour s'est fait sans histoire, malgré une sensation de froid encore plus présente (et le car n'était pas moderne au point de laisser chaque passager régler ses instruments!), et une attente un brin longuette dans les embouteillages du soir. Une bonne journée de repos qui m'aura permis de constater que la pauvreté des Indonésiens n'existe qu'en comparaison internationale, et que le pays leur fournit tout ce qu'il faut pour mener une vie heureuse. C'est d'ailleurs la joie de vivre qui m'a le plus frappé dans mes discussions avec les habitants du village où nous sommes allés pour cette visite, et l'accueil souvent très chaleureux envers l'étranger, avec un intérêt qui dépasse certainement le besoin de revenus. Malgré le malheur (une inondation survenue en novembre 2003 a détruit une partie du village), l'envie de vivre et d'y prendre plaisir reprennent le dessus.
Posted by Ludovic Monnerat at 13h41 | TrackBack
La fin de la mission
MEDAN - Une cérémonie organisée aujourd'hui 27 février sur l'aérodrome de Banda Aceh a célébré la fin de la mission de l'armée suisse au profit du HCR, après 7 semaines d'engagement. Plusieurs responsables militaires et civils de haut niveau (représentant l'armée indonésienne, le HCR et la DDC) ont pris part à la cérémonie, qui s'est déroulée sous un soleil encore plus écrasant et dans une atmosphère encore plus étouffante que d'habitude - en raison d'une averse ponctuelle, d'une absence totale de vent et d'une température qui approchait les 40°. Après les discours du commandant de la Task Force SUMA, d'un brigadier indonésien qui est le remplaçant du divisionnaire coordonnant toute l'opération d'aide humanitaire, et du responsable du HCR pour les opérations de l'agence à Sumatra, des cadeaux ont été remis et échangés, puis un apéro à base de jus de fruits et de friandises locales a été pris en commun. Enfin, le contingent a pris congé de ses partenaires avec un départ spectaculaire dans les 2 hélicoptères déployés aujourd'hui, suivi d'un survol de l'aérodrome à basse altitude.
Après un retour en duo sans histoire, mis à part quelques manœuvres d'évitement pour des cerfs-volants visibles au dernier instant, la totalité de la TF s'est réunie autour du hangar de Medan pour célébrer la fin de plus de 40 jours d'opérations aériennes menées dans des conditions difficiles sans accident et sans incident majeur. Le soulagement, le sens de l'accomplissement et la joie d'avoir relevé le défi étaient les sentiments le plus partagés, avec la joie pour les pilotes et quelques autres spécialistes de prochainement rentrer au pays. Mais la fatigue est également très présente dans les organismes, et le rapport du contingent qui s'est déroulé ce soir à 1900 dans l'une des salles de conférences de l'hôtel l'a encore souligné, au vu des attaques de paupières qu'il a occasionnées. Les hommes sont très fatigués, en raison de la longueur des journées (en gros, du matin jusqu'au soir) et des conditions climatiques endurées, mais les hélicoptères le sont aussi ; et l'un des mécaniciens m'a par exemple dit que cet engagement confrontait les machines à une usure jamais vue en Suisse, et donc représentait un saut dans l'inconnu - une manière de tester ses limites.
Mais la fin de la mission à Sumatra ne signifie pas la fin de l'opération : le retrait du contingent a déjà commencé, avec la présentation de l'articulation de la TF et de la répartition des tâches pour ce faire, alors que le processus d'évaluation de l'action (autrement dit, l'after action review) débute aussi pour l'ensemble du contingent. La phase à présent amorcée sera difficile à conduire : la fin des opérations aériennes aboutira immanquablement à un relâchement de l'attention, avec un risque de voir les comportements s'en ressentir - notamment en-dehors du travail. Jusqu'ici, l'opération SUMA est un succès éclatant : l'armée suisse a rempli sa mission loin au-delà des attentes fondées sur elle, et sa performance dans l'environnement multinational est un véritable record, d'après le brigadier indonésien qui s'est exprimé. En fait, aucune armée n'a autant volé et autant transporté de cargaisons et de passagers, proportionnellement aux moyens disponibles, que la nôtre. Plusieurs causes expliquent cette efficacité et cette réussite, mais le professionnalisme et l'engagement des militaires suisses reste la principale d'entre elles. Il faut qu'il en soit ainsi jusqu'au bout.
La dernière journée à Banda Aceh marque également le départ de la zone la plus touchée par le tsunami. Les Super Puma ont encore effectué plusieurs rotations aujourd'hui, transportant pour la dernière fois des personnes et des cargaisons selon les directives du HCR. Dès le 28 février, le contingent restera cantonné à Medan, à l'exception de quelques déplacements à Jakarta parmi l'état-major ; mais le spectacle de désolation vu par les équipages et les officiers d'état-major restera encore longtemps dans leurs mémoires. Derrière les sourires et les plaisanteries échangés aujourd'hui, immédiatement après l'atterrissage, se cachent en effet des hommes souvent d'âge mûr qui ont observé avec incrédulité le paysage dévasté de la province d'Aceh. Personnellement, je suis persuadé que la motivation exemplaire du contingent suisse s'explique aussi par le fait qu'il a fourni à ses membres la possibilité d'agir concrètement, d'aider une population en détresse, et même de sauver des vies au début de l'opération. Là encore, cet état d'esprit permet de mieux comprendre pourquoi les Suisses en ont fait plus que les autres : les membres de la TF SUMA ne sont pas des soldats de métier, mais pour l'essentiel des pilotes et des techniciens employés par l'armée et volontaires pour cette mission.
De fait, aucun contingent militaire déployé ici n'est aussi citoyen que le nôtre. La totalité de ses membres a d'ailleurs fait l'objet d'un choix individuel : c'est un assemblage de personnalités et de compétences aussi diverses que complémentaires qui forme la TF SUMA, et non une unité militaire dont on aurait repris tout ou partie de l'effectif. A l'exception des éléments des Forces aériennes, qui ont l'habitude de fonctionner ensemble, la composition de cette force de circonstance interforces (on dirait Joint Task Force en langage OTAN) était totalement inédite, et cela n'a pas empêché un fonctionnement remarquablement efficace. Il y a certainement nombre de réflexions qui peuvent être tirées de cette réalité, notamment au sujet du niveau jusqu'où il est possible d'appliquer le principe de la modularité. Pour l'heure, je me contenterai de noter que rien n'est impossible à ceux qui maintiennent constamment un haut niveau de disponibilité, à ceux qui se préparent tous les jours à remplir leur mission.
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27 février 2005
Le dernier jour de vol
QUELQUE PART AU-DESSUS DE SUMATRA - Si je pensais commencer à connaître la météo du coin, c'est plutôt raté : une longue averse tropicale s'est abattue hier soir, et elle a duré presque toute la nuit. Apparemment, j'ai vraiment du mal à cerner les événements naturels, parce que je n'ai pas senti plusieurs tremblements de terre qui se sont produits ces dernières nuits, et qui ont réveillé plusieurs de mes camarades ! Il est probable que la fatigue issue de la chaleur explique ce comportement larvaire...
Quoi qu'il en soit, ce matin l'atmosphère est bien dégagée, et le Super Puma dans lequel je me tiens effectue le vol tranquille et un peu ennuyeux entre Medan et Banda Aceh. Ce 27 février est le dernier jour de vol : ce soir, tous les hélicoptères seront de retour à Medan, et les travaux de démontage vont pouvoir commencer. Pour la Task Force SUMA, cela signifie le passage à la dernière phase de l'opération, et 4 mécaniciens des Forces aériennes sont par exemple arrivés hier spécialement pour ce travail difficile.
Celui-ci s'effectuera dans le hangar loué par la TF SUMA, sur l'aéroport de Medan, à une compagnie charter locale dont les petits avions à hélice sont pour le moins délabrés. Deux d'entre eux ont pourtant pris l'air ce matin vers 0720, peu avant notre propre décollage, en transportant avant tout des passagers (c'est dimanche, ceci explique peut-être cela). Même si notre Puma transporte 6 passagers et de nombreux colis estampillés UNHCR, si bien que nous sommes serrés comme des sardines, pour rien au monde ne changerais-je de place !
Survoler la côte nord de Sumatra est un peu monotone, sauf si l'on s'intéresse aux activités économiques visibles : raffineries modernes, dont l'une possède son propre aéroport, plantations à perte de vue pour le caoutchouc, rizières et marais salins forment l'essentiel de ce que j'ai vu. Il existe également des plages superbes, mais cette région reste impropre au tourisme. Avec une mer aussi bleue, c'est d'ailleurs bien dommage !
Toute cette zone n'a que marginalement été touchée par le tsunami. Mais la province d'Aceh reste une zone de conflit, même si la présence internationale contribue à dissuader les rebelles du GAM et la TNI, l'armée indonésienne, de rallumer les hostilités. En tout cas, du 17 janvier dernier à aujourd'hui, les équipages et leurs machines n'ont jamais été inquiétés, et le contingent a pu pleinement se concentrer sur sa mission d'aide humanitaire.
