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20 août 2005

Armée et extrême-droite

Un événement rare est survenu cette semaine : le licenciement administratif de 4 militaires, 2 sous-officiers et 2 recrues de l'école de grenadiers 4, pour un délit d'opinion, en l'occurrence une suspicion d'extrémisme de droite. Etant au Tessin cette semaine, j'en ai entendu parler à plusieurs reprises, et ce cas mérite un brin de réflexion. Même si le licenciement administratif est une méthode parfaitement légale pour régler promptement des problèmes qui ne peuvent immédiatement être traités par une enquête disciplinaire, le fait de punir des jeunes hommes pour ce qu'ils pensent est assez discutable. Surtout lorsque des opposants à l'armée ayant des idées d'extrême-gauche ne sont pas inquiétés dans les rangs.

Il va de soi que tout extrémisme politique n'a aucune place dans une armée nationale, qui plus est une armée citoyenne. L'institution militaire est un outil au service du pouvoir politique et de la population, et non un espace autorisant la diffusion d'idées contraires aux valeurs prônées par les règlements de l'armée. Ceci étant, il existe tout de même un malaise à se dire que des soldats puissent être sanctionnés pour leurs idées, pour autant naturellement que leurs actes n'aient jamais visé à appliquer ou à diffuser celles-ci. Ainsi, la lutte contre l'extrême-droite menée depuis des années au sein de l'armée ne fait pas partie d'une démarche d'ensemble visant à éduquer les jeunes gens et à combattre les idées inacceptables. Voilà qui me laisse un brin songeur...

Publié par Ludovic Monnerat le 20 août 2005 à 19:41

Commentaires

Voilà le message type d'une personne qui n'a jamais dû passer trois semaines à supporter ces discours ...

Je me permets de vous conseiller un petit bain de foule :)

Sinon, vous devriez relire le lien vers le communiqué officiel, ils n'ont pas fait que penser leur message haineux, ils ont allègrement passer à l'acte.

Publié par X. le 20 août 2005 à 20:32

"... visant à éduquer les jeunes gens et à combattre les idées inacceptables..."

Pas facile car il faudrait commencer par les Parents et rejeter la rectitude politique de nos Institutions qui favorise les non dits. Si j'emploie le mot vieux, je sais de quoi je parle. Si J'emploie le mot aîné je sais ce que je veux cacher. L'extrême droite, l'extrême gauche et tous les extrêmes qui diffusent et favorisent la haine et l'extermination de certains groupes par des paroles, des écrits ou par une gestuelle agressive ne devraient pas être tolérés. L'éradication de ces fléaux passe par l'interdiction et la condamnation sans équivoque et sans lâcheté d'un droit de parole qui ne peut-être entendu comme tel.

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 20 août 2005 à 22:06

La censure - par l'exclusion, par exemple - est le dernier refuge de ceux qui sont trop faibles pour lutter autrement contre des opinions contraires qu'en tentant de les museler.

C'est la plus stupide et la plus contre-productive de toutes les attitudes, précisément pour les raisons que vous évoquez dans votre billet: absence de motifs concrets, justice à deux vitesse face à une tolérance symétriquement inexplicable (quoique fort inquiétante) avec les extrémistes-d'en-face.

Cela en dit plus long sur l'état de l'armée que sur les types qui en ont été jeté dehors, et cela n'en dit rien de bon, j'en ai peur.

Publié par Stéphane le 20 août 2005 à 23:44

+1 avec Stéphane.
Punir en bloc et condamner aveuglément ne résout rien. C'est même un incitant à poser des actes plus concrets et, si ces hommes ont vraiment des idées fascistes, à rejeter encore plus la société dans laquelle ils existent...

Publié par Ares le 20 août 2005 à 23:56

Le terme d'"extrémisme" ne veut rien dire : en 1964, Barry Goldwater, candidat de la liberté à l'élection présidentielle, disait déjà  :

"Je voudrais vous rappeler que l'extrémisme dans la défense de la liberté n'est pas un vice. Et je voudrais aussi vous rappeler que la modération dans la poursuite de la justice n'est pas une vertu".
http://federalistpatriot.us/francais/alexander/edition.asp?id=25

L'"extrémisme" n'est donc mauvais que dans la mise en oeuvre de principes qui le sont en eux-mêmes, de sorte que celui qui prétend disqualifier les autres sous prétexte d'"extrémisme" prouve seulement qu'il est incapable, ou qu'il refuse malhonnêtement, de définir sérieusement le bien et du mal, ainsi que le juste et  l'injuste.

