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16 janvier 2006

Le prix de l'apaisement

Il faut reconnaître au président iranien Mahmoud Ahmadinejad le don de frapper les esprits par ses déclarations. Le dernier échantillon de sa prose, vitupéré samedi dernier, s'en prenait violemment à l'Occident, l'accusait d'avoir un état d'esprit moyen-âgeux et le menaçait de représailles s'il s'oppose aux ambitions nucléaires iraniennes. De manière encore plus claire, il a mis l'Europe et l'Amérique du Nord au défi (« vous avez davantage besoin de nous que nous de vous ») et indiqué qu'une confrontation se ferait à leur détriment, tout en ajoutant que l'Iran pourrait peut-être « renoncer à leur pardonner » le soutien passé au Shah. On passera sur le fait qu'il ait accusé George W. Bush et Angela Merkel de terroristes et de criminels de guerre : de tels outrages sont trop communs sous nos latitudes pour apparaître comme tels.

Après deux ans et demi de négociations qui se sont révélées un échec cinglant, comment la troïka européenne réagit-elle à la rhétorique sans cesse plus agressive du régime iranien, dont certains dirigeants se mettent même à menacer l'Europe de connaître l'enfer en cas d'opposition à leurs plans ? On parle de porter l'affaire devant le Conseil de sécurité, mais pas vraiment d'aller au-delà des discussions. La Grande-Bretagne affirme considérer des sanctions, mais pas d'actions militaires ; la France a déclaré qu'il était trop tôt pour parler même de sanctions, alors que l'Allemagne, principal exportateur de l'Iran, est très réticente à l'idée de perdre des marchés. Quant à Javier Solana, pour l'Union européenne, il a tout simplement déclaré que l'emploi de la force était exclu.

Il faut examiner ces images cruelles pour mieux comprendre comment les Européens apparaissent en-dehors de leur continent - et même à l'intérieur : un symbole de l'irrésolution, de l'attentisme et de l'impuissance. Angela Merkel a beau juger inacceptable les déclarations de Mahmoud Ahmadinejad, elles n'en sont pas moins acceptées puisque rien n'est fait à leur encontre. Face à des gens qui brandissent les flammes de l'enfer, on agite le sempiternel rameau d'olivier ; face à des menaces qui virent à l'apocalyptique, on aspire au retour à la table de négociations. Comment ne pas voir dans ces simagrées de diplomatie, car la vraie diplomatie n'exclut jamais la force armée, un retour aux années 30 et à la Société des Nations ? Comment ne pas se rendre compte que l'apaisement, aujourd'hui comme hier, nous rapproche plus sûrement d'une conflagration peut-être planétaire ?

Pour leur part, les Etats-Unis assistent sans déplaisir à la déconfiture européenne : la méthode américaine au sujet de l'Irak avait été tellement décriée sur le continent que la situation actuelle prend des airs de douce vengeance. Le décalage entre les prétentions arrogantes de l'Europe et les résultats de sa politique avec l'Iran viennent a posteriori conforter les choix faits avant l'opération Iraqi Freedom. Cependant, c'est bien vers les Etats-Unis que se tournent maintenant les Européens, et les rodomontades bellicistes de Téhéran sont reçues bien différemment de l'autre côté de l'Atlantique. Se trouvera-t-il là -bas des dirigeants assez déterminés pour accepter le poker menteur d'Ahmadinejad, pour mesurer la fragilité extrême de son régime et pour contrer dans les faits ses ambitions de puissance ?

Voilà un processus auquel nous assisterons ces prochains mois. En spectateurs, puis en acteurs. Parce que le prix de l'apaisement doit toujours être payé par le sang, la peine, les larmes et la sueur.

COMPLEMENT I (17.1 1810) : En matière de rhétorique, les Gardiens de la Révolution ne font vraiment pas dans la dentelle, comme l'indique cet article. Les affirmations de ce général quant au droit absolu de l'Iran à développer une bombe nucléaire méritent d'être entendues. D'autres déclarations menaçantes sont rapportées par Mark Steyn, mais sa colonne remarquable contient bien d'autres éléments - à commencer par une esquisse de manoeuvres subversives s'appuyant sur la jeunesse iranienne et sur la minorité sunnite.