L'image ci-dessus, celle d'un Super Puma au départ de Medan le matin, appartiendra alors à l'histoire!
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La pauvreté de l'Indonésie
MEDAN - Les victimes survivantes du tsunami, à Sumatra, se comptent par centaines de milliers, entre les personnes déplacées, les orphelins (que l'on estime à 42'000 dans la province d'Aceh) et les gens que la vague géante a dénué de toute possession. Nombreuses sont les familles décimées qui sont montées dans les Super Puma de l'armée suisse, comme celle montrée ci-dessus, pour revenir dans la ville qu'ils ont fui, retrouver des parents éloignés ou même tenter de retrouver un membre disparu. D'autres personnes ont été évacuées par le HCR, en raison de leur état sanitaire ou financier précaire, et ont grimpé avec le sourire dans nos hélicoptères - pour ensuite fondre en larmes lorsque l'appareil survolait leur région dévastée. Regarder ces pauvres gens ne permet pas d'imaginer la douleur qu'ils doivent subir. Et la vie pourtant continue!
Le niveau de cette vie est cependant un sujet qui m'interpelle. La pauvreté est évidemment omniprésente à Medan, et s'exprime dans les voitures brinquebalantes, les deux-roues rafistolés, les échoppes misérables ou encore la mendicité infantile. Lorsque l'on vole au-dessus de la ville, qui s'étend à perte de vue, on est d'ailleurs frappé par son patchwork de maisons aisées aux piscines bien visibles et de taudis aux toits de tôle rouillée. Mais la différence de revenu moyen montre bien le contraste criant entre la Suisse et l'Indonésie, et donc le pouvoir d'achat que détiennent les ressortissants d'un pays riche. Pour donner un seul exemple, le prix journalier de la chambre guère luxueuse que j'occupe correspond grosso modo à un tiers du salaire mensuel moyen des Indonésiens. C'est dire à quel point ceux-ci sont totalement exclus de toute une partie des commerces, des restaurants et des hôtels de leur propre pays. L'établissement où j'ai mangé hier soir n'est ainsi fréquenté que par des Occidentaux et des Chinois - dont une partie d'employés de l'ONU ou de ces multinationales de l'humanitaire que sont certaines ONG.
La roupie est la monnaie nationale indonésienne, et 1000 roupies valent environ 15 centimes (le taux de change pratiqué a naturellement une grande influence, mais le quartier-maître de la TF SUMA sait trouver des arrangements profitables). Lors du repas pris ce soir à l'hôtel, afin de pouvoir conserver l'uniforme et de retourner ensuite au PC, j'ai mangé une entrée et un plat principal tout à fait délicieux et copieux qui ne m'ont coûté que 4,50 francs, mais qui sont simplement inaccessibles comme tels à la majorité des Indonésiens (pour les gourmets, c'était un cocktail de viande de crabe puis un soto medan, soit du poulet cuit dans de la sauce à la noix de coco avec du riz ; la nourriture indonésienne est à mon sens excellente). D'ailleurs, depuis que le contingent suisse est arrivé dans ses murs, l'hôtel a carrément doublé ses prix - sans que ceux-ci ne nous posent de problème pécuniaire. Et les membres de la TF peuvent prendre librement sur la table du QM des pièces de 500, 200 et 100 roupies pour se débarrasser des mendiants !
Il est impossible d'éviter une gêne constante face à de telles disparités. Bien entendu, Medan abrite des lieux témoignant d'une richesse extrême, comme un centre commercial gigantesque qui compte pas moins de 2000 commerces (et que je compte visiter dès que possible). Le fait d'être ici avec un contingent militaire remplissant une mission d'aide d'urgence contribue largement à apaiser tout sentiment de culpabilité, mais l'augmentation des prix consécutive à la présence massive d'étrangers aisés est également un facteur aggravant. Il faut simplement espérer que les échanges commerciaux et la liberté d'entreprendre parviennent progressivement à corriger ces différences monstrueuses, même si les efforts de générations entières sont nécessaires avant d'atteindre un seuil solide de prospérité. Tout en se rappelant que la pauvreté ici n'est pas nécessairement une cause de malheur, d'amertume ou même de rancœur.
Pour ma part, je ne compte plus les mains que j'ai serrées, les remerciements que j'ai reçus et les sourires que j'ai rendus depuis mon arrivée mardi passé. Ces "hello, mister" et ces "thank you, mister" font bien plaisir à entendre, et rappellent la justification incontestable de cette mission, de cette opération ponctuelle - avant de rentrer au pays pour de nouveau songer à défendre et à protéger celui-ci.
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26 février 2005
Sous la chaleur de Sumatra
MEDAN - La saison des pluies touche peu à peu son terme : ces derniers jours, les averses ont été rares, et celle qui a brièvement arrosé Medan au début de cet après-midi était plutôt l'exception que la règle. Il n'y a certainement pas lieu de s'en plaindre, puisqu'elle a encore davantage contribué à augmenter l'humidité de l'atmosphère. Plus que jamais, l'impression d'être dans une piscine surchauffée est celle qui convient, d'autant plus que le PC de la Task Force SUMA surplombe justement la piscine de l'hôtel ! A défaut d'avoir testé celle-ci, d'une qualité au demeurant restreinte, je suis néanmoins en mesure d'affirmer que la gestion de la chaleur et de l'humidité reste un élément déterminant pour toute opération en milieu tropical. Y compris sur un plan anecdotique : hier soir, en allant prendre en ville le repas du soir (en tenue civile, comme c'est la règle), j'ai constaté en sortant du taxi - modérément climatisé - que mes lunettes s'embuaient !
L'influence de la chaleur sur la prestation des militaires prend une importance particulière lorsque des tâches exigeant autant de concentration que le pilotage ou l'entretien d'un hélicoptère sont impliqués. Ainsi, si les équipages travaillent dans des conditions tropicales, ils logent toutefois dans un hôtel où les chambres sont climatisées ; et le fait de dormir dans une température oscillant entre 22° et 25°, au lieu de 28° à 35°, influe directement sur la qualité du sommeil. La chose a été démontrée à Sabang : plusieurs équipages, peinant à dormir sous une tente non climatisée, ont eu des problèmes considérables à obtenir suffisamment de repos pour voler le lendemain. Ainsi, le fait d'être stationné dans un hôtel a permis d'atteindre le seuil exceptionnel de 7 à 8 heures de vol quotidiens par équipage, au lieu de 2 à 3 heures pour les contingents européens en Indonésie, qui vivent dans des camps ou sur des bateaux.
La logistique doit également être adaptée aux conditions climatiques : aucun membre du contingent ne se sépare de bouteilles d'eau de 1,5 l que l'on achète par cartons sur place (en fait, c'est de l'eau de mer rendue potable par osmose inversée), et des vitamines ont été distribuées à tous pour compenser la perte en sels minéraux due à la transpiration abondante. A cet égard, si les pièces d'équipements touchées à Stans se révèlent parfaitement adaptées (les souliers en étoffe et le chapeau 2000 sont remarquables), l'équipement traditionnel (tenue de camouflage 90) ne l'est pas vraiment. Les discussions menées avec nos partenaires français montrent que nous avons - fort logiquement - un retard considérable dans le savoir-faire et le matériel nécessaires aux opérations en milieu très chaud. A Sabang, les Français déambulaient vêtus tous ou presque d'un short et d'un T-shirt camouflés du plus bel effet.
Il faut cependant relever que certains équipements de transmission particulièrement sensibles sont engagés au sol dans un container climatisé ; cela permet notamment de maintenir en permanence les liaisons avec les hélicoptères en vol dans tout leur secteur d'engagement. Les hommes peuvent supporter la chaleur excessive, mais pas les systèmes de haute technologie. Même si les Super Puma ont remarquablement bien supporté les 6 semaines d'engagements intensifs qu'ils ont connues, ne connaissant que des avaries mineures et démontrant la robustesse de leur conception ; avant-hier, par exemple, un instrument d'indication de vitesse rotor donnait des signes de fatigue sur l'appareil dans lequel je volais, et le Super Puma venant de Medan a livré le lendemain un instrument de rechange, même si ce dernier était de toute manière doublé dans l'appareil.
En définitive, la chaleur de Sumatra la plus impressionnante reste la chaleur humaine : les gens savent pertinemment que nous sommes venus en mission d'aide humanitaire, et notre présence constitue un sujet d'étonnement et de réjouissances permanent. En début d'après-midi, par exemple, un groupe d'adolescents membres d'un club de sport faisait une séance de photos dans l'hôtel, et après m'avoir vu ils m'ont immédiatement demandé de poser avec eux ; j'ai passé les 10 minutes suivantes à poser pour la photo avec chacun ou presque, en prêtant mon chapeau à l'un de ces jeunes qui en mourait d'envie. Dans la mesure où une grande partie d'entre eux venait de la province d'Aceh, il aurait été inhumain de ne pas leur accorder cette joie.