Cette pratique, qui malheureusement se répand, traduit la subversion orwellienne des concepts par les pseudo-démocrates socialistes, lesquels ne parlent jamais tant de "tolérance" que pour censurer et proscrire ceux qu'ils ont arbitrairement décrétés "intolérants" : ils ne se sont pas regardés !

C'est l'''ultima ratio'' de ceux qui n'ont plus d'arguments ni de pensée, mais qui donnent les ordres aux policiers.

Publié par François Guillaumat le 21 août 2005 à 5:20

Que dire de la politique "extrémiste" des pays occidentaux, socialiste, liberal, ecolo de droite ou de gauche? N'est ce pas en grande partie cette graine qui favorise les extremistes d'aujourd'hui? Cette politique qui est bien mise en oeuvre au quotidien et que j'ai toujours connu à travers ma petite vie et a travers notre monde.
Le ver est dans la pomme! Mais qu'elle est ce ver? Est ce que nous le combattons, ou l'entretenons?

Publié par XYZ le 21 août 2005 à 15:57

"! C'est l'''ultima ratio'' de ceux qui n'ont plus d'arguments ni de pensée, mais qui donnent les ordres aux policiers!"

Alors comme il faut des gens pour donner des ordres aux policiers et à l'armée, tout le monde est beau et tout le monde est gentil et les victimes, les vrais, celles qui meurent broyées dans leur chaire pour de " bonnes " idées! en s'en tape ! c'est vrai que l'automobile est plus dangereuse que les mouvements extrémistes et ne mobilise pas beaucoup d'idées, la police devrait suffire. Tant qu'a l'armée, faute d'arguments on les envoie se défouler pour qu'ils garde la forme. À défaut d'avoir des idées certains décident d'être efficaces en se disant que le bon sens et les acquis démocratiques les guideront dans leur tache difficile. Que tout peut être corrigé à tout moment dans un pays libre d'interdire comme le " Non " que l'on dit à un enfant pour le protéger. Certaines idées sont le fruit d'une immaturité qui justifie un " Non " temporaire. La démocratie se charge de garantir une saine discussion sur le sujet, permet d'entendre les arguments et d'offrir le choix aux Citoyens.

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 21 août 2005 à 16:18

Pour être dupe de la fausse notion d'"extrémisme", il ne suffit pas de donner les ordres aux policiers, il faut aussi avoir perdu la notion du juste et de l'injuste. Sinon on emploierait les alternatives pertinentes, qui sont : bon ou mauvais, innocent ou criminel, juste ou injuste, agressif ou pacifique.

Comment ne pas soupçonner alors que ceux qui nous parlent d'"extrémisme" ne veulent pas savoir à quoi le pouvoir politique doit servir, et qu'ils recherchent donc celui-ci uniquement pour lui-même, et non pour la justice ni la prospérité qu'elle engendre ? S'ils peuvent définir l'"efficacité", laquelle ne peut jamais être qu'un rapport entre les fins qu'on s'est données et les moyens qu'on a mis en oeuvre pour les atteindre, ça sera à l'aune de cette norme-là  : prendre le pouvoir, garder le pouvoir, empêcher les autres d'accéder au pouvoir.

Et pour ce qui est d'être "démocrates", ce n'est pas forcément ce que l'on peut dire de gens qui faussent doublement le débat, en s'employant à le vider de toute référence à la justice et à discréditer sans débat les opinions de leurs opposants, avant de censurer leur expression publique par la force : c'est la politique de l'insulte, avant la politique de la répression.

Car finalement, l'accusation d'"extrémisme", souvent  même employée, sous son avatar de "populisme", pour intimider, et discréditer autant que faire se peut, les porteurs d'opinions majoritaires voire raisonnables - comme l'hostilité à l'immigration massive de musulmans en France dans les années 1980 - ne signale rien d'autre que le refus d'admettre qu'il existe une opposition réelle à la politique du pouvoir, et la mise en oeuvre de procédés malhonnêtes pour l'empêcher de devenir la majorité légale.

Les Suisses ont bien de la chance d'avoir accès au référendum ; parce que si celui-ci ne l'en empêchait pas, leur caste politico-médiatique serait aussi faussement démocrate et réellement tyrannique que, derrière des simulacres de "représentation", la française et la canadienne peuvent se permettre de l'être. Cet épisode d'une censure sommaire, sans débat contradictoire ni référence à des principes constants, pourrait bien être le signe d'une telle aspiration de sa part.

