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24 mars 2005

La journée du chef

On lira avec intérêt aujourd'hui le récit d'une journée du Chef de l'Armée écrit par Thierry Meyer dans Le Temps. Il résume assez bien une partie des activités menées tambour battant par le premier militaire du pays, qui possède une énergie exceptionnelle et dont l'influence réformatrice se fait sentir dans tous les domaines de l'institution - quelles que soient les résistances qui subsistent. Et le langage qu'il tient est des plus clairs. Extrait :

En sous-effectif de quelque 900 professionnels pour cause de restrictions budgétaires, l'armée a engagé du personnel d'encadrement militaire selon des contrats civils, de 45 heures de travail par semaine. Mais les miliciens sont à l'œuvre 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Christophe Keckeis demande à l'un de ces «contractuels» de raconter son cas. L'homme travaille entre 12 et 16 heures par jour, il n'a pas pris de vacances depuis une année. Le divisionnaire Stutz s'inquiète: «Le Code des obligations s'applique aussi à l'armée...» Christophe Keckeis sait que son équipe viendra lui demander «des moyens que je n'ai pas, des gens que je ne peux pas payer. Une fois de plus, on ne donne pas à l'armée les moyens des missions qu'on lui assigne.»

Lors du processus de réforme Armée XXI, la question de créer ou non un poste de Chef de l'Armée - au lieu d'un primus inter pares comme le Chef de l'Etat-major général - a été passablement débattue en interne. J'estime que le sens et l'importance véritables de cette fonction commencent à apparaître, au fur et à mesure que s'impose dans les médias la voix de son titulaire. Lorsque l'institution aura intégré cette innovation et que la discipline retrouvera l'intégralité des rangs, le poids politique de l'armée se sera certainement accru.

Publié par Ludovic Monnerat le 24 mars 2005 à 0:13

Commentaires

De l'article : "Le docteur Gabriel Ayer tient des propos directs: «Nous sommes confrontés à un problème de définition de l'aptitude au service. Les écoles nous disent que 60% des élèves zurichois ont besoin d'un soutien particulier. Il y a une augmentation dramatique du taux de jeunes totalement inaptes, qui ne répondent même pas aux exigences de la protection civile. Le jour, proche, où ce taux dépassera les 50%, cela deviendra un problème politique.» Déjà , en moyenne suisse, le taux d'aptitude varie du simple (Bâle-Ville, 40%) au double (Nidwald, 79%). "
http://www.letemps.ch/template/print.asp?article=152453
Comment expliquez-vous cette évolution et ces variations ?

Publié par Evoweb le 24 mars 2005 à 8:34

Voilà une question à laquelle il est bien difficile de répondre. Personnellement, je pense que les jeunes hommes de ce pays sont de moins en moins aptes à exécuter des ordres explicites dans un système hiérarchisé, en fonction d'intérêts collectifs et en coordonnant leur comportement avec celui d'autrui. En d'autres termes, c'est une inaptitude à la vie en société et à ses règles qui se fait de plus en plus fréquente. Et j'interprète les différences flagrantes en villes et campagnes par l'évolution de la cellule familiale, de l'éducation et des responsabilités individuelles, qui est certainement plus rapide en milieu urbain.

Un commentaire qui vaut ce qu'il vaut : les sociologues et les psychologues sont le mieux à même d'expliquer la chose. Mon expérience avec la troupe entre 1995 (école de recrues) et 2000 (dernier commandement d'une compagnie dans une école de recrues) m'a fourni un aperçu intéressant, mais trop réduit et peu à peu périmé, sur ce phénomène inquiétant. En tout cas, je me félicite du fait que l'armée ait réintégré la notion d'éducation militaire dans son règlement de service : c'est bien de cela qu'il s'agit.

Publié par Ludovic Monnerat le 24 mars 2005 à 19:26