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Les ravages du tsunami
MEDAN - Voici deux mois que s'est produit le tsunami qui a dévasté une partie de l'Asie du Sud, et nulle part aussi violemment que dans la partie nord-ouest de Sumatra. J'ai eu l'occasion ces 2 derniers jours de constater par moi-même, depuis les airs comme au sol, l'ampleur des ravages subis entre Banda Aceh et Meulaboh, même si ceux-ci dépassent l'entendement. La photo ci-dessus a été prise le 24.2 depuis un pont situé à l'extrémité de Banda Aceh, près de son port totalement détruit ; elle montre ce qui avait été le début d'une rue populeuse et animée, bordée de chaque côté par des bâtiments contigus qui abritaient des échoppes et des appartements. A de rares exceptions près, comme le montre l'image, toutes ces constructions ont été anéanties par la vague géante, et le 99% de leurs habitants ont péri. L'expression qui revient le plus souvent pour désigner le cataclysme est assez révélatrice : Hiroshima.
La ville de Banda Aceh a repris aujourd'hui une vie normale, puisque le tsunami a ravagé des centaines de mètres de quartiers habités, mais de loin pas la totalité de la cité. Lorsque je suis passé avant-hier, un marché particulièrement animé attirait le regard du passant par ses étals chamarrés, alors que les rues intactes rivalisaient d'activité. En revanche, dès que l'on s'approche des lieux touchés, ce sont des travaux de terrassement qui sont entrepris. L'odeur de la mort n'est plus perceptible à Banda Aceh ; on respire celle des déchets brûlés, de la poussière omniprésente, dans des quartiers qui sont autant des zones sinistrées que des buts de promenade - que ce soit pour l'édification des personnes actives dans l'aide humanitaire (il faut voir cela pour comprendre la raison de déploiements aussi importants), mais aussi pour satisfaire la curiosité des Indonésiens.
Les ravages entraînés par le tsunami ont une apparence absolument unique : l'absence presque généralisée de ruines. D'après les témoignages et les estimations des spécialistes, la vague avait une hauteur pouvant atteindre 10 mètres à certains endroits et avançait à la vitesse de 20 à 30 km/h ; c'est donc par une pression constante qu'elle a pu entraîner autant de dégâts, et seules les constructions les plus solides (notamment les mosquées) lui ont résisté. Mais lors du reflux, cette énorme vague a pris avec celle tout ce qu'elle avait entraîné. Le tsunami a littéralement englouti villes et villages dans la mer, comme une sorte de monstrueux prédateur marin ; les images aériennes montrant des villages totalement plats, avec des rectangles blanchâtres indiquant les fondations des maisons détruites, sont les mêmes dans toute la côte nord-ouest de Sumatra. Totalement sidérant.
Au sud-est de Banda Aceh se trouve une grande cimenterie dont les propriétaires sont suisses (voir la photo ci-dessus) ; ce complexe industriel, situé à proximité des côtes, a naturellement souffert du désastre, mais le plus frappant était l'état des petites collines boisées qui se situaient devant lui : on aperçoit exactement le niveau atteint par la vague, à environ 10 mètres au-dessus du niveau actuel de la mer [en fait, ceux qui y sont alles m'ont entretemps dit que la vague faisait environ 30 metres !], puisque tout ce qui se trouve en dessous a été entièrement arraché, alors que les arbres au-dessus sont totalement intacts. Plus au sud, de nombreux villages ont été intégralement détruits à l'exception de leur mosquée ; il est cependant intéressant de relever qu'autour des maisons englouties se trouvent de nombreux palmiers qui, eux, sont parvenus à résister. Les œuvres de l'homme, sur terre ou sur mer, n'en ont pas eu l'occasion : on voit encore de nombreux bateaux, certains assez grands, échoués loin à l'intérieur des terres ou chavirés dans des ports.
C'est uniquement en atterrissant à Calang que j'ai vraiment senti l'odeur des cadavres en putréfaction : des corps sont encore extraits dans cette ville, des habits sont alignés et exposés, dans un périmètre sous le contrôle des Forces armées indonésiennes (3 navires amphibies sont amarrés à cet endroit, voir la photo ci-dessus). Comme nous avons effectué un déchargement rapide, rotor en marche, il m'a été impossible d'aller voir de plus près - et de toute façon je n'en avais pas vraiment envie. Dans des situations telles que celles-ci, la seule chose à faire est de se concentrer sur la mission : c'est ce que les équipages ont fait durant toute l'opération, notamment au début, lorsqu'ils devaient décharger des biens de première nécessité dans des zones entourées de cadavres. Je reviendrai d'ailleurs dans un autre billet sur la pression psychologique endurée par le contingent et sur la manière de gérer les émotions.
Je conclus ici par un dernier point : à Banda Aceh, j'ai vu la fosse commune aménagée en urgence après le tsunami et où repose quelque 40'000 corps. Ce cimetière indistinct ne prend pas beaucoup de place, peut-être 1000 m2. Mais ces chiffres et le désastre qu'ils indiquent contrastent avec le sourire des Indonésiens, ceux qui montent dans les Super Puma avec leurs maigres possessions sur eux, ceux qui continuent de vivre et d'espérer malgré un sort inimaginable, et ceux qui - innombrables - nous font des signes amicaux, que nous soyons au sol ou en l'air, à la vue de nos uniformes et de nos hélicoptères. Ces sourires spontanés et ces mains agitées sont des remerciements que les militaires suisses apprécient vivement - et auxquels ils répondent aussitôt. Il faut espérer que ces images parviendront à supplanter dans leur esprit celles des ravages déclenchés deux mois plus tôt.
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25 février 2005
L'opération aérienne suisse
SABANG - La raison d'être de la Task Force SUMA est le transport aérien au profit du HCR ; un transport de personnes et de matériel que l'urgence de la situation et la détérioration des voies de communication normales rendent essentiel. C'est la chose qu'il faut voir pour mesurer l'engagement du contingent : les rotations des hélicoptères Super Puma suisses dans l'espace aérien indonésien, en portant l'inscription UNHCR sur leurs flancs, et ceci entre leur base principale de Medan et la partie nord de Sumatra, qui comprend notamment les villes de Banda Aceh, Meulaboh, Lamno et Calang, ainsi que l'île de Sabang - où les premières lignes de ce billet ont été rédigées.
Les équipages de la TF SUMA quittent l'hôtel entre 0630 et 0645, après avoir pris leur petit-déjeuner ; ils se rendent à l'aéroport dans les taxis loués en permanence par le contingent, dans une circulation déjà intense malgré l'heure plutôt matinale. Dans le hangar utilisé par le contingent suisse se trouvent les responsables des opérations et de la maintenance aériennes, qui briefent rapidement pilotes et soutiers sur les particularités de la journée. Il s'agit également d'embarquer les passagers et le matériel éventuel ; hier à Medan (soit le 24.2), 2 membres de la Direction pour le Développement et la Coopération (DDC) sont montés dans le Super Puma T-314 avec plusieurs tentes devant être transportées à Banda Aceh, qui reste le point logistique central pour les opérations d'aide humanitaire.
A son arrivée sur l'aéroport militaire de Banda Aceh, qui ne connaît plus aujourd'hui que des mouvements aériens réduits, l'équipage du Super Puma reçoit les directives d'un responsable du HCR concernant les transports de la journée. Ces transports sont à présent essentiellement consacrés aux personnes, qui sont soit des réfugiés et personnes déplacées, soit des employés de l'ONU ou d'ONG, mais le besoin en matériel existe encore ; ce matin, par exemple, la première tâche du T-314 a consisté à transporter 1 employé du HCR et 1 tonne d'eau - en cartons de 12 bouteilles - de Banda Aceh à Lamno. Le HCR assure la disponibilité des personnes et des biens à transporter, ainsi que celle du personnel militaire indonésien nécessaire au chargement (même si les militaires suisses, y compris le soussigné, s'en occupent également).
En-dehors de Banda Aceh, où le plein est promptement fait par le personnel de l'aéroport (et sans paiement en argent liquide, grâce à un arrangement bienvenu), les pilotes laissent tourner les rotors du Super Puma : cela accélère le chargement et permet de gagner suffisamment de temps pour effectuer 1 à 2 rotations supplémentaires dans la journée. Dans tous les cas, il est nécessaire de constamment surveiller la population environnante, et notamment les enfants, afin d'éviter que quelqu'un ne vienne à portée des rotors - un membre de la sécurité militaire est embarqué dans chaque hélicoptère pour cette tâche, et fait donc équipe avec les 2 pilotes et les 2 soutiers. Après une pause de midi assez brève (moins de 30 minutes), l'équipage poursuit les rotations jusqu'à environ 1600, heure à laquelle il met le cap sur l'île de Sabang pour y passer la nuit.
C'est la particularité très judicieuse des opérations aériennes suisses : l'hélicoptère qui décolle de Medan le matin pour joindre Banda Aceh, et qui effectue de ce fait un trajet d'environ 1h45, reste le soir sur l'aérodrome militaire au centre de Sabang, à 10 minutes de vol de Banda Aceh - afin de gagner du temps le lendemain et d'accomplir davantage de transports. L'Armée de Terre française a progressivement installé un camp militaire à Sabang, où les équipages suisses disposent d'une tente et peuvent s'appuyer sur la logistique française (celle-ci est toutefois en diminution rapide, le contingent français ayant déjà commencé à quitter la place). Et au terme du deuxième jour de vol, l'équipage rejoint Medan pour prendre un congé d'un jour bien mérité, après avoir volé entre 14 et 16 heures dans les dernières 48 heures.