Publié par Ludovic Monnerat le 16 janvier 2006 à 8:21

Commentaires

J'ai l'impression que, dans cette affaire, les attitudes des Etats-Unis et de l'Europe sont plus complémentaires qu'antagonistes. Vous opposez action à inaction, alors, qu'en réalité ces deux approches visent un même but. Je me demande même s'il ne s'agit pas (peut-être tacitement) d'une répartition des rôles (hard / soft).
D'autre part, par rapport aux capacités nucléaires iraniennes, il ne s'agit, pour l'instant, que d'un jeu où chacun teste les limites de son/ses adversaire(s). Dans ce contexte, utiliser l'argument militaire est tout à fait valable. Mais je ne pense pas que cette option soit véritablement envisagée à très court terme.
C'est pourquoi, je suis d'avis que les références aux années 30 (qui sont certes très parlantes et ont fortement marqué les esprits) sont déplacées.
Enfin, une frappe militaire (même ciblée) est actuellement très délicate. Car elle risque de créer une flambée des prix du pétrole, pose la question de l'après Mahmoud Ahmadinejad (existe-t-il des alternatives possibles tant pour les Iraniens que pour le monde occidental ?), implique une certaine disponibilité de l'armée américaine!

Le président iranien est certainement conscient de ces différents paramètres et sait probablement qu'il dispose encore d'une marge de manœuvre, avant de franchir la ligne rouge.
L'utilisation de la force est certainement moins évidente qu'il n'y paraît!

Alex

Publié par Alex le 16 janvier 2006 à 11:33

L'europe est tellement imbue d'elle-même et confiante dans sa politique de l'autruche, qu'on se demande si elle n'attend pas de vois exploser un missile de croisière iranien sur son sol avant de réaliser qu'il est peut-être temps de réagir activement (et encore, ce tir pourrait être interprété comme accidentel...)

Courage citoyens, nos dirigeants sont fous.

Publié par Ares le 16 janvier 2006 à 11:44

J'ai trouvé, dans ce texte excellent, trois vérités "fondamentales", il me semble:

"Angela Merkel a beau juger inacceptable les déclarations de Mahmoud Ahmadinejad, elles n'en sont pas moins acceptées puisque rien n'est fait à leur encontre."

"Comment ne pas voir dans ces simagrées de diplomatie, car la vraie diplomatie n'exclut jamais la force armée, un retour aux années 30 et à la Société des Nations ?"

"[L]e prix de l'apaisement doit toujours être payé par le sang, la peine, les larmes et la sueur."

Publié par Sisyphe le 16 janvier 2006 à 12:12

A Alex : oui, on peut voir une certaine complémentarité dans l'approche du cas iranien. Mais qu'est-ce que cela signifie, que l'Europe n'est bonne qu'à jouer les entremetteuses et laisser les Etats-Unis agir dès qu'il est nécessaire de frapper du poing sur la table ? Un continent qui refuse le "hard power" même lorsqu'il est menacé directement et explicitement se condamne lui-même à jouer les seconds rôles, à n'être responsable de rien, même plus de son sort. Et c'est bien ce à quoi tendent une bonne partie des dirigeants européens : un renoncement à toute responsabilité dès lors que tout devient opaque, confus ou risqué. L'utilisation de la force est moins évidente qu'il n'y paraît, dites-vous ? Encore faut-il l'avoir étudié - et donc autoriser les militaires à développer un plan - pour affirmer cela.

A Sisyphe : Merci pour le compliment, mais il ne faut pas trop en rajouter, sinon on va vraiment croire que d'aucuns me prennent pour un "grand gourou", comme dirait Winkelried ! :) Un billet écrit à la va-vite durant un trajet en train jusqu'à la capitale (avec une excellente musique dans les écouteurs, certes) ne saurait avoir de grande prétention...

Publié par Ludovic Monnerat le 16 janvier 2006 à 13:03

Tiens, tout ça me donne des idées de rêve....
A quand une gigantesque SMP constituée de jeunes Européens déçus de l' attitude de leurs gouvernements ? Pouvant faire partie intégrante des forces armées US quand la situation l' exige ?

Ca parait peu réaliste, mais tellement efficace...

Publié par OS le 16 janvier 2006 à 13:20

Il existe des SMP européennes: Aegis, EHC, entre autres, présentes en Irak également.
Les SMP n'ont pas d'implications politiques, les européens "déçus", à part devenir actionnaires, ne sauraient donc s'y identifier :)

Néanmoins, je pense que le recours aux SMP pourrait se généraliser dans un avenir proche et des missions plus spécialisées que l'escorte de VIP et la protection de biens privés, pourraient leur être confiées très officiellement. Leurs personnels sont relativement compétents et issus d'unités parfois prestigieuses...