Publié par François Guillaumat le 22 août 2005 à 6:18

L'armée n'a pas vocation à être unnlieu où l'on débat de politique. Son rôle est exclusivement d'appliquer la politique de défense voulue par le législateur, représentant du peuple. Le militaire qui n'est pas d'accord avec ces options est face à une alternative: comme disait Jean-Pierre Chevènement en d'autres temps et dans un autre contexte (il parlait, lui, des ministres...): "il ferme sa gueule où il s'en va..."

Des idées ne me semblent pas répréhensibles en elles-mêmes, mais leur expression peut l'être. De nombreux pays ont adopté des lois punissant, par exemple, l'expression du racisme ou de l'antisémitisme ou encore (évidemment), l'appel au meurtre. Or le propre de "l'extrémiste" est d'être prosélyte et donc de développer son discours et de tenter de recruter. Il est évident que l'armée n'est pas et ne peut pas être un endroit où s'exprime des idées politiques ou religieuses, quelques soient celles-ci.

D'autre part, on a malheureusement vu, dans certaines armées, où conduisait la tolérance envers les extrémistes pays, où conduisait la tolérance envers les extrémistes; je pense notamment aux cas de tortures de civils par des soldats belges, en Somalie en 1993.

Donc à mon avis, tout militaire prônant des idées extrémistes doit être écarté. Le cas d'un militaire qui appartiendrait "dans le civil" à une organisation extrémiste me semble plus litigieux mais cette appartenance est malgré tout de nature à le mettre en porte-à -faux avec la neutralité nécessaire de l'armée...

Claude Moniquet

Publié par Claude Moniquet le 22 août 2005 à 10:40

"Quatre militaires de l'école de grenadiers d'Isone ont attiré l'attention
par des propos et des gestes caractéristiques des milieux d'extrême-droite.
Leur licenciement administratif de l'école a été prononcé afin de pouvoir
vérifier les faits incriminés."

Il est piquant pour le vieil anachronisme de sergent que je suis de constater que l'armée fonctionne mieux que la société civile lorsqu'il s'agit de faire le ménage dans ses rangs.

Eh oui, si ma mémoire est bonne, c'est quelques centaines de ces mêmes extrémistes qui ont "attiré l'attention" par les mêmes caractéristiques le 1er août dernier sur le Rütli.

Dommage qu'un "licenciement administratif" ne puisse être prononcé à leur encontre, le temps pour les autorités de mener l'enquête à leur sujet...

Le vieux sergent est ainsi un peu moins anachronique qu'il le pensait :-)

Publié par Sgt. Maeder le 22 août 2005 à 13:25

"! Les Suisses ont bien de la chance d'avoir accès au référendum!"

C'est aussi mon avis. je pense qu'il n'y a point de salut sans démocratie directe mais je trouve nos amis suisses bien timides sur ce sujet qu'ils maîtrisent avec brio. Il est toujours difficile de s'entendre dire que nos démocraties ne sont pas honnêtes mais si tel est le cas pourquoi ne pas débattre sur ce sujet qui semble être la ligne militaire du moment. J'espère que les Suisse ne considèrent pas la démocratie directe comme leur potion magique ;-)

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 22 août 2005 à 14:30

Les tendeurs de bras, les meutes couardes de rasés belliqueux qui ne sont moins faibles qu'en groupe, me laissent ce goût et cette odeur (du marteau piqueur)et me poussent à dire que les grandes purges staliniennes feraient bien de reprendre pour cette racaille à bretelle et lacets blancs. Dire non à l'étranger, c'est dire non à la renommée de la Suisse qui est bien souvent venue de l'extérieur. cf à ce sujet l'article de l'Hebdo (journal de gauche, me diront ces braves rasés dont l'intelligence est proportionnelle à la longueur des cheveux) du 18 août, page 26. Patek, Philippe, Maggi, Nestlé, Boveri, Bally, Bührle, Chaplin, Simenon, Musil, Cohen, Jaspers, Klee, Knie, Neirynck, Hayek, Ramadan, Bertarelli, Biver, Davidoff, et j'en passe, sont autant de "sales" étrangers du dehors (comme diraient ces hordes abreuvées de bière "Coop prix garantie"--> la cuite pas chère) qui ont, me semble-t-il, plus fait avancer la Suisse que leur vomissement sur l'herbe verte du Rütli. ABE Variable