Il faut souligner que les Suisses sont les seuls à pratiquer un tempo opérationnel aussi élevé ; j'ai par exemple observé un hélicoptère de la marine espagnole, cet après-midi à Banda Aceh, qui est resté en plan sans aucune activité apparente pendant une heure et demie. Ces opérations aériennes prolongées imposent une usure considérable sur le personnel et sur le matériel, de sorte que les équipages sont totalement crevés au terme du deuxième jour (la température de 35° vécue ces jours n'arrange pas les choses !), alors que les hélicoptères exigent une attention soutenue. De plus, Sabang constitue un vrai camp militaire, puisqu'il s'agit de passer la nuit sous tente avec la protection des filets antimoustiques, en bénéficiant des lavabos, des douches et des toilettes mobiles installés par les Français. Une certaine habitude est nécessaire pour avoir une bonne nuit de sommeil !
Le retour à Medan constitue la dernière étape de la journée, un vol rectiligne qui pourrait sembler anodin, mais qui ne met pas les équipages à l'abri des dangers : cette semaine encore, un Super Puma a dû faire des manœuvres d'évitement d'urgence (obligeant à incliner brusquement l'appareil de 90°) après que ses pilotes ont constaté que des cerfs-volants atteignant l'altitude de 200 mètres se trouvaient exactement sur leur route ! Après l'atterrissage, l'appareil est pris en charge par l'équipe technique restée sur place et immédiatement démonté pour effectuer les tâches d'entretien nécessaires. Les pilotes, pour leur part, se rendent au débriefing et expliquent aux responsables des opérations (S3 et chef dispatch) les points importants de la journée. Le deuxième Super Puma ayant volé durant celle-ci, se pose donc à Sabang ; en cas de besoin, l'équipage peut contacter Medan à tout instant grâce à un téléphone satellitaire.
Venant de rentrer d'un tel engagement de 2 jours, je me suis contenté ici de décrire l'activité des militaires suisses. Il y a bien entendu nombre d'autres choses à dire et à raconter, mais cela devra attendre un brin. En espérant que les connexions disponibles ici me permettront de mettre en ligne quelques unes des nombreuses photos que j'ai prises !
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24 février 2005
Un crépuscule islamique
MEDAN - En début de soirée, après un téléphone avec Berne via mon GSM personnel, j'ai pris 20 minutes pour rester sur le toit de l'hôtel et écouter les incantations vibrantes des muezzins, retransmises par les haut-parleurs saturés des minarets les plus proches. Medan est une ville multiconfessionnelle, qui rassemble une grosse moitié de musulmans avec des chrétiens, des hindouistes et des bouddhistes ; de ce fait, les femmes portant le foulard sont rares, la consommation d'alcool est libre, et le nouvel arrivant tel que moi ne perçoit pas ces tensions exacerbées qui caractérisent les sociétés fracturées par la religion. Ce mélange d'influences occidentales, arabes et chinoises que connaît l'Indonésie est d'ailleurs très bien représenté à Medan.
Malgré cela, il est difficile de ne pas écouter les appels à la prière des mosquées sans se dire que les mêmes appels, venant des mêmes mosquées et chantés avec la même passion résonnent dans d'autres régions du monde comme des appels au meurtre de masse. Il y a une telle exaltation, une telle soumission à Dieu, une telle proclamation de sujétion humaine dans ces ondulations vocales à la fois plaintives et ferventes que j'en ai eu des frissons. Les hommes qui entachent la foi islamique des crimes monstrueux commis en son nom en sont peut-être responsables, mais écouter aujourd'hui les muezzins a généré en moi comme un kaléidoscope d'images - un désert balayé par le vent et la solitude, un avion de ligne qui s'écrase dans un gratte-ciel, un soleil ardent qui force à cligner des yeux, une ceinture d'explosifs qu'une main crispée met à feu, une ville antique réduite à l'état de ruine, ou encore un regard halluciné sur un voile noir comme la mort.
Le mysticisme est l'ennemi irréductible de la raison, et des haut-parleurs déversent à pleins décibels 5 fois par jour l'expression mystique par excellence : l'adoration de Dieu. En comparaison, les cloches des églises chrétiennes qui rythment nos contrées helvétiques ne sont qu'un appel symbolique et dépassionné. Cependant, les gens d'ici sont la preuve vivante qu'il est possible de faire la part des choses, de respecter une expression à mon sens outrancière d'une foi effectivement digne de respect, tout en autorisant la poursuite d'activités contraires. Durant la prière, les rues de Medan ne sont pas mortes, simplement un peu moins animées, moins sillonnées par ces deux-roues pétaradants qui semblent par ici le moyen de transport préféré - si possible à deux, sans casque, et le passager en amazone. Si l'on peut désespérer des êtres divins, ou du moins de l'idée que d'aucuns s'en font, on ne peut pas désespérer des êtres humains. La finitude est source de bon sens.
Tout ceci n'a certes pas un rapport direct avec la mission d'aide humanitaire que remplit le contingent dans lequel je suis intégré. Encore que l'on puisse penser différemment : lorsque nous sommes arrivés à Singapour, un employé de la sécurité de l'aéroport m'a rapidement demandé d'où je venais, où j'allais et ce que je faisais ; lorsque je lui ai dit que je partais pour Medan afin de rejoindre le contingent suisse venant en aide aux victimes du tsunami, il s'est immédiatement lancé dans une déclaration passionnée pour dire sa surprise à voir des chrétiens aider des musulmans alors que, musulman lui-même, il ne voyait aucune aide concrète, aucun contingent militaire, aucun moyen lourd provenir des riches nations arabes. Même sans apprécier la représentativité ou non de ces propos, ceux-ci m'ont immédiatement rappelé le contexte stratégique de l'opération SUMA : un déploiement dans le plus grand pays islamique du monde, en portant la croix blanche sur tous nos uniformes, et en accomplissant collectivement un acte de générosité hautement apprécié - et donc hautement séducteur. La concurrence des cultures est une réalité de notre ère.
En même temps, les Suisses passent un peu pour des êtres étranges et déconcertants aux yeux des Indonésiens. L'hôtel dans lequel nous résidons est caractérisé par un nombre impressionnant d'employés inactifs, et probablement inutiles, qui passent leurs journées à attendre, à marcher lentement ou à regarder en souriant ces Occidentaux toujours pressés. Deux employés travaillant à la rénovation d'une porte d'ascenseur ont consacré une après-midi entière à poser trois plaques de marbre mesurant 20 cm chacune ; je le sais, parce que j'ai repassé au moins 10 fois dans le couloir à force de demander sans succès la carte trouée ouvrant la porte de ma chambre à la réception, bien avant que les employés de celle-ci ne se rendent compte qu'elle avait été déposée par eux-mêmes au mauvais emplacement. Il existe un véritable choc culturel entre les Suisses précis, exigeants, organisés, efficaces en diable, et les Indonésiens placides, impénétrables, souriants et un peu décontenancés. Perdre son calme est aussi mal vu dans ce pays qu'arriver en retard au travail l'est chez nous. La maîtrise du temps est une force.
C'est probablement la raison pour laquelle les Indonésiens ne cèdent que marginalement au fanatisme religieux. Je verrai bien demain dans la province d'Aceh comment l'influence wahhabite modifie les apparences et les comportements, mais ce territoire ne représente qu'une périphérie dans ce pays aux 700 ethnies et aux 150 langues. Seules les réserves en hydrocarbures, et le détroit de Malacca tout proche, expliquent son importance. Le crépuscule islamique que j'ai brièvement vécu dans une chaleur rougeâtre et vaguement oppressante ne devrait pas être l'avenir de cette région.
Posted by Ludovic Monnerat at 0h16 | Comments (4) | TrackBack
23 février 2005
La conduite au quotidien
MEDAN - Le contingent suisse effectue aujourd'hui des transports aériens normaux, dans toute la partie nord de Sumatra, comme il le fait depuis le 18 janvier dernier ; la particularité de ces vols est qu'ils se déroulent systématiquement à pleine charge ou presque, et qu'ils durent toute la journée : les Suisses sont les seuls dans toute l'île à remplir des prestations aussi élevées, et d'autres contingents se contentent ou se sont contentés de faire voler leurs hélicoptères largement à vide et un petit nombre d'heures par jour. Cette efficacité, qui rend la contribution des mécaniciens absolument décisive, exige également du HCR la capacité de centraliser et de charger rapidement les personnes et les équipements à transporter. D'un autre côté, les équipages et leurs appuis sont en mesure de se concentrer exclusivement sur leur mission de transport aérien grâce au travail de l'état-major de la TF SUMA, qui compte 11 officiers.