Publié par Ares le 16 janvier 2006 à 14:00

Ludovic, ta modestie t'honore. Mais je suis d'avis qu'en quelques phrases, tu as dit deux ou trois trucs très justes. Il valait la peine de les souligner. La force des blogs est bien de rapidemenmt répandre les idées, non? Qu'elles proviennent de "gourous" ou non... ;-)

Publié par Sisyphe le 16 janvier 2006 à 14:07

En parlant de SMP, cette vidéo fait scandale :

http://www.mediaupload.com/showfile.php?fid=404

On y voit un employé d'un contractor ouvrir le feu avec peu ou pas de discernement sur des vehicules "aggressifs" lors d'une escorte de VIP.
Qui plus est, au son, il doit tirer à la Minimi et est un piètre tireur...

Publié par Ares le 16 janvier 2006 à 14:15

"...A quand une gigantesque SMP constituée de jeunes Européens déçus de l' attitude de leurs gouvernements ?..." @Os

Qu'attendez-vous pour agir ici et maintenant ? Il y a tant d'actions à entreprendre avant qu'il ne soit trop tard.

Publié par Eric le 16 janvier 2006 à 14:25

Je serai votre premier opérateur :D

Publié par Ares le 16 janvier 2006 à 14:26

Euh... je rappelle que le sujet du billet était celui de l'Iran et de la réponse donnée par l'Europe aux propos de son président. Une SMP ne résoudra en aucun cas l'absence de volonté au niveau des dirigeants politiques actuels de l'UE. Celle-ci a les moyens militaires d'envisager quelque chose à l'encontre de l'Iran. C'est justement le refus de même envisager qui est symptômatique.

Publié par Ludovic Monnerat le 16 janvier 2006 à 14:40

« Un continent qui refuse le "hard power" même lorsqu'il est menacé directement et explicitement se condamne lui-même à jouer les seconds rôles, à n'être responsable de rien, même plus de son sort. » (LM)


Je ne suis pas certain que l'Europe refuse le recours à la force. Dans la partie en cours, l'Europe estime qu'il est peut-être encore prématuré pour évoquer une telle éventualité. Cet attentisme peut provenir de :
∑ L'espoir de pouvoir malgré tout conclure un accord avec l'Iran (ne pas fermer la porte)
∑ Volonté de poursuivre la voie actuelle (en complément avec celle développée par les USA)
∑ Prise en compte de l'opinion publique européenne qui ne ressent certainement pas encore de danger tangible.
∑ Démontrer au peuple iranien que l'Occident fait preuve de bonne volonté!

Nos points de vue sont différents, en raison de nos perceptions face à la menace. Pour ma part, l'Iran n'est pas une réelle puissance et cet Etat n'est encore prêt à produire l'arme nucléaire. Je suis d'avis que nous sommes encore dans une phase d'observation et de test. L'Europe veut certainement éviter d'acculer l'Iran dans une position qui l'obligerait à de s'engager dans une voie paranoïaque. D'autre part, pour une question de crédibilité, l'Europe ne peut pas s'aligner soudainement sur les Etats-Unis. Cependant, je suis certain que l'attitude de chacun changera le jour où l'Iran décidera de produire l'arme nucléaire.

Alex

Publié par Alex le 16 janvier 2006 à 14:50

Il est clair que l'Iran a DEJA décidé de la produire, c'est là tout le paradoxe de la platitude encéphalographique de la "Troïka européenne" (sic)...

Publié par Ares le 16 janvier 2006 à 14:53

Une question :

Je parlais des danger de "l'Iran atomique" l'autre jour et l'on m'a rétorqué l'argument suivant : Le Pakistan possède déjà l'arme atomique, est une république islamique, et l'on n'en fait pas tant d'histoires.

Je n'ai pas su véritablement quoi répondre. Pouvez-vous m'aider ?

Publié par Juan Rico le 16 janvier 2006 à 15:54

"Nos points de vue sont différents, en raison de nos perceptions face à la menace"

Je suis d'accord avec Alex.
Et avec Ludovic, bien sur, quant aux annees 30!

