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17 mars 2005

Avions : l'appel du CdA

On peut lire aujourd'hui, toujours dans Le Temps, un très bon article de Thierry Meyer retranscrivant un entretien que lui a accordé hier le commandant de corps Keckeis sur la question du programme d'armement 2004. Le Chef de l'Armée tente en effet de sauver ce dernier en acceptant d'écarter les 2 avions de transport Casa C-295M de la liste des achats, face à l'opposition purement idéologique du Conseil national. Cette intervention du premier soldat du pays montre l'urgence de la situation, et donc les conséquences qu'aurait le rejet de tout investissement militaire pour l'année écoulée.

Cependant, le CdA rappelle aussi qu'une renonciation aux 2 avions de transport ne saurait être que provisoire, et que les programmes d'armements demandés par l'armée et le Conseil fédéral découlent directement des missions confiées à l'armée par le Parlement et approuvées par le peuple. En d'autres termes, les planifications élaborées par les militaires sont l'application directe des décisions prises par la classe politique. Et le Chef de souligner à quel point le choix des avions de transport résultait d'une analyse approfondie des besoins et moyens futurs :

«Les missions de paix à l'étranger sont de plus en plus demandées par l'ONU, argumente le chef de l'armée. C'est la leçon la plus intelligente que l'on a tirée des guerres modernes. Or, nous Suisses jouons au poker en nous liant à des privés, qui transportent nos troupes, mais qui ne sont pas équipés ni autorisés pour la moindre situation de crise. C'est irresponsable. Avec les Casa C-295M, nous avions trouvé le moyen d'entrer dans la cellule européenne de transport militaire, solution pour remplacer l'acquisition d'avions plus gros que nos finances nous interdisaient. Tous les autres scénarios ont été examinés, ils sont inopérants ou beaucoup plus onéreux.»

Il peut être douloureux de constater qu'à notre époque, le travail sérieux et consciencieux de l'institution militaire est bafoué par l'opportunisme et le populisme d'une partie de la classe politique. Je pense cependant qu'il est nécessaire de prendre un peu de recul par rapport à ces médiocres péripéties. Le CdA a certes parfaitement raison d'essayer de sauver les meubles et de préserver pour l'armée les investissements indispensables à sa transformation. Toutefois, celle-ci ne doit pas perdre de vue que c'est le personnel, et non le matériel, qui représentant sa valeur principale. Et je ne vois guère aujourd'hui des efforts aussi intensifs pour préparer le personnel militaire aux défis futurs.

COMPLEMENT I (17.3 1000) : Comme prévu, le Conseil national a enterré le programme d'armement 2004 en repoussant la proposition de la commission de conciliation, tout comme d'ailleurs il a systématiquement refusé de suivre les propositions de sa propre commission de sécurité. C'est donc un dysfonctionnement majeur du pouvoir législatif qui se superpose à l'échec du Conseil fédéral et de l'armée. Il est maintenant temps de remettre à plat les compétences des uns et des autres et de modifier la procédure exceptionnelle qui entoure les crédits militaires. Quant aux objets demandés par l'armée en 2004, ils devraient fort logiquement revenir en 2005...

Publié par Ludovic Monnerat le 17 mars 2005 à 8:52

Commentaires

Ce qui m'écoeure le plus, c'est la perfide alliance entre la gauche pacifiste et l'UDC... Cette malheureuse histoire (la première fois depuis 1848 qu' un programme d'armement est coulé) prouve bien une chose: les deux blocs retardaires (j'allais dire blocs de retardés...) sont en mesure de bloquer tout progrès dans le secteur sécuritaire en Suisse...

Publié par Robert Desax le 17 mars 2005 à 21:37