Le rapport de cet état-major constitue donc l'outil de conduite principal du commandant du contingent (NCC en langage international, pour national component commander) ; il a lieu tous les jours à 0800, sauf le dimanche où il se déroule dès 0900, et permet de traiter la rétrospective et la perspective des domaines de base d'état-major représentés (personnel, renseignements, opérations, etc.). La TF SUMA travaille en effet 7 jours sur 7, et est en activité environ 18 heures sur 24 ; pour tenir ce rythme, les pilotes volent 2 jours successivement avant de prendre 1 jour de repos, et ainsi de suite. Mais l'état-major, fort logiquement, doit travailler en permanence pour assurer la transmission des informations, l'analyse des renseignements, l'appui à l'engagement (c'est-à -dire la logistique) - bref toutes les fonctions que l'on attend d'une formation interforces engagée dans une mission relevant d'une urgence humanitaire.
Le poste de commandement de l'état-major est établi dans une salle de conférences climatisée, au sein de l'hôtel où est basée le contingent. Les officiers d'état-major qui y travaillent en permanence ou presque y ont un bureau, alors que le centre de la salle est aménagé pour accueillir les rapports. Je viens moi-même de passer l'essentiel de la journée au PC, puisque j'ai pris connaissance de tous les ordres et rapports importants liés à la mission - ce qui remplit presque entièrement 4 classeurs fédéraux ; une tâche indispensable pour avoir la vue d'ensemble sur les échanges d'informations entre Medan et Berne, et donc sur les conditions de l'engagement à l'échelon opératif (état-major de conduite de l'armée) et tactique (TF SUMA). A ce sujet, il faut cependant relever que la TF joue bien davantage qu'un rôle militaire, mais contribue notamment à appuyer la politique étrangère suisse - en étroite coordination avec l'ambassadeur suisse en Indonésie et la Direction pour le développement et la coopération (DDC).
Bien que le contingent n'est pas armé, le fait d'opérer avec des moyens militaires sur le territoire d'un Etat souverain et dans le cadre d'une aide humanitaire multinationale mobilisant un grand nombre d'organisations forme en effet une situation complexe, dans laquelle les conséquences politiques, diplomatiques voire économiques des décisions militaires doivent être constamment soupesées. La présence suisse en bien acceptée en Indonésie, parce que le cadre de notre engagement est clair (appui subsidiaire du HCR), parce que notre mission est dépourvue d'arrière-pensées (même si nous savons fort bien qu'elle est pour l'armée l'occasion de rappeler au public ses capacités uniques et essentielles), parce que nos hommes ont l'ordre d'être discrets et respectueux des coutumes locales, et parce que les Suisses ont sans aucun doute la modestie et le sens pratique que la situation exige. D'ailleurs, les Indonésiens nous témoignent fréquemment leur intérêt, en nous interpellant grâce à nos plaquettes nominatives. Hello, Mr Monnerat, I like the Swiss !
Un peu plus d'un jour après mon arrivée à Sumatra, l'acclimatation va bon train. Le décalage horaire de 6 heures a été digéré ; la chaleur n'est plus aussi étouffante, même si sortir d'une pièce climatisée vous donne à chaque fois l'impression d'entrer dans une piscine couverte surchauffée en plein hiver ; les chambres sont particulièrement bien isolées du bruit et de la chaleur, même si le muezzin le plus proche m'a évidemment réveillé avec ses "Allah Akbar" retentissants sur le coup de 0520 (il paraît que l'on s'y habitue, un peu comme le train). A ce rythme, il sera temps demain de quitter la ville de Medan pour voir concrètement l'application des capacités aériennes militaires dans une zone sinistrée, et se faire une idée complète de la mission. En redoublant l'application de la protection contre le soleil et les insectes, naturellement !
Posted by Ludovic Monnerat at 11h53 | Comments (2) | TrackBack
L'introduction se poursuit
MEDAN - S'insérer dans un contingent qui travaille d'arrache-pied ne se fait pas en deux coups de cuiller à pot : c'est uniquement en discutant avec les cadres et les spécialistes déployés que l'on parvient à se rendre compte des tâches effectuées, des défis relevés, des coordinations assurées et des problèmes résolus - processus auquel je m'emploie activement depuis cet après-midi. Toute la problématique des rotations de personnel, au niveau individuel et en cours d'opération, est un domaine relativement neuf qu'il s'agit d'appréhender. L'arrivée de militaires frais est uniquement positive si ceux-ci sont en mesure de rapidement augmenter les capacités du contingent, respectivement remplacer les membres sur le départ. Aujourd'hui et demain devraient me permettre d'intégrer pleinement l'état-major et de voir concrètement l'activité de la composante aérienne, avant de commencer à aller dans le terrain, c'est-à -dire la province d'Aceh, et notamment de mesurer l'ampleur du cataclysme qui a rendu nécessaire cette opération militaire.
L'un des domaines sur lequel aucun délai n'est tolérable dans l'application est bien entendu celui de la santé. Afin d'éviter les nombreux dangers en ce domaine, un certain nombre de principes sont appliqués par tous les membres du contingent : prise d'antibiotiques sur une base quotidienne et de répulsifs anti-insectes toutes les 4 à 8 heures afin de prévenir la malaria ou la dengue ; consommation uniquement de boissons en bouteille, sans aucun glaçon (si possible !), et uniquement de produits cuits ou pelés, avec une désinfection des mains une fois par jour ; emploi minimum de l'eau du robinet (celle des douches est bizarrement de meilleure qualité), et non emploi systématique de verres ; prise régulière d'eau, indépendamment de la soif, avec des bouteilles nominatives. Jusqu'ici, le contingent a pu éviter tout cas sanitaire grave par le biais de ces mesures. Et cela n'empêche pas de savourer la nourriture indonésienne qu'un amateur de gastronomie orientale comme moi ne peut manquer de déguster avidement, à des prix étonnamment bas (un repas complet et excellent pour 40'000 roupies, soit environ 6 francs).
L'état d'esprit du contingent est lui aussi un aspect central. Tout ici est centré sur la mission, sur l'efficacité de l'action dans le cadre des objectifs fixés (opération subsidiaire d'aide humanitaire au profit du Haut Commissariat des Réfugiés de l'ONU). L'urgence de la situation, qui commence seulement ces jours à diminuer sérieusement, a multiplié la motivation du personnel militaire et contribuer à développer des facultés d'adaptation, d'innovation mais aussi de patience (le temps n'a vraiment pas la même notion ici qu'en Suisse !) sur lesquelles reposent le succès. Ce type d'engagement réel et exigeant, malgré les risques sécuritaires très bas qui justifient l'absence d'armement des soldats, confronte ainsi chacun à la réalité et obligent à appliquer avec sérieux et précision les processus de la conduite militaire, tout en étant attentif aux aspects humains. Le fait de mettre gratuitement à disposition chaque soir 2 téléphones satellitaires aux membres du contingent est un exemple de mesure qui soutient le moral, qui réduit l'effet de l'éloignement (3 postes Internet sont disponibles, avec un débit cependant réduit ; et si le GSM fonctionne, son coût peut rapidement s'avérer rédhibitoire).
Autrement dit, l'opération SUMA est pour l'armée une occasion idéale de démontrer son savoir-faire et ses capacités opérationnelles en faisant une œuvre immensément utile, mais aussi de tirer des leçons en matière de personnel, de conduite, de structures, d'instruction, de doctrine, de processus et d'équipement, et donc de s'améliorer de manière drastique en fournissant constamment des prestations de haut niveau au service de la politique du Conseil fédéral. Rien ne remplace cela. Même si plusieurs exercices d'état-major pratiqués avant cette opération ont permis de cerner les solutions que celle-ci a concrétisées. D'ailleurs le succès évident de cette opération augmente la probabilité de rééditions : si l'armée suisse est en mesure de déployer en Indonésie une capacité de transport aérien à voilure tournante en 10 jours, et de l'exploiter pendant 40 jours au profit du HCR, il va de soi que ce dernier ou d'autres instances onusiennes vont songer plus souvent à y faire appel.
J'aurai l'occasion ces prochains jours de constater par moi-même l'étendue de ces capacités, au lieu d'en prendre connaissance en écoutant le commandant du contingent et ses principaux adjoints ou en assistant au débriefing des pilotes pratiqué chaque jour. Mais chaque chose en temps : pour l'instant, il est 2240 à Medan, soit 1640 en Suisse, le murmure un peu rauque de la climatisation tranche sur le calme de ma chambre, que je partage avec un officier spécialisé dans les transmissions, et il est sans doute judicieux de refermer ici ce carnet pour s'accorder un brin de repos. Bonne nuit !
Posted by Ludovic Monnerat at 1h07 | TrackBack
22 février 2005
Dans une piscine géante
MEDAN - Avec un brin de retard, dû à une impressionnante file d'attente d'avions de ligne à Singapour, le détachement est arrivé vers 0900 ce matin à Medan, la ville géante (2,5 millions d'habitants) où est basée la Task Force SUMA. Les formalités administratives ont été réglées assez rapidement, largement grâce aux contacts sur place du responsable de la logistique du contingent (NSE : National Support Element), mais aussi parce que les militaires suisses en Indonésie font l'objet d'un accord entre Gouvernements qui leur confère un statut diplomatique. Ensuite, c'est le déplacement de l'aéroport à l'hôtel qui loge le contingent, le briefing d'introduction donné par le commandant - colonel EMG Yvon Langel - et son état-major (dont je fais désormais partie), puis 3 heures de sommeil bien méritées pour encaisser le décalage horaire. Et le travail commence !