Le probleme de l'Iran, et c'est peut etre ausssi la reponse a Juan Rico, c'est le rectangle:
1) Developement de l'arme nucleaire
2) Developement des vecteurs pour l'arme nucleaire
3) Menaces et volonte d'utiliser l'arme nucleaire.
4) Soutient actif a tous les groupes terroristes islamiques et a leur agenda politique

Le Pakistan, Juan, a passer le point #1 et quant au #2 il a developpe des missiles de portee limitee, qui ne peuvent pas en tout cas arriver jusqu'a l'Europe.
Le Pakistan a developpe #1 et #2 face au menaces de l'Inde.
Dans une certaine mesure le Pakistan a ete implique ds les activites djihdistes,#4, en Afganistan en particulier, donc au niveau regionale mais pas mondial.

Par contre l'Iran menace toutes les semaines de rayer certains pays (hier Israel, maintenant ils ont rajoutte les USA, sic...).
L'Iran soutient le Hezb (son action en Argentine) etc... n'aura pas de probleme moral a faire passer des bombinettes aux terrorisme.
Shiab 3 est developpee pour une portee de 3000 kms, qui met en danger direct l'Europe.

""Nos points de vue sont différents, en raison de nos perceptions face à la menace"
Vu de Tel Aviv la menace est tres bien percue!
Les efforts europeens parraissent donc loufoques! Completement a cote de la plaque....

Publié par Ram Zenit le 16 janvier 2006 à 17:39

A Ram Zenit : Dans l'hypothèse où il arriverait quelque chose de particulièrement néfaste pour Israël (du genre, tir de missile avec une ogive A, B ou C, sans interception), quelle serait la réaction de l'Europe ? Je parierais sur un élan spontané de sympathie et de solidarité, mais en aucun cas sur un renversement complet de perception avec établissement d'alliances formelles à la clef. Ceci explique donc également les perceptions différentes qui peuvent exister par ici : fondamentalement, l'Iran paraît loin, très loin. Et la perspective d'une action militaire à son encontre totalement surréaliste.

A Alex : il y a une grande différence entre estimer prématuré l'évocation de l'emploi de la force et annoncer au monde entier qu'on y renonce sans ambages. De telles affirmations, d'un point de vue stratégique, sont bien difficiles à expliquer. Pourquoi une telle transparence, même dans ce qui se veut une négociation ? Comme réponse, je crois pas que parler de stratégie mesurée ou même de naïveté soit adapté au cas européen. Je pense surtout que les dirigeants européens actuellement au pouvoir ont une sainte horreur de la force armée, et que leurs a priori idéologiques leur interdit de penser différemment.

Un élément intéressant : la dernière fois qu'une coalition de pays européens s'est lancée dans une opérative militaire offensive indépendante doit probablement être l'affaire de Suez en 1956. Plusieurs pays ont montré que, sous une conduite nationale, ils étaient encore capables de réagir et de montrer leur détermination ; la France en Côte d'Ivoire, la Grande-Bretagne en Sierra Leone et aux Malouines, ou encore l'Allemagne à Mogadiscio. Et si la construction européenne entraînait un affaiblissement stratégique majeur ? Voilà une question dérangeante et sacrilège qu'il vaudrait pourtant la peine de débattre.

Publié par Ludovic Monnerat le 16 janvier 2006 à 18:22

"Sainte horreur de la force armée"?

Je ne suis pas sur.
La France a fait la campagne du Kosovo.
Elle a répliqué en Cote-d'Ivoire quand on l'a bombardée.
L'Angleterre est en Irak; entre autres.

A mon avis l'explication est un peu différente.
Les européens, comme vous le soustendez, se sont convaincus qu'ils étaient "supérieurs" aux USA, que tous les problèmes pouvaient être réglés par la sacrosainte diplomatie, que les américains n'étaient que des cow-boys... Un bla-bla destiné à transformer une faiblesse militaire en supériorité morale.
En leur refilant le dossier de Téhéran, les US ont montré au grand jour la faiblesse européenne, et je pense que c'était voulu.
L'Europe se demande plus comment concilier les inconciliables, et elle est en train de faire le deuil de son cache-misère.
Elle ne sait pas quelle attitude adopter, mais le recours à la force armée n'est pas une option "idéologiquement" rejettée par nos dirigeants, à mon avis.
Cordialement.
S.

Publié par Stauffenberg le 16 janvier 2006 à 21:00

"En leur refilant le dossier de Téhéran, les US ont montré au grand jour la faiblesse européenne, et je pense que c'était voulu."