Publié par Variable le 22 août 2005 à 14:53

« Le fait de punir des jeunes hommes pour ce qu'ils pensent est assez discutable. Surtout lorsque des opposants à l'armée ayant des idées d'extrême-gauche ne sont pas inquiétés dans les rangs ». (Ludovic Monnerat )

Je ne suis pas tout à fait du même avis. Car, les extrémistes de droite cherchent certainement à « utiliser » l'armée à leur profit (instruction - réseaux, etc.). Quant aux extrémistes de gauche, ils sont généralement opposés à l'armée.
Dans ce contexte, l'armée a tout intérêt à écarter des personnes qui véhiculent des idées antidémocratiques et qui pourraient essayer de pervertir cette institution. Comment peut-on tolérer que des personnes jouent un rôle actif dans une institution qui défend des intérêts diamétralement opposés aux vues développées par des extrémistes : la préservation de l'Etat et de ses institutions démocratiques !!!

Je suis étonné de découvrir une série de commentaires postés ci-dessus. A croire qu'adopter des signes nazis est devenu un acte « banal ».

Alex

Publié par Alex le 22 août 2005 à 16:17

Petite précision concernant le message ci-dessus. Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup d'extrémistes de gauche dans les rangs de l'armée et encore moins de cadres (of - sof).
C'est pourquoi les extrémistes de droite représentent un danger plus important!

Alex

Publié par Alex le 22 août 2005 à 16:22

Pour faire bref, car tout a été dit, je ne peux que m'associer aux posts de Claude Moniquet et à celui d'Alex. Comme le fait d'ailleurs remarquer Alex, de nos jours il y a peu d'extrémistes de gauche au sein des armées. Il est loin le temps où les trotskystes infiltraient l'armée pour mieux se former au combat. Le danger, bien réel, aujourd'hui est l'infiltration des idées d'extrême droite et toute armée démocratique doit s'en défendre avec la plus grande exemplarité. Point d'extrémismes au sein des armées, ni de gauche ni de droite. La balle au centre ;-)

B.

Publié par B. le 22 août 2005 à 17:32

" B."... infiltraient l'armée..."

À mon avis on a un bel exemple d'infiltration de l'armée canadienne par " l'extrême droite " avec l'affaires éthiopienne, il y a quelques années, bien enveloppée et envoyée aux oubliettes. Au Canada on étouffe pas les scandales... on les vit dans une autres vie ;-)

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 22 août 2005 à 19:28

Publié par Yves-Marie SENAMAUD le 22 août 2005 à 19:42

Revenant aux derniers commentaires postés, je ne peux qu'abonder dans le sens des intervenants, l'armée suisse n'est a priori pas noyautée par les extrémistes de gauche, ça se saurait.

Toutefois, quant au danger de voir l'armée de milice muter vers un cénacle de suppôts du führer, c'est oublier un peu vite que celle-ci est une représentation de la société civile.

En toute logique donc, ce qui n'est pas accepté par la seconde ne devrait pas plus être admis par la première. Nous avons la preuve sous nos yeux que ce principe est, pour le moment du moins, respecté.

Seulement voilà , la patente absence dans les rangs de l'armée (en particulier ceux des of et sof) des citoyens d'obédience de gauche, le plus souvent pour des motifs purement idéologiques qui relèvent d'une aversion "génétique" du militaire, contribue à un affaiblissement potentiel du contrôle démocratique en son sein même.

Et le constant travail de sappe que de nombreux intellectuels (d'une gauche qu'on appelera pudiquement modérée) se plaisent à mener à l'encontre de l'armée, toujours dans une dimension idéologique, pourrait contribuer un peu plus à transformer celle-ci en refuge pour toujours plus de nationalistes simplets qui penseront ainsi trouver en son sein une marque de distinction sociale, validée (quoi de mieux quand on bête et méchant ?) par les propos antagonistes que tiennent d'elle leurs adversaires.

L'extrémisme de droite au sein des rangs militaires suisses ne pourra rester anecdotique à long terme qu'au prix d'un investissement in situ de ceux qui refusent toujours plus d'intégrer ses rangs pour des motifs dont la pertinence idéologique est inversément proportionnelle au danger - bien réel lui - qu'ils prétendent combattre.

Publié par Sgt. Maeder le 23 août 2005 à 12:45