L'arrivée à Medan produit immanquablement un choc. En premier lieu, la chaleur : même si elle avoisine seulement 30°, l'humidité épaisse génère en permanence un effet de sauna, ou plus exactement de piscine ; la même impression qu'autour de bassins surchauffés, l'odeur du chlore en moins. Ensuite, la circulation totalement chaotique, rendue déconcertante par le fait que les Indonésiens roulent à gauche (en règle générale) et ne respectent aucune priorité ; en même temps, le trafic est très fluide et les accidents miraculeusement rares. Sur le bref trajet depuis l'aéroport (environ 10 minutes), notre véhicule a failli en emboutir 2 autres, mais cela ne semble troubler personne. Enfin, la présence toute proche d'une mosquée produit à intervalle réguliers les mélopées caractéristiques du monde musulman : les appels des muezzins, qui se croisent et rebondissent au gré des hauts-parleurs.
Comme l'a annoncé le Conseil fédéral, la mission de l'armée suisse à Sumatra touche à sa fin : les vols s'arrêteront le 27 février. Cela dit, les Super Puma font quotidiennement des navettes dans toute la partie nord de l'île, à raison de 2 appareils engagés - l'un à partir de Medan, l'autre à partir de Sabang, au nord de Banda Aceh, en rotation afin de maximiser la capacité de transport - pendant que le 3e Puma subit des travaux de maintenance. Comme chaque hélicoptère vole en moyenne environ 8 heures par jour, dans des conditions climatiques difficiles pour les machines (pour les hommes aussi, évidemment), cela impose une attention particulière aux équipages et au personnel basé au sol. Limitée à 50 militaires, la TF SUMA emploie pleinement chacun d'entre eux. L'esprit de corps bénéficie naturellement du rythme élevé des activités.
L'hôtel utilisé par le contingent suisse a l'immense avantage d'être partiellement climatisé : le poste de commandement et les chambres permettent de travailler et de vivre dans des conditions normales dès lors que l'on reste dans son périmètre. J'attends naturellement de sortir de celui-ci pour m'exprimer au sujet des conditions dans leur ensemble. En revanche, un point semble d'ores et déjà évident : les Indonésiens sont dans leur grande majorité amicaux, souriants et curieux. Déjà , les comportements - verbaux ou non - à l'aéroport de Singapour montraient un intérêt bien plus grand pour ces militaires suisses qui défilent avec des uniformes verts, bruns et noirs, et le vol Silk Air pris de Singapour à Medan a encore renforcé cette impression. Le personnel à Singapour n'a d'ailleurs pas été très rigoureux dans son contrôle, puisque chaque membre du détachement ne cessait de biper au contrôle individuel ! Apparemment, le petit pansement individuel (PPI) est un objet particulièrement dangereux : j'ai dû m'expliquer quelque peu au sujet de sa fonction!
La suite dans quelques heures.
Posted by Ludovic Monnerat at 12h28 | TrackBack
Un voyage dans le temps
QUELQUE PART AU-DESSUS DE L'INDE - Les vols intercontinentaux sont vraiment l'une des expériences marquantes de notre ère, une situation qui ramène chacun à sa frêle dimension d'être humain, suspendu au flux puissant de 4 réacteurs gigantesques à 11'000 mètres d'altitude. Tout à l'heure, je me suis penché au hublot de l'une des portes d'entrée, et j'ai aperçu distinctement la frontière indo-pakistanaise, ligne brisée et parsemée de lumières oranges ; le Boeing 747-400 de Singapour Airlines qui emmène les 8 militaires suisses venant renforcer le contingent déployé à Sumatra vole à plus de 1000 km/h dans la nuit, et les grandes villes avec leurs artères forment autant d'arabesques lumineuses. La technologie n'est pas ennemie de la poésie.
Nous avons décollé avec un peu de retard, vers 1245, à Kloten. Prendre l'avion en uniforme reste un excellent moyen pour attirer l'attention ; mais alors que la foule se retourne sur le passage des militaires américains sillonnant les aéroports des Etats-Unis, et fréquemment les applaudit pour leur service, les militaires suisses en partance pour Medan suscitent au mieux des regards curieux ou surpris, comme s'ils troublaient une normalité rituelle. Evidemment, il se trouve toujours quelques citoyens helvétiques pour lorgner longuement mes insignes de grade, comme c'est le cas dans les gares. Mais nous aurions tout aussi bien pu partir en vacances au lieu de s'engager dans une mission d'aide humanitaire qui sauve des vies, et la reconnaissance se fait pour le moins discrète.
Pour l'heure, il faut cependant admettre que des vacances ne seraient pas nécessairement très différentes. Certes, chaque militaire du contingent a subi une fouille corporelle, puisque l'uniforme comporte assez de métal pour faire biper les détecteurs même les moins suspicieux ; j'ai même dû y passer deux fois, puisque j'ai fait un aller-retour pour m'assurer de la présence de tous à l'heure, et pour régler des formalités de douane. En revanche, voyager en business class sur Singapour Airlines forme des conditions de déplacement particulièrement confortables. Comme à l'accoutumée, ces vols ont été réservés par le Département fédéral des affaires étrangères, qui centralise et coordonne les voyages des employés gouvernementaux, mais leur choix s'avère particulièrement judicieux.
En parallèle d'un repas savoureux, j'ai profité du temps à disposition pour commencer à lire un ouvrage qui traîne depuis trop longtemps sur ma pile de lectures en attente : The Sling and The Stone, du colonel T. X. Hammes des US Marines. Il s'agit de l'un des penseurs les plus brillants dans le domaine des conflits dits de la 4ème génération, et son propos central - les conflits symétriques de haute intensité cèdent inévitablement la place à des conflits asymétriques, déstructurés et de basse intensité - est en accord avec une grande part de mes convictions. Après avoir dévoré un tiers du livre (qui ne compte certes que 300 pages), force est de constater que son argumentation est très solide : son étude détaillée des stratégies mises en œuvre par Mao, par Ho Chi Minh puis par les Sandinistes montre exactement comment le faible peut s'adapter et vaincre le fort.
Hammes n'hésite ainsi pas un seul instant à démolir sans pitié la pensée officielle du Pentagone, qui tend encore et toujours à faire de la technologie la réponse à tous les défis ; en montrant que la pensée militaire doit se pencher sur les conflits futurs et les réponses à leur apporter, au lieu de se concentrer sur l'emploi optimal de technologies nouvelles, il met le doigt sur une faiblesse majeure de la culture stratégique américaine - et contribue ainsi à la corriger, à ouvrir les yeux de ses lecteurs, à mieux préparer les militaires américains. En même temps, la focalisation sur le XXe siècle n'est pas une bonne perspective pour mesurer la constante et la complémentarité, depuis Sun Zu, du conventionnel et du non conventionnel, du symétrique et de l'asymétrique, de la droite et de la courbe.
C'est une pensée qui m'est venue samedi soir, en pataugeant dans la neige prévôtoise sur le chemin me ramenant chez moi : notre séparation des missions de l'armée entre engagement subsidiaire (coopération dans mon vocabulaire, ou contributions d'appui selon les bases doctrinales 2012), sûreté sectorielle (contention, ou maîtrise de la violence) et défense (coercition, ou emploi de la force) ne doit pas cacher le fait que ces 3 fonctions sont toujours présentes dans chaque mission. Même en temps de paix, n'importe quel soldat a le droit - et le devoir - de faire usage de son arme en cas de menace sur lui-même ou un tiers, au besoin en tuant autrui. Même en temps de guerre, n'importe quelle armée doit appuyer les autorités civiles de son secteur d'engagement et aider la population (à l'automne 1944, la pénurie d'essence qui frappait les armées alliées était largement aggravée par le fait que de nombreux moyens de transport étaient utilisés pour approvisionner la population parisienne !). C'est bien l'importance de chaque fonction qui évolue selon la situation.
Après avoir refermé mon livre et prolongé un instant ces réflexions, j'ai décidé de profiter des installations offertes à chaque passager - dont un siège merveilleusement inclinable - pour revoir le film Master and Commander, dans lequel Russell Crowe incarne un capitaine de frégate britannique chargé d'intercepter un navire français plus rapide et plus puissant que le sien. C'est une impression très particulière que d'être pris dans les vagues et les combats de l'Atlantique Sud au début du XIXe siècle tout en ressentant les légères turbulences d'un Boeing du XXe siècle qui fonce vers l'Océan Indien ! Il y a presque un côté irréel, comme je l'écrivais au début de ce billet, à être ainsi suspendu à un gigantesque avion qui remonte le temps - en le faisant défiler 2 fois plus vite : il est 1933 à ma montre, mais nous sommes au centre de l'Inde, et il est en fait 0003 (les fuseaux horaires ne font pas dans la simplicité). Vivement la suite !