Il ne faudrait peut-être pas oublié que les USA/Chine/Japon ne font pas vraiment mieux avec la Corée du Nord.... :o)

Publié par Deru le 16 janvier 2006 à 21:07

USA/Chine/Japon n'ont rien à prouver au niveau diplomatique.
L'Europe si.

Les USA n'ont fait que répéter l'affaire de l'ilôt du Persil, pour décrédibiliser l'Europe.

Cordialement.
S.

Publié par Stauffenberg le 16 janvier 2006 à 21:14

@ Ludovic
"Je parierais sur un élan spontané de sympathie et de solidarité, mais en aucun cas sur un renversement complet de perception... "

Entierement d'accord avec toi.
Israel se trouvera seul, en cas de catastrophe: les palestiniens, les arabes israeliens, la Syrie,l'Egypte et le hezbolla en profiteront!
Outre cette multitude de fronts, Israel devra reagir contre l'Iran d'une maniere tres brutale et toutes les sympathies du monde ne pourront l'en empecher.
Est-ce pour cela qu'Israel a passe commande de 2 nouveaux sous-marins a l'Allemagne, de type "Dolphine" comme ceux recus ces dernieres annees?
IMO, Israel n'attendra pas la catastrophe et tout ce qui s'en suit.

Publié par Ram Zenit le 16 janvier 2006 à 21:16

"Il ne faudrait peut-être pas oublié que les USA/Chine/Japon ne font pas vraiment mieux avec la Corée du Nord.... :o)" (Deru)

Si je peux me permettre, mais je crois qu'il est fondamentalement faux de comparer les deux situations, le seul parallèle étant qu'on parle d'armes nucléaires dans les deux cas. Mais les enjeux, les régions, les acteurs, l'histoire, les mentalités, la polémique, etc. sont tout de même bien différents pour le cas de la Corée du Nord que de celui de l'Iran. Les deux cas sont des cas extrêmes et demandent un savoir-faire politique extraordinaire pour être résolus. Comparer ainsi les deux situations, c'est suggérer que les relations internationales sont régies par une sorte de règle cartésienne; ce qui marche / ce qui est juste dans un cas doit être appliqué dans l'autre. Or, rien n'est moins juste. Chaque problème a ses propres caractèristiques et demande une solution faisable. C'est du cas-par-cas qu'il faut faire. Appliquer une sorte d'impératif catégorique est le meilleur moyen pour aller au droit au désastre.

Publié par Sisyphe le 16 janvier 2006 à 21:37

Ram Zenit, j'imagine plutôt une division profonde à travers l'Europe en cas d'agression contre Israël. Les uns chosiront la methode de tête dans le sable. Les autres toutefois seront probablement portés par une sorte d'élan solidaire comparable à ce qu'on dû sentir beaucoup pendant la guerre civile en Espagne quand ils se sont ralliés à la cause républicaine (pas forcémment seulemnt pour des affinités communistes). Je crois qu'il reste un potentiel important d'empathie envers Israël, même en Europe. Seulement, les gens ne s'en rendent pas compte. En cas d'agression majeure, il se réveilleraient peut-être.

Publié par Sisyphe le 16 janvier 2006 à 21:42

Il me semble que l'Europe a une certaine légitimité pour récuser radicalement tout recours aux armes, ce sont les deux guerres mondiales qui sont nées en son sein.

C'est la foi en la force de gravité que représentent l'espoir démocratique, le développement social et économique qui réunissent les USA et l'Europe. L'agenda et les méthodes divergent.

La cours de récréation est devenue trop exigüe pour que des individus comme M.Ahmadinejad ne reçoivent tôt ou tard la réponse qu'ils méritent.


Publié par Lou le 16 janvier 2006 à 21:56

Si c'est parce qu'ils veulent précisément éviter la guerre qu'ils font dans l'apaisement et dans la faiblesse, ils risquent fort d'être bien servis...

Publié par Sisyphe le 16 janvier 2006 à 22:19

C'est très bon pour les neurones que de passer en revue les options face à l'Iran mais nous savons tous que les Américains n'hésiteront jamais à rayer de la carte un réel danger. Comme pour le Japon 50 ans après les biens pensants ergoteront sur l'inutilité de cet acte barbare. Il ne faudrait pas penser que cette option ne pourrait pas se concrétiser. Les Russes seront avec les Américains ce qui élimine les risques qui étaient inhérent à l'emploi de cette arme.