Posted by Ludovic Monnerat at 4h33 | Comments (1) | TrackBack
Arrivee a Singapour
Je profite d'un passage expeditif a Singapour pour signaler que le vol s'est tres bien deroule, et que l'on s'apprete a embarquer pour l'Indonesie. Malheureusement, les bornes Internet de l'aeroport singapourien ignorent largement les accents... Il faudra s'adapter !
Posted by Ludovic Monnerat at 0h36 | Comments (1) | TrackBack
21 février 2005
Le grand départ !
Cette fois, fini de rire ! Après avoir passé quelques heures à préparer des bagages invraisemblablement chargés, passé et repassé la checklist des objets à ne pas oublier, il est temps de prendre le cap de l'aéroport et de s'embarquer pour l'Indonésie. D'ores et déjà , je remercie celles et ceux qui m'ont souhaité bonne chance et plein succès pour cette mission, et j'espère pouvoir régulièrement décrire sur ce carnet des événements, des aperçus et des impressions dignes d'intérêt.
Mon paquetage est plus lourd et volumineux que d'habitude : j'emmène un sac dorsal de combat 90, un grand sac de transport estampillé Swiss Army et une sacoche transportant mon ordinateur militaire, mais aussi une grande caisse-valise sur roulettes (fruit d'un essai avorté, et existant à l'état de prototype unique) dans laquelle je transporte - privilège du chef de détachement - une grande quantité d'objets divers et de médicaments commandés par le contingent sur place. On verra ce que les fonctionnaires à la douane en diront ; pour ma part, je serai particulièrement satisfait de livrer cette valise surchargée à ses destinataires et m'en débarrasser une fois pour toutes !
Le fait de partir en mission pour un pays tropical pose plusieurs questions de détails plutôt amusantes. Il convient certes de porter la veste thermique 90 jusque dans l'avion, sous peine de risquer le refroidissement, mais qu'en faire par la suite ? Faut-il mettre des souliers chauds, au risque d'être bien embarrassé à l'arrivée (surtout si des bagages s'égarent), ou au contraire mettre des souliers légers qui ne seront guère adaptés à la neige helvétique ? Grand voyage, petites préoccupations ! Au moins, j'ai réussi à ne pas placer mon couteau suisse dans sa poche règlementaire : je doute que les contrôles à l'aéroport apprécient ce type d'équipement...
L'heure de descendre à la gare approche. A bientôt !
Posted by Ludovic Monnerat at 6h48 | TrackBack
19 février 2005
Une journée bien remplie
Impossible aujourd'hui de consacrer la moindre minute à ce carnet. Tout d'abord, j'ai passé une bonne part de la matinée à préparer et à effectuer des achats en vue de mon séjour en Indonésie, dont un appareil photo numérique très compact, et divers objets bien pratiques, comme des chaussettes médicales censées absorber une transpiration abondante des pieds (et ceux-ci, à en croire nos camarades sur place, sont soumis à rude épreuve). Plus inhabituel : un officier à Medan m'a demandé de lui ramener une bouteille dont je tairai le nom et la nature ; j'ai sillonné quelques rayons avant de mettre la main dessus.
A midi, j'ai eu droit à un repas de famille, mes marraine et parrain étant venus spécialement de Genève pour me voir avant mon départ. Peu après, je suis allé mettre mon uniforme - la tenue de sortie, en fait - afin d'aller à Reconvilier pour présenter un exposé sur le Swiss Raid Commando à l'ASSO Reconvilier et environs ; j'ai naturellement partagé un repas au demeurant excellent avec les membres de cette société dynamique. On notera d'ailleurs que pour éviter de donner des informations classifiées à la patrouille de la société qui participera au SRC 05, j'ai montré des cartes avec des emplacements de postes totalement fictifs - et annoncés comme tels !
De retour à mon domicile, je ne vais pas tarder à aller au lit, puisque je me lève de plus en plus tôt pour anticiper le décalage horaire de 6 heures entre la Suisse et Sumatra. Mais je serai davantage présent demain...
Posted by Ludovic Monnerat at 22h22 | Comments (2) | TrackBack
18 février 2005
De retour dans le Jura
Après une journée marquée par de nombreux préparatifs en vue de mon déploiement à Sumatra, et par des tâches supplémentaires liées au fait que j'ai l'honneur d'être responsable du petit détachement qui partira la semaine prochaine, me voici de retour dans mon Jura joliment enneigé. Je suis sûr que cette neige va assez rapidement me manquer...
Posted by Ludovic Monnerat at 19h04 | Comments (1) | TrackBack
17 février 2005
Des neiges alpines à l'équateur
Il peut sembler ironique de braver un vent glacé et longer des congères dures comme du béton, tout en admirant des montagnes enneigées, afin de se rendre dans une caserne où l'on prépare la participation à une opération militaire qui se déroule non loin de l'équateur, dans une température et une humidité suffocantes. Une différence thermique de 40° C, soit de -5° C à +35° C, conjuguée à un taux d'humidité avoisinant les 100%, nécessitent apparemment une acclimatation d'au moins une semaine. De plus, l'Indonésie est actuellement en pleine saison des pluies, et il ne se passe pas un jour à Sumatra sans qu'une averse tropicale ne s'abatte et génère un effet de sauna des plus désagréables. Voilà qui promet des journées réjouissantes, sur lesquelles je pourrai discourir plus longtemps dès que j'aurai le temps et l'autorisation explicite de le faire convenablement !
Posted by Ludovic Monnerat at 21h04 | Comments (2) | TrackBack
16 février 2005
En Suisse centrale
Les billets se feront rares aujourd'hui et jusqu'à vendredi : je suis actuellement à Stans, en vue de recevoir demain les informations et l'instruction nécessaires à mon déploiement en Indonésie. Si tout se passe bien, je devrais décoller lundi pour le début de la mission... J'espère pouvoir vous tenir au courant autant que possible de cette expérience.
Posted by Ludovic Monnerat at 19h46 | Comments (3) | TrackBack
11 février 2005
Un passage aux cours EMG
Donner des conférences à un public de qualité, même fatigué, est toujours un plaisir rare. Parmi les 30 participants du stage de formation d'état-major général II qui m'ont écouté pendant 2 heures, j'ai vu bien des traces d'épuisement - à force de travailler plus de 15 heures par jour - mais aussi une attention souvent soutenue et ces réactions qui montrent l'intérêt à découvrir les idées que je leur ai exposées. La prospective est l'un de mes domaines de prédilection, et décrire la menace future - pourquoi, par qui, comment et avec quoi nous serons attaqués - ainsi que la transformation des armées pour y apporter des réponses à tous les échelons - stratégique, opératif et tactique - est une entreprise des plus passionnantes. En même temps, parler avec intensité, précision et concision reste un exercice intellectuel de premier ordre. Surtout en utilisant des folios en allemand, et en respectant à la minute près le temps imparti - Generalstabsmässigkeit oblige !
A cette occasion, j'ai retrouvé une demi-douzaine d'amis qui en sont à la première semaine de leur stage, et avec lesquels j'ai effectué précédemment des services divers - stage de formation technique I, stage de formation au commandement I (commandant d'unité) et II (commandant de bataillon). Normalement, j'aurais dû revenir à la fin de la quatrième semaine pour faire office d'expert aux « 100 kilomètres de l'esprit » (un exercice sur lequel je préfère garder un brin de discrétion), mais mon départ pour l'Indonésie a rendu cette présence impossible. Malgré cela, il est toujours agréable de retrouver les cours EMG, leur ambiance si particulière, leur forte camaraderie, et de se dire qu'on y était 2 ans plus tôt. Le temps passe vite, mais les souvenirs restent vivaces. Ce n'est pas souvent que l'on s'exclame, en sortant d'une théorie aux alentours de 1600, qu'enfin le cap de la demi-journée est passé !
J'ai profité de mon passage pour proposer au chef d'état-major de l'école une nouvelle conférence, confectionnée durant les vacances de Noël, et intitulée « La vraie puissance - Stratégies du XXIe siècle ». L'article qui fonde cet exposé - j'écris toujours un article au préalable, c'est ce qui permet ensuite de maîtriser le sujet et de s'exprimer librement - sera prochainement publié par la Revue Militaire Suisse, puis mis en ligne sur CheckPoint. Et si j'ai le temps, cet été, je m'emploierai à transformer toute cette démarche en un premier livre!
Posted by Ludovic Monnerat at 21h31 | Comments (1) | TrackBack
Vive la mobilité !
La technologie a vraiment du bon. Je suis en ce moment dans le train entre Berne et Lucerne, où je me rends pour donner deux conférences (la menace future et l'armée nouvelle) au stage de formation d'état-major général II. Et grâce au petit bijou récemment acquis, je reste en mesure de continuer à travailler sur certains dossiers en cours, rendus plus urgents par le fait que mon départ pour Sumatra a été avancé. La connexion GPRS est certes un brin poussive, mais les CFF et Swisscom parviennent à la maintenir sans interruption malgré de nombreux tunnels. En plus, je peux écouter ma musique préférée sur mon ordinateur portable bien que sa batterie était plutôt affaiblie au départ de la capitale, puisque les wagons ont une prise 220 V bien pratique. Le jour où les connexions haut débit seront disponibles aux CFF, ce sera presque parfait !