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 17 janvier 2006 à 2:15

Un complément vient d'être ajouté à ce billet. Les déclarations en provenance d'Iran ne font en effet guère de mystère sur les intentions bellicistes, à la fois conquérantes et punitives, du régime de Téhéran. On peut discourir longuement sur la question des perceptions ; la conjonction d'une capacité nucléaire et d'une volonté d'employer la bombe pose un risque que l'on ne peut guère se permettre de prendre.

Publié par Ludovic Monnerat le 17 janvier 2006 à 18:13

L'Iran a le droit de développer son programme nucléaire et c'est pour sa défense. Quand on voit l'offensive israélienne contre le Liban, on ne peut qu'approuver la décision iranienne de poursuivre son programme nucléaire.

Publié par martine le 23 août 2006 à 20:11

"On peut discourir longuement sur la question des perceptions ; la conjonction d'une capacité nucléaire et d'une volonté d'employer la bombe pose un risque que l'on ne peut guère se permettre de prendre"

Mais qui prendrait le risque de lacher une bombe H sur la region en faisant courire un risque generalise, tout en sachant qu'un guerilla urbaine est capable de terroriser l'adversaire tout aussi efficacement? La possesion de l'arme nucleaire ne serait-elle pas en definitive qu'une question de prestige et d'ancrage favorable dans toute action diplomatique? Ils veulent nous islamiser, certes, mais nos esprits resisterons, ils veulent faire la bombe, frappons les des maintenant? Je crois que oui, il serait indeniablement moins couteux de les frapper tout de suite et de les mettre a terre en detruisant du coup leur economie pur etre sur de retarder leur nouvelle ascencion (strategie suivie au Liban?). Il faut briser Nasrallah et Amedinejad, briser l'illusion de leur pouvoir.. By all means necessary... Mais sur le terrain, il serait temps de trouver rapidment de nouvelles armes capables de paraliser toute la population alentour sans la tuer, puis parmi cette masse d'immobiliser, selectionner soigneusement ceux qui sont vrainement combattants... La je crois qu'il nous faut un supra genie capable de devellopper des armes qui paralisent sans tuer, a large echelle... Celui-la imposera un nouveau concept de guerre propre et juste, et pourra terrasser son adversaire non seulement sur le terrain mais aussi dans les consciences... Lorsque l'on a pas perdu ses etres les plus proches dans un guerre, on ne peut pas comprendre comment les leader de la "resistances" deviennent des leaders de tout le peuple...

Publié par Carlos le 23 août 2006 à 22:44

Un agent chimique paralisant ne doit pas etre si difficile a faire entrer sur l'echiquier de la guerre. Il ne servia qu'une guerre, certes, car il sera vite decode et retourne contre nous, mais si il fait une entree fulgurante au moment opportun, il pourrait bien revolutionner l'art de la guerre lui-meme... Et cet agent doit deja exister, isn't it? Avec quelques risque d'accidents, certes, mais qui ne prend pas de risque ne verra jamais la lumiere, car dans le doute et la douleur s'elaborent les grandes oeuvres...

Publié par Carlos le 23 août 2006 à 22:49

Applicons les droits de l'homme a une guerre qui serait celle d'Eros et non de Thanatos.. Un guerre qui mettrait en jeu de nouvelles armes destinees a paraliser l'adversaire sans le tuer.. La guerre deviendrait alors un jeu ou le genie de chaque peuple pourrait s'exprimer, quelque chose entre le paint ball et la guerre meurtiere.. Si vous disposez d'une technologie plus avancee que celle de votre adversaire, qui limite vos pertes et se contente de paraliser votre adversaire sans le tuer, vous devenz alors l'embleme meme de la Justice et de la Sagesse, vous creez une guerre porteuse d'espoir et de vie, sur le terrain vous restez des strateges et des soldats en action, vous satisfaisez ainsi votre gout de l'abstraction tactico-strategique et de la force agissante, et au final vous vous imposez en dominateur... Le tri se fera alors entre les veritables terroristes et vous, armees representant les Nations dans leur ideal oriente vers Eros, plutot que Thanatos... Vers la creation plutot que la destruction.. Voila, c'etait mon humeur naive de ce soir, et mon gout immodere pour les jeux de strategies et de roles qui m'auront porte a juste laisser aller mon imagination...

Publié par Carlos le 23 août 2006 à 23:11