Posted by Ludovic Monnerat at 14h30 | TrackBack
4 février 2005
De retour de Lucerne
Après un bref crochet par la capitale, me voici de retour dans ma bonne vallée jurassienne. Pas trop fatigué par ces 3 jours de service, puisque nous sommes restés raisonnables dans notre rythme de travail : on a terminé mercredi soir à minuit et jeudi soir à 2300... Les travaux d'état-major sont plus intéressants que plaisants, et sont la condition sine qua non des opérations et des exercices, mais je serais bien en peine de leur trouver un équivalent dans la vie civile.
En tout cas, c'est plus agréable de travailler avec l'ADSL que le GPRS !
Posted by Ludovic Monnerat at 20h13 | TrackBack
3 février 2005
Un bijou technologique
Je profite d'un bref instant de répit dans mes activités militaires, alors que la plaine de Lucerne est dans le brouillard et sous la neige (rien que de très normal, et de toute façon les fenêtres sont closes), pour vous présenter le splendide petit appareil qui me permet d'être connecté à cet instant : un Qtek S100 doté d'une connexion GPRS Swisscom plutôt honnête (6,5 Ko/s constatées en moyenne). En fait, je l'utilise surtout comme modem pour mon ordinateur portable, puisque le Wi-Fi reste loin d'être très répandu dans notre belle Helvétie...
J'en profite pour remercier celles et ceux qui suivent ce weblog depuis sa création, avec un salut particulier pour les participants aux débats lancés sur les commentaires. Durant le mois de janvier, il y a eu en moyenne 241 visites par jour, avec un total de 34982 hits sur l'ensemble des 31 jours, mais aussi et surtout une augmentation constante de l'affluence - avec de nombreux courriers et contacts intéressants. Pour l'instant, l'expérience de ce nouveau média me convient et me convainc, et je compte poursuivre mes activités par ce biais, que ce soit depuis mon domicile, dans une caserne militaire ou aux antipodes !
Posted by Ludovic Monnerat at 9h56 | Comments (3)
2 février 2005
En terre lucernoise
Les mises à jour seront ralenties en cette fin de semaine, puisque je suis actuellement en service à Lucerne, au Centre d'instruction de l'armée, et que les travaux d'état-major sont suffisamment intensifs pour guère me laisser de temps à disposition. Je continue néanmoins à suivre l'essentiel de l'actualité et les commentaires suscités par mes billets...
Posted by Ludovic Monnerat at 15h32 | Comments (1)
13 janvier 2005
De retour d'Ajoie
Après 2 journées de travaux d'état-major aussi longues que 4 journées "civiles", mais passionnantes à tous points de vue, me voici de retour à mon domicile. Le Swiss Raid Commando avance à grands pas, et les inscriptions pour l'édition 2005 sont sur le point d'être ouvertes !
Posted by Ludovic Monnerat at 22h21
12 janvier 2005
Déplacement en terre ajoulote
La mise à jour de ce carnet sera quelque peu ralentie ces deux prochains jours, puisque je suis en service sur la place d'armes de Bure, dans le Jura. Le privilège de porter l'uniforme et de travailler à la planification du Swiss Raid Commando impose un certain éloignement de la toile et de ses informations...
Posted by Ludovic Monnerat at 13h38 | Comments (2)
6 janvier 2005
Une journée de deuil
La Suisse a donc vécu hier un deuil national, en raison des centaines de victimes helvétiques du tsunami, en plus des autres conséquences de la catastrophe. Tous les drapeaux étaient en berne, notamment devant les différents bâtiments du quartier-général de l'armée. Dans l'aile où se trouve mon bureau, une collecte a été organisée pour être versée à la Chaîne du Bonheur. Quelques personnes avaient des amis comptant des disparus dans leur famille, et racontaient la difficulté à affronter le doute et l'incertitude sur leur sort.
En proportion de sa population, la Suisse est l'un des pays les plus touchés par la catastrophe, probablement derrière la Suède ; cela n'enlève rien à l'ampleur du drame vécu par les résidents asiatiques, mais montre qu'un événement tragique survenu à 10'000 kilomètres de notre pays peut avoir des conséquences majeures et directes sur celui-ci. Notre planète rapetisse chaque jour davantage, et l'écrire est déjà devenu un lieu commun.
Puissent toutes ces victimes reposer en paix.
Posted by Ludovic Monnerat at 10h22 | Comments (1)
2 janvier 2005
Queue de poisson aux CFF !
La Suisse a beau être un pays privé d'accès maritime, nos Chemins de Fer Fédéraux font des efforts méritoires pour rapprocher leur clientèle de l'élément aquatique. Après avoir mis en service des trains en forme d'anguille qui donnent le mal de mer, la régie franchit une étape supplémentaire : désormais, ses rames les plus modernes effectuent des parcours décrits en termes complaisamment ichtyoïdes.
J'avais promptement mesuré cette nouvelle dérive sur la ligne Bienne - Berne, où le tourbillon de mes activités professionnelles m'emporte régulièrement, mais j'avais versé ces remous sur le compte de la déferlante germanophone qui accompagne fréquemment les vagues réformatrices au plan national. Cependant, d'autres croisières sur des rivages bien romands m'ont permis de ferrer la chose. Mille sabords !
Observez la cale d'un vaisseau inclinable qui oscille le long de nos lacs, ou celle d'une version à deux ponts, et vous apercevrez peut-être le panneau d'affichage porter les signes suivants : PROCHAINE ARRETE LAUSANNE. De là à affirmer que les CFF se gaussent ainsi de certaines augmentations récentes un brin difficiles à avaler, il y a une palme que je n'agiterai pas. Une affaire pour le moins trouble.
Naturellement, il est possible que nos chemins de fers aient choisi une métaphore hissée du monde aquatique pour diluer un message positif : si chaque ville du pays est une arrête, le réseau ferroviaire forme une ossature solide. Il est toutefois plus probable que le tout ne soit qu'une coquille commise par quelques spécimens aujourd'hui noyés sous les reproches. Si ce sont les mêmes qui ont choisi les rames à tangage, je ne donne pas cher de leurs écailles !
Posted by Ludovic Monnerat at 17h30
1 janvier 2005
Bonne et heureuse année 2005 !
Permettez-moi de brièvement présenter mes voeux de bonheur, de succès et de santé pour l'année nouvelle à ceux et celles qui lisent ces lignes.
J'en profite également pour vous remercier chaleureusement : en 2 semaines, ce blog naissant a reçu plus de 1000 visites, et de nombreux messages de félicitations me sont parvenus par courrier électronique. Ces encouragements me vont droit au coeur.
Que les 12 prochains mois vous soient donc favorables et agréables !
Posted by Ludovic Monnerat at 10h56 | Comments (1)
25 décembre 2004
Pensées de Noël
Les rituels des fêtes de fin d'année, comme la réunion des familles ou des amis les plus proches, sont l'occasion de prendre un peu de recul avec le tumulte de l'actualité, les craintes du changement et les incertitudes de l'avenir. Au-delà de sa signification religieuse, Noël fournit l'occasion de vérifier l'impact du temps, de voir les personnes évoluer, se rapprocher, s'ouvrir ou au contraire s'isoler davantage. Parfois, l'apparition d'une nouvelle personne - en l'occurrence d'un charmant neveu dans mon cas - fournit une perspective toute différente et recentre les pensées!
Regarder un tout jeune enfant s'ouvrir joyeusement à la vie rappelle qu'il y aura toujours un lendemain. Les êtres viennent et passent, mais l'être humain poursuit sa destinée ; chaque génération a peut-être l'impression de sentir le ciel lui tomber sur la tête, mais la signification et l'orientation de ce qui l'entoure dépassent son entendement. Nous sommes tous bardés de certitudes qui peuvent être sources de discordes, ou pire, pour la simple et bonne raison que le doute et l'incompréhension sont trop écrasants. Notre peur de l'inconnu et du vide est aveuglante.
Lorsque l'on s'efforce - comme moi - de s'informer chaque jour afin d'observer le monde, de jauger ses fractures et d'imaginer son avenir, il est facile de perdre de vue certaines vérités sous les éclats de l'instant. Quoi qu'il en soit de nos luttes, de nos entreprises ou de nos espoirs, il y aura toujours un lendemain, parce que la vie ne dépend en définitive pas de nous, de notre envie de perfection, de notre inclination au bonheur. S'engager dans des causes justes est important, mais notre importance dans l'ordre des choses ne doit pas être surestimée.
Parfois, il est bon de se dire qu'un enfant de 5 mois est plus sage que tous les experts, docteurs, porte-paroles, présidents, ministres, entrepreneurs, investisseurs, commentateurs et bien entendu blogueurs de la planète entière. La vie finit toujours par triompher. Il y aura toujours un lendemain.
Joyeux Noël à toutes et à tous !
Posted by Ludovic Monnerat at